Le théâtre de
Joël Pommerat est unique et profond et c'est pour cela que je l'aime. Même si tous ses textes n'ont pas la même intensité, son style est reconnaissable. Il y a un mélange de merveilleux comme dans les contes et de cruauté comme dans la vie.
Pommerat utilise la voix off, plonge la scène dans le noir et présente les actes comme un feuilleton où les chapitres d'un livre. Et puis surtout il y a un parler vrai qui ressemble à de l'improvisation et cela donne un ton, celui d'une réalité grinçante.
On retrouve cela dans "
Ma chambre froide" où il est question d'Estelle une femme qui a disparue depuis 10 ans en laissant un cahier dans lequel elle a écrit son histoire.
C'est cette histoire qui est racontée sur la scène. Estelle n'est pas comme les autres, elles cherchent toujours à faire le bien des autres jusqu'à montrer une certaine naïveté comme dans
Amélie Poulain.
Estelle est une optimiste, elle croit que tout le monde peut évoluer et que rien n'est figé. C'est pour cela qu'elle apprécie ses collègues du magasin où elle travaille (qui en profitent au passage) et qu'elle ne déteste pas le patron qui exploite ses employés.
Se sachant condamné par une tumeur au cerveau, le patron va léguer ses entreprises aux salariés. Cadeau empoisonné. Cela va changer les rapports entre les employés du magasin qui se confrontent à l'autogestion. Seule Estelle ne change pas, et pourtant...
Pommerat réussi à mêler une vision sinistre du monde du travail, de l'exploitation, de l'échec économique et le rire. Car ce texte est aussi une comédie notamment lorsqu'Estelle tente de créer une pièce de théâtre pour honorer le patron donateur. Heureusement qu'il y a ces moments parce que j'ai trouvé parfois glacial "
Ma chambre froide".