Histoire de l'antisémitisme, tome 2 : De Mahomet aux Marranes

Il fut un temps où il était bien difficile de se procurer ce livre. "Certaines" ambassades avaient pour tâche d'en acheter tous les exemplaires disponibles en librairie, afin d'en étouffer le message subversif. Ce message, à l'époque, démentait et démontait la fable politiquement correcte de la tolérance musulmane envers les Juifs, établis dans les territoires conquis par les Arabes, ou par leurs convertis persans ou kabyles. Rien n'était plus dur que la condition juive au Maghreb ou en Iran : la sharia impose, en échange d'un impôt, une protection légale, mais cette protection n'a jamais épargné aux "dhimmis" les humiliations, les enlèvements, les pogroms. En fin de compte, leur condition ne fut enviable que dans quelques rares îlots, et jamais pour très longtemps. L'Espagne musulmane étant l'un des espaces protégés (aux IX° et X°s), on a beaucoup insisté dessus, en oubliant de préciser que l'âge d'or juif du XII°s (celui des traducteurs et de la Cabale) commença dans le royaume ... chrétien de Castille. Comme il ne fallait pas que ça se sache, le livre de Poliakov était difficile à trouver.
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Les Marranes, autre terme du titre, sont les convertis au christianisme catholique, toujours en Espagne et au Portugal. Ce baptême, volontaire ou forcé (suite à des émeutes populaires soulevées par des prédicateurs, comme Vincent Ferrier vers 1390) leur donnait le droit de vivre encore chez eux en Espagne ou au Portugal au lieu d'être expulsés, d'être surveillés étroitement par l'Inquisition, et les rendait justiciables en cas de retour à la religion d'origine. C'est pour eux que l'église catholique inventa les premières lois raciales d'Europe renaissante, les "Statuts de Pureté du sang", interdisant aux descendants de Juifs certains métiers, certains mariages, et aussi l'émigration en Amérique. Certains parvinrent à fuir la prison ibérique pour l'Italie et les Pays-Bas, et leur épopée européenne (qui concerne Spinoza et tant d'autres) couvre les XVI° et XVII°s.
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Le prisme de l'histoire juive permet de voir autrement l'histoire européenne telle qu'on la connaît ordinairement, et de dissiper les fumées de la propagande islamique.