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3,61

sur 726 notes
J'ai adoré ce livre qui a bien nourri mon imagination au point de me faire pondre ce poème:
Machine à laver
Comme un vieux tramway
Vibre, toute pansue
Rit comme un bossu :

« C'est de la folie,
Salvador Dali
Fera mon portrait
Dans un cabaret !

Francis Ponge aussi
M'immortalisera
Il était mon psy
Abracadabra

Mais où sont passées
Les neiges d'antan ?
Les médecins s' pressaient
Pour venir à temps

Il n'y a plus de médecins
Pour nous autres machines
Fabriquées en Chine
Tout est si malsain !

Et l'on nous envoie
Comme des sans-voix
Aux maisons d'retraite
Dites les collectes ! »




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C'est avec un style inimitable que Ponge nous décrit le quotidien. Il fallait oser faire de la prose poétique sur un cageot, un escargot, un verre ou du pain ! Pourtant, Ponge s'y est attaqué avec brio, nous faisant voir sous un autre angle toutes ces choses, ces objets, ces animaux que nous côtoyons, parfois sans les remarquer.
Il les fouille, les dissèque, tentant d'en extraire toutes leurs qualités.

Décrié par certains qui ne reconnaissent pas en lui de poésie, le trouvant quelquefois obscur, il n'en reste pas moins qu'on peut apprécier son talent car il transcende la moindre petite chose par le choix des mots.

Je parlais de ce poète dernièrement en évoquant son texte sur le pain, que je mettais en parallèle avec celui de Maurice Bouchor. Regardez les deux textes, vous en aurez l'eau à la bouche !

Lien : http://www.lydiabonnaventure..
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Tiens, tiens - un petit livre de textes poétiques qui font l'apologie de choses ordinaires !
... telle était ma première réaction quand je suis tombée sur "Le parti pris des choses" en glanant sur l'un de ces vide-greniers du printemps. Je ne connaissais pas Ponge, mais j'ai bien aimé le "Balai" de Gaston Chaissac sur la couverture; je me disais que leur démarche d'artiste devrait être identique - prendre un petit objet du quotidien, de le contempler sous toutes les coutures, et d'y ajouter cette touche personnelle qui le transforme en Art.

Bien sympathique, que tout cela - mais je dois avouer que j'avais le plus grand mal de laisser couler mon esprit avec la "poésie" de Ponge, parfois jusqu'à la migraine.... car l'esprit bute !
Il bute sur l'étymologie pongienne élevée vers les les sphères poétiques - le même mot change de sens dans un but artistique précis qu'on a du mal à saisir par nous mêmes, si on n'est pas un fin lettré, voire Littré.
Les annotations sont fréquentes et utiles, mais elles cassent la fluidité de la lecture et donc, nécessairement, aussi l'immersion poétique...

On a un certain plaisir de découvrir le cageot, l'escargot, le pain ou la pluie sous l'angle de cette narration, je dirais, "métamorphique", il y a les tournures qui frôlent le génie, et les autres qui sont tout simplement frustrantes, car on n'y comprend rien !

Etrangement, je ne peux pas dire que je ne l'ai pas aimé.
Prenons, par exemple, cette phrase : " À mi-chemin de la cage au cachot la langue française a cageot, simple caissette à claire-voie vouée au transport de ces fruits qui de la moindre suffocation font à coup sûr une maladie." - elle est ciselée comme un ciboire de Cellini ! Et on doit prendre une route déroutante pour apprécier le détournement d'une expression bien connue à sa fin.
Cette "poésie sans lyrisme" a quelque chose d'intrigant; elle ne détourne pas le sens de mots d'une façon métaphorique, elle le suit à la lettre d'une façon scientifique - et le titre est bien choisi !

C'est un défi d'un poète de voir une chose ordinaire par un regard nouveau. Un peu comme quand on essaye de dessiner quelque chose qu'on pense connaître par coeur. Tout ce qu'on découvre encore ! Après une telle séance de dessin acharné (parfois aussi frustrante que la lecture de textes pongiens), vous dévoilez tous les "secrets" de votre objet, et vous ne le verrez plus jamais de la même façon qu'avant.

Cette lecture était donc une belle expérience, même si Ponge, en ce qui me concerne, n'est pas Pound, ni même Poe...
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Euh…

Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaargh !!!!

Je dois en dire plus?

Ok parce que je l’ai terminé quand même, oui oui jusqu’au bout. Ca doit être mon coté masochiste mais pour en parler, c’est mieux.

D’un autre coté, en parler… on est dans un domaine qui ne se raconte pas. Ca se vit, c’est une expérience unique qui vous imprègne… Enfin pour moi il y a un truc qui a merdé quelque part, j’ai buggé.

J’ai pas de mots pour en parler tout simplement parce que… je n’ai rien compris.
Rien compris ni au sens trop souvent, ni à l’intérêt.
J’ai bien lu toutes les critiques sur Babelio où tout le monde a adoré, j’ai cherché quelques pistes mais… rien trouvé.

Je sais bien qu’il s’agit avant tout de ressenti et je comprends qu’on puisse trouver une forme d’extase dans n’importe quelle lecture mais là je me suis senti comme si j’étais devant un monochrome de Malevitch, genre « carré blanc sur fond blanc » ou son « carré noir ». Le néant absolu quant à l’émotion et l’impression d’être à la frontière du foutage de gueule et de l’escroquerie.

Point positif quand même, j’ai eu des fous rires terribles tant à la fin de certaines phrases (interminables pour un grand nombre) je ne savais plus du tout ce qui était dit cinq mots plus tôt.

Ok quelques trop rares passages relus plusieurs fois peuvent trouver un sens mais au prix d’un mal de tête carabiné (Ce livre vous est recommandé par Doliprane).
On a tous nos névroses mais parfois ça fait du bien de se sentir différent.

J’aime la poésie qui coule, qui tend vers le Beau le tendre et le doux, j’aime la poésie qui crache, la rebelle la révoltée, la révolutionnaire, l’engagée. La poésie qui transporte, celle qui se donne ou se fait désirer. J’aime la mélodie des mots, les rythmes, j’aime… pas mal de choses en fait mais je déteste par-dessus tout (en matière de poésie, c’est pas grave non plus lol) intellectualiser mes émotions (façon conviviale de parler de branlette de neurones :-) ).

Bref, je suis hermétique à cette forme d’expression… (arf, c’est dur à sortir)… poétique et c’était perdu d’avance même si au départ j’y suis allé sans préjugés.
Cet avis n’est que mon gout et j’espère que les amateurs de Ponge ne le prendront pas autrement sinon ben… tans pis.
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Objets inanimés avez-vous donc une âme ?
C'est bien la question que l'on pourrait se poser après la lecture de ces poèmes. Francis Ponge (1899-1988) nous décrit là tout un petit monde de choses que l'on croyait connaître (la pluie, la fin de l'automne, la crevette, le cageot, le galet, etc.), mais à la lecture de cet ouvrage, il faut bien reconnaître qu'il n'en est rien.

Il observe ce qui l'entoure et son sens de l'observation est très affuté. Francis Ponge refait le monde à sa façon, sa cosmogonie est bien personnelle et sa poésie très éloignée "de l'enflure lyrique des poètes inspirés" (voilà qui est dit !).
Elle se rapproche plus des anciennes leçons de choses que l'on côtoyait, à l'époque, dans nos classes primaires. Cependant, son sens de l'observation est parfois relié à ses sentiments et il ne se gêne pas pour lancer quelques piques.

On est conquis par certaines tournures : "La nature déchire ses manuscrits, démolit sa bibliothèque, gaule rageusement ses derniers fruits" (Extrait de la fin de l'automne).
Parfois l'on se prend à sourire tant la description est imagée. Par exemple, le poème dédié à l'entreprise dans laquelle il a travaillé : "Cette porte qu'il faut passer n'a qu'un seul gond de chair de la grandeur d'un homme, le surveillant qui l'obstrue à moitié : plutôt que d'un engrenage, il s'agit ici d'un sphincter. Chacun en est aussitôt expulsé, honteusement sain et sauf, fort déprime pourtant, par des boyaux lubrifies à la cire, au fly-tox, à la lumière électrique."
D'autres fois, on se dit qu'il a la dent dure, le gymnaste en est une belle illustration : "Pour finir il choit parfois des cintres comme une chenille, mais rebondit sur pieds, et c'est alors le parangon adulé de la bêtise humaine qui vous salue."
Et d'autres fois encore, on se sent bien humble face à l'univers : l'escargot a bien des leçons à nous donner.

J'ai passé un agréable moment en sa compagnie, même si ce genre de poésie n'est pas celle que je préfère...
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Publié en 1942, ce recueil a été considéré par certains comme une poésie novatrice, décrié par d'autres.Il rassemble des textes plus ou moins longs en prose.Certains sont fort connus et toujours présentés, je l'ai constaté , dans les livres scolaires, comme "L' huître ou "Le cageot".

Comme le titre l'indique, le principe d'écriture est de donner l'initiative aux choses,de les laisser s'exprimer, leur donner le premier rôle. Il s'agit de décrire des objets simples du quotidien, des éléments de la nature, les saisons.Mais ce qui fait pour moi l'originalité de cette démarche, c'est l'attention toute particulière accordée aux mots, choisis avec soin , et au style tout en concision et subtilité, certaines phrases sont saisissantes de justesse et de singularité. Par exemple, en parlant de la fin de l'automne, l'auteur écrit :

" Tout l'automne à la fin n'est plus qu'une tisane froide.Les feuilles mortes de toutes essences macèrent dans la pluie." Une formulation très parlante, non?

Francis Ponge aime aussi jouer sur les mots, il est d'ailleurs à l'origine de ce mot inventé "l'objeu"... Cela se ressent bien dans le recueil, j'ai aimé cet aspect.Pour une évocation des escargots, il est noté :

" Au contraire des escarbilles qui sont les hôtes des cendres chaudes, les escargots aiment la terre humide".

Ou encore, à propos du papillon:" Allumette volante, sa flamme n'est pas contagieuse ".

De belles trouvailles donc, une écriture très intéressante, un renouvellement certain de l'art de la description.

Mais, et ce n'est qu'un ressenti personnel, certains textes ne m'ont pas parlé du tout, m'ont semblé même hermétiques, ou à mi-chemin entre dissection scientifique et surréalisme . J'ai de toute façon une certaine réticence envers les poèmes en prose. La poésie est partout, au détour d'une page de roman, au creux d'une phrase, mais j'ai besoin de rythme, de mélodie, de musicalité, d'envol, de résonance intime...Ce que je n'ai pas souvent éprouvé ici.

Prendre le parti des choses, oui, mais sans oublier l'étincelle poétique, cette illumination essentielle...


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Rarement un livre sera resté aussi longtemps sur ma table de chevet sans y avoir été abandonné.
J'ai méticuleusement lu ce recueil page après page en prenant mon temps, suivant le conseil de Dany Laferrière de ne lire qu'un poème par jour pour pouvoir l'apprécier.
En réalité, il s'agit ici plus de prose que de poèmes.
La dernière partie, Proêmes est un ensemble de réflexions sur l'écriture et son sujet, Ponge rejetant entre autres l'Homme pour s'attacher à ce qui est proche et en général ignoré. Nul besoin d'aller loin pour trouver matière à analyse: un galet, une bougie, un morceau de viande peuvent représenter un univers si on prend la peine d'y poser les yeux et la pensée. C'est ce que Ponge fait en composant le Parti pris des Choses, offrant aux lecteurs un regard tout neuf sur ce qui nous entoure. Ce sont ces courts textes que j'ai en définitive le plus apprécié dans ce recueil et j'aurais aimé qu'il y en ait plus, même si ses réflexions sur l'écriture sont très intéressantes aussi, notamment parce qu'elles nous permettent d'appréhender différemment le Parti pris des Choses au niveau de la conception.
première incursion chez Ponge donc, mais majeure.
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INCONTOURNABLE
Ce livre est un tour de magie. Comment nous redonner le goût de l'émerveillement...
Apprendre le nouveau regard par l'admiration de chaque détail
Un cadeau
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"Le parti pris des choses" est dans l'oeuvre de Francis Ponge un recueil tout à fait à part. Écrit comme un manifeste, il compose une poésie du regard, une ébauche du sensible portée aux objets, au règne animal, aux éléments qui nous entourent, parts délaissées ou convenues de notre quotidien.
Un cageot, une orange, du pain, un galet, une crevette, une huître, la pluie, le feu sont comme autant d'essais de s'approprier un peu plus l'essence des choses, de s'approcher d'elles. La poésie de Ponge veut faire abstraction de l'homme, de sa subjectivité, de ses émotions et ne pas céder au lyrisme, au nécessaire plaisir du beau.
Malgré l'écriture abrupte, parfois déconcertante, utilisée comme une méthode scientifique, la poésie de Francis Ponge ne manque vraiment pas d'intérêt, il s'agit de donner voix aux choses qui en sont privées. Pari réussi.
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C'est pour moi une découverte de Mr Ponge. Mais je ne regrette pas !!
C'est un nouveau style et la poésie ne peut qu'être sublimée par son talent et ce livre. Les objets banales ou naturels nous apparaissent dans cette oeuvre comme des choses élégantes et surtout avec une âme. L'homme serait-il proche de la mure ou de l'escargot? Livre très agréable à lire. Beaucoup de poésie, de raffinement, de découvertes de notre langue française. Ainsi qu'une grande réflexion sur nous, sur l'humanité, sur l'existence.
Les choses ont pris un parti : celui d'un poète moderne, contemporain dans son style d'écriture, précurseur, mais pourtant homme et qui a crée une oeuvre remarquable et véridique. Je le recommande vivement. Je remercie la fac qui m'a permis de le découvrir et j'ai hâte de l'étudier bientôt !
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