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EAN : 9782070302239
217 pages
Gallimard (15/02/1967)
3.61/5   709 notes
Résumé :
L'huître
L'huître, de la grosseur d'un galet moyen, est d'une apparence plus rugueuse, d'une couleur moins unie,
brillamment blanchâtre. C'est un monde opiniâtrement clos. Pourtant on peut l'ouvrir : il faut alors la tenir au creux d'un torchon, se servir d'un couteau ébréché et peu franc, s'y reprendre à plusieurs fois. Les doigts curieux s'y coupent, s'y cassent les ongles : c'est un travail grossier. Les coups qu'on lui porte marquent son enveloppe... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (56) Voir plus Ajouter une critique
3,61

sur 709 notes
J'ai adoré ce livre qui a bien nourri mon imagination au point de me faire pondre ce poème:
Machine à laver
Comme un vieux tramway
Vibre, toute pansue
Rit comme un bossu :

« C'est de la folie,
Salvador Dali
Fera mon portrait
Dans un cabaret !

Francis Ponge aussi
M'immortalisera
Il était mon psy
Abracadabra

Mais où sont passées
Les neiges d'antan ?
Les médecins s' pressaient
Pour venir à temps

Il n'y a plus de médecins
Pour nous autres machines
Fabriquées en Chine
Tout est si malsain !

Et l'on nous envoie
Comme des sans-voix
Aux maisons d'retraite
Dites les collectes ! »




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C'est avec un style inimitable que Ponge nous décrit le quotidien. Il fallait oser faire de la prose poétique sur un cageot, un escargot, un verre ou du pain ! Pourtant, Ponge s'y est attaqué avec brio, nous faisant voir sous un autre angle toutes ces choses, ces objets, ces animaux que nous côtoyons, parfois sans les remarquer.
Il les fouille, les dissèque, tentant d'en extraire toutes leurs qualités.

Décrié par certains qui ne reconnaissent pas en lui de poésie, le trouvant quelquefois obscur, il n'en reste pas moins qu'on peut apprécier son talent car il transcende la moindre petite chose par le choix des mots.

Je parlais de ce poète dernièrement en évoquant son texte sur le pain, que je mettais en parallèle avec celui de Maurice Bouchor. Regardez les deux textes, vous en aurez l'eau à la bouche !

Lien : http://www.lydiabonnaventure..
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Tiens, tiens - un petit livre de textes poétiques qui font l'apologie de choses ordinaires !
... telle était ma première réaction quand je suis tombée sur "Le parti pris des choses" en glanant sur l'un de ces vide-greniers du printemps. Je ne connaissais pas Ponge, mais j'ai bien aimé le "Balai" de Gaston Chaissac sur la couverture; je me disais que leur démarche d'artiste devrait être identique - prendre un petit objet du quotidien, de le contempler sous toutes les coutures, et d'y ajouter cette touche personnelle qui le transforme en Art.

Bien sympathique, que tout cela - mais je dois avouer que j'avais le plus grand mal de laisser couler mon esprit avec la "poésie" de Ponge, parfois jusqu'à la migraine.... car l'esprit bute !
Il bute sur l'étymologie pongienne élevée vers les les sphères poétiques - le même mot change de sens dans un but artistique précis qu'on a du mal à saisir par nous mêmes, si on n'est pas un fin lettré, voire Littré.
Les annotations sont fréquentes et utiles, mais elles cassent la fluidité de la lecture et donc, nécessairement, aussi l'immersion poétique...

On a un certain plaisir de découvrir le cageot, l'escargot, le pain ou la pluie sous l'angle de cette narration, je dirais, "métamorphique", il y a les tournures qui frôlent le génie, et les autres qui sont tout simplement frustrantes, car on n'y comprend rien !

Etrangement, je ne peux pas dire que je ne l'ai pas aimé.
Prenons, par exemple, cette phrase : " À mi-chemin de la cage au cachot la langue française a cageot, simple caissette à claire-voie vouée au transport de ces fruits qui de la moindre suffocation font à coup sûr une maladie." - elle est ciselée comme un ciboire de Cellini ! Et on doit prendre une route déroutante pour apprécier le détournement d'une expression bien connue à sa fin.
Cette "poésie sans lyrisme" a quelque chose d'intrigant; elle ne détourne pas le sens de mots d'une façon métaphorique, elle le suit à la lettre d'une façon scientifique - et le titre est bien choisi !

C'est un défi d'un poète de voir une chose ordinaire par un regard nouveau. Un peu comme quand on essaye de dessiner quelque chose qu'on pense connaître par coeur. Tout ce qu'on découvre encore ! Après une telle séance de dessin acharné (parfois aussi frustrante que la lecture de textes pongiens), vous dévoilez tous les "secrets" de votre objet, et vous ne le verrez plus jamais de la même façon qu'avant.

Cette lecture était donc une belle expérience, même si Ponge, en ce qui me concerne, n'est pas Pound, ni même Poe...
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Euh…

Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaargh !!!!

Je dois en dire plus?

Ok parce que je l’ai terminé quand même, oui oui jusqu’au bout. Ca doit être mon coté masochiste mais pour en parler, c’est mieux.

D’un autre coté, en parler… on est dans un domaine qui ne se raconte pas. Ca se vit, c’est une expérience unique qui vous imprègne… Enfin pour moi il y a un truc qui a merdé quelque part, j’ai buggé.

J’ai pas de mots pour en parler tout simplement parce que… je n’ai rien compris.
Rien compris ni au sens trop souvent, ni à l’intérêt.
J’ai bien lu toutes les critiques sur Babelio où tout le monde a adoré, j’ai cherché quelques pistes mais… rien trouvé.

Je sais bien qu’il s’agit avant tout de ressenti et je comprends qu’on puisse trouver une forme d’extase dans n’importe quelle lecture mais là je me suis senti comme si j’étais devant un monochrome de Malevitch, genre « carré blanc sur fond blanc » ou son « carré noir ». Le néant absolu quant à l’émotion et l’impression d’être à la frontière du foutage de gueule et de l’escroquerie.

Point positif quand même, j’ai eu des fous rires terribles tant à la fin de certaines phrases (interminables pour un grand nombre) je ne savais plus du tout ce qui était dit cinq mots plus tôt.

Ok quelques trop rares passages relus plusieurs fois peuvent trouver un sens mais au prix d’un mal de tête carabiné (Ce livre vous est recommandé par Doliprane).
On a tous nos névroses mais parfois ça fait du bien de se sentir différent.

J’aime la poésie qui coule, qui tend vers le Beau le tendre et le doux, j’aime la poésie qui crache, la rebelle la révoltée, la révolutionnaire, l’engagée. La poésie qui transporte, celle qui se donne ou se fait désirer. J’aime la mélodie des mots, les rythmes, j’aime… pas mal de choses en fait mais je déteste par-dessus tout (en matière de poésie, c’est pas grave non plus lol) intellectualiser mes émotions (façon conviviale de parler de branlette de neurones :-) ).

Bref, je suis hermétique à cette forme d’expression… (arf, c’est dur à sortir)… poétique et c’était perdu d’avance même si au départ j’y suis allé sans préjugés.
Cet avis n’est que mon gout et j’espère que les amateurs de Ponge ne le prendront pas autrement sinon ben… tans pis.
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Objets inanimés avez-vous donc une âme ?
C'est bien la question que l'on pourrait se poser après la lecture de ces poèmes. Francis Ponge (1899-1988) nous décrit là tout un petit monde de choses que l'on croyait connaître (la pluie, la fin de l'automne, la crevette, le cageot, le galet, etc.), mais à la lecture de cet ouvrage, il faut bien reconnaître qu'il n'en est rien.

Il observe ce qui l'entoure et son sens de l'observation est très affuté. Francis Ponge refait le monde à sa façon, sa cosmogonie est bien personnelle et sa poésie très éloignée "de l'enflure lyrique des poètes inspirés" (voilà qui est dit !).
Elle se rapproche plus des anciennes leçons de choses que l'on côtoyait, à l'époque, dans nos classes primaires. Cependant, son sens de l'observation est parfois relié à ses sentiments et il ne se gêne pas pour lancer quelques piques.

On est conquis par certaines tournures : "La nature déchire ses manuscrits, démolit sa bibliothèque, gaule rageusement ses derniers fruits" (Extrait de la fin de l'automne).
Parfois l'on se prend à sourire tant la description est imagée. Par exemple, le poème dédié à l'entreprise dans laquelle il a travaillé : "Cette porte qu'il faut passer n'a qu'un seul gond de chair de la grandeur d'un homme, le surveillant qui l'obstrue à moitié : plutôt que d'un engrenage, il s'agit ici d'un sphincter. Chacun en est aussitôt expulsé, honteusement sain et sauf, fort déprime pourtant, par des boyaux lubrifies à la cire, au fly-tox, à la lumière électrique."
D'autres fois, on se dit qu'il a la dent dure, le gymnaste en est une belle illustration : "Pour finir il choit parfois des cintres comme une chenille, mais rebondit sur pieds, et c'est alors le parangon adulé de la bêtise humaine qui vous salue."
Et d'autres fois encore, on se sent bien humble face à l'univers : l'escargot a bien des leçons à nous donner.

J'ai passé un agréable moment en sa compagnie, même si ce genre de poésie n'est pas celle que je préfère...
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Citations et extraits (111) Voir plus Ajouter une citation
Le cageot

À mi-chemin de la cage au cachot la langue française a cageot, simple caissette à claire-voie vouée au transport de ces fruits qui de la moindre suffocation font à coup sûr une maladie.
Agencé de façon qu'au terme de son usage il puisse être brisé sans effort, il ne sert pas deux fois. Ainsi dure-t-il moins encore que les denrées fondantes ou nuageuses qu'il enferme.
À tous les coins de rues qui aboutissent aux halles, il luit alors de l'éclat sans vanité du bois blanc. Tout neuf encore, et légèrement ahuri d'être dans une pose maladroite à la voirie jeté sans retour, cet objet est en somme des plus sympathiques, - sur le sort duquel il convient toutefois de ne s'appesantir longuement.
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LE MOLLUSQUE

Le mollusque est un être – presque une – qualité. Il n’a pas besoin de charpente mais seulement d’un rempart, quelque chose comme la couleur dans le tube.
La nature renonce ici à la présentation du plasma en forme. Elle montre seulement qu’elle y tient en l’abritant soigneusement, dans un écrin dont la face intérieure est la plus belle.
Ce n’est donc pas un simple crachat, mais une réalité des plus précieuses.
Le mollusque est doué d’une énergie puissante à se renfermer. Ce n’est à vrai dire qu’un muscle, un gond, un blount * et sa porte.
Le blount ayant sécrété la porte. Deux portes légèrement concaves constituent sa demeure entière.
Première et dernière demeure. Il y loge jusqu’après sa mort.
Rien à faire pour l’en tirer vivant.
La moindre cellule du corps de l’homme tient ainsi, et avec cette force, à la parole, – et réciproquement.
Mais parfois un autre être vient violer ce tombeau, lorsqu’il est bien fait, et s’y fixer à la place du constructeur défunt.
C’est le cas du pagure.

un blount *: le cadre de la porte.

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LE PARTI PRIS DES CHOSES
DE L'EAU


 On pourrait presque dire que l'eau est folle, à cause
de cet hystérique besoin de n'obéir qu'à sa pesanteur,
qui la possède comme une idée fixe.
 Certes, tout au monde connaît ce besoin, qui tou-
jours et en tous lieux doit être satisfait. Cette armoire,
par exemple, se montre fort têtue dans son désir d'adhé-
rer au sol, et si elle se trouve un jour en équilibre ins-
table, elle préférera s'abîmer plutôt que d'y contreve-
nir. Mais enfin, dans une certaine mesure, elle joue avec
la pesanteur, elle la défie : elle ne s'effondre pas dans
toutes ses parties, sa corniche, ses moulures ne s'y
conforment pas. Il existe en elle une résistance au profit
de sa personnalité et de sa forme.
 LIQUIDE est par définition ce qui préfère obéir à la
pesanteur, plutôt que maintenir sa forme, ce qui refuse
toute forme pour obéir à sa pesanteur. Et qui perd
toute tenue à cause de cette idée fixe, de ce scrupule
maladif. De ce vice, qui le rend rapide, précipité ou
stagnant; amorphe ou féroce, amorphe et féroce, féroce
térébrant, par exemple ; rusé, filtrant, contournant ; si
bien que l'on peut faire de lui ce que l'on veut, et con-
duire l'eau dans des tuyaux pour la faire ensuite jaillir
verticalement afin de jouir enfin de sa façon de s'abîmer
en pluie : une véritable esclave.
 ... Cependant le soleil et la lune sont jaloux de cette
influence exclusive, et ils essayent de s'exercer sur elle
lorsqu'elle se trouve offrir la prise de grandes étendues,
surtout si elle y est en état de moindre résistance, dis-
persée en flaques minces. Le soleil alors prélève un plus
grand tribut. Il la force à un cyclisme perpétuel, il la
traite comme un écureuil dans sa roue.

p.61-62
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L’huître, de la grosseur d’un galet moyen, est d’une apparence plus rugueuse, d’une couleur moins unie, brillamment blanchâtre. C’est un monde opiniâtrement clos. Pourtant on peut l’ouvrir : il faut alors la tenir au creux d’un torchon, se servir d’un couteau ébréché et peu franc, s’y reprendre à plusieurs fois. Les doigts curieux s’y coupent, s’y cassent les ongles : c’est un travail grossier. Les coups qu’on lui porte marquent son enveloppe de ronds blancs, d’une sorte de halos.
À l’intérieur l’on trouve tout un monde, à boire et à manger : sous un firmament (à proprement parler) de nacre, les cieux d’en dessus s’affaissent sur les cieux d’en dessous, pour ne plus former qu’une mare, un sachet visqueux et verdâtre, qui flue et reflue à l’odeur et à la vue, frangé d’une dentelle noirâtre sur les bords.

Parfois très rare une formule perle à leur gosier de nacre, d’où l’on trouve aussitôt à s’orner...
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La surface du pain est merveilleuse d'abord à cause de cette impression quasi panoramique qu'elle donne : comme si l'on avait à sa disposition sous la main les Alpes, le Taurus ou la Cordillère des Andes. Ainsi donc une masse amorphe en train d'éructer fut glissée pour nous dans le four stellaire, où durcissant elle s'est façonnée en vallées, crêtes, ondulations, crevasses… Et tous ces plans dès lors si nettement articulés, ces dalles minces où la lumière avec application couche ses feux, - sans un regard pour la mollesse ignoble sous-jacente. Ce lâche et froid sous-sol que l'on nomme la mie a son tissu pareil à celui des éponges : feuilles ou fleurs y sont comme des sœurs siamoises soudées par tous les coudes à la fois. Lorsque le pain rassit ces fleurs fanent et se rétrécissent : elles se détachent alors les unes des autres, et la masse en devient friable… Mais brisons-la : car le pain doit être dans notre bouche moins objet de respect que de consommation.
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