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EAN : 9782081284722
432 pages
Flammarion (23/08/2017)
3.86/5   139 notes
Résumé :
« Cette histoire est inspirée de l’enfance de ma mère. Une longue histoire, trouble, proche de la fable, qu’elle nous racontait autrefois et dont l’évocation la faisait presque toujours fondre en larmes. » Portrait d’une petite orpheline sous l’Occupation, L’enfant-mouche brosse un tableau sans complaisance de la vie ordinaire dans un village de province, en Champagne. C’est un quotidien de combines, de bassesses et de violences répondant au seul impératif de la sur... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (63) Voir plus Ajouter une critique
3,86

sur 139 notes
Très tôt Marie L’enfant-mouche connaît beaucoup des vices et démences humaines. Mais débrouillarde, intelligente, opiniâtre, elle se sort toujours de ce que lui a réservé sa chienne de vie.

Orpheline adoptée par une femme qui ne veut pas d'elle, après une période heureuse à Paris chez un vieux militaire, Marie et sa tante, obligées de se réfugier à la campagne pour cause de guerre, découvrent l'ostracisme, la misère noire et la faim. Dans sa quête permanente de nourriture, pour elle et sa parente maintenant malade, le chemin de Marie croise celui d'un jeune allemand homosexuel, d'une prostituée et son mari handicapé, mais aussi d'un médecin libidineux, d'une bande de résistants antipathiques et de bien d'autres personnages peu recommandables. Un chemin de croix que Marie transforme souvent par des pirouettes improbables en cocasseries où elle se joue des plus retors.

Une histoire, inspirée à l'auteur par celle de sa mère, qui pourrait être sordide sans le parti pris de tourner toutes les situations mélodramatiques en scènes burlesques et déjantées. Voilà un grand talent qui est de raconter la guerre et ses horreurs, la bassesse des hommes et leurs turpitudes en nous épargnant les larmes, pour faire exploser la fantaisie et la gouaille d'une géniale petite fille. À découvrir assurément.

Challenge MULTI-DÉFIS 2018
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Une drôle d'histoire, la réalité devenue folle de la France occupée vue par les yeux d'une enfant de douze ans. Ce n'est plus ce que savait Maisie, mais ce que savait Marie. Marie sait et voit des choses que les yeux des adultes verraient différemment.
Avril 1944. L'héroïne est une enfant abandonnée, sans doute la fille d'une effeuilleuse de cabaret. Comment elle se retrouve sous la tutelle d'Anne-Angèle, infirmière à Casablanca au début du récit, est une suite de péripéties improbables et fort distrayantes. Après un séjour plutôt luxueux dans le vaste appartement parisien d'un officier à la retraite, Marie L orpheline et Anne-Angèle se retrouve à Courcy, près de Reims, dans un microcosme déliquescent de fin de guerre, de déroute allemande, de Français oscillant dangereusement entre la survie, la préservation de leurs biens tout en envisageant la victoire imminente des Alliés. de ces enjeux importants qui rendent les adultes agressifs et mauvais, la petite ne saisit absolument rien. Tout ce qu'elle voit, c'est que le monde s'écroule autour d'elle et qu'elle meurt de faim. de plus, sa tutrice tombant très malade, elle se retrouve peu à peu livrée à elle même dans un environnement hyper hostile.
Le point de vue de l'enfant, qui domine tout le texte, est beaucoup plus crédible que dans "En attendant Bojangles", par exemple. La petite ne voit pas à long terme. Elle est incapable d'entrer dans les raisons politiques des adultes qui l'entourent et qui, au lieu de l'aider, à quelques exceptions près, ne font que l'utiliser, l'ignorer, la maltraiter, lui mentir. C'est un piètre tableau de l'humanité qui nous est ici renvoyé, renforcé par la logique magique de l'enfance, qui trouve des réponses extraordinaires à des situations qui nous paraissent si mesquines et si basses. de véritables moments de grâce (qui ne sont jamais mièvres, je déteste ça), ponctue le texte. A commencer par le chat Paillassonne et ses neuf vies, la malle d'Anne-Angèle qui arrive du Maroc, la forêt devenant une forêt de conte, menant à la chaumière de Toinette. A côté de cette féérie parfois dangereuse, des résistants de la dernière heure, une caserne d'Allemands, des villageois indifférents, une réalité sale. le contraste est fort.
J'ai beaucoup aimé ce livre, dont je n'avais pas entendu parler à la rentrée littéraire. Je ne l'ai pas lâché, et j'aimerais savoir ce qui est arrivé par la suite à Marie, Gaston et Toinette...Mais je ne le saurai sans doute pas. Il arrive un âge où le voile du conte se déchire. Et ce ne serait plus le même monde, la même histoire, la même Marie.
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****
L'enfant mouche c'est Marie... Une petite fille qui est déjà grande quand on fait sa connaissance dans le roman, et qui n'a pas connu une enfance très heureuse. Pas malheureuse non plus, mais sans joie, sans lumière, et surtout sans amour. Abandonnée dans un orphelinat parisien, elle va être recueillie par Anne-Angèle, tante fictive forcée par le destin d'honorer la dette de sa soeur. Alors que la seconde guerre mondiale fait rage, elles vont devoir toutes deux faire des sacrifices et partir vivre à la campagne... Mais des avantages d'une vie au vert, elles ne verront rien...

Ce roman de Philippe Pollet Villard, largement inspiré de l'histoire de sa mère, est une jolie réussite. D'une histoire triste et sordide, il arrive à tirer de la poésie et de la douceur. On partage le combat de ces deux femmes, leur quotidien solitaire et le courage de cette enfant qui a grandi trop vite...
Les méchants et les gentils se côtoient, pour finalement laisser Marie seule sur le chemin. Mais une lueur d'espoir nait dans les dernières pages... espérons que le destin de l'enfant mouche devienne plus clément !!
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Je tiens à remercier Babelio pour son Masse Critique qui m'a permis de découvrir ce roman captivant.

L'histoire pourrait être d'une tristesse absolue tant Marie apprend à vivre avec des personnages peu aimables, recommandables, ou la violence est omniprésente. Pourtant, son portrait est incroyable de vitalité dans le marasme de l'époque.

1944, une effeuilleuse de cabaret passe un contrat avec une infirmière Anne-Angèle, revenue des colonies à Paris pour visiter sa soeur mourante. Quelques deniers, la voilà qui persuade Anne-Angèle de prendre soin de Marie, une orpheline qu'elle dit être sa fille, en attendant d'avoir le courage de l'aborder, lui dire la vérité.

Quelques jours proches du bonheur pour la nouvelle "tante" et Marie. le vieux militaire qui héberge un temps Marie l'orpheline avec cette tante peu aimante, leur permet de faire un peu connaissance, de vivre à l'abri. Paris est occupée.

Marie 11 ans, est une enfant calme, secrète, habile, qui sait regarder le monde, entre culot et débrouillardise, elle fait tout pour sa survie, celle de sa tante. La vie dans un dispensaire proche de Reims, n'est pas facile. Anne-Angèle reste accrochée à ses souvenirs d'un amour disparu à Casablanca, la maladie la ronge. Marie possède une capacité d'adaptation rapide, intelligente, astucieuse, elle va prendre les choses en mains pour leur survie à toutes les deux, dans cette France rurale occupée où tout le monde se méfie.

Lorsque Toinette entre dans leur vie, une fois de plus Marie va espérer. Porter assistance à Toinette et Matesson pour la garde de bébé Gaston, pourrait lui permettre de manger. Matesson, garde forestier, mari de Toinette, lui apprendra à aimer la nature, à se cacher. Marie va s'accrocher à cette famille improbable. L'occupation, les privations vont également la rapprocher d'Hans, le cuistot du camp allemand. Encore une fois elle va se débrouiller, devenir l'enfant-mouche. S'étonner de la bonne humeur que son petit spectacle va produire. Pour se rendre compte finalement qu'Hans ne la considère ni comme une petite soeur, ni comme un animal de compagnie, ce qui lui permettrait d'obtenir l'affection tant attendue.

Philippe Pollet-Villard livre un roman rude, avec une pointe d'humour noir. Raconte un monde où la peur vous colle des cheveux blancs. Très vite, le lecteur se sent captif du récit cruel de la vie de cette enfant, qui doit s'adapter aux circonstances, prendre de grandes responsabilités, faire face à la bassesse humaine, à l'égoïsme de la période. Inspiré des récits de la guerre qu'avait vécus sa mère, l'auteur a créé Marie. Entre résistants et occupants, Marie est touchante avec ses astuces pour trouver de la douceur au coeur de ce monde d'adultes peu enclin à l'aimer. Il lui faut simplement trouver le moyen de vivre.

L'auteur a créé des héroïnes : Toinette, Anne-Angèle, libres dans un monde qui ne l'est pas ; elles ont choisi de prendre leur destinée en mains. Un roman addictif, inoubliable, habile. L'histoire déroulée avec une certaine pudeur, ne laisse pas indemne.
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Belle rencontre que celle de ce 17 octobre dans les locaux de Babelio avec Philippe Pollet-Villard l'auteur de l'enfant-mouche.
Philippe Pollet-Villard nous a fait part avec une grande humanité et beaucoup de sensibilité de son rapport avec l'histoire de sa mère qu'il raconte dans ce roman, et la décision de la faire publier difficile à prendre et difficile à faire accepter par certains membres de sa famille.
L'histoire est racontée par Anne- Angèle, une infirmière en poste à Casablanca dont la soeur Mathilde décède à Paris. le voyage dans la capitale va bouleverser son existence et la conduire à prendre en charge, dans des circonstances étranges, Marie, une petite fille abandonnée par sa mère.
Marie est la mère de l'auteur. La France est occupée par l'armée allemande, le récit se passe en 1994, et les deux héroïnes sont contraintes de quitter la capitale pour l'est du pays.
Dans l'adversité, Anne-Angèle est très vite confrontée à ses démons. La petite Marie se trouve bientôt livrée à elle-même. Elle ne possède pas, même si c'est une petite fille très vive et très intelligente, les grilles de lecture qui lui permettraient d'évoluer sans risques dans la société de l'occupation. Les affrontements entre résistants, collabos, allemands, citoyens passifs, commandent le quotidien. La survie ne peut se faire qu'au prix du choix d'un camp ou de la compromission. La guerre est présente partout dans le récit, même si l'on n'assiste à aucun combat.
« Ce soir-là, (…) on vient d'achever un repas constitué de feuilles de poireaux et de fanes de carottes parfumées d'un peu d'ail sauvage. »
Marie apprend très vite que les paysans du coin n'apprécient pas « les mendiantes dont on ne sait d'où elles viennent. »
Sa survie passera par un emploi dans la caserne proche où les soldats allemands l'accueillent.
La description du rapport de Marie à la guerre, au danger, à l'occupant, n'est pas sans rappeler le roman de Jim G Ballard, l'Empire du soleil.
Le roman est bâti en cinq parties, contenant chacune une multitude de chapitres très courts qui racontent l'histoire en alternant les événements, les lieux, les points de vue des différents personnages.
Chacun de ces petits chapitres est conçu comme une histoire avec un début et une fin, qui clôt une aventure ou s'ouvre sur une perspective nouvelle.
Le choix d'une narration au présent de l'indicatif, rend l'ensemble dynamique et attrayant. La lecture est facile et le lecteur rentre dans l'histoire avec plaisir.
Philippe Pollet-Villard parvient à restituer l'histoire de sa mère de façon à la fois pudique et réaliste, en la replaçant dans le contexte de la guerre et en nous faisant vivre la guerre et ses conséquences pour les personnages qui la subissent.
Il se tire avec un grand brio de son devoir personnel de mémoire sans jamais céder à la facilité d'un je encombrant ou geignard. Bravo pour ce roman que j'invite les lecteurs de cette chronique à lire sans attendre.
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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
Anne-Angèle, à voir la fillette manger tristement, cherche à la rassurer en lui vantant les vertus d’un bon séjour à la campagne. La qualité de l’air, de la nourriture, des contacts humains, qui ne sont pas à mettre dans la balance avec les risques encourus, lorsqu’une guerre tire à sa fin, à vouloir demeurer dans les capitales que l’assaillant, vexé, détruit presque toujours en premier. Anne-Angèle est tentée de raconter à Marie comment se terminent toutes ces sales guerres et comme il leur semblera judicieux, dans quelques semaines, d’avoir fait le choix de s’installer ici ...
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Ce danger-là est en train de débarquer sur les côtes de Normandie.

Il ne parle pas allemand, mais américain.

Malesson demande à Marie si elle sait comment se comportent les Américains ?
Bien sûr, elle l'ignore.
Eh bien, eux ne rigolent pas. Ils ne rigolent pas parce que ce sont des sauvages dont les principaux loisirs consistent à s'entrainer à tirer sur des bouteilles vides ou à chevaucher des taureaux dont ils nouent les testicules d'un tour de corde pour les rendre fous de douleur.
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Elle avait effectivement remarqué les fesses blanches du vieillard les traces de piqûres ratées laissées par sa défunte sœur. Presque autant de cratères qu'à Verdun au lendemain de la mère de toutes les batailles. Un vrai désastre, Mathilde n'aura jamais été douée pour les travaux manuels, elle était drôle et sympathique, c'est sûr mais tellement maladroite.
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Matesson, avant de partir à Verdun, avait de beaux yeux bleu ciel et que, lorsqu’il en était revenu à moitié débile, son regard s'était voilé d'un gris orageux, qui est aussi la couleur de la poudre à canon.
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Comment font les arbres pour supporter les humains depuis si longtemps ? Comment cet arbre a-t-il réussi à pousser aussi droit en voyant s'agitant sous ses branches tant et tant de générations de petits tordus ?
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Videos de Philippe Pollet-Villard (20) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Philippe Pollet-Villard
© Vidéo : Basil Pollet-Villard et montée par Jean-Nicolas Deniau.
Philippe Pollet-Villard Le naufrage de Stanislas Lorsque le moteur de son chalutier prend feu, Stanislas Warliss, marin pêcheur en bout de course, cherche à financer la réparation de son bateau en prenant part à des détournements de marchandises sur les camions de fret. Et cela au nez et à la barbe de ses fils gendarmes, avec lesquels il n'a jamais eu beaucoup d'affinités. Mais un jour, l'arnaque tourne mal. Il récupère un colis dans lequel s'est caché Opiyo, un enfant africain clandestin. Stanislas n'a d'autre choix que de tout révéler à sa femme, faisant d'elle sa complice. Ils sont loin d'imaginer que cette rencontre sera le point de départ d'une incroyable aventure humaine qui mènera Stanislas aux frontières du rêve et lui permettra enfin d'élucider une ancienne et douloureuse énigme. Philippe Pollet-Villard signe avec ce nouveau roman une fable sociale contemporaine haletante où se mêlent drame, sentiments et humour.
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