- Un chien de montagne ? Qui s'appelle Pilou ?
- Oui. Pourquoi ne pourrait-il pas s'appeler Pilou ?
- Comme ça, je dirais que quand il rencontre ses autres copains chiens de montagne, ça ne doit pas être très facile à porter. Ça doit rigoler sec autour des bacs à croquettes, à mon avis.
Sortir avec la soeur d'un ami, c'est comme s'envoyer en l'air devant une caméra de vidéosurveillance, ce n'est jamais une bonne idée, (...).
Dépitée, je regarde le cadeau du Père Noël secret que j'ai balancé dans un coin de la chambre en rentrant : un lot de rouleaux de papier toilette avec une inscription du meilleur goût : "J'en ai plein le cul".
Je me déshabille, enfile mon pyjama, me lave rapidement les dents, puis m'assois sur le rebord de la baignoire, yeux fermés, bras à l'horizontale, jambes tendues. J'inspire et j'expire, j'inspire à fond, j'expire à fond. Qu'est-ce qu'il faut faire ensuite déjà ? Ah oui, visualiser un paysage qui nous apaise. Alors je pense à une plage de sable fin, j'entends le bruit des vagues. J'inspire de nouveau à fond, expire de nouveau à fond... Tellement à fond que je bascule à la renverse dans la baignoire, sans pouvoir retenir un cri de surprise bien sonore.
J'ai eu beau retourner ça dans tous les sens, je ne vois pas comment me sortir de cette situation sans passer par la case séjour en famille. J'ai toujours l'espoir que d'un coup l'enregistrement disparaisse, et que mon programme de vacances à base de glandouille reprenne ses droits. Mais la probabilité que ça se produise est au moins aussi forte que celle de voir Nabilla soutenir une thèse de physique quantique.
Juste avant qu’il n’arrive, je dresse la table et jette un regard satisfait sur l’ensemble de la pièce à vivre de mon appartement. Tout est en ordre. Il ne faudrait pas qu’il demande à visiter, vu que j’ai balancé en vrac sur mon lit tout ce qui traînait dans la pièce. C’est ce que j’ai coutume d’appeler le « rangement à la Pauline », rapide et efficace.
- Par hasard, tu ne serais pas en train d'insinuer que parce que tu es un mec, ce que tu es en train de lire est plus profond que ce que moi, pauvre femme cucul la praline, je peux lire ?
- Première fois en montagne. Mais ça va aller. Il me faut juste quelques minutes là-dehors, et... Déjà je me sens mieux.
Pour preuve, j'accompagne ma phrase d'un sourire et vomis aussitôt sur mes chaussures.
- Si c'est encore une stratégie pour que je ne tombe pas amoureux de toi, la bave suffisait, hein.
- Je préfère être sûre. Mieux vaut ne pas tenter le diable, je poursuis sur le même ton.
Lorsque nous descendons une heure plus tard, nous sommes tous les deux affublés comme il se doit de nos carottes proéminentes. Je prie pour que la cérémonie ne soit pas filmer.....
- Alors, prête à passer les cinq jours les plus fantastiques de votre vie ? me demande-t-il dès que je lui ouvre.
- Si je me laisser aller, je vous dirais que je suis excitée comme un acarien devant les portes du salon de la moquette.