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sur 2038 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Sans point ni virgule, juste des mots les uns après les autres pour consigner ses pensées, les ordonner, rendre compte de sa réalité, et ne pas sombrer. Joseph Ponthus partage son quotidien d'ouvrier dans une conserverie de poissons et un abattoir breton. Jour après jour, à la chaîne. À la ligne.

À travers cette « monotonie lancinante », l'auteur interroge notre part de machine. Jusqu'où peut-on supporter l'aliénation ? Cette sensation instinctive que notre corps n'est plus qu'un objet auquel on demande des actions répétées, littéralement insensées et soumises à leur seule efficacité.

Jouant sur les mots, la répétition et la scansion, À la ligne, sous-titré Feuillets d'usine est plus qu'un poème, c'est un chant dédié « aux prolétaires de tous les pays, aux illettrés et aux sans dents ». Un texte original et vivifiant. À lire, forcément.

Retrouvez ma chronique complète sur Fnac Experts :
Lien : https://www.fnac.com/A-la-li..
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Un livre qui secoue, et pas uniquement parce qu'il chamboule la syntaxe habituelle, aucune ponctuation, des retours à la ligne comme dans une poésie, des vers libres sans rime.

Ce genre de procédé peut vite tourner à vide et sentir l'artificiel à plein nez , sauf que là, il prend une ampleur dingue en scrutant le quotidien à l'usine d'un intérimaire. Comme si l'usine dictait son urgence.

A la ligne donc pour chaque phrase.
A la ligne de production, l'autre nom euphémisant politiquement correct pour désigner le travail à la chaîne.
Chaque ligne pèse une tonne et revient sans fin, heure après heure, jour après jour avec son lot de souffrances, précarité, horaires délirants, aliénation du geste répétitif, corps maltraités, de la conserverie de poissons à l'abattoir.

L'usine comme une balle dans la gueule, comme une déflagration mentale et physique.
Une lutte des classes.
Une lutte tout court. Souvent l'auteur fait des parallèles avec la Première guerre mondiale, audacieux mais limpide lorsqu'on le lit.

Un récit autobiographique. Joseph Pontus écrivait chaque soir deux heures pour ne rien oublier des détails du quotidien. Pas un intellectuel à l'usine pour voir comment c'est, juste un homme qui n'a pas le choix s'il veut bouffer. S'en suis une chronique de l'usine dans laquelle l'humour a toute sa place, malgré tout, surtout malgré tout :

« Certains ayant vécu une expérience de mort
imminente assurent avoir traversé un long tunnel
inondé de lumière blanche
Je peux assurer que le purgatoire est juste avant le tunnel de cuisson d'une ligne de bulots. »

Une journal intime empli de poésie où on découvre que les souvenirs de vers d'Apollinaire, de Hugo, de Cendrars, des chansons de Trénet peuvent vous faire tenir dans l'adversité. Le manuel rejoignant l'intellectuel.
Un livre de fraternité même si le capitalisme a gagné. Des bonbons Arlequin Lutti que l'on suçotte avec «  les yeux ronds de la joie enfantine » pour fêter un anniversaire, parce que le patron en a plein dans son bureau.
Souvent bouleversant.

«  L'autre jour à la pause j'entends une ouvrière dire
à un de ses collègues
Tu te rends compte aujourd'hui c'est tellement
speed que j'ai même pas eu le temps de chanter. »


Tout aussi bouleversant que le passage à La Grande Librairie de l'auteur où il a dit avec classe et sincérité que lui, le chômeur ( les usines dans lesquelles il travaillait n'ont pas vraiment aimé son livre ), s'il devenait riche grâce aux livres, se referait les dents, parce que, les dents, ça coûte cher.
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Voila un livre hommage, un récit que j'attendais, un hommage donc que rend Joseph Ponthus à tous ces précaires, ces invisibles, ces sans grades comme dirait Michel Onfray.
Dans ce roman auto biographique on découvre grâce à la plume singulière de l'auteur un univers : L'USINE .
Un univers que je connais car j'y passe huit heures par jour depuis l'âge de vingt ans.
Des précaires j'en vois tous les jours, des ouvrières et ouvriers intérimaires.
Dans " A la ligne " Joseph Ponthus nous raconte son quotidien à l'abattoir et à la conserverie où il travaille. Levé à l'aube, la fatigue du corps, la peur du lendemain, des contrats au jour le jour selon les besoins de l'entreprise.
" A la ligne" est un roman atypique , un récit sans ponctuation, un livre qui s'écoute comme un slam.
Dans " A la ligne" rien n'est inventé ni exagéré, les cadences à tenir, les conditions de travail déplorables, j'ai même retrouvé des analogies comme regarder le ciel et respirer à plein poumon l'air du dehors après le pointage de fin de poste où alors chanter et siffler pour se vider la tête.
Après avoir lu ce livre vous regarderez autrement ces objets et cette nourriture qui sont notre quotidien, ces gens qui triment huit heures par jour pour approvisionner notre société de consommation sans la moindre reconnaissance.
Salutations à mes ami(e)s de galère, Pierre, Daniel, Abdel, Virginie, Yanis, Angélique, Marc et Robert…Que j'ai rencontré et celles et ceux que je rencontrerai.
Un livre que je vous recommande chaudement.
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Voilà un livre vraiment pas ordinaire ! Tout d'abord, Joseph Ponthus applique son titre en allant À la ligne très souvent, un peu comme dans des vers libres mais c'est une allusion directe aux travaux dont il parle, ces Feuillets d'usine que tout un chacun devrait lire pour se rendre enfin compte de ce qui se passe derrière les murs de ces établissements gourmands de main-d'oeuvre intérimaire.

Ensuite, il se passe complètement de toute ponctuation, ce dont je serais incapable mais cela n'a nullement gêné ma lecture, même lorsqu'il énumère des chanteurs, par exemple. C'est osé et c'est réussi !

« J'écris comme je pense sur ma ligne de production divaguant dans mes pensées seul déterminé
J'écris comme je travaille
À la chaîne
À la ligne »

Joseph Ponthus dont c'est le premier roman, aime écrire. Il le dit plusieurs fois mais explique sa situation : éducateur social, il a choisi de suivre son épouse en Bretagne et ne trouve plus qu'un remplacement chaque été pour exercer son métier. le reste du temps, il bosse là où on l'embauche, plutôt dans des conserveries et dans un abattoir.
Tout ce qui est écrit est vécu ou ressenti mais c'est en même temps un formidable tableau social de ce qui se passe dans ces usines qui emploient deux tiers d'intérimaires. de plus, l'auteur ne cache rien de ses souffrances physiques et morales, parle de ses rapports avec ses camarades de travail, des pauses sur lesquelles on rogne au maximum et des horaires sans oublier les problèmes de déplacement, fondamentaux quand on ne possède pas de voiture.
Il faut tenir, résister à la souffrance physique et passer ces heures interminables. Là, Joseph Ponthus a une force incroyable : sa culture, son amour et sa connaissance des auteurs, des chanteurs.
De temps en temps, il s'échappe du travail comme lorsqu'il se rend devant le monument aux morts sur l'île de Houat où est inscrit le nom de l'arrière-grand-père de son épouse, un homme qui a été tué au Chemin des Dames, en 1917. Avant de citer la formidable Chanson de Craonne, il écrit :

« Antoine le Garun
Marin pêcheur
Mort dans la Grande Boucherie
Dans la plus grande offensive inutile de la Grande Boucherie
Mais
Mort pour la France »

Ainsi, sans la moindre ponctuation, ce livre est un cri de souffrance, de douleur mais aussi d'amour et de foi dans le travail et la solidarité humaine. Ce texte a une force incroyable et devient un témoignage d'une terrible vérité lorsqu'il parle de son travail à l'abattoir. l'214 peut diffuser des vidéos mais les mots de Joseph Ponthus sont forts que les images les plus horribles.

Chaque semaine, dans Charlie Hebdo, Luce Lapin nous appelle à ouvrir les yeux et à voir les animaux comme des êtres vivants, comme nous, alors qu'ils sont abattus, découpés comme de la marchandise.

À la ligne rappelle aussi que l'homme sait si bien exploiter son semblable pour toujours plus de profit, quitte à détruire sa santé, sa vie familiale et abréger son passage sur Terre.

Dans la tête de l'auteur fourmillent sans cesse poèmes et chansons. Il invente des stratagèmes pour tenir, pour supporter la souffrance. Même les temps de repos sont pollués par l'idée de reprise du travail, ce travail tant désiré, tant recherché mais dont ce capitalisme qui règne en maître, organise la pénurie afin d'exploiter au mieux les ouvriers et de réaliser toujours plus de profits.
Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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Atypique. Remarquable. Captivant.

Atypique, le récit. dans sa forme, des vers libres sans ponctuation, dont on oublie vite le caractère construit, emporté par le rythme du récit, qui se traverse sans difficulté, porté par une respiration en filigrane.
Atypique l'auteur, au parcours singulier, de la littérature, qui émerge au gré des citations et des références, au social, pour en arriver à un travail alimentaire qui sera la source d'un si bel écrit.

Remarquable, pour l'originalité de ces confidences, sans langue de bois, en appelant une chaine une ligne et un contremaître un conducteur de ligne, comme le veut le politiquement correct. La précarité au jour le jour, qui ne peut se permettre le coup de gueule et la grève. L'intérimaire est en première ligne, pour les retours de bâton.

Captivantes, les expériences successives, de la crevette au bulot, jusqu'à l'abattoir, et toujours les mises en scène lors des visites ou des contrôles, et pour fil rouge la fatigue, immense, qui pourrait saturer et anéantir tout le temps hors de l'usine. Et l'on se dit quel courage pour s'abstenir à tout de même écrire.

A la ligne , ou à la chaine, sans fin, sans répit, puisse ce superbe texte, donner la possibilité à l'auteur de sortir de cette existence aliénante.

Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Ces Feuillets d'usine constituent un document inestimable qu'offre Joseph Ponthus sur une certaine condition ouvrière.
Cette écriture de notes alignées et non ponctuées, collent à ce quotidien morne et effrayant d'usines de conditionnement de poiscailles et de barbaque. C'est hallucinant.... Mais Joseph tient et parvient a écrire en un temps volé à son repos. Mais comment fait-il?
L'usine a sa musique, sa poésie de l'enfer, ses acteurs au service d'une consommation ahurissante qui flambe pendant les fêtes.
L'usine a ses héros invisibles, qui trient, aiguillent et gerbent les tonnes de bulots et les carcasses de bestiaux.
Je sors de cette lecture presque cassé et vidé, comme Joseph (moins, tout de même, n'exagérons rien) après sa vacation... Pendant que lui, rompu de fatigue va faire faire son tour au chien, Horusfonck- des auteurs qu'il ne connaît pas va entamer un autre livre.
À la ligne? Une très belle lecture immersive, fluide et puissante.
Merci à vous, monsieur Ponthus.
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La malédiction s'est rompue avec ce livre, j'ai oublié instantanément les lectures insipides ou décevantes de ces derniers jours dès que j'en ai lu les premières pages. J'appréhendais cette lecture, le livre était sur mon étagère depuis pas mal de temps, j'en avais pourtant lu des critiques élogieuses mais tant le sujet que la forme sous laquelle il est traité me faisaient peur. Ces phrase destructurées, sans ponctuation comme un flot continu de ressentis, d'émotions, ce "déversement" en quelque sorte, est-ce-que je n'allais pas m'y noyer ? En plus ça se passe dans une usine de conditionnement en poissons et coquillages-crustacés au début (mais oubliez la chanson : l'ambiance n'est pas à la plage !), puis dans un abattoir. Nous avons tous en tête les fameuses vidéos d'une association de lutte contre la maltraitance des animaux. Je redoutais des descriptions vomitives, culpabilisantes (je mange encore de la viande, même si j'ai réduit la dose et suis devenue plus sélective). Bref, je suis rentrée dans ce roman ? témoignage? exutoire ? sur la pointe des yeux, prête à faire cerveau arrière à toute berzingue. Et j'ai continué, continué, hypnotisée, fascinée, emportée par ces mots qui vous entraînent dans leur rythme lancinant et si beau, qui vous racontent un quotidien si dur avec des intonations magnifiques, qui vous immergent dans des tonnes de bulots à trier tout en évoquant La Bruyère ou Homère...
J'en ai bavé avec Joseph, nous avons charrié ensemble les carcasses et vidé les abats, j'ai senti mon épaule hurler de douleur (vraiment !) quand il fallait remplir les camions, et soupiré de soulagement à la débauche. Je me suis souvenu avec presque de la tendresse de cette époque lointaine où, enceinte, je travaillais chez un équipementier automobile au "four", à sortir à la chaîne des portières de R25 brûlantes pour en enlever la mousse excédentaire pendant 8 ou 16H D affilée (on avait le droit de doubler les équipes en ce temps-là, j'avais comme l'auteur besoin d'argent). Nous avions cette même solidarité entre nous, quand un est débordé, l'autre vient donner un coup de main en douce, faut pas que le chef nous voie...
Il y a des choses qui perdurent, l'entraide en est une, la souffrance au travail aussi. Nous chantions nous aussi, quand le bruit nous le permettait.
J'avais envie de mettre plein de citations, mais il y en a déjà 15 pages...je garderai le souvenir de tous ces paragraphes qui m'ont touchée, et je vais rendre ce livre à regret à la bibliothèque, j'aurais aimé le garder...petit Papa Noël, si tu passes dans le coin, offre-moi ce livre s'il te plait !
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Dans son carnet d'impressions, Joseph Ponthus invente une nouvelle langue, cadencée au rythme des machines qui conditionnent autant les bestioles qui traversent les lignes de production que les ouvriers qui les alimentent de leur force de travail.
Pas de rimes pour ceux qui dépriment, des vers libres pour des femmes et des hommes emprisonnés dans des vies d'automates jetables.
L'auteur, de formation littéraire, est aussi peu préparé à ces métiers pénibles que les vaches qui franchissent le portail des abattoirs. Il a quitté son métier d'éducateur spécialisé et sa région par amour, compétence d'aucune utilité sur un CV.
Il passe par une agence d'intérim, club de rencontres professionnelles sans lendemain, coups d'un soir, d'une semaine ou d'un mois et il enchaîne les expériences. Trieur de crevettes, dépoteur de grenadiers, égoutteur de tofu, pelleteur de bulots, agent d'abattoir, des intitulés presque poétiques si leur exercice ne détruisait pas le dos, si le froid des usines ne tétanisait pas les muscles et si les odeurs des abats n'engourdissaient pas les cerveaux.
Et puis, il y a eu aussi la préparation des poissons panés. Je suis alors tombé de mon confortable fauteuil Club bourgeois. Mon père m'avait donc menti quand, petit bonhomme, il me disait qu'il pêchait des poissons rectangulaires sans arêtes pour que j'accepte de les avaler, la chapelure gorgée de jus de citron… Un mythe s'effondre.
Ce roman est un journal de bord, de survie en milieu hostile, pas une enquête sociologique universitaire, genre « Prolo vue du Ciel ». Y.Arthus-Bertrand pourrait survoler pendant des heures avec son hélicoptère les usines de production, jamais il ne parviendrait aussi bien que Joseph Ponthus à décrire à la fois la souffrance au travail et la fraternité unissant ces ouvriers.
L'écriture sauve l'auteur, avec la complicité de la littérature. Sur la ligne, pour tenir, supporter le temps qui passe et la répétition des gestes, il se récite sans cesse les vers de ses poètes préférés, repense à ses classiques et masque le bruit des machines en chantonnant du Charles Trenet.
Ce texte m'a chamboulé. Outre cette vie quotidienne de l'usine si bien carnée et incarnée, certains passages sont d'une rare beauté. Je ne citerai pour l'exemple que la relation si pudique entretenue par l'auteur avec sa mère.
Je me suis moins retrouvé dans quelques envolées Zadistes, convictions parasites du livre, mais elles ne constituent pas l'âme de l'ouvrage et toutes mes pensées restent attachées à ces personnes qui exercent encore aujourd'hui ces terribles métiers.
Pourquoi n'offrir que cinq petites étoiles à cette oeuvre qui mériterait une manif de constellations ?
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Tout a été dit déjà, livre coup de coeur lu d'une traite, constitué de vers libres sans ponctuation au rythme entraînant, soutenu , surprenant , touchant qui nous happe , nous émeut...nous laisse sans voix...

Une forme originale , atypique qui consigne avec précision les gestes du travail de ces oubliés levés à l'aube , fatigués déjà, ces précaires ,ces intérimaires , ces invisibles , ces « Sans Grades »comme dirait un philosophe connu ...

Leur corps cassé , frigorifié, souffrant , exposé, ces sans grades qui travaillent huit heures par jour pour nourrir , subvenir aux besoins élémentaires d'une société totalement indifférente , sans aucune reconnaissance, ni prise de conscience ...

Ah, les cadences de l'usine ce monstre à l'indifférence crasse, les odeurs, le sang, le froid , les pleurs de fatigue .... la souffrance lancinante des douleurs musculaires ..sans compter la peur du lendemain de l'intérimaire , cette peur chevillée au corps ....les mêmes gueules aux mêmes heures , les mêmes gestes automatiques,....les mêmes questions .....

Heureusement l'ouvrier a eu une autre vie.

En plus de son journal intime , pour supporter son gagne pain mal payé et inconsidéré il convoque Dumas, Guillaume-Apollinaire, CharlesTrenet et d’autres ..

En allant à la ligne il rejoue le bonheur dominical, l'odeur de la mer , la tendresse pour la ....femme aimée.

La PHOTO en grand d'un monde qui souffre et endure, tour à tour fraternel et coléreux.
Magie d'une écriture, de mots choisis avec grand soin qui déversent sur le lecteur un trop plein d'émotions fortes !
Un bel ouvrage poétique réaliste ....qui prend aux tripes !



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Je finis à l'instant la lecture de "A la ligne" de Joseph Ponthus, et j'en ressors totalement conquise et bouleversée…

Conquise par cette écriture particulière, sans ponctuation, terriblement efficace, qui revient “mécaniquement” à la ligne - comme à l'usine - et par la puissance poétique de ce texte ; par le courage de Joseph Ponthus, son endurance et sa force intérieure ; par son humour, ses moments de révolte, de colère et son absence d'auto-apitoiement ; par sa tendresse aussi, infinie, pour son épouse, sa mère ou ses compagnons de galère ; et par sa sincérité sans effets de manche, sans artifices de langage, qui me va droit au coeur…

Conquise, oui, mais aussi bouleversée par ce qu'il nous raconte - de l'intérieur - du travail précaire et des conditions à accepter pour “gratter” quelques sous, du quotidien de l'usine, des réveils à pas d'heure, de la puanteur, du froid, du bruit, des gestes que l'on répète à l'infini comme en enfer, des charges trop lourdes, des dos qui vrillent, des corps épuisés, à la peine - esclavage moderne de centaines de milliers d'anonymes pour le profit de quelques-uns -, et de la noblesse, aussi, du travail, comme une forme d'ascèse.

Et puis, posée là comme un viatique, précieuse comme un jardin secret, il y a la littérature, les grands auteurs et les chansons, les bribes de textes et de poèmes qui accompagnent, qui réchauffent, qui donnent du sens jusque dans l'absurde, qui aident à tenir un peu, à aller jusqu'à demain, à aller à la ligne, une ligne de plus, une ligne encore, sans point final… et c'est probablement l'un des plus beaux hommages que j'ai lus, l'un des plus sincères en tous cas et des plus profonds, aux livres et à l'écriture.

Un premier roman exceptionnel et - ce qui est encore plus rare - un grand moment d'humanité. Merci, Monsieur Ponthus !

[Challenge Multi-Défis 2020]
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