Ce 2e tome est encore meilleur que le premier. Grâce à son expérience passée, Sara se donne enfin le droit d'aller de l'avant et d'être heureuse.
Dans ce deuxième tome, Sara découvre une nouvelle passion : le théâtre. La troupe de l'école joue Roméo et Juliette, pièce qu'elle connait déjà très bien pour l'avoir lu souvent. Tout au long du récit, on suit les tribulations amoureuses de Sara.
Commenter  J’apprécie         40
Livre romantique et conseiller pour les jeunes fille
Commenter  J’apprécie         00
Mandoline commence à m'inquiéter sérieusement. Un matin, il y a deux semaines, elle a fait une entrée remarquée avec son look Marilyn Monroe. Depuis sa dernière métamorphose, elle sèche ses cours de plus en plus souvent et les raisons qu'elle donne tiennent de moins en moins debout.
Dès que j'essaie d'aborder le sujet, elle se défile. Elle sait que je ne crois pas à ses prétextes, mais elle joue à faire semblant, même avec moi. Notre amitié nous glisse entre les doigts comme une poignée de sable fin et cela m'attriste. Je l'aime tellement, cette fille!
Et qui est cet oncle qui vient l'attendre, dans sa Porsche rouge, à la sortie de l'école pour l'amener à ses rendez-vous chez le dentiste ou chez «sa tante malade» ?
On ne rentre pas de l’au-delà comme on revient de chez le dépanneur! Je l’ai appris à mes dépens!
Fous de joie d’avoir retrouvé leur fille chérie, mes parents ne sont absolument pas réceptifs à l’idée d’entendre parler de mon expédition dans une autre dimension. Selon eux, je m’en tire à bon compte : des souvenirs d’hallucinations rapportés du coma. UN POINT C’EST TOUT!
Mon père croit dur comme fer à la réincarnation et à la vie après la mort; sa bibliothèque contient d’ailleurs plusieurs livres qui traitent de ces questions. Visible ment, le sujet l’intéresse mais dans la mesure où il n’est pas concerné.
Même Mandoline, ma meilleure amie, a spontanément émis des réserves devant mes révélations. Elle m’assure toutefois que ces divagations passagères n’affecteront pas notre amitié; ce ne sont pas les termes qu’elle utilise, mais c’est tout comme!
Sans oublier les efforts que je dois faire pour me réadapter à mon enveloppe charnelle! J’ai l’impression d’avoir enfilé un manteau d’une taille trop petite pour moi.
D’après ma mère, c’est tout à fait normal que je me sente lourde et un peu gauche : je suis ankylosée. UN POINT
C’EST TOUT!
- Et l'amour cela vous parle-t-il d'avantage que la poésie?
Le visage de Serge s'accroche à ma mémoire. Celui de ma mère glisse doucement sur celui de Serge.
Je regarde ma main se lever, déterminée.
- Oui, Sara?
- Oui, à moi, ça me parle. L'amour, je veux dire...
- Et qu'est-ce que ça te dit? me demande Michel Tardif, moins bête et moins méchant.
- C'est difficile de reconduire une personne qu'on aime à la frontière et de la laisser traverser, sans chercher à la retenir. Même si on souhaitait par-dessus tout qu'elle reste. Et rentrer seule chez soi, parce qu'on n'a pas de passeport pour franchir les lignes.
À côté de la tombe de Serge Viens, on s’apprête à porter en terre le cercueil de Sara Lemieux.
Mon cercueil.
La vue brouillée par d’intarissables larmes, ma mère lance une rose blanche et une poignée de pensées mauves dans le trou qui avale sa fille.
Désespéré, mon père cherche un sens au drame qu’il est en train de vivre. Le cœur de sa fille morte ne permet-il pas à un autre enfant de continuer à vivre? Il a beau s’accrocher à cette idée, il chancelle à la vue du cercueil qui descend lentement dans la fosse.
On jette à présent de lourdes pelletées de terre noire sur la bière blanche qui abrite ma dépouille.
Il est trop tard désormais pour faire marche arrière. Comme Juliette a rejoint Roméo, je retrouverai Serge. Serge, mon amour.
J’ai peur, tout à coup, dans le noir si noir : «Maman!»
— Mon poussin, je suis là! Ce n’est qu’un rêve, Sara. Un mauvais rêve.
Ma mère me berce. Je m’agrippe à son corps. J’enfouis ma tête dans sa poitrine. J’ai du mal à reprendre mon souffle. Dans ses bras chauds et enveloppants, je me rappelle que je suis vivante.
Québec en toutes lettres - Oeuvres de chair avec Anique Poitras