AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,97

sur 5330 notes
Je sais que je vais en faire rugir certains, mais je crains, à la lecture de ce recueil de nouvelles, d'être moins dithyrambique que pouvait le laisser espérer sa grande notoriété.
Il est difficile d'émettre un avis plutôt négatif pour une oeuvre et un auteur qu'on trouve incontournables, mais telle est la gageure que je m'impose et qui d'ailleurs n'engage que moi.
En effet, Edgar Poe est à sa façon un explorateur, un pionnier, un génie. On pourrait, au bas mot, citer son oeuvre comme initiatrice d'au moins deux genres devenus majeurs de nos jours : le polar et la SF.
Il est indéniable qu'il y a une influence décisive de Poe dans Robert-Louis Stevenson, dans Jules Verne, dans Conan Doyle et tous ceux qui ont suivi. Le problème, c'est justement qu'en raison de son statut d'initiateur, les nouvelles qu'il nous a légué sont des stades embryonnaires de genres désormais enrichis de chef-d'oeuvres, à mon sens, tellement plus retentissants que les malheureuses petites histoires de ce recueil porteraient presque à sourire par leur excessive simplicité ou leur naïveté.
Aussi, lisez-les à titre d'héritage culturel, de curiosités ou d'étape dans l'histoire de la littérature, mais pas vraiment pour leur intérêt intrinsèque.
Le double assassinat de la rue Morgue, c'est du proto-Sherlock Holmes, la lettre volée, c'est du proto-Hercule Poirot, le scarabée d'or, c'est du proto-Jim Hawkins, le canard au ballon et l'aventure sans pareille d'un certain Hans Pfaall, c'est du proto-Phileas Fogg, etc., etc.
Que dire également de la traduction "positivement" imparfaite de Baudelaire et de son efflorescence de "positivement" ? J'adore pourtant Baudelaire, mais sa carrière de critique d'art et de poète est cent fois meilleure que celle de traducteur. N'est pas Maurice-Edgar Coindreau qui veut. Bien sûr Charles Baudelaire a un talent de plume indéniable, mais ce n'est pas la seule qualité requise pour faire un excellent traducteur.
En somme, c'est un ouvrage qui a marqué son temps, qui revêt un caractère prophétique, mais qui a beaucoup, beaucoup, beaucoup vieilli au point de devenir, excusez-moi pour le jeu de mots facile, des " Histoires Extraordinairement Dépassées " et qui risquent fort d'en décevoir s'ils s'attendent à mieux. Mais tout ceci, bien sûr, n'est que mon avis, c'est-à-dire, pas grand chose.
Commenter  J’apprécie          14111
Pierre Ménard (auteur d'un Don Quichotte) avait écrit lors de sa jeunesse un livre bizarre d'un français singulier. Ce livre a été mal accueilli par ses lecteurs contemporains qui y voyaient tous les stéréotypes du roman policier à ses origines, toutes les faiblesses des romans d'aventures et toute l'insuffisance des romans d'horreur. Il y voyait un retour fade aux origines de ces genres qui se sont épanouis avec le temps sous la plume d'auteurs talentueux. Et le style assez lourd parfois ne l'a pas beaucoup aidé. Ménard l'avait intitulé Histoires Extraordinaires.

Voilà comment un lecteur contemporain pourrait voir ces Histoires extraordinaires d'Edgar Allen Poe le grand représentant de la littérature américaine au même titre que Cervantès pour l'espagnole, Dante pour l'italienne ou Goethe pour l'allemande. Or, à la lecture de ce recueil de treize nouvelles (choix fortuit du chiffre ?) nous découvrons un bel esprit qui a la soif de tout connaitre, de tenter de toutes les connaissances, un écrivain aux talents multiples, un maître des maîtres, le Christophe Colomb de maints genres.

Personnellement, j'ai aimé les nouvelles où Poe gardait les pieds sur terre (au sens propre). Ainsi, j'ai lu avec un grand plaisir les deux premières nouvelles (policières), avec cette description de l'amitié qui réunissait le narrateur et son ami et des facultés d'analyse qu'avait ce dernier. La troisième nouvelle est une chasse au trésor, nouvelle agréable et intéressante. Puis c'est la glace ! On est devant ses deux nouvelles qui m'ont donné le plus de peine à lire (peut-être parce que je ne suis pas amateur de ce genre ni de Jules Verne); ces deux histoires au ballon. Surtout la deuxième, la plus longue du recueil où l'on est entraîné dans une suite interminable de descriptions minutieuses d'une exactitude scientifique d'un voyage extraordinaire. Puis on revient avec deux nouvelles dans la mer, vraiment intéressante est la première avec ce naufrage et ce bateau bizarre où le rescapé échappe à sa mort pour un moment. Ensuite, on retrouve deux histoires courtes sur le magnétisme dont la deuxième est un dialogue plutôt philosophique. L'histoire suivante est assez singulière, parmi les plus belles du recueil, où le rêve et la réalité se confondent. Les deux suivantes sont des histoires de revenants sur des femmes mystérieuses, intelligentes et d'une beauté déroutante. La dernière est une histoire de la haine entre deux familles (pas à la Roméo et Juliette bien sûr).

En somme, roman policier, roman d'aventures, roman fantastique ou d'horreur, tous sont là, ainsi que roman d'anticipation. Poe a le don de la description qu'il veut réaliste même en décrivant l'irréel. Chaque nouvelle nous rappelle un auteur : Stevenson, Conan Doyle, Verne, Conrad (Typhon surtout), Mérimée… Finissons par cette traduction. Baudelaire admirait tellement Poe qu'il a voulu faire une traduction fidèle à cet ouvrage. Malgré cela il dédie ses Fleurs du mal à Gautier ! Je sentais cette double présence Poe-Baudelaire en lisant le livre, c'était comme si Baudelaire me lisait ces histoires. Pour finir, ce livre est à lire sans doute, il est indispensable et hormis les deux nouvelles au ballon, il est agréable à lire.
Commenter  J’apprécie          840
Je continue ma découverte d'Edgar Allan Poe avec ce recueil des "Histoires extraordinaires".
Je dois dire que mon avis sera mitigé, il y a du bon et du moins bon, ou plutôt j'ai plus ou moins aimé chacune de ces nouvelles selon mon ressenti.
On peut parler de thématiques différentes avec un côté aventures fantastiques, j'ai beaucoup apprécié les premières et notamment "Le scarabée d'or", une pure merveille de réflexion nous embarquant dans une chasse au trésor passionnante.
Une autre partie nous propose des récits que faute de mieux je qualifierais de "techniques et scientifiques", pour ces nouvelles j'ai souffert comme avec "Aventure sans pareille d'un certain Hans Pfaall" que j'ai trouvé verbeuse, incompréhensible et interminable en plus d'être ennuyeuse.
Pour les autres il sera question de magnétisme ou de fantômes voire de folie, lues sans ennui et sans passion.
J'ai par contre pris beaucoup de plaisir à la biographie de l'auteur racontée par Charles Baudelaire qui est aussi le traducteur du recueil, on sent à chaque ligne l'admiration que celui-ci lui portait.
Bien que décédé à l'âge de 37 ans, Edgar Allan Poe a eu une vie riche et passionnante, sa personnalité complexe est évoquée de belle façon et nous rend cet auteur énigmatique éminemment sympathique et attachant.
Commenter  J’apprécie          7211
Livre lu dans le cadre de la pioche d'Avril. Puisqu'il s'agit d'un recueil de nouvelles, je voulais pouvoir l'intercaler avec d'autres lectures et j'ai ainsi pris du retard dans certaines de mes pioches. Je connais l'auteur de nom mais je ne l'ai jamais lu. J'avais trouvé celui-ci dans une brocante, ça a été l'occasion… pour qu'il soit enterré dans ma pal ensuite.

J'ai fait l'impasse sur la préface car je ne suis pas fan de ces parties-là, c'est très rare quand je les lis. J'ai donc commencé directement à la première nouvelle. Je connais de nom cette nouvelle que je n'avais pas spécialement apprécié sous son autre forme (« Quadruple assassinats dans la rue de la Morgue »). Mais au vu du début, ce n'est pas mieux avec celle-ci. Je n'y comprends rien, des phrases à rallonge qui ne me parlent même pas. J'ai donc lu les 3 premières pages en diagonale en sautant allègrement de longs passages pour arriver enfin au début réel de cette première nouvelle. J'ai essayé de lire celle-ci mais le style de cet auteur est complètement imbuvable pour moi. Même en lisant vite, j'en avais mal au crâne, comme si les phrases à rallonge pour ne rien dire m'attaquaient. C'était vraiment curieux car c'était la première fois que je ressentais ça. le résumé était pourtant intrigant et donnait envie de découvrir cet auteur. J'ai même essayé de lire des passages des autres nouvelles, au cas où, mais rien n'y a fait. le contexte de chacune est trop vague, on ne sait même pas qui nous parle dans chacune des nouvelles et il disserte à n'en plus finir sur des sujets abscons. La première nouvelle commence sur 3 pages à nous parler de sciences analytiques et de jeux d'échec. Dès les premières lignes, je me suis demandée sur quoi j'étais encore tombée…

Comme vous l'aurez compris, ce recueil n'a pas été un franc succès pour le style d'Edgar Allan Poe, c'est donc une grosse déception ainsi qu'un abandon et je passerai dorénavant mon chemin devant celui-ci. Ça me fait toujours un livre de moins à lire et un auteur de moins à découvrir. Je vous conseille néanmoins de le découvrir pour vous en faire votre propre avis. Pour ma part, je continue à trier ma pal grâce aux pioches et je remercie Flaubauski pour celle-ci.

Sur ce, bonnes lectures à vous :-)
Commenter  J’apprécie          425
Enfin! Enfin fini ce recueil des Histoires extraordinaires d'Edgar A. Poe! En m'attelant à des nouvelles, je sais d'emblée que toutes ne vont pas me plaire. En l'occurrence, j'ai trouvé fastidieux d'arriver au bout de l'ouvrage. Heureusement j'ai alterné chaque histoire avec la lecture d'autres livres et j'ai pu ainsi le finir.

J'avais déjà lu Doublé assassinat dans la rue Morgue et j'ai retrouvé les mêmes narrateur et Dupin dans l'ingénieuse énigme de la lettre volée. Ces deux-là font immanquablement penser à des prédécesseurs de Sherlock Holmes et du bon Dr Watson; ma préférence me porte après coup clairement vers le détective anglais.

On sent chez Poe beaucoup d'attirance pour l'occulte et le magnétisme. Plusieurs de ses histoires extraordinaires portent d'ailleurs sur des expériences reprenant les travaux de Mesmer, qui datent du début du XIXème siècle et inspirent nombre de chercheurs et auteurs de l'époque par la singularité de ladite expérience. En y mêlant des relents sombres issus de l'occultisme, Poe construit ses récits entre compte-rendu scientifique et épouvante. Là où le bât blesse, à mon goût, c'est sa propension à surcharger ses textes avec moult références énigmatiques pour le lecteur du XXIème siècle qui n'a pas eu accès - quel chance a priori! - aux traités des penseurs mystico-métaphysiques de l'époque de l'auteur.

De même, la construction narrative m'a paru à plusieurs reprises bizarre voire bancale, avec des dénouements incongrus, comme dans "Ligeia" ou dans la plus longue nouvelle du recueil "Aventure sans pareil d'un certain Hans Pfaall". Celle-ci se caractérise également par de longues, très longues descriptions trèèèès détaillées de l'ascension dans un ballon dudit Hans Pfaall, réparateur de soufflet de sa profession, vers son but déclaré : la Lune (ça tombe bien en cette année de célébration du premier pas humain sur notre satellite naturel). C'eût pu être pl us intéressant si Poe n'avait pas tant alourdi son propos par des longueurs.

En conclusion, j'ai pris assez peu de plaisir à lire ce recueil, beaucoup moins que fé que j'en attendais, c'est certain. Autant d'autres nouvelles du XIXème siècle, comme celles De Maupassant ou Zola et d'autres vieillissent bien et révèlent immédiatement leurs qualités, autant ici ça m'a semblé dépassé voire périmé pour certaines. J'ai les Nouvelles Histoires extraordinaires déjà dans ma bibliothèque. Elles vont m'y attendre un petit moment, il faut que je digère celles-ci déjà!
Commenter  J’apprécie          344
Après les références faites aux nouvelles de Poe par Bradbury dans les Chroniques martiennes, je mourrais d'envie de faire enfin connaissance avec cet auteur incontournable.
J'ai commencé ma découverte par ce recueil des Histoires extraordinaires.
Je ne pense pas que c'était un choix judicieux et je vais vous expliquer pourquoi :

Poe a écrit nombre de nouvelles qu'on trouve dans différents recueils. Les Histoires extraordinaires et les Nouvelles Histoires extraordinaires en regroupent la majorité, toutes traduites par Charles Baudelaire. Les nouvelles ne sont pas présentées par ordre chronologique d'écriture mais sont plutôt disposées de façon à conserver un lien logique d'une nouvelle à l'autre. On retrouvera les mêmes thèmes, les mêmes problématiques, les mêmes ficelles. Ce qui peut expliquer que certains lecteurs aient eu l'impression de lire à chaque fois la même histoire. Si vous craignez cette sensation de répétition, premier conseil : lisez les nouvelles dans le désordre.

Le recueil des Histoires extraordinaires regroupe 13 nouvelles que j'ai trouvées inégales en qualité (selon mes propres goûts qui ne seront donc pas forcément les vôtres). Voici le détail de mes impressions pour chacune d'entre elles :

§ Double assassinat dans la rue Morgue :
Une des nouvelles les plus célèbres de l'auteur, elle s'inscrit dans le pur roman policier où l'accent est surtout mis sur le sens de l'observation et sur l'esprit de déduction. Elle met en scène le lieu d'un crime et deux personnages qui vont s'essayer à résoudre l'affaire : M.Dupin et le narrateur. Ces deux personnages et leur façon de procéder ont clairement inspiré Sir Arthur Conan Doyle et ses célèbres Sherlock Holmes et Dr Watson.
Intéressante par le fait qu'elle soit une source d'inspiration, cette nouvelle ne m'a particulièrement emballée.

§ La lettre volée :
On reprend les mêmes personnages et on recommence. Cette fois-ci, nos deux détectives amateurs recherchent une lettre assez compromettante.
Ici aussi, le dénouement n'est pas particulièrement époustouflant. Il faut dire qu'à notre époque, les ficelles sont usées jusqu'à la corde mais je reconnais que ça a du avoir un caractère très novateur pour l'époque de Poe.

§ le Scarabée d'or :
Une nouvelle étrange où on oscille entre fantastique (par le décor, la psychologie des personnages) et l'aventure. Elle a peut-être pu inspirer Stevenson. On y trouve aussi un cours d'initiation à la cryptographie (science que Poe adorait). J'ai bien aimé mais sans plus.

§ le canard au ballon :
L'histoire et le contexte d'écriture de cette nouvelle sont plus intéressants que la nouvelle elle-même. Il s'agit à l'origine d'un canular paru dans un journal. Poe y raconte l'exploit réalisé par une poignée de savants ayant réussi la traversée de l'Atlantique en ballon (à savoir que ceci n'a été réalisé pour la première fois qu'en 1978 !). Poe agence son récit de manière à rendre l'événement crédible, on a ainsi droit à plusieurs pages de descriptions techniques relatives au ballon et à son fonctionnement. le reste relate la traversée.

§ Aventure sans pareille d'un certain Hans Pfaal :
Ma préférée du recueil ! J'ai vraiment adoré cette nouvelle. Elle devait elle aussi être un canular à l'origine et paraître dans un journal seulement Poe s'est fait griller la politesse par un astronome ayant eu apparemment la même idée. Laquelle ? Faire croire qu'un homme était parvenu sur la lune où il y découvrait une civilisation extra-terrestre. Poe a remanié son texte pour en faire la nouvelle que l'on peut lire. Elle raconte donc l'histoire d'un marchand qui, pour échapper à la misère et à ses créanciers, décide d'aller vivre sur la lune. Pour cela, il construit un ballon et prévoit tout le nécessaire pour qu'il puisse atteindre la lune. le texte est parfois très technique et scientifique ce qui le rend très crédible. Bien entendu, certains détails sont incohérents, je mettais ces incohérences sur le dos de l'état des connaissances de l'époque alors qu'en fait elles sont délibérément incluses dans le texte par l'auteur en guise d'indices pour déceler le canular. Néanmoins, le réalisme de l'expérience est tel que je me suis laissée aller à y croire et à sourire à la fin.

§ Manuscrit trouvé dans une bouteille :
Je suis passée à côté de cette nouvelle qui se veut fantastique et où on vogue à bord d'un mystérieux navire. Je n'ai pas tout compris et je ne sais pas s'il y avait quelque chose à comprendre.

§ Une descente dans le maelstrom :
J'ai bien aimé ce récit, écrit de façon très réaliste et où j'ai ressenti plus de sensations que dans les autres nouvelles. Jusque là, j'avais trouvé l'écriture de Poe assez froide, je n'arrivais pas à ressentir quoique ce soit mais celle-ci sort du lot.

§ La vérité sur le cas de M.Valdemar :
On entre dans le paranormal avec cette nouvelle et les suivantes. le narrateur est magnétiseur et va maintenir un homme entre la vie et la mort en le magnétisant. On sent que Poe a du s'intéresser à ce genre de « science » sans y croire si on se fie à certains de ses commentaires à ce sujet. Etant hermétique à ce genre de pratiques, je n'ai pas vraiment apprécié cette nouvelle.

§ Révélation magnétique :
Le narrateur est là aussi magnétiseur. Il rapporte le dialogue qu'il a eu avec l'un de ses « patients ». Poe utilise ce moyen pour exprimer certaines considérations d'ordre philosophique concernant l'existence d'une divinité matérielle ou spirituelle. Je n'ai pas terminé ma lecture de cette nouvelle, je n'y comprenais rien et je n'avais pas envie de lire ce genre de choses.

§ Souvenirs de M.Auguste Bedloe :
Encore du magnétisme excepté que cette fois la relation entre magnétisé et magnétiseur est si forte que le magnétisé semble vivre la vie d'un autre à travers les souvenirs qu'a le magnétiseur de cet autre. Toutefois, Poe maintient le doute concernant cette explication et en suggère une autre : la réincarnation.
J'ai bien aimé mais sans plus encore une fois.

§ Morella :
On retrouve le thème de la réincarnation. Cette nouvelle aurait pu être bien plus angoissante mais ça n'est pas passé.

§ Ligeia :
Une belle histoire de fantôme, classique me direz-vous mais j'ai bien aimé.

§ Metzengerstein :
Deux familles voisines se haïssent. Lorsqu'il semblerait que l'une des deux soit anéantie, elle parvient quand même à détruire sa rivale par le biais d'un mystérieux cheval. J'ai bien aimé l'idée, ce que Poe voulait faire mais encore une fois je n'ai pas été convaincue et j'ai bien du mal à expliquer pourquoi. Peut-être le style …

Donc voilà, mon avis d'ensemble sur ce recueil est plutôt mitigé. Je m'attendais à plus de frissons et je pense que la déception m'a empêchée de savourer ces histoires comme il l'aurait fallu. le genre de la nouvelle ne facilite pas non plus les choses.
J'ai trouvé le style de Poe trop dénué d'émotions, c'était froid et je n'arrivais pas à être touchée. La traduction de Baudelaire n'y a rien fait. J'ai retenu quand même de ce recueil que Poe était un homme très intelligent et très cultivé. Il était assez sûr de sa supériorité intellectuelle et ça se ressent par moment. Il s'intéressait à des domaines très variés et semblait de plus très bien les maîtriser.
Je suis admirative de cette maîtrise mais aussi de son imagination. On sait que Poe a posé les bases du roman policier, il sait aussi écrire de la science-fiction, du fantastique, de l'aventure. Il touche à presque tous les genres. Il est ainsi une source d'inspiration pour de nombreux auteurs : Conan Doyle, Stevenson, Jules Verne etc…
Je n'ai donc pas voulu m'arrêter à ce recueil et j'ai poursuivi avec les Nouvelles Histoires extraordinaires où, là, on découvre le véritable génie de Poe.
Donc un conseil, si vous souhaitez découvrir Poe, commencez par les Nouvelles Histoires.
Mon billet viendra bientôt.

Lien : http://booksandfruits.over-b..
Commenter  J’apprécie          342
Le maître américain de la nouvelle fantastique. Il est le pendant De Maupassant aux États-Unis. On entre dans un univers sombre, glauque et révélateur de la personnalité humaine. Les chutes sont parfois inattendues et souvent amusantes. Par contre, l'atmosphère angoissante fait qu'on a un peu de mal à se concentrer et à savourer le texte souvent complexe. Ce n'est pas pour rien que le plus grand amoureux de Poe, c'est Baudelaire!
Commenter  J’apprécie          330
Les Histoires Extraordinaires sont un recueil de nouvelles d'Edgar Allan Poe traduites et rassemblées par Charles Baudelaire. C'est un point important, car la version française est magnifique et met parfaitement en valeur le rythme et le soin bien connu que prenait l'auteur a ciselé ses textes. le recueil est donc marqué par une écriture très « dix-neuvième », ce qui peut être un défaut pour certains est une qualité pour moi.
Edgar Allan poe était un auteur brillant, doté d'une intelligence remarquable, qui se piquait de résoudre des énigmes policières. Ce n'est donc pas étonnant que l'un de ses principaux héros, en l'occurrence le chevalier Dupin, fasse preuve lui aussi de qualités d'enquêteur. Ce sont à mon sens les meilleures nouvelles et celles qui aujourd'hui sont classiques : Double assassinat dans la rue Morgue et La lettre volée.
En parallèle, nous avons aussi des nouvelles où le lecteur reste perplexe face à des mystères plus nébuleux : la chasse au trésor dans "Le scarabée d'or", le mystère de la mort dans "La vérité sur le cas de M. Valdemar" et "Révélation magnétique", les découvertes qui laissent l'homme impuissant à comprendre ce qui l'entoure dans "Manuscrit trouvé dans une bouteille" et les événements qu'il ne peut pas expliquer dans "Souvenirs de M. Auguste Bedloe", "Morella" et "Ligeia". Autant d'histoires où la raison est mise en retrait, impuissante à expliquer l'étrange, suscitant l'effroi.
On navigue ainsi entre policier, fantastique, aventure pour le plus grand plaisir du lecteur, textes préfigurant pour certains la longue lignée des détectives en littérature, des romans d'anticipation et d'aventure.
Commenter  J’apprécie          320
Ce recueil rassemble les nouvelles que Charles Baudelaire a traduites en 1856.
Je connaissais plusieurs titres mais n'avais jamais tenté l'expérience de me plonger dans ces textes. J'ai eu envie de les lire enfin suite à ma lecture de « Chasseurs de livres » qui cite et se réfère beaucoup à cet auteur américain et notamment à la nouvelle « le scarabée d'or ».

Plusieurs de ces nouvelles proposent une enquête sous forme de réflexion et de déductions logiques. On a chaque fois l'impression qu'un fait surnaturel a eu lieu puis, quand on a les explications, tout s'éclaire et paraît simple et évident. Cela nécessite de nombreuses pages d'explications et peut devenir assez fastidieux à la longue. Je préfère lorsque les explications se mêlent à l'action. Toutefois ici, il est clair que l'action doit précéder les explications sinon tout le côté étrange et surprenant disparaîtrait.
D'autres textes, plus courts, nous font entrer dans le fantastique, parfois même un peu gothique.

Je trouve ces textes assez vieillis car ce côté étrange justement n'est pas si surprenant que cela. J'imagine qu'à l'époque de la publication ils aient pu effrayer les lecteurs mais à notre époque, ils offrent une part de désuet et presque amusant.

La langue est soignée et très agréable à lire. On sent la maîtrise de la plume tant de l'auteur que du traducteur.
J'ai pris plaisir à lire ces nouvelles pour les découvrir enfin, cependant elles ne m'ont pas passionnée à la hauteur de la célébrité de l'auteur.
Commenter  J’apprécie          322
Ce recueil s'ouvre sur des récits de ratiocination (tels que Poe les qualifiait). Prototypes des histoires de détectives et de chasse au trésor, ils mettent en scène des raisonneurs outranciers, dont les théories farfelues résolvent des situations à la frontière de l'illogisme. En raison de la lourdeur exégétique des dialogues, ce versant de l'oeuvre n'est pas mon préféré, même si j'apprécie l'ironie de la lettre volée, où les jeux capillotractés du détective Dupin et de son double maléfique "D." culminent dans une forme de simplicité inattendue.

Mais pour moi, c'est quand les ratiocinations de Poe cherchent à saisir l'insaisissable qu'elles deviennent brillantes. Quand elles tournent en cercles concentriques autour d'un abîme inconnaissable, dans le paradoxe de narrateurs cherchant à analyser « une sensation qui n'admet pas d'analyse ».

Cette profondeur habite les tombes, les maelströms et les yeux de Ligeia. La féminité s'y unit à la mort, comme dans le jardin de Proserpine du poème d'Algernon Swinburne.

D'après le mythe antique, la fille de Démeter descend rejoindre Pluton à chaque automne. L'une des héroïnes de Poe, Morella, connaît une répétition comparable de la naissance et de la flétrissure. La figure maternelle s'identifie à celle de la femme-enfant. Difficile de ne pas faire de rapprochement avec la biographie de l'auteur... et pourtant ce conte date seulement de l'année de son mariage avec Virginia Clemm. Prophète de malheur, Poe ?

Morella, Ligeia : ce duo de la métempsychose féminine n'a en tout cas rien perdu de son pouvoir hypnotique. Et la traduction un brin fantaisiste de Baudelaire n'y est pas pour rien. Sa tendance à ornementer ne nuit pas à la musicalité du texte, comme on le voit avec la métaphore « the raven wings of midnight », qui devient en français : « les ailes de minuit, l'heure au plumage de corbeau ».

La métempsycose s'avère même former un triptyque, avec son volet chevalin : Metzergenstein, tableau gothique et incendiaire où la cruauté engendre la cruauté, comme des flammes qui se répandent… jusqu'au Japon ? le conte « Figures infernales » d'Akutagawa se rapproche de celui-ci.

La science et la logique de Poe se déploient au service d'une narration riche et maîtrisée. Cela vaut particulièrement pour les récits d'horreur maritime. Ainsi, « Manuscrit trouvé dans une bouteille » est relaté à la première personne, de façon presque organique via les tirets finaux, tels des hoquets anticipant la chute… dans tous les sens du terme. A l'opposée, « Une descente dans le maelström » débute en prenant du recul avec son sujet. le génie de cette nouvelle réside dans le fait que la distanciation va décroître progressivement, jusqu'au bord d'un abîme (sur)naturel. Les longs prolégomènes du narrateur constituent un premier cercle explicatif, qui se révèle être le bord d'une spirale où tout s'accélère sous la forme d'un récit oral rapporté. Cette analepse fait oublier sa nature par des péripéties de plus en plus haletantes, qui s'achèvent sur un rythme démentiel : le flux tournoyant du récit semble mimer l'aspiration au sein du monstrueux phénomène.

Les histoires de mesmérisme proposent des approches encore plus antipodiques : on débute avec un sensationnalisme empli d'horreur corporelle pour « La vérité sur le cas Valdemar » (titre qui évoque la Une d'un journal) et on finit par un dialogue mi-scientifique mi-philosophique qui établit la théorie d'un corps sans organes jouissant de son absence de souffrance par comparaison avec la vie matérielle antérieure (« Révélations magnétiques »). Entre les deux, le sommeil magnétique d'Auguste Bedloe tourne à l'hypotypose exotique, dont les aspects empoisonnés débordent sur le présent de narration.

Ce recueil chemine donc dangereusement au-delà du sens commun, à la façon d'Icare vers le soleil, ou d'un ballon vers la lune. Les « machines littéraires et poétiques »* de Poe y travaillent sans relâche, mettant leurs artifices au service de nouveaux horizons littéraires.

*je cite là Julio Cortazár dans la préface de l'édition Folio.
Commenter  J’apprécie          2621




Lecteurs (24315) Voir plus



Quiz Voir plus

Edgar Allan Poe

De quelle nationalité est-il ?

Anglaise
Française
Irlandaise
Américaine

10 questions
223 lecteurs ont répondu
Thème : Edgar Allan PoeCréer un quiz sur ce livre

{* *}