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Deux thèmes majeurs se partagent l'intrigue, l'un est présent tout au long du roman, c'est la décharge où l'on recycle peu ou prou tous les déchets de nos sociétés occidentales, véritable fil rouge du roman; l'autre ne sera dévoilé explicitement que tout à la fin de l'histoire, ce qui donne une fin surprenante, un peu expédié et très dérangeante. J'aurais souhaité que l'auteur introduise le second thème plus tôt dans l'histoire pour y être mieux préparé. D'ailleurs, le thème du recyclage et le portrait poignant des personnages ne suffisaient-ils pas pour faire une histoire complète ?
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Théâtre ou roman ? Un sens certain de la mise en scène, l'action est habilement amenée, avec des angles d'approche indirects : contexte, situation, éveil de l'intérêt, la temporalité est située en passant, un personnage apparaît, on progresse facilement d'étape en étape vers la construction de l'intrigue. La langue est vive, précise, mais sans personnalité, dans le sens où elle emprunte à divers registres ou sociolectes, mais ne noue pas de lien spécifique avec le réel, n'a pas de forme propre qui permette d'approcher le monde de façon nouvelle ou originale.

On peut aimer, cependant : c'est rapide et intelligent, adroitement conçu, et le sujet a l'air intéressant (j'écris ceci à partir des premières pages, car néanmoins je n'ai pas eu envie de continuer). On peut trouver aussi que ça manque de finesse et de substance, en termes d'écriture poétique mais aussi de fiction : les personnages ainsi conçus, n'ayant pas la chair de comédiens pour s'incarner, manquent de texture psychologique, de capacité à entrer en relation avec le lecteur (ou vice-versa).

On ne s'attache pas à eux, on ne s'imprègne pas de l'univers fictionnel : on peut observer en spectateur et l'action  dramatique et la construction du récit, mais un lecteur  (heureux) est plutôt acteur du texte littéraire, celui qui en actualisant un langage imaginant fait de son for intérieur et la scène et la matière de tout ce qui a lieu dans l'oeuvre. Autrement dit, le lecteur est, dans le moment de sa lecture, chaque mot et chaque personnage, le lecteur ressent intérieurement toutes les évocations du texte (toutes celles qu'il actualise, en admettant qu'il n'existe pas de lecture totale ; mais celles qu'il n'actualise pas n'existent pas pour lui, ce qui n'est pas la même chose que d'exister extérieurement).

J'ai donc vraiment l'impression d'un roman de dramaturge, un peu raté en tant que roman, sachant qu'ayant pour ma part commencé par la poésie, j'aime peut-être davantage les romans de poètes, dont rien ne dit qu'ils soient dans l'absolu plus réussis (on peut s'ennuyer en lisant Julien Gracq).
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Au départ, une excellente idée. Raconter la décharge électronique à Accra à travers les yeux de petits Gavroches débrouillards, adultes trop tôt, avec leur propre langage, leur cabotinage, la réalité du monde toxique dans lequel ils évoluent. Un saut sur des photos de la décharge montre des scènes impressionnantes, clichés magnifiques et effrayants - horrifiants, fascinants - bref, le rêve du photographe qui veut "dénoncer" tout en se rendant célèbre. Une autre cause, mais les deux se rejoignent. Un roman sombre donc, mais devait-il tomber dans le sordide. Il me semble que la situation de Jacob et de sa mère était déjà un sujet profond, à exploiter afin de nous connaître cette réalité. Zola en aurait fait un chef-d'oeuvre mémorable. Hugo aussi, avec son style. Mais au lieu de cela, on s'enlise. Même le style, le langage des enfants, devient lourd et lassant et pour être sûr de bien dénoncer le mal occidental qui ronge l'Afrique, allons-y du viol, de la prostitution. Ça en devient sordide sans éveiller - on sait déjà, on sait beaucoup de choses. Lire plus loin en devient indécent.

Dommage. Un sujet important mais traité sans finesse littéraire.
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Ce livre m'est atterri entre les mains en provenance de je ne sais où.
Je me suis laissé tenté par le thème de la poubelle électronique du monde.
Le scénario est plutôt bon. L'issue tragique est en accord avec l'horreur de la vie dans cette décharge.
Toutefois, j'ai été assez gêné par le style. le récit se dépersonnalise très souvent en mode “on fait ceci, on voit cela”. de plus le style très particulier du langage surfait des habitants de la décharge m'a assez vite usé.
Je me suis laissé quelques jours dans le suspense du nom imprononçable de la décharge. Au final, je ne suis pas déçu d'avoir fait l'effort d'aller jusqu'au bout et de souffrir dans le rôle du lecteur pour accompagner les pauvres acteurs de l'histoire. Mais cela m'a coûté et je me dis que l'auteur aurait pu écrire plus simplement.
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La première chose que j'avais faite en tournant la dernière page de « Là d'où je viens a disparu » de Guillaume Poix, avait été de commander sans attendre son premier roman, « Les fils conducteurs ».
En refermant celui-ci, je n'ai aucun doute, je serai lecteur du prochain.

« Les fils conducteurs » c'est un peu comme la poussière qu'on met sous le tapi, c'est le bien rangé quand la porte du placard est fermée alors que c'est un bordel sans nom à l'intérieur. « Les fils conducteurs » c'est la perversité du progrès et la nocivité du toujours plus, c'est la conscience tranquille et endormie bercée par le « loin des yeux », ce loin des yeux qui nous explose au visage sous de multiples formes.

« T'as tout le cimetière numérique de la planète ici, t'as tout l'obsolète qui se trouve un coin pour s'aplatir sous les coups de poing des mômes qui le fouillent. »
Tout est dit dans cette citation. Vous l'aurez compris, Guillaume Poix nous entraine sur les traces de fin de vie de nos appareils d'électro ménager, de nos télévisions, ordinateurs, téléphones portables et autres « biens » qui nous font la vie douce. A l'époque où tout nous culpabilise (souvent à juste titre), le recyclage est un bon moyen de dormir en paix. Seulement voilà, au Ghana à Accra, comme dans tant d'autres endroits délaissés par la société « oxydantale », notre alibi se retrouve dans des décharges à ciel ouvert. Agbogbloshie est l'une d'entre elle que l'auteur nous propose de traverser à travers le travail de trois gamins de onze à treize ans, exploités jusqu'à l'innommable…

Ca vaut tous les thrillers de la terre, tout le noir et l'horreur nés dans les imaginations les plus tordues de n'importe quel écrivain, ça vaut tous les psycho trucs les schyzos machins et autres névrosés du bulbe trucidant à tout va, ça vaut tous les manipulateurs élevés au biberon de Machiavel, et pourtant, malgré le succès de ces genres de littérature, le style « témoignage » de nos défaites n'est pas vendeur.
Forcément, là même si c'est un roman, on sait que ce qui est écrit est vrai et arrive pendant qu'on est tranquillement en train de lire. En plus, nous sommes à l'origine du mal alors…

Bon c'est pas tout ça mais faut que je mette mon portable en charge parce que la batterie est un peu faible. Penser à la changer. Bah oui, je fais partie du problème…

Si vous voulez vous rendre compte d'un de Nos problèmes, c'est par ici que ça se passe :

https://mrmondialisation.org/des-images-a-peine-croyables-la-decharge-dagbogbloshie/

Ah , j'allais oublier parce que c'est une oeuvre littéraire alors, c'est bien écrit, bien propre quoi, y a pas de ratures.
Au début j'ai eu un peu de mal, niveau comprenette, avec les dialogues pis je me suis fait à la langue de "la bosse".
Vala, comme ça je l'ai bien vendu!!!
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Accra, dans une décharge de produits électroniques, Issac et Moïse, moins de 15 ans, enrôlent le petit Jacob. Thomas, jeune reporter franco-suisse finit par pénétrer Jacob, le tuer puis l'enterrer sous les immondices avant de voler vers la célébrité.
Ce premier roman veut griffer la mauvais conscience du Mâle Blanc ; il prétend aussi régénérer la langue en la truffant de trouvailles désopilantes.
Pour un coup d'essai, gros coup d'épée dans l'eau.
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Abasourdi par le comportement immoral du seul personnage européen, on désirerait que soit soulignée l'injustice d'un crime sous couvert de la défense d'une cause humanitaire et non qu'elle soit banalisée.
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Bienvenue en « Agbogbloshie », un univers impitoyable ou l'espérance de vie est réduite pour les récupérateurs de déchets des populations dites « civilisées ». Moïse, Isaac et jacob, trois jeunes africains d'Accra, au Ghana y errent à longueur de journée en espérant y trouver des objets recyclables et revendables pour ne pas mourir de faim. Thomas, jeune binational, Suisse Français, veut faire un reportage photographique sur le voyage et la destination des containers emportant nos déchets vers l'agbogbloshie, et embarque sur un cargo à Hambourg pour les tracer le plus fidèlement possible. L'aspect documentaire est cruellement mis en valeur par cette fiction romanesque, où les relations humaines sont absentes à tous les niveaux, et où les circuits mafieux s'imposent avec leur brutalité constitutive. Témoignage brûlant d'un humanité défaillante, L'auteur nous informe d'une actualité plutôt cachée car trop blessante pour notre égo. le style, parfois trop emphatique pourrait gagner en sobriété, mais, il peut-être excuser pour un premier roman. le vocabulaire employé par les jeunes africains entre eux, même si il est parfois difficile à suivre semble assez crédible. Roman cruel, peu optimiste mais réaliste et qui jette un gros pavé dans une mare et qui nous éclabousse !
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Le sujet me semble rarement traité. le circuit des déchets électroniques finit en Afrique, où ils sont désossés. Suite au décès de son mari, Ama s'installe avec son fils Jacob, en ville, au Ghana, près de l'Agbogbloshie, la décharge. Elle assure leur pitance : elle vend de l'eau à sa sortie, il la fouille. Thomas, photographe émergent, vient d'Europe pour réaliser un reportage de vie sur leurs conditions de vie et de travail, forcément déplorable.
Le style est toutefois fatigant : "on" fait et pense en lieu de Thomas ou Jacob. Il y a quelques paragraphes bien sentis sur notre époque. Alors que je me demandais si j'allais continuer, un ami, qui l'avait lu, a insisté pour que j'aille jusqu'au bout.
La rencontre des deux personnages, qu'on attend tout le long du livre, signe la fin. Terrible. Glaçante. Cynique. Effroyable.
Un roman certes pas attrayant, un peu laborieux, mais qui a le mérite d'exister.
Vive la décroissance !
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Thomas, jeune photographe, veut réaliser un reportage sur Agbogbloshie à Accra au Ghana, décharge des produits électroniques de l'Occident. L'auteur nous emmène donc dans ce monde particulier où les codes, le langage et la réalité sont bien différents. Mais n'est-ce pas plutôt Agbogbloshie qui aspire le héros, tout comme ce roman va prendre le lecteur et l'interroger ? Une réflexion sur notre société de consommation et la misère du quart-monde. Un premier roman réussi et prometteur.
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