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Bernard Beugnot (Éditeur scientifique)
EAN : 9782070114931
1843 pages
Gallimard (25/09/2002)
4.62/5   8 notes
Résumé :

Ce volume contient : Pour un Malherbe - Nouveau recueil - Le savon - La fabrique du pré - L'atelier contemporain - Comment une figue de paroles et pourquoi - l'écrit Beaubourg - La table - Des étrangetés naturelles - Nioque de l'avant printemps - Petites suite viraraise - Pratiques d'écriture - Nouveau nouveau recueil - Textes hors recueil suivis d'un florilège d'entretiens.

Que lire après Oeuvres complètes, tome 1Voir plus
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Nouveau recueil

LE PRÉ


…Et, quittant tout portique et toutes colonnades,
Transportés tout à coup par une sorte d'enthousiasme paisible
En faveur d'une vérité, aujourd'hui, qui soit verte,
Nous nous trouvions bientôt alités de tout notre long sur
 ce pré,
Dés longtemps préparé pour nous par la nature, — où
 n'avoir plus égard qu'au                 ciel bleu.

L'oiseau qui le survole en sens inverse de l'écriture
Nous rappelle au concret, et sa contradiction,
Accentuant du pré la note différentielle
Quant à tels près ou prêt, et au prai de prairie,
Sonne brève et aiguë comme une déchirure
Dans le ciel trop serein des significations.
C'est qu'aussi bien, le lieu de la longue palabre
Peut devenir celui de la décision….

p.343
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La Figue
Réponse à une enquête sur la poésie


Extrait 9

Bref ainsi en soit-il de ce texte
Dont j’avoue
M’être soucié, à peu près comme d’une figue
(Ce qui
On l’aura compris
N’est pas rien)
Et maintenant qu’il soit
Mais que ce soit
à vos yeux
un poème
à vos yeux un poème
ou que vous le recrachiez sur le bord de l’assiette
voilà certes, absolument compris
qui est égal
De cela, certes,
beaucoup moins.

(Les Fleurys, Juillet-Septembre 1958)
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Nouveau recueil, III

LE PETIT OISEAU
QUI SORTIRA
DE LA CHAMBRE NOIRE
SERA FUSILLÉ


 Pas poète pour un sou, à l'évidence, ce personnage.
 Ni d'ailleurs disposé à être pris pour tel.
 Non : un septuagénaire (du monde occidental) tout
comme un autre,
 Qui, paraissant s'attendre à quelque interrogatoire —
comme il en a l'habitude — d'un goût douteux,
 Soupèse, sans la moindre indulgence,
 L'œil, l'oreille et la narine aux aguets,
 Tout prêt à la riposte,
 Son agresseur.

 Tout cela est un peu accablant…
 Mais d'abord comprenant-nous bien.
 Vous, sans aucun doute, le regardez ; ou, du moins,
regardez l'image que cette page offre de lui.
 Quant à lui ? Soyons positifs. Il me faut, ici, vous
détromper ;
 Ce n'est, en effet, ni vous, ni personne autre, qu'il dévi-
sage :
 Uniquement ce petit dérisoire orifice, encore obturé, de
leur machinette,
 Que les spécialistes d'une technique récente
 Qualifient, un peu généreusement, d'« objectif ».
 Et laissez-le, dès lors, esquisser un sourire :
  « Allez ! Mais allez-y donc ! semble-t-il dire.
 Débitez-moi votre petit mensonge : vos lieux communs,
vos clichés habituels.
 Je n'y attache pas trop d'importance.
 Je vous vois venir.
 Mon regard vous en avertit :
 Le petit oiseau qui sortira de la chambre noire
 Sera fusillé. »
 (En d'autres termes :
 Ce n'est pas moi qui serai le pigeon.)…

p.1269-1270
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Nouveau recueil

LE PRÉ


…Préparons donc la page où puisse aujourd'hui naître
Une vérité qui soit verte.
Parfois donc — ou mettons aussi bien par endroits —
Parfois, notre nature —
J'entend dire, d'un mot, la Nature sur notre planète
Et ce que, Chaque jour, à notre réveil, nous sommes —
Parfois, notre nature nous a préparé(s) (à) un pré.

Mais qu'est-ce, qui obstrue ainsi notre chemin ?
Dans ce petit sous-bois mi-ombre mi-soleil,
Qui nous met ces bâtons dans les roues ?
Pourquoi, dès notre issue en surplomb sur la page,
Dans ce seul paragraphe, tous ces scrupules ?

Pourquoi donc, vue d'ici, ce fragment limité d'espace,
Tiré à quatre rochers ou à quatre haies d'aubépines,
Guère plus grand qu'un mouchoir,
Moraine des forêts, ondée de signe adverse,
Ce pré, surface amène, auréole des sources
Et de l'orage initial suite douce
En appel ou réponse unanime anonyme à la pluie,
Nous semble-t-il plus précieux soudain
Que le plus mince des tapis persans ?

Fragile, mais non frangible,
La terre végétale y reprend parfois le dessus,
Où les petit sabots du poulain qui y galopa le marquèrent,
Ou le piétinement vers l'abreuvoir des bestiaux qui lentement
S'y précipitèrent...

Tandis qu'une longue théorie de promeneurs
 endimanchés, sans y
Salir du tout leurs souliers blancs, y procèdent
Au long du petit torrent, grossi, de noyade ou de perdition
Pourquoi donc, dès l'abord, nous tient-il interdits ?

p.340-341
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La pomme de terre
extrait 2
  
  
  
  
... Cet apprivoisement de la pomme de terre par son traitement à l’eau bouillante
durant vingt minutes, c’est assez curieux (mais justement tandis que j’écris des
pommes de terre cuisent – il est une heure du matin – sur le fourneau devant moi).
  Il vaut mieux, m’a-t-on dit que l’eau soit salée, sévère : pas obligatoire, mais
c’est mieux.
  Une sorte de vacarme se fait entendre, celui des bouillons de l’eau. Elle est en
colère, au moins au comble de l’inquiétude. Elle se déperd furieusement en
vapeurs, bave, grille aussitôt, pfutte, tsitte : enfin, très agitée sur ces charbons
ardents.
  Mes pommes de terre, plongées là-dedans, sont secouées de soubresauts,
bousculées, injuriées, imprégnées jusqu’à la moelle.
  Sans doute la colère de l’eau n’est-elle pas à leur propos, mais elles en
supportent l’effet – en ne pouvant se déprendre de ce milieu, elles s’en trouvent
profondément modifiées (j’allais écrire s’entrouvrent...).
  Finalement, elles y sont laissées pour mortes, ou du moins très fatiguées. Si
leur forme en réchappe (ce qui n’est pas toujours), elles sont devenues molles,
dociles. Toute acidité a disparu de leur pulpe : on leur trouve bon goût.
  Leur épiderme s’est aussi rapidement différencié : il faut l’ôter (il n’est plus
bon à rien), et le jeter aux ordures...
  Reste ce bloc friable et savoureux, - qui prête moins qu’à d’abord vivre,
ensuite à philosopher.
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