La transmission du savoir, et son apprentissage, ont une source commune : le désir ; désir de savoir, bien sûr, mais aussi désir de plaire. Le professeur a un besoin vital de plaire à son public : faute de quoi ses cours sont désertés, et la transmission périt. Un professeur qui ne sait pas plaire est une pâte sans sel et sans le levain. Quant à l’étudiant… sans le désir de plaire à son maître, le désir de l’imiter, le désir de surpasser les autres, l’étudiant croupirait dans l’indifférence et l’oisiveté.
Les cours ? Le noble métier d'enseignant ?
Il n'avait jamais eu l'impression d'exercer un métier particulièrement noble." On essaie de nous le faire croire pour compenser la médiocrité de nos salaires, mais , au fond , c'est de la blague.....Les élèves , on ne peut rien pour eux ....Les mauvais sont irrécupérables ; les bons n'ont pas besoin de nous . Quelques - uns , parfois , nous témoignent de la reconnaissance , et on accepte ça le coeur tout palpitant , pauvres de nous , palpitant d'orgueil et d'émotion , et jamais on n'a l'humilité de se dire que n'importe quel collègue aurait fait l'affaire....." (p 144 )
Nathanaël paraissait avoir froid. Ses mains étaient agitées d'un léger tremblement.
- A un moment, donc, il nous demande de retirer nos chaussettes. Il nous dit qu'il n'y a rien de plus beau qu'un pied d'homme... Il nous parle des statues grecques, des pieds chinois... Il nous dit qu'on a bien de la chance d'avoir de longues jambes... que lui, il a les jambes courtes et grasses... Avec Boughezal on s'est regardés, on trouvait ça bizarre, mais on l'a fait... le whisky, la fête... on a enlevé nos chaussettes... on faisait semblant de trouver ça drôle, vous voyez ?
(p. 110-111)
Et je vous le demande moi: quelle élite est plus foncièrement, plus authentiquement démocratique que celle qui s'est donné pour mission de transmettre le savoir à ceux qui en sont privés?
Faire profession d'enseigner, n'est ce pas permettre à chacun d'accéder à l'élite?
Les diplômes que nous leur conférons donnent aux médiocres la confiance qui leur manquait pour laisser libre cours à leur médiocrité. Ils arrivent timides, ils repartent confiants.
[...] selon l'Unicef, chaque année dans le monde, près de 2 millions d'enfants sont sexuellement exploités à des fins lucratives. D'une certaine manière, la consommation d'images [pédopornographiques] est déjà un passage à l'acte.
(p. 74)
- La femme qui peint des huîtres...Tu sais quand ils me verront autrement ? avait -elle demandé un jour à North. Dans sa voix rôdait la torpeur mélancolique qui s'emparait d'elle aux heures où le soleil cognait trop fort. North avait secoué la tête.
- Quand les poulpes auront des gants.
L’homme, c’est peut-être en cela qu’il se distingue de l’animal, est celui qui parvient à effacer ses traces
La vérité ne fait pas tant de bien dans le monde que ses apparences y font de mal (La Rochefoucauld)
Un livre qu'on ne peut pas lâcher mais qui laisse un certain malaise une fois fermé.....
Le sujet: un homme face aux regards des autres, est intéressant.
Belle écriture, bien rythmée. Bref, un 1er roman réussi!