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Citations sur Intouchable (52)

Au Smur, me dit Jacob, Bonnamy était comme un corps étranger. L'un des plus jeunes du service, il était brusque et maladroit, assez incompétent. On l'avait vu donner un dérivé nitré à un patient en hypotension, il paraît que ça ne se fait absolument pas, que n'importe quel étudiant en médecine sait ça, on l'avait aussi surpris sur le point d'injecter de la morphine à un traumatisé crânien. Même chose, du grand n'importe-quoi. Jamais ce type n'aurait dû revêtir une blouse blanche.
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Je ne disais plus rien, seul Michel parlait. Manon avait presque terminé ses études. Oui, elle avait un petit ami, le chef de service.
- Son nom ?
- Bonnamy. Docteur Simon Bonnamy. C'était son chef de service.
Girard l'a noté, puis il a lâché le mot. Et pour être bien sûr qu'on comprenne, il a répété. Suicide. Je faisais celle qui n'entend pas, la langue collée au palais, la tête pleine de bourdonnements. [...]
- Est-ce que votre fille était dépressive ?
Il a dû répéter plusieurs fois.
- C'est possible, a admis Michel, du bout des lèvres. Enfin un peu ces derniers temps. Peut-être.
Je l'ai fusillé du regard, le méprisant soudain, avec ses traits épaissis par la graisse, son grain de beauté sur la joue. Jamais il n'avait été si éloigné de son apparence d'autrefois. Il me faisait horreur.
- Bien sûr que non, Manon n'était pas dépressive. Bonnamy la harcelait. Il l'a menacée.
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Il fait presque froid, j’ai dû m’assoupir, mes somnifères me manquent, je voudrais dormir des mois, ne pas souffrir autant, ne pas autant déplorer mon impuissance et ne pas autant vouloir me venger.
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Quelques pas encore, c’est bien lui, à dix mètres. Décontracté, deux stylos et un stéthoscope, des papiers plein les poches. Sous la blouse, une chemise claire. Je ne l’ai jamais touché, jamais approché au point de le sentir. Il doit être sans odeur, puisqu’il est sans âme. Deux femmes en en tenue d’hôpital l’écoutent, une blonde plus âgée, une brune aux cheveux frisés, de grands yeux noirs, de type méditerranéen. Sans l’entendre parler, je retrouve son arrogance intacte, la fascination qu’il exerce, son culot infernal et ce sourire mécanique de celui qui sait.
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Il est là, planté dans le hall, habillé en blanc, un fantôme du passé sur qui je me dirige avec Michel.
Au début, c’est difficile à croire même si ce n’est qu’un homme blond aux cheveux lisses. Michel me parle toujours d’un ton joyeux, presque content et confiant. Il faudrait refaire la chambre du bébé, pas de problème, avec Greg ce serait vite fait, un jour ou deux, cet après-midi on pourrait acheter ce qu’il faut.
Le son de la voix de Michel s’éteint tout doucement. Plus de son. Le silence.
Il est là, debout comme un spectre en blouse blanche, une apparition de cauchemar au coin de la cafétéria dans des odeurs d’expresso, de panini. Sa face ovale un peu bizarre, lisse, hors du temps, le type qui traverse tout, sur qui on retombe partout. Mon cœur fait un bond, ma vision se brouille et mes tempes bourdonnent, le dos moite, une boule de haine à la gorge.
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En partant de la gare, je lui ai laissé le volant, à cause sans doute d’anciennes habitudes. La vieille Ford sent le chaud et le vieux, elle s’est racornie mais je la garde, vestige d’un passé dont je ne peux ni ne veux me défaire. Tu es sûre que tu veux pas conduire ? Mais oui je suis sûre, je te montrerai le chemin. Bien sûr que ça ira à l’hôpital, pourquoi ça n’irait pas ?
Maintenant il voudrait ajouter quelque chose, relancer la conversation mais n’a pas d’idée et les petits immeubles du centre-ville défilent, et il fixe la route comme si c’était très important. Deux ans que je ne l’ai pas vu
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L’enterrement de Manon nous a séparés un peu plus. J’ai repris mon travail aux Délices de la côte, les filles me regardaient comme une extraterrestre, elles auraient voulu dire quelque chose, faire quelque chose mais je ne voulais rien d’elles ni de personne, surtout pas de leur pitié.
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Au téléphone, une dame douce et polie refuse de me donner un nom. Elle me dit qu'elle note et qu'elle transmet. Et je comprends avec une atroce amertume qu'ils sont débordés d'appels, que tous les cinglés, tous les paranos, tous les complotistes de France et de Navarre appellent aussi, et que mon affaire, ma pauvre Manon, est noyée dans ce fatras d'homicides non résolus, de rancœur, de sottise et de terreur ancestrale de la mort.
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Elle n’en revient pas, la fille, elle ne s’aperçoit même pas que je tiens à peine debout, choquée. Bonnamy n’a pas démissionné. Il s’est enfui. Il m’a reconnue et il a filé, en route vers d’autres services et d’autres meurtres.
Je suis à nouveau dehors je ne sais comment.
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Il ne m’a pas vue. Ou au contraire il m’a parfaitement reconnue, il joue l’innocent en blouse blanche et il se peut que son cerveau malade tourne déjà à toute vitesse, qu’il élabore un plan pour m’éliminer. Moi aussi.
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