En 1848, tandis que Flandrin terminait le choeur de Saint-Germain, son maître, M. Ingres, était depuis longtemps chargé de peindre les murs de l'église Saint-Vincent-de-Paul ; mais, au moment de se mettre à l'oeuvre , il refusa. Après lui, Paul Delaroche refusa aussi. M. Picot, enfin, allait entreprendre le travail , quand survint la révolution de 1848, et avec elle un changement complet dans l'administration de la ville. M. Marrast, maire de Paris, fut tellement frappé de la haute conception des peintures de Saint-Germain, qu'il en voulut récompenser l'auteur par une plus importante mission. C'est pourquoi le gouvernement de la république retira les peintures de Saint-Vincent-de-Paul à M. Picot, pour les confier à Flandrin.
Neuf années passées près du maître autorisent ma parole. Mon cœur a tressailli bien des fois en écoutant cette belle âme exhaler son tendre et brûlant enthousiasme pour les beautés de la nature et de l'art. Qui l'a entendu une fois ne l'oubliera jamais. J'ai vécu de sa vie, travaillant à ses côtés, assistant à toutes ses luttes d'artiste, à ses peines et à ses joies; j'ai suivi dans leur éclosion ses nombreux chefs-d'œuvre; j'ai eu l'honneur d'être son élève intime. Oserai-je dire que j'ai été son ami?