Si la qualité des espions se mesurent au tort qu'ils ont fait au camp ennemi alors Pham Xuân An est un tout bon. Ce journaliste vietnamien travaillant pour des médias américains a largement alimenté le Viêt Cong en informations mais surtout en analyses de l'état d'esprit américain.
Dans les guerres asymétriques la force militaire est tributaire du soutien de l'opinion publique et Pham Xuân An a compris avant tous que l'américain moyen lâchait son armée et ne croyait plus en la victoire, dès lors l'issue ne faisait plus de doute.
Dans les romans ou dans les documents sur l'espionnage ce qui compte est de comprendre le moteur qui pousse des individus à une double vie où la moindre faute peut être mortelle. Dans le cas de Pham Xuân An c'est le nationalisme qui le motive, il veut un Viet Nam libre, il travaillera donc pour les communistes bien que réfractaire à cette idéologie.
Le document de
Jean Claude Pomonti est l'oeuvre d'un journaliste, le style est simple, descriptif et précis. Ayant connu Pham xuân An pendant et après la guerre sa crédibilité est totale. Il restitue l'ambiance de Saigon, véritable nid d'espions, de traitres, de comploteurs, d'affairiste en tous genres, montrant que cette guerre ne pouvait être gagnée par les américains faute d'alliés fiables.
Pham Xuân An le Viet bien tranquille réussit aussi un exploit après la guerre, il est fêté chichement par les siens gênés par son peu de sentiment politique et il n'est pas détesté par ceux qu'il a trahit qui lui reconnaissent finesse et habileté et gardent le souvenir d'un confrère agréable qui finalement n'a servi que son pays