Mauvais, très mauvais souvenir de mon année de licence d'anglais, je voulais rendre hommage à Pope qui n'y pouvait rien si j'avais un professeur pédant et méprisant, un des rares qui m'ait dégoûté des auteurs qu'il a proposés.
Ainsi figurait au programme, « the Essay on Man », vaste entreprise en vers décasyllabiques et pentamètres iambiques, du grand classique. La rigueur formelle est là, la forme est bien sculptée, le fond, en revanche reprend en gros les Anciens et propose par des arguments présentés avant chaque chapitre. Il s'agit de raconter l'homme, sa place dans l'univers, ses rapports avec Dieu, sa recherche du bonheur qui ne peut s'acquérir que par un comportement vertueux et ce comportement commence par une capacité de s'adapter à sa vie et de ne pas se révolter contre la nature qui, créée par Dieu, ne peut être que bonne. Tout ça sent le déjà vu chez
Sénèque ou chez Horace. Tout a été dit, restait à le dire autrement et l'on admire le vers de Pope et sa façon d'argumenter, moins sa morale et je ne vois pas pourquoi on le situerait, bien qu'au XVIIIe siècle, dans « la philosophie des lumières » qui mettent en doute l'existence de Dieu.
Pope , lui, se propose de “vindicate the ways of God to man”, de justifier les voies de Dieu à l'homme - clin d'oeil à Milton et à son Paradis Perdu - ne remet surtout pas en cause son existence. À l'homme de s'adapter aux vicissitudes sans les reprocher à Dieu, à la nature ou à l'univers tout entier puisque tout a été créé par amour divin. Il doit rechercher le bonheur par ses propres moyens. Dieu est , encore une fois, cause de tout et responsable de rien. C'est assez lourd de morale malgré un beau travail poétique qu'on ne peut qu'admirer.