Troisième Masse Critique pour moi, pour laquelle je tiens à remercier le site Babelio et la maison d'édition Atelier des Cahiers.
J'ai choisi ce livre car j'avais beaucoup aimé ma première incursion dans la littérature sud-coréenne en début d'année. Cette fois-ci, c'est en plus un auteur français que je découvre.
J'ai un gros coup de coeur pour la couverture agrémentée d'une jolie photo. Elle n'est pas glacée, elle me fait passer à du washi ou au papier à lettre artisanal. C'est le genre de petit détail qui fait toute la différence quand on hésite entre livre papier et livre numérique. C'est un vrai plaisir de toucher ce livre-là. de plus, son format, moins haut et plus large que les livres de poche, fait qu'on peut le tenir facilement ouvert sans avoir à forcer sur le dos pour voir les pages en entier.
Le titre est intrigant. Les trois mots me parlent. Séoul, capitale que j'ai eu le plaisir et la joie de découvrir l'année dernière. La Playstation, console de salon que tout le monde connaît. Je ne me serais jamais attendue à trouver ce nom dans le titre d'un roman ! Et la mélancolie, l'état dans lequel se retrouve tout lecteur à un moment ou à un autre (quand il a terminé un livre et se demande ce qu'il va en faire, quand il ne sait pas quoi lire, quand il pleut...)
Les phrases sont longues et la syntaxe complexe, ce qui rend souvent le texte difficile à comprendre.
Le style d'écriture est époustouflant, à la fois poétique et tonique. Les connexions entre des éléments de natures différentes dans une même phrase surprennent toujours. Les expressions tout spécialement créées par l'auteur sont magnifiquement poétiques, telles la langue « cette lécheuse d'oubli » ou l'ego « ce perroquet du silence ». le style d'écriture, très travaillé, apporte à l'ensemble un goût puissant et hétérogène, mais harmonieux et solide. La composition est complexe et fleure bon les envolées psychédéliques de l'esprit. Un langage complexe, tissé comme le langage binaire d'un programme informatique, parfois aussi déluré qu'un clip.
Les comparaisons, tantôt étonnantes, tantôt éloquentes, mais toujours inspirées et variées, parlent avec poésie de thèmes aussi divers que l'environnement urbain, les paysages ou encore les sens. Originales, elles méritent d'être étudiées.
Le roman s'ouvre sur l'évocation de jeux bien connus (Rubik's Cube, Lego ou Tetris) et les références au divertissement vidéoludique se retrouveront tout du long. Plus largement, il fourmille de références intertextuelles riches au jeu, à la dictature de l'image électronique, aux jeux de l'enfance et aux jeux des pros. Mais finalement, j'y ai trouvé beaucoup plus d'analogies avec le film qu'avec le jeu vidéo.
Le roman se poursuit par une marche dans la ville, dans les bâtiments, dans les souvenirs aussi, sur fond de récupération d'estampes volées.
Beaucoup de phrases sont très vraies et parleront sans mal au voyageur solitaire, à l'explorateur de villes, aux coeurs et aux esprits ouverts, à l'expatrié.
Le personnage principal est écorché mais fort. Son passé et sa personnalité conditionnent sa vision présente et transparaissent dans sa manière d'appréhender les rencontres, de déambuler dans la ville et dans la vie, d'aborder les événements et les gens.
Séoul est un personnage à part entière dans ce roman. Mégalopole bourdonnante, flashy et dangereuse qui se joue des personnages. La ville donne l'impression de les dévorer, omniprésente dans leur paysage, leurs mots et leurs pensées, leurs vies, leurs objectifs.
À souligner, le très beau passage dans la zone démilitarisée.
Je sens que je n'ai pas tout saisi des propos de l'auteur, mais l'oeuvre n'en reste pas moins insolite et originale pour la vision de Séoul et le style littéraire.
Ce roman, c'est une description de Séoul et un style d'écriture kaléidoscopiques. Un auteur qui écrit comme il le sent. Une leçon de littérature qui ne se laisse pas dicter son style par les modes.
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