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EAN : 9782268100647
240 pages
Les Editions du Rocher (26/09/2018)
4.5/5   2 notes
Résumé :
Installer à la place de la société occidentale déclinante une « civilisation de substitution », l'islam, seule religion susceptible de rendre les hommes heureux : c'est l'ambition affichée par les États musulmans dans un document stratégique adopté par eux à l'unanimité il y a dix-huit ans, à l'automne 2000.
Ce document décrit dans le détail la manière dont procèdent, aujourd'hui encore, les États musulmans pour étendre la charia en Europe. Apprentissage de l... >Voir plus
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Jean-Frédéric Poisson est le président du Parti chrétien-démocrate. Ancien député, élu local, il a présidé la commission d'enquête parlementaire sur les moyens de Daech, et piloté les travaux de la commission des lois sur l'état d'urgence. Avec ce nouvel ouvrage, il analyse en détail un document stratégique, adopté par de nombreux Etats musulmans à l'automne 2000, qui vise « à installer à la place de la société occidentale déclinante une civilisation de substitution, l'islam, seule religion susceptible de rendre les hommes heureux ».

L'auteur pose un constat que nous relevons : « Il est nécessaire de marteler que l'islam ne se conçoit pas autrement que global. Sa revendication n'est ni seulement spirituelle, ni seulement juridique, ni seulement éthique, ni seulement politique : la revendication de l'islam est la charia tout entière, c'est-à-dire la mainmise sur tous ces éléments à la fois. » Il prend le soin de préciser son propos : « Dans le cadre de la charia, il est évidemment interdit de critiquer l'islam de quelque façon que ce soit, sauf à se retrouver, comme l'ont été d'innombrables intellectuels, journalistes, opposants politiques, clercs d'autres religions, emprisonné ou exécuté. » Poisson écrit avec beaucoup de justesse « que le seul fait de traiter la question du droit ou non de critiquer l'islam dans un pays occidental, où en principe la liberté de penser, de croire et de s'exprimer est garantie par la Constitution, constitue une reculade à l'égard de cet Islam global. »

Dans le même ordre d'idées, l'auteur rappelle un fait politique relativement occulté par les médias dominants : « le maire du Havre, aujourd'hui Premier ministre, a décidé de jeter à la poubelle huit mille portions de mousse au chocolat qui devaient être servies dans les cantines municipales, au motif que cette mousse était préparée à base de gélatine contenant du porc. » A l'heure où les pouvoirs publics nous martèlent constamment un message écologique et érigent la lutte contre le gaspillage alimentaire comme une priorité, sans oublier les 5 à 9 millions d'individus qui, sur le territoire national, vivent sous le seuil de pauvreté (1), cette décision s'apparente à un véritable scandale. Il existe néanmoins un autre aspect - probablement plus important - sur lequel Poisson insiste : « Cette décision de pur renoncement n'a qu'une seule signification : une capitulation pure et simple devant la pression exercée par certains membres de la communauté musulmane, au mépris des règles en vigueur dans les écoles républicaines. » Il ajoute même qu' « une décision de cette nature n'a qu'un effet, encourager les revendications identitaires et les conforter, en faisant preuve en l'espèce d'une forme de naïveté dangereuse - ou du moins d'une confiance exagérée. »

Au sujet du fameux documentqui est le coeur de l'étude proposée par Poisson, nous lisons avec intérêt : « Il y a un quart de siècle, les organisations islamiques internationales entamaient une réflexion stratégique destinée à clarifier leur rôle et leurs objectifs à l'égard des communauté musulmanes occidentales. Cette réflexion stratégique devait aboutir à l'adoption et à la publication d'un texte intitulé ‘Stratégie de l'action culturelle islamique à l'extérieur du monde islamique'. » Poisson propose d'en retracer l'histoire et les intentions.

Il mentionne souvent l'ISESCO : Islamic for Education, Science and Culture Organisation (2). Celle-ci indique sur son site le contexte ou les origines de sa création : « L'idée avait germé dans l'esprit des dirigeants, des leaders et des pionniers de la renaissance de l'aube du réveil du monde islamique. » En définitive, et comme l'explique l'auteur, « il s'agissait de donner corps à l'un des objets de la solidarité islamique. » Lire la Chartede cette organisation, pour comprendre et connaître ses objectifs, relève d'un impératif majeur. La conviction des fondateurs de l'ISESCO établit que « l'islam, religion de paix, de tolérance et d'ouverture, représente un mode de vie et une force spirituelle, humaniste, morale, culturelle et civilisationnnelle, et qu'il a apporté et continuera d'apporter une contribution constructive et essentielle à l'édification du monde islamique et au progrès de la civilisation humaine. »

Très concrètement, comme le prouvent les passages rapportés par Poisson, « la charte fondatrice de l'ISESCO, tout comme la charia, puise son inspiration dans le cadre exclusif de la culture islamique, dont la propagation est également la seule finalité. » le texte se poursuit dans le même esprit, en indiquant que « l'ISESCO soutiendra toutes les organisations islamiques, officielles ou non, publiques ou non dans le monde entier. La condition est qu'elles adoptent comme cadre d'action le référentiel civilisationnel islamique, qu'elles s'attachent à promouvoir le vrai Islam et l'identité islamique, dans l'intention de soutenir les musulmans établis en dehors du monde islamique. »

Le commentaire de la « Stratégie » ne laisse aucune équivoque : « la question centrale de [cette organisation] est comment faire progresser la charia en Europe ? Et non pas comment aider les musulmans occidentaux à mieux vivre leur foi au quotidien. » Poisson précise, en se basant sur ces documents, que « l'islam a [ainsi] le devoir de protéger ses enfants là où ils sont en fragilité, et, dans le même temps, de former ces mêmes enfants à user des faiblesses et bénéficier des services et des opportunités offerts par les civilisations adversaires pour renforcer leur présence et leur domination. En fait la présence et la domination de l'Oumma. »

Le plus surprenant reste que « finalement, l'ambition de ce document n'est pas si cachée que ça. Il s'agit de profiter de la sécularisation des sociétés occidentales et de la faiblesse qui en découle pour implanter l'islam, le propager petit à petit, et le proposer à la fin du compte comme un nouveau modèle social. Les auteurs du document - en fait les Etats musulmans - considèrent que les communautés musulmanes occidentales doivent profiter intelligemment de la période difficile de transition que traverse l'Occident. Ou plutôt, puisque celui-ci semble sorti du christianisme sans avoir trouvé une colonne vertébrale de substitution, il est nécessaire d'en profiter pour faire de l'islam le nouvel horizon de l'Occident ». Poisson en tire subséquemment la conclusion logique que « le passage consacré à la fixation des communautés islamiques à l'extérieur du monde islamique est révélateur de cette volonté de tirer avantage de cet état du monde occidental ».

L'interrogation que nous pouvons légitimement nous poser est : pourquoi en venir à commenter ce document ? Poisson répond que sa volonté consiste à « alerter les responsables politiques occidentaux. Il est de bonne politique, au moins à titre d'information, de s'interroger sur les stratégies des grandes organisations internationales. Lorsque cinquante-sept Etats musulmans (arabes ou non) prennent la peine, sur une durée de presque vingt-cinq ans, d'élaborer une stratégie d'action destinée aux pays dans lesquels nous vivons, la moindre des choses est d'en prendre connaissance, de manière détaillée et finie, et d'en tirer les conséquences et conclusions pratiques. » de fait, il demeure important d'étudier ce document stratégique, car à ce jour il reste « inconnu, ou en tout cas fort peu connu de l'opinion publique et des responsables politiques français. »

Rappelons encore une fois qu'il s'agit d'un texte officiel, qui « émane des instances représentatives par excellence du monde musulman. Il a été élaboré par les organes les plus officiels et les plus élevés des organisations qui rassemblent ces Etats. » N'oublions pas de citer l'OCI (Organisation de la Coopération Islamique) qui s'est donné « pour objectif de faire entrer la sphère des états arabes musulmans dans le concert international ».

Ainsi, l'intention de Poisson se dévoile avec une lucide transparence dans son ouvrage : face à ce document, « l'importance de son contenu, son orientation délibérément et foncièrement pratique et concrète, le fait qu'il constitue un véritable plan d'action destiné à tous les responsables associatifs musulmans implantés en Occident requièrent de porter à la connaissance du grand public ce texte fondateur, et d'en expliciter les déclarations, les intentions et les non-dits ».

La « Stratégie » indique clairement le chemin que suivent les communautés musulmanes installées en Europe : « Par réaction à la pression laïciste ressentie par les musulmans, il est nécessaire de renforcer l'attachement des jeunes aux principes de leur foi, à l'authenticité de la religion, et spécialement à la présence de cette expression dans l'espace public. C'est un devoir essentiel de sauvegarder l'identité culturelle islamique, pour lutter contre tout ce qui unit à la foi elle-même, et à l'attachement à l'islam. » Comment mettre cela en pratique ? Deux sortes d'actions sont dévoilées : « la première est le renforcement des caractères culturels de la communauté musulmane et l'affirmation de l'attachement à l'identité islamique. La seconde est l'éducation des musulmans occidentaux. C'est un objectif stratégique de leur inculquer les principes et les fondements même de la culture islamique. »

Il est plus que pénible de voir des musulmans se plaindre constamment de leurs conditions de vie dans les pays occidentaux où ils ont choisi de venir s'installer, ou de rester. Nous rejoignons l'auteur quand il écrit : « Après tout, puisque les musulmans occidentaux sont si mal traités dans leurs pays hôtes, pourquoi les pays musulmans n'engageraient-ils pas un grand plan d'accueil des musulmans occidentaux dans les pays musulmans ? » Au niveau des individus, chaque musulman se sentant opprimé sur le Vieux Continent pourrait, par lui-même et sans coercition, envisager une migration dans son pays d'origine ou dans un autre pays musulman. J'en connais qui ont agi en ce sens, mais ils sont vraiment trop peu nombreux. Cependant, certains chefs d'Etat ne donnent pas le bon exemple en venant recevoir des soins en France…

Nous savons pourtant que de nombreux pays musulmans ne sont pas avares de critiques envers les pays européens au sujet du « sort réservé » à leurs coreligionnaires. Comme si ces derniers subissaient quotidiennement des lois discriminatoires et des ratonnades. Ces accusations frisent le ridicule, la mauvaise foi, et surtout l'incohérence, comme le dit très bien Poisson : « Ces accusations lues sous la plume de représentants officiels des Etats musulmans sont insupportables, surtout lorsqu'on connaît la manière dont ces Etats eux-mêmes traitent les étrangers qui séjournent sur leur sol. Des pays qui réinventent chaque jour l'esclavage moderne en exploitant les travailleurs étrangers, pour ne citer que cet exemple, seraient bien inspirés de s'astreindre au silence. »

L'auteur énonce que « le sentiment d'appartenance à l'Islam transcende lui aussi toute forme d'autorité ou de vie communautaire autre que musulmane. » Est-ce vraiment choquant ou surprenant que des musulmans désirent se reconnaître dans leur appartenance à l'islam ? Nous ne le pensons pas. de même, les musulmans croient - et ils se trompent là-dessus - détenir la vérité religieuse. Ils souhaitent donc que le monde devienne musulman. N'est-ce pas une des suites logiques de leur foi ? Pour eux, Abraham Père des croyants était musulman ! En réalité quel est le vrai problème : la faiblesse et la nullité des dirigeants européens ou le fait d'avoir en face de soi un islam organisé et conquérant ?

Poisson propose à cet égard une analyse très pertinente et pointue de la « Stratégie », mais qui s'en tient malheureusement au cadre républicain. Toutefois, il ne s'arc-boute nullement dans une posture dénonciatrice ou défensive. Pour sortir de l'impasse dans laquelle nous sommes, il propose différentes pistes - certaines intéressantes, d'autres plus contestables -, afin d'essayer d'éviter un affrontement qui nous pend au nez à plus ou moins longue échéance. Il écrit - entre autres - qu'il faut en finir avec l'amalgame qui consiste à penser que le catholicisme et l'islam sont pareils. Selon lui, il convient d'appliquer réellement la loi de 1905 et de la faire évoluer si besoin. Il propose de lutter contre l'islamisation et l'influence néfaste des pays étrangers, tout en renonçant à vouloir organiser l'islam mais en protégeant les réformateurs. Il évoque également le sujet « d'un Concordat pour les musulmans » et veut que ceux-ci abandonnent leur projet de conquête. Il souhaite qu'une critique scientifique et intellectuelle de l'Islam voit le jour sans pour autant le détruire… Vaste programme que chacun sera libre de juger pertinent ou non.

Ce document stratégique est officiel. Il est évident qu'il aurait dû être connu et commenté depuis fort longtemps. Poisson corrige ce manque en étant le premier responsable politique français à le faire connaître dans le détail, afin que chaque Français soit au courant…

Ceci nous remettra bien entendu à tous en mémoire la fameuse Charte islamique universelle des droits de l'homme, en cours de toilettage, qui précise bien ne reconnaître de droits aux hommes et aux femmes que dans le cadre de la charia...

Franck ABED

(1) Chiffré donné par L'Observatoire national de la pauvreté et de l'exclusion sociale

(2) Organisation Islamique pour l'Education, la Science et la Culture
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