Grégoire Polet
EAN : 9782070773343
224 pages
Gallimard
(27/01/2005)
3.54/5
13 notes
Madrid ne dort pas
Résumé :
Madrid. Un œil s'ouvre, ce vendredi d'automne à 17h15. Il ne se refermera que le lendemain matin, le temps de voir dix, vingt, trente personnes passer, revenir, se connaître, se croiser, se heurter : un cinéaste en hélicoptère, un traducteur, un policier mélancolique, une coiffeuse, un baryton fiévreux, des écrivains. une clocharde...
Et Madrid, qui ne dort jamais.
J'en suis sortie frustrée et un peu déçue.
Frustrée, parce que ce court moment, 24h, pendant lequel vont se croiser à dessein ou sans le savoir toute une galerie de personnages lance tout un tas de pistes, de début d'intrigues possibles et s'achève sans y mettre un point final, au bout du chrono imparti. J'aurais aimé que tous ces petits bouts de vie, de destin soient un peu plus développés. J'ai trouvé qu'il y avait là matière à faire un beau pavé et cette petite deux centaines de pages m'a laissée sur ma faim. Et déçue donc par cette faim inassouvie, ces promesses non tenues.
Par contre, on retrouve bien les lieux incontournables du centre de Madrid, que je venais d'ailleurs à peine de fouler, ce qui est toujours bien agréable de pouvoir mettre une image "réelle" sur des lieux décrits ou évoqués dans un roman. L'ambiance y est aussi plus ou moins, en tout cas une certaine ambiance.
Et puis, en lisant le postface, je me suis aperçue que l'objectif de l'auteur n'était pas vraiment ici de nous raconter une histoire mais plutôt de nous offrir une figure de style. C'est alors que j'ai compris l'origine de ma frustration et ma déception; nos objectifs divergeaient.
Bref, pas mal mais pas un coup de coeur.
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Une fresque bariolée de personnages qui se croisent, observent sans se savoir observés, vivent une histoire, leur histoire qui recoupe celle d'autres qu'ils ne connaissent pas. J'ai aimé le style naturel et haut en couleur de l'auteur, les surprises qu'il nous réserve comme la séquence dans l'hélicoptère et la technique qu'il utilise pour rapporter une conversation où les intervenants s'interrompent sans cesse. Un premier roman plein de fraîcheur.
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Maintenant, il manipule le joystick, il zoome, dézoome, il balaie la ligne lumineuse de Goya, passe le grand carré de la Plaza Colon, vise de côté et agrandit Bilbao, cœur éclaté de sept artères, disques ou cadran où la vieille clocharde tourne dans le sens qui remonte le temps. Puis, il filme Sol, Gran Via, la Plaza Mayor, le Palais royal, la Plaza de Espana, les hauts immeubles, le sommet triangulaire de l'Opéra, il zoome, dézoome, il revient. Il lâche encore un juron.
La vitrine du Comercial ne reflète pas le désarroi, mais seulement la grande tache jaune qui s'éloigne du kiosque, enjambe les rubans rouges et blancs du petit chantier et s'engouffre dans la tranchée, tout à fait engloutie, d'où monte à présent, interrompue depuis un quart d'heure, l'énergie bruyante et brutale d'un marteau pneumatique heurtant le fond de la ville.
L'Europe et la place des langues : Grégoire POLET, Laurent GAUDÉ, BESSORA