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EAN : 9782070377800
288 pages
Gallimard (29/08/1986)
3.89/5   31 notes
Résumé :
Dans le village qu'habite Maurice Pons, à Jouff, il circule d'étranges rumeurs au sujet de Mademoiselle B., une personne sans âge, toujours de blanc vêtue, et qui cache peut-être des mains palmées sous ses gants de fil. Les hommes qu'elle attire chez elle, dans sa petite maison isolée de la digue, n'en ont plus pour longtemps à vivre. On les retrouve noyés dans La Flanne, ou pendus à la branche d'un chêne, ou écrasés sur les routes dans des circonstances très suspec... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Mademoiselle B., créature mystérieuse à l'ascendance indéterminée, nimbée de blanc jusqu'au bout des gants, n'en finit pas de faire jaser dans le village de Jouffe, au bord de la Flanne. Et pour cause, on retrouve quantités d'hommes suicidés qui auraient eu le malheur de l'approcher. Maurice Pons se met en scène dans ce roman à l'allure fantastique, en endossant la panoplie de curieux, pour ne pas dire d'enquêteur. Mais il mêle aussi dans son récit ses préoccupations d'écrivain, en panne d'inspiration dans sa demeure isolée au bord de la Flanne. Les deux flux narratifs de ce roman de 73 serpentent en osmose, l'un bien ancré dans la réalité, l'autre aux confins de la vie. C'est peut-être un de ses tours de force, je n'ai pas eu l'impression de lire un roman fantastique ou un conte extraordinaire, juste un récit, celui d'un écrivain chercheur de mystère. Et dès les premières lignes j'ai basculé. Ses descriptions morbides m'ont glacé, sa réalité m'a envoûté. le mystère se fond dans le journalier, le glauque et le morbide y côtoient le léger, le ténébreux devient banalité. Maurice Pons (écrivain ou personnage) semble se muer en représentant de l'inaccessible, il y transgresse le réel dans une narration impeccable. Un regard porté sur la frontière d'un au-delà à faire frissonner l'épiderme.

Je suis subjugué par cet écrivain. Je sais pas ce qui me permettrait de dire que c'est un grand auteur, si ce n'est une chose constante à ses lectures, je suis embarqué sans relâche dans son univers. Un auteur injustement méconnu apparemment, et à lire les avis à droite à gauche je me sens rassuré, bon ça va je ne suis pas seul à le voir en grand. Pourquoi un Gary de la même époque remporte tous les suffrages, pourquoi un Maurice Pons est méconnu ? L'écrivain du mystère encore, apparemment discret de son vivant, trop éloigné des stratégies marketing sans doute.
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Si Les saisons est considéré comme le chef d'oeuvre de Maurice Pons (et je n'oserai dire le contraire), il gravite autour de ce livre une quantité d'autres comme autant d'étoiles dans la tapisserie du ciel Pons. Mademoiselle B. est l'une de ces étoiles, une un peu noire, un peu étrange, qui lance un rayon d'attraction et laisse sur le carreau, terrassé.
Mademoiselle B. lie mystère, fantastique, fantasmes et violence, et fait passer le lecteur par toutes les émotions possibles. On rit souvent, de certaines situations que Pons tourne et détourne pour nous prendre au dépourvu, d'anecdotes qui pointillent le roman, pour mieux passer d'un coup à une scène glauque, angoissante, mystérieuse. Car Pons, on le sait notamment grâce aux Saisons, excelle dans la description de la mort, de blessures et de la déchéance. Et la vampire de Jouff laisse sur sa piste son lot de cadavres, accrochés à la plus haute branche d'un arbre en lisière de forêt ou repêchés de la rivière, bleus, gonflés et mordillés par les poissons, ainsi qu'un fumet de sexe et de séduction presque pervers, malsain mais irrésistible. On suit avec entrain Maurice Pons le narrateur dans cette enquête, avec amusement et une curiosité un peu malsaine. On aime de plus en plus ce personnage, sorte de détective amateur, sympathique, piquant et passionnant, son ex-femme, son amante, son fils qui passe de temps en temps sur sa moto, ses petites habitudes… On ne le lâche plus, aimanté nous aussi par le charme et l'ombre de Mademoiselle B.
La chute n'en sera que plus dure, d'une violence qui vous laisse en boule, prostré et terrifié.

On ne dira jamais assez quel grand auteur est Maurice Pons, qu'il faut toujours aborder ses livres avec précaution, même si l'on sait que rien n'y fera, la plongée sera totale et l'on en ressortira autre, plus humain.

Marcelline
Lien : http://www.undernierlivre.net
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Plus personne n'aime Freud depuis qu'Onfray l'a roué de bourre-pifs pour lui apprendre à se bourrer de coke et à bourrer un demi mètre de gaze dans le pif d'Emma Eckstein, une brave féministe, qui saignait donc du nez, organe dont la muqueuse comme chacun sait détermine les symptômes génitaux et gnagnagna... C'est vrai que c'est exaspérant à la fin de tout ramener au cul comme ça! Dans ma psychologie, par exemple, il y a aussi les nuages et la mer. Sans double entendre. Ce qui me frappe dans toutes ces psychanalyses de femmes, ces cas d'hystérie, apanage forcément féminin, ces sorcières épileptiques proches des catégories médiévales, c'est la fascination/répulsion machiste des analystes comme des écrivains. Dans l'inquiétante étrangeté (un beau texte littéraire à part ça) Freud écrit : « les hommes névrosés déclarent que le sexe féminin est pour eux quelque chose d'étrangement inquiétant. » Belle auto-analyse! L'inquiétante étrangeté, poursuit-il, c'est aussi l'animisme refoulé qui déboule ; l'âme comme « premier double du corps », « assurance de survie », qui devient  « l'inquiétant avant-coureur de la mort ». Mademoiselle B incarne ces deux étranges inquiétudes : sexe féminin et immortalité. Pons écrit : « la créature velue, sans bras ni jambes, tient à la fois du vampire chiroptère et de la sphinge bréhaigne. Et pourtant elle est une femme. (...) Elle a au bas du ventre, l'insidieuse bouche d'ombre. » Patient suivant !

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J'avais aimé du même auteur "Le passager de la nuit". J'ai voulu retrouver le même plaisir à la lecture de "Mademoiselle B" : à la différence du premier, iI s'agit d'un roman assez attrayant du genre thriller, mais il est loin d'avoir la même envergure.
Le narrateur est Maurice Pons lui-même en sa personne, je veux dire par là qu'il manifeste beaucoup de contentement de soi allié à une légère ironie pour le rendre plus digeste. Pourquoi pas, c'est son droit.
Maurice Pons, donc, est témoin dans le village de Jouff où il s'est retiré (à une centaine de km de Paris) , des morts suspectes de plusieurs hommes qui ont approché de près une certaine Mademoiselle B. On comprend que cette créature vêtue de blanc, dont on ne voit jamais les mains, mi femme mi chauve-souris, est un des avatars des fameuses "dames blanches" qui peuplent les mythologies de toutes nos régions françaises, porteuses de mort aux individus de sexe masculin avec lesquels elles entrent en contact, en les attirant dans leur maison ou en faisant de l'auto-stop la nuit à la croisée des routes dangereuses.
L'auteur a repris ce thème attractif mais l'a noyé sous un trop plein d'anecdotes sans lien avec lui, créant des digressions qui noient l'efficacité de l'argument. Pourtant, et cela sauve le livre, le ton du début, léger, un peu grivois, humoristique malgré la mort omniprésente, souligne le basculement dans la noirceur de sa seconde partie.
Ce roman fait passer un agréable moment.
Détail anecdotique qui marque bien les années 70 par opposition aux nôtres (le roman est de 1973) : l'auteur se vante avec une grande complaisance d'être à l'origine des fugues répétées d'une jeune fille de 17 ans. Son copain le juge d'instruction, ancien camarade de classe, goguenard, lui arrange le coup en le plaisantant sur son goût pour les très jeunes filles auprès desquelles il lui envie ses succès. La jeune fille en question, elle, ira en maison de correction.
Pour des faits similaires, Gabrielle Russier a été incarcérée à plusieurs reprises en préventive et condamnée à un an de prison avec sursis. Elle s'est suicidée dans son appartement marseillais en 1969.
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Quelle étrange histoire que cette "Mademoiselle B" !
Je me suis lancé dans un cycle Maurice Pons, qui, après m'avoir estomaqué avec son roman "Les Saisons", a continué de me surprendre avec ce récit, écrit en 1973.
L'auteur se met lui-même en scène dans une histoire qui décide de ne pas choisir entre le roman policier, la chronique d'une France rurale des années 70's, et le conte fantastique.
Et quelle idée originale que celle d'avoir inséré des éléments réels de sa vie d'écrivain, de faire de sa personne un personnage à part entière dans un récit bercé de poésie et de divagations fantastiques.
Le roman est imprégné de cet humour, de cette justesse des situations, de cette faculté à raconter une histoire macabre servie par un verbe léger et truculent, propre au style de l'auteur. Un régal.
Je m'en vais découvrir avec impatience le reste de son oeuvre car Maurice Pons est, à coup sûr, un auteur sinon sous-estimé, injustement oublié.

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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Pour calmer ma rage, je commençai par entreprendre une sommaire opération de nettoyage. Puis je me pris au jeu et je me lançai dans une frénétique vaisselle, attentif, malgré tout, à ne pas troubler par des bruits incongrus le sommeil heureux de mon petit ménage. Tout y passa, jusqu'au fait-tout, jusqu'aux couvercles des casseroles accumulées dans l'évier, jusqu'au moindre ustensile qui me tombait sous la main. À deux heures du matin, vanné mais calmé, je m'ingéniai encore, assis sur l'escabeau, à déboucher les trous du presse-ail avec des bouts d'allumette !
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La profession d'écrivain est de nos jours, en France, l'une des plus anarchiques qui soit. Aucune loi n'interdit à quiconque de s'assoir à une table et d'aligner des mots sur une feuille de papier. Mais les choses se compliquent lorsque, d'aventure, l'un de nous se met se met en tête de faire reproduire ses phrases en multiples exemplaires, et de les proposer à la vente publique, sous forme de volumes, chez les libraires.
Je me souviendrai toujours d'une confession désenchantée que m'avait faite un soir, sous la lampe verte de son bureau, mon premier éditeur chez René Juillard : "Ah, cher Maurice Pons, me disait-il de sa voix douce et grave, nous faisons vraiment un curieux métier. Un métier qui consiste à acheter très cher du beau papier blanc, à le salir avec de l'encre, pour finalement le revendre à son poids de vieux papier !"
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J'arrivai chez moi très désemparé, et m'allongeai à plat ventre sur mon tapis, les bras en croix, bien décidé à demeurer ainsi, comme à mon habitude, de longues heures à ne rien faire.
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Le pendu était accroché à la branche maîtresse d'un chêne, à l'orée même du bois. Il était suspendu assez haut au-dessus du sol, au bout d'une fine corde qui faisait bien trois ou quatre mètres. Le choc avait dû être foudroyant. Sous l'effet du vent, le corps se balançait faiblement, ou plus exactement tournoyait sur lui-même, animé d'un léger ballant, comme une grosse saucisse noire mise à fumer au-dessus du gril. C'était un homme d'une quarantaine d'années. Ses vêtements flottaient, comme si son complet-veston était devenu subitement trop grand pour lui. Les doigts de ses mains sortaient néanmoins des manches de sa veste. Ils étaient boursouflés et d'un bleu presque violet. Au moment de la mort, les pieds avaient dû se rétracter, car l'une des chaussures était tombée dans l'herbe et l'on apercevait une chaussette qui pendant hors du pantalon.
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Sur le chemin de la "digue", de l'autre côté du passage à niveau, il s'était formé un attroupement devant la maison de la demoiselle. La grosse Rosa, qui est mère d'au moins sept enfants et toujours enceinte d'un autre, était descendue de son vélo. Elle paraissait furibonde et, brandissant le poing en l'air, échevelée, elle lançait invectives et imprécations contre "la sorcière", "la putain", "la maudite", appelant les villageois à la vindicte.
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Video de Maurice Pons (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Maurice Pons
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