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Critique de terryjil


Un très bon bouquin pour découvrir les textes fondateurs du mythe vampirique, peut-être un peu moins pour les récits postérieurs quoiqu'il y ait de très bonnes choses! Deux-trois textes ne seront d'ailleurs pas forcément à leur place dans cette anthologie; mais leur qualité littéraire fait qu'on y prendra tout de même plaisir. C'est en tout cas selon moi un livre indispensable pour tout amateur un peu sérieux de ce mythe de mort-vivant hematophage!

Frères et soeurs de sang, la préface de Roger Bozetto et Jean Marigny, présente l'évolution du vampire à travers les âges, bibliographie à l'appui. Il y a notamment une partie sur les vampires involontaires ou positifs. L'anthologie étant parue en 1997, ils ne citent aucunement les derniers best-sellers en matière de vampires comme Twilight ou Vampire diaries mais je serais curieuse de savoir ce qu'ils en pensent et comment ils les intègrent dans cette filiation...
Ensuite on arrive aux fictions.
- le Vampire de Polidori: fondateur peut-être, mais le héros est tellement falot qu'on n'a aucune empathie pour lui, le vampire n'a aucun charisme, le texte est longuet et se termine en une fin expédiée, bref pas terrible!
- La vampire de E.T.A Hoffmann: un récit de malédiction familiale, dont la fin n'est pas sans rappeler une partie de la légende de Mélusine en plus gore... intéressant! Nonobstant le fait qu'on soit plus dans la sorcellerie que dans le vampirisme.
- Carmilla de Joseph Sheridan le Fanu : on approche, on approche de la forme traditionnelle du vampire... Comment une jeune fille se fait envoûter par une mystérieuse amie très sensuelle et dépérit lentement...
- Dracula de Bram Stoker: le classique incontournable, malgré son agaçante misogynie victorienne. Je ne le critiquerai pas ici, allez voir ce qu'il en est sur sa fiche Babelio ;-)
- Oupires de A.C Tolstoï: une longue nouvelle, ou court roman, qui doit être très bien dans son genre, seulement la littérature russe et moi n'avons jamais été très copines! la familiarité et le côté fantasque des aventures slaves me dérangent, donc bon... Mais sa place dans l'anthologie se justifie.
- Schloss Wappenburg de David Scott-Montcrieff: on passe à une nouvelle de 1948, où deux hommes échappent de justesse à un terrible sort en Autriche. Une ambiance des débuts de l'automobile ( c'est un vieil homme qui raconte ce qui lui arriva jadis) qui contraste d'autant plus avec l'aspect des comtesses vampires tout droit sorties du 18ème siècle... Plutôt pas mal.
- Au dessus de la rivière, de Peter Schuyler Miller: comment verriez-vous les choses (physiquement, je veux dire) si vous étiez un vampire? Ce texte est d'une poésie magnifique et tragique, et est, historiquement, à ma connaissance le premier à se mettre à la place du vampire... Coup de coeur, j'adore!
- le gardien du cimetière de Jean Ray: que dire? une nouvelle belge classique sur un gardien de cimetière qui, victime d'une étrange fatigue, finit par se demander pourquoi il a été si vite engagé, et ce que sont devenus les précédents gardiens... du très bon aussi.
- Pauvre Sonia! de Claude Seignolle: Romantique. Amoureux. Tourmenté et court. Pas mon préféré...
- le Chupador de Claude Seignolle: un vampire graphique unique en son genre. Les cauchemars du narrateur mourant et anémique, dans un langage chantourné, valent le détour, descriptions digne du réalisme fantastique évoquent irrésistiblement du Jean Gourmelin, du Topor ou du Ernst Fuchs. Original et magistral!
- Luella Miller, de Mary E. Wilkins-Freeman: cette nouvelle de 1901 raconte la vie d'une jeune femme, qui semble voler innocemment et sans en être consciente la force vitale de chaque personne de son entourage proche...
- La visite de J.H Oberheit chez les sangsues du temps, par Gustav Meyrink: là, on est plus que dans le fantastique, mais dans l'occultisme, et la notion de vampire devient métaphysique, avec un héros dont la survivance est due à un credo à la limite de la philosophie bouddhiste, l'abandon de tout désir. Pas sûr de la pertinence de cette nouvelle dans l'anthologie.
- Mrs Amworth, par E.F Benson: une sorte de résumé de Dracula, avec une cordiale et mortelle veuve anglaise des années 1920 à la place du comte et deux voisins à la place de la troupe de van Helsing... Efficace.
- "Et nul oiseau ne chante", par le même auteur: Deux hommes vont mener une expédition dans un petit bois qui semble hanté par quelque chose d'hostile qui empêche toute vie animale... une nouvelle au monstre plus lovecraftien que vampirique.
- L'ensorcelé, par Edith Wharton: Encore une fois, une nouvelle fantastique que je ne trouve pas forcément à sa place. Il s'agit d'une histoire de possession, de fantôme ou de sorcière plus que de vampire... et la femme de l'homme "ensorcelé" est tellement revêche qu'on pardonnerait presque au spectre d'entraîner le mari loin de son épouse! Mais la nouvelle est cependant excellente dans son ambiance glaçante et les caractères des personnages. On pourrait même presque douter du caractère surnaturel des évènements si on y prête bien attention...
- Monsieur Alucard, de David A. Johnstone: Amusant et anecdotique. Un très court texte sur l'attrait du mythe vampirique en tourisme, avec un certain humour!
- le mal des vampires, par Norman Spinrad: Beaucoup d'humour aussi dans cette nouvelle, surtout grâce au décalage entre le langage soutenu du comte Dracula et l'argot de la tapineuse Marie, qui se refilent chacun leur assuétude: lui au sang, elle à l'héroïne. Trash et pas triste!
- Vampire Junction, par S.P. Somtow: L'autre gros roman de cette anthologie, avec Dracula. Un curieux hybride des eighties, avec une narration éclatée entre personnages, périodes temporelles et discours fumeux sur la psychanalyse jungienne. Déconcertant mais intéressant, avec vers la fin un passage de ville dévastée par la progression géométrique des vampires, qui m'a fait penser à Salem de S. King. Je vous laisse regarder les critiques babelio pour en savoir plus?
- le maître de Rampling Gate, de Anne Rice: une nouvelle de demeure mystérieuse et de séduction maudite, très romantique, voire aseptisée, après les déviances assez violentes de Vampire Junction...
- Shambleau, par Catherine Lucille Moore: un aventurier sauve une extraterrestre enturbannée d'une foule haineuse. Il sera "remercié" de la plus horrible et délicieuse des façons. Plus méduse que vampire, néanmoins un très bon texte de space opera !
- enfin, Derrière l'écran, de Richard Matheson: sous la forme du dialogue-interrogatoire de Leo, un jeune garçon de 13 ans, par un policier, on devinera au fur et à mesure le sort horrible qui semble avoir frappé ses parents ainsi que des voisins venus regarder la télé avec eux... Les bruits de la machine à écrire viennent accentuer le stress perceptible dans les balbutiements de Leo, avec une écriture si maîtrisée qu'elle guide notre imagination plus qu'elle ne décrit. Méfiez-vous de vos écrans... Cependant, encore une fois, je ne suis pas sûre que cette nouvelle, bien que géniale, soit pertinente dans une anthologie vampires... Mais bon!

Une biographie de chaque auteur du recueil complète le tout.



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