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Critique de le_Bison


Je descends du métro, ligne 13, jusqu'aux quais où une péniche m'attend. Un peu déglinguée, un peu rouillée, du genre à avoir voyagé et à avoir essuyé quelques tirs de kalachnikov. Je remonte la Seine, et me retrouve subitement sur la Mère de tous les fleuves, Mère des Eaux, humidité tropicale horde de moustiques vengeurs. Pas le temps de faire mes piqûres de rappel ni de mettre à jour mes vaccins contre la fièvre jaune, l'aventure n'attend pas. La mousson non plus charriant les restes des cadavres khmers, fièvre rouge, jetés quelques années plus tôt dans les eaux tumultueuses du Fleuve Kong. Seul à la barre, sifflotant un air déjà connu, l'air du large de la liberté et des putes à gogos dans les bars à gogos, une bouteille de whisky coincé dans les rayons de la barre, attention à la vague ou aux remous, l'aventure n'est que mouvement, des singes me montrent leurs culs rouges, les oiseaux ont percés l'horizon de leurs cris avant de s'envoler vers une direction opposée. DANGER ! Ça pue les emmerdes, mais en bon baroudeur, là où il y a de la merde, les émeraudes s'y retrouvent.

Des tronçonneuses et de l'alcool. Il ne m'en a pas fallu plus pour me décider à accepter cette lecture ce voyage proposé par les éditions Taurnada. Merci pour cette virée iconoclaste à bord d'une péniche nommée Marie-Barjo et à travers la jungle cambodgienne. J'ai pris plaisir à naviguer le long du Mékong, belle balade champêtre au milieu des bidonvilles et des camps forestiers, industries mondiales de déforestation. J'appréhende les escales, mélange de peur et de soif. Me prendre une bastos dans le crane pour finir bouffer par les vers. M'asseoir prendre une bière et sentir la main d'une pute ouvrir ma braguette et se pencher pour prendre l'engin en bouche. Gros calibre me dit-elle, façon de flatter ma virilité masculine dans un lieu où la femme n'est réduite qu'à faire la putain pour occidentaux.

Pris dans l'élan d'aventures que génère ce roman, j'en oublie de lancer ce petit aparté : un roman qui fait mention dans ses quarante premières pages, trois fois de Tom Waits et une fois de Chet Baker, c'est signe d'une grande classe de l'auteur, Thierry Poncet, fin connaisseur du Mékong et de musique, grand ami de l'écrivain-aventurier Cizia Zykë avec qui il conçut lors de soirées bien arrosées la genèse de Haig.

Ce livre ne se prend pas au sérieux. Direct, façon coup de poing dans le foie pour gerber dans les eaux jaunes et sales du fleuve toute la bile de la veille. Il propose l'Aventure avec un grand A, le plaisir de s'évader dans un univers humide et machiste, un brin masochiste. Naviguer en milieu hostile – tu aimes la délivrance d'une balade bucolique en canoë ?-, se murger la gueule, baiser une espagnole qui cache à peine son jeu – mais tellement sexy qu'on lui pardonne tout - entre deux têtes coupés, un espagnol égorgé, des enfants violés, des femmes décapitées… Les événements violents ne manquent pas dans cette contrée, aux bons souvenirs d'une guerre interminable et d'une paix impossible.
Lien : http://memoiresdebison.blogs..
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