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Maurice Olender (Autre)
EAN : 9782021453133
272 pages
Seuil (14/10/2021)
3.82/5   14 notes
Résumé :
Dans ce livre, Denis Podalydès mêle la vie intime au travail de l’acteur : les moments de joie, de sérénité se trament avec la solitude, le vide, le trac, l’angoisse, et les instants de comédie… Il dit son admiration pour le metteur en scène Thomas Ostermeier. L’expérience des répétitions permet aux lecteurs de découvrir les coulisses d’un théâtre qui est la vie même.
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
"Ce fut une rupture, une modification dans ma mémoire et dans mon goût du théâtre : Hedda Gabler, d'Henrik Ibsen, aux Gémeaux9 le premier spectacle que j'ai pu voir d'Ostermeier. Mon souvenir est très net. Rarement la pièce m'était apparue aussi claire et profonde. » paroles de Denis Podalydès, dont je partage la dernière phrase. Même ressenti à la fin du spectacle de « John Gabriel Borkman » d'Henrik Ibsen , le premier que j'ai pu voir de Thomas Ostermeier en avril 2009 au théâtre de l'Odeon à Paris. Etant une fervente admiratrice du théâtre de Peter Brook et d' Eimuntas Nekrosius, metteur en scène lituanien vénéré en Italie malheureusement décédé , là j'avais devant moi un autre génie, du même calibre. du travail très humain , très profond, d'une clarté incroyable qui approche le spectateur au plus près du dramaturge et de son oeuvre. Podalydès étant aussi un acteur de théâtre et de cinéma que j'apprécie énormément , vu le sujet de son dernier livre où il parle justement de son admiration pour Ostermeier et l'expérience des répétitions de «  La nuits des rois » du grand William où il le dirigea dans le rôle d'Orsino, je ne pouvais pas passer à côté.

Podalydès à travers les répétitions et exercices déployés par Ostermeier à la réalisation de cette oeuvre de Shakespeare, en décrit les mécanismes improvisés, d'autres explicitement structurés par le metteur en scène, en passant par la dynamique de la troupe et la trame d'émotions qui le régit au quotidien. « En travaillant deux heures avec lui j'en ai appris plus qu'en 25 ans de rêveries autour de cette pièce » nous dit-il , son préféré de Shakespeare et qu'il aurait voulu mettre en scène lui-même jusqu'à l'apparition d'Ostermeier. Des répétitions qu'il considère comme une plongée au coeur de son métier, où la coexistance de la peur et du plaisir est ce qui dans le fond l'attire le plus . Un texte aussi intéressant pour qui connaît déjà cette pièce de Shakespeare, car l'analyse faite à travers l'interprétation d'Ostermeier est passionnante. La confusion des sexes, qui se balance entre comédie et tragédie, célèbre un jeu carnavalesque des grands retournements, « Toutes les évidences se dérobent ,se diluent dans la clarté paradoxale de ces nuits d'amour ». Podalydés gratifie l'ensemble de l'entreprise d'une très belle métaphore maritime , «  Rien n'est plus satisfaisant que de se sentir au coeur d'une entreprise justement fondée, acteurs d'un spectacle qui nous emporte autant qu'on le porte, marins d'un navire qui, larguant ses amarres en douceur, prend la mer avec aisance, chacun à son poste, sachant ce qu'il fait, prêt à tout affronter. ».
J'aimerais terminer ce billet par un extrait d'une conférence prononcée par Thomas Ostermeier sur Shakespeare,
« J'ai le sentiment que la force motrice des personnages de Shakespeare est précisément de découvrir qui sont les autres, ce qui se cache derrière leur apparence physique, quels sont leurs véritables motifs. C'est la force motrice de leur auteur : découvrir comment sont les êtres humains. […] Et pour mieux les comprendre, il ne se contente pas de simplement mettre des personnages en scène ; mieux, il les met en scène pour qu'ensuite ils se mettent en scène eux-mêmes. La reconnaissance de cette situation doublement théâtrale est pour moi la clef essentielle pour mettre en scène Shakespeare ».
Will le magnifique et Thomas Ostermeier sous la plume de Denis Podalydés, un livre à ne pas manquer pour tous les passionnés de théâtre. Je constate par cette occasion que la langue de Shakespeare est très dur à traduire, et qu'elle perd de son aura même avec la meilleure traduction, si « meilleure traduction » existe.

“Une passion qui veut se dissimuler se trahit plus vite que la culpabilité d'un meurtre – les nuits d'amour sont transparentes.”
(A murderous guilt shows not itself more soon / Than love that would seem hid : love's night is noon.)

*Au faites grâce à ce livre j'ai appris deux nouveaux mots du vocabulaire théâtrale :
L' italienne »😊, qui consiste à dire le texte sans l'action ni les déplacements. On peut la pratiquer en étant parfaitement immobile.
La couturière, l'avant-dernière répétition avant la première représentation qui a pour objectif de tester la pièce avec tous les costumes, de fixer les dernières retouches, d'optimiser les changements et l'habillage. le nom vient du fait qu'elle permettait aux couturières de faire les dernières retouches aux costumes.
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Je ne suis pas experte en théâtre, pas très fan non plus.
Je n'y suis allée que quelquefois, pas toujours concluantes.
Mais après avoir lu ce livre, je regrette de ne pas avoir vu La nuit des rois, pièce de Shakespeare mise en scène par Thomas Ostermeier et jouée entre autres par Denis Podalydès.
D'une plume claire et précise, il nous fait entrer dans les coulisses, des premières répétitions à la première représentation.
Les détails pullulent, tant matériels qu'humains.
Peur-être un peu trop pour moi, mais les amateurs de théâtre doivent se régaler à la lecture de ce livre.
C'est vraiment d'une grande richesse.
Du coup je me rends compte de la complexité d'une mise en scène et du jeu des acteurs.
Quel travail en amont avant que ne soit présenté au spectateur une oeuvre quelle qu'elle soit..
On voit l'investissement, le bonheur, la fierté que cette pièce a représenté pour l'auteur.
On voit aussi tout l'admiration qu'il porte à Thomas Ostermeier.
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Non content d'être l'un des plus grands acteurs de théâtre et de cinéma du moment, Denis Podalydès est également l'un des rares comédiens qui sait relater avec grâce et style les affres et les coulisses de son métier de comédien.

Quelques années après un excellent livre Voix off il nous le prouve à nouveau en cet automne 2021 avec « Les nuits d'amour sont transparentes - Pendant “La Nuit des rois” », un livre qui tient autant du récit de voyage que d'un carnet de bord sur la préparation d'une pièce.

Denis Podalydès raconte ainsi la folle aventure de la créatiion en 2018 du spectacle La Nuit des rois ou Tout ce que vous voulez, de Shakespeare (1602), par le grand metteur en scène allemand Thomas Ostermeier. Réputé pour ses mises en scène alliant fidélité à la situation dramatique et liberté d'interprétation, le directeur de la Schaubühne de Berlin montait alors en scène une omédie excentrée, toute en abîmes, blagues et jeux perpétuels, avec un Denis Podalydès qui tenait le rôle du duc Orsino.

Le lecteur, captivé, assiste ainsi à toutes les étapes, au jour le jour, de la naissance de ce spectacle pas comme les autres.

"Poda" y mêle avec gourmandise et la passion qui le caractérise, ses impressions de répétitions de la pièce de Shakespeare qu'il mêle avec un brio certain à des réflexions sur son métier, ses admirations à des souvenirs plus personnels sur son frère suicidé ou sa mère qui vieillit à petits feux.

Un récit aussi passionnant qu émouvant et superbement écrit !
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Cette immersion dans la genèse de la création théâtrale m'a emballé alors que les planches m'indiffèrent en général. Je n'aurais jamais imaginé quelle somme de travail, d'engagement, de risque, représente un rôle au théâtre. Denis Podalydès nous raconte cela avec légèreté, enthousiasme et érudition (cfr les notes explicatives sur le jargon de la scène). Il mêle journal de répétition et carnet intime, les thèmes de la pièce résonant avec les souvenirs d'une existence bien remplie, à la ville, côté cour et jardin et au cinéma.
Si l'exégèse de chaque réplique lors de la lecture préalable du texte noie un peu le lecteur, celui-ci apprend énormément sur les exigences du metteur en scène, d'ailleurs secondé par un conseiller littéraire. Les demandes dépassent la technique, invitant l'acteur donner une livre de chair, c'est-à-dire, à puiser dans la part sombre de son être pour donner corps au personnage attribué. L'acteur doit également porter la dominante du personnage, à savoir son secret, une chose qu'il devra protéger, garder pour soi.
C'est passionnant, décrit avec élégance et précision, jusque dans les ressentis éprouvés par l'auteur au contact du texte et de ses partenaires. Au fil des jours, apparaît une communauté d'esprit, la conscience d'un travail collectif, levain de ce que sera la représentation.
J'ai rarement lu un témoignage aussi prenant et vibrant pendant cette que Nuit des rois dont j'ignorais la trame et les enjeux.




Lien : https://cinemoitheque.eklabl..
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Les fans de théâtre se retrouveront avec cette autopsie d'une pièce de Shakespeare "La nuit des rois" par l'un de ses acteurs. Podalydès nous fait passer de l'autre côté du rideau rouge de la scène de la Comédie française. Il raconte, décrit, dépèce les étapes qui permettent au texte de passer de l'écrit au jeu de scène. Podalydès nous épargne les affres de l'acteur pour concentrer son récit sur le travail collectif, l'intensité du "jouer ensemble". C'est surprenant , pédagogique, jamais ennuyeux, porté par une écriture véritablement littéraire.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
La vertu qui transgresse est rapiécée de vice. Le vice qui veut se racheter est couturé de vertu.


( Feste- La Nuit des rois)
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Tout va bien, il n’y a pas à s’en faire, pensons-nous, sans rien formuler, avec cette confiance enfantine que je ne retrouve jamais si bien – si ancienne, si innocente – qu’en répétition, quand celle-ci tourne bien, autonome, comme un petit atelier d’artisan dans le plein de sa journée.
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Thomas fouille les petites répliques, les menues transitions, cherche encore dans les plus infimes retranchements des phrases le nerf et la sève du sens, avec l'obstination et la méticulosité d'un glaneur de poubelle.
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La dominante se fait sentir mais ne se voit pas, ne se joue pas. C'est une émanation dont le spectateur reçoit l'effluve et non pas la raison.
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Il contourne le mot cancer, c'est moi qui y pense, en me censurant immédiatement. C'est bien de ça dont il a eu peur et dont il a réussi à chasser l'ombre dans chacune de ses phrases.
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Videos de Denis Podalydès (72) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Denis Podalydès
"En jouant, en écrivant Molière & Cie" paru aux Editions du Seuil
« le quatre centième anniversaire de la naissance de Molière a donné lieu à quantité de publications, de représentations, de manifestations diverses pendant un an. J'ai rédigé des préfaces et des notes personnelles, répondu à des journalistes, joué Orgon dans Tartuffe et repris deux mises en scène des Fourberies de Scapin et du Bourgeois gentilhomme. J'appartiens à la Comédie-Française dont Molière est le saint patron, l'emblème et l'apanage. Ma fréquentation de l'oeuvre s'est finalement à peine intensifiée cette année-là en regard des années précédentes, mais la publicité générale que produit une commémoration m'a fait réfléchir, a suscité des questions dont ce livre est le résultat, la collection, le prolongement. Il est fait aussi et surtout du goût, de l'appétit, du besoin presque buccal que j'ai de Molière. » Denis Podalydès
Denis Podalydès est sociétaire de la Comédie- Française depuis 2000. Il a mis en scène une quinzaine de pièces, parmi lesquelles "Cyrano de Bergerac" (cinq Molières en 2007, dont celui de metteur en scène). Également acteur au cinéma, il lit et enregistre régulièrement des oeuvres littéraires : Proust, Céline, Diderot, Jack London (Grand Prix du livre audio La Plume de Paon pour "Martin Eden" en 2020). Il est l'auteur de "Scènes de la vie d'acteur" (Seuil, 2006), "Voix off" (Mercure de France, Prix Femina essai 2008), "La Peur Matamore" (Seuil/Archimbaud, 2010) et de l'Album Shakespeare (La Pléiade, 2016).
Rencontre animée par Simon Daireaux
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