Nous l'avions appris avec l'album de
Viviane Koenig "
La véritable histoire du cheval de Troie", illustré par
Marie Caillou, chez Belin Jeunesse, la terrible Guerre de Troie contée par
Homère fut un enchainement de décisions malheureuses qui donnèrent un effet boule de neige, le fameux effet domino.
Les dieux n'auraient-ils pas pu prédire le péril des humains qu'ils avaient crée en organisant le fameux concours de beauté de la Pomme d'or?
La vérité est que dans ces mythes grecs, on nous le dit à chaque fois, pour la plupart, ils s'en fichaient.
Ils étaient respectés, craints et pouvaient se permettre de défaire ce qu'ils avaient fait.
Zeus, le dieu des dieux, pouvait à loisir, son épouse Héra le dos tourné, descendre de l'Olympe en période d'ennui et aller compter fleurette aux humaines sous divers déguisements, voire mêmes les ensorceler pour y parvenir, selon ses appétits et ses désirs de séduction par exemple.
Toutes ses histoires de transformation, proche de la magie, nous séduisent à l'enfance et nous ne verrons que cela dans notre candeur, sans doute heureusement. C'est notre capacité à voir encore le meilleur des choses dans tout. Une naïveté et une fraicheur qui honorent les enfants.
Tous les dieux n'étaient pas d'humeur dilettante. Ils prenaient leurs attributs et leurs responsabilités auprès des humains très au sérieux, les humains obtenaient leurs faveurs à des moments stratégiques en échange d'un culte en leur nom. Athena, la déesse de la sagesse, des sciences et aussi de la guerre, était de ceux là. C'est ainsi qu'Athena se trouva à prendre partie à la bataille de Troie qui opposait les Grecs au royaume d'Asie Mineure. D'autres dieux se placèrent dans le camps adverse.
Rappelez-vous rapidement: le Berger Troien Pâris fut choisi pour présider au concours de beauté des trois déesses, Héra, Athena et Aphrodite. Un trophée sous la forme d'une pomme d'or devait déclarer la plus belle déesse d'entre elle et chacune tenta d 'attirer les faveur du juriste en lui promettant ce qu'il pouvait désirer de plus cher. Pâris choisît Aphrodite qui lui promit la plus belle femme du monde des humain. Aphrodite avait triché et elle accordera la main d'Hélène, une femme mariée à Menelas, roi de Sparte. Ce dernier prit les armes lorsque Pâris enlèvera sa promise par Aphrodite pour la ramener à Troie.
D'où Hélène tient-elle son incroyable beauté? Vous ne le croirez pas et vous allez en rire, jeunes lecteurs, Hélène est une demi-déesse, le fruit de l'égarement de Zeus qui séduisit sa mère Leda, métamorphosé en cygne -des tableaux de peintres reprenne cette parenthèse-.
Ainsi débuta l'énorme incident diplomatique qui coûta la paix au cités et força Sparte à déclarer la guerre à Troie.
Dans ces enjeux diplomatiques, il y a des alliés et le grand seigneur Agamemnon, roi de Mycènes, était le frère de Menelas. Troie n'avait donc pas une mais deux cités contre elle.
Pourquoi la cité de Troie fut derrière le berger Pâris?
Nous aimons les Soap Opera des mythologies, les rebondissements sentimentaux ne manquent jamais et nous apprendrons que Pâris n'est autre que le fils naturel du roi de Troie.
Que pouvait faire d'autre un père qui retrouva son héritier?
Il se rangea à ses côtés. Et voila,
Homère nous raconta que cette guerre dura des années et des années avant que le héros Achille ne succomba sur le champ de bataille, avant que le Grec Ulysse ne donne l'avantage à son camp et trouve l'astuce du Cheval de Troie pour envahir Troie.
C'est d'ailleurs, à partir delà que commencera le calvaire d'Ulysse, doublement puni par Poséïdon, qui s'était rangé aux côtés des troyens et qui à cause de lui perdit son fils cyclope Polyphème.
Voyez, une chose en entraine une autre.
C'est un vrai plaisir de redécouvrir une collection de mythes grec repris et illustrés par l'auteur
Yvan Pommaux. Ces versions dynamiques et faciles à lire permettront d'entrer rapidement dans ces histoires fabuleuses et parfois longues, épiques. Si ces adaptations ( et beaucoup d'autres) de "L'Illiade" et de '"l'Odyssée" sont aussi accessibles, c'est aussi parce que les versions originales de l'auteur
Homère, contées par un groupe de choeurs-des personnages extérieurs-, un peu théâtrales et aux multiples personnages, peuvent être aujourd'hui un peu arides à lire.
Ces nouvelles versions permetteront aussi à de plus jeunes lectorats de s'approprier les mythes plus tôt et de pouvoir en être très motivés au moment venu, celui de se lancer dans les originaux, souvent proposés au lycée.
La narration aux raccourcis captivants de Pommaux jongle entre le récit du documentaire et la Bande-dessinée, c'est jouissif. Les documentaires de Pommaux ont un pouvoir pédagogique non négligeable auprès du jeune public pour cerner d'autres mentalités et modes de vie très antérieurs.
Le récit entrera dans l'intimité des champ de bataille et c'est aussi étourdissant qu'intéressant puisque les grandes lignes tracées et consignées formeront le cycle infernal qu'évoque le sous-titre, des exemples oú l'homme se perdra dans la folie, la lassitude et l'émotion exacerbée: les passions.
Des modes de fonctionnement qui se répetteront sur bien des guerres.
Dans les deux camps, on bataille, mettant en péril les civils, on pille lorsqu'il n'y a plus de quoi nourrir les troupes, on s'octroie au passage des trophées pour se récompenser, de belles esclaves pour la bonne compagnie la plupart du temps, ce qui est plus pratique pour des soldats toujours partis en guerre et mariés avec leur " travail".
Yvan Pommaux nous ouvrent comme des coulisses qui nous permetteront de nous faire une idée de la manière dont des chefs ou des troupes pouvaient s'accommoder de tout ça.
Et pour épicer l'affaire, les dieux continueront d'oeuvrer dans l'ombre, de tisser quelques intrigues qui viendront faire avancer ou reculer les avantages.
Certaines jalousies entre gens de mêmes camps agiront aussi en faveur du camp ennemi par le petit coup de pouce divin.
La transparence de la nature divine, fera transparaitre celle humaine à double tranchant, capable du meilleur comme du pire.
C'est divertissant et passionnant. Et nous recommandons toute la collection.