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Catherine Gary (Traducteur)Fabrice Hélion (Traducteur)
EAN : 9782264043955
400 pages
10-18 (15/11/2007)
4.35/5   249 notes
Résumé :
Dès l’enfance, Asher Lev dessine comme il respire. Malgré la désapprobation sans appel de son père, le grand Rèbbe de la communauté juive hassidique de Brooklyn encourage sa vocation. Aux portes du monde prodigieux de l’art, Asher Lev devra choisir : obéir aux exigences des siens et à son éducation religieuse, ou s’abandonner à un destin exceptionnel...

Un roman magistral sur les affres du génie artistique, bien souvent synonyme de déchirements cultu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (41) Voir plus Ajouter une critique
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Il s'appelle Asher Lev et son nom deviendra célèbre un jour. C'est du moins ce qu'affirment tous ceux qui l'ont vu à l'oeuvre. Dès son plus jeune âge, Asher Lev fait preuve d'un véritable don pour le dessin. A seulement six ans, il exprime déjà avec une incroyable justesse sa perception des choses et montre une véritable curiosité pour tout ce qui touche à la création et à la compréhension du monde. Mais son père, juif hassidique très respecté, voit d'un mauvais oeil ce passe-temps qui détourne son fils de l'apprentissage de la Torah…


Dès lors, le jeune garçon se retrouve tiraillé entre son besoin irrépressible de dessiner et l'envie de plaire à ses parents. Fort heureusement, le Rèbbe, qui n'est autre que le dirigeant de la communauté hassidique, voit dans ce don un cadeau de Dieu et non du diable et décide de confier le jeune garçon aux soins et à l'apprentissage de Jacob Kahn, un artiste réputé pour son talent et son franc-parler, tandis que les parents d'Asher se trouvent en Europe, essayant de mettre en place des yeshiva, afin de rassembler la communauté juive éparpillée depuis la Shoah. le vrai défi pour Asher sera alors de parvenir à exprimer toute sa créativité, sans pour autant se détourner de ses origines, mais jusqu'à quel point cela est-il possible ?


Dans ce roman initiatique profondément touchant, qui se déroule à Brooklyn dans les années 40-60, Chaïm Potok nous raconte l'ascension d'un jeune garçon pour devenir un peintre reconnu et estimé. Héritier d'un passé marqué par les drames, Asher Lev a baigné depuis son plus jeune âge dans les histoires de son peuple, hanté par l'image d'un grand-père au regard de braise parti sur les routes pour racheter les fautes du passé. Il a appris à respecter et honorer ceux qui ont marqué l'Histoire de leur nom. Mais le poids de la religion et des traditions se révèle être un héritage trop lourd à porter et un frein dans l'expression de sa créativité. Difficile alors de se libérer de ce poids sans blesser ceux qu'il aime…


Chaïm Potok décrit avec une incroyable justesse les enjeux et les doutes qui pèsent sur les épaules de son personnage. Si la première partie du roman peut sembler parfois difficile d'accès pour les non-initiés aux us et coutumes des juifs orthodoxes (heureusement, un petit lexique peut être consulté à la fin du livre pour nous éclairer sur les termes spécifiques !), la seconde quant à elle, qui commence sur l'apprentissage d'Asher auprès de son maître, se révèle véritablement passionnante ! On s'ouvre avec lui à un monde qui ne lui est pas familier et qui lui offre de nouvelles perspectives et de nouveaux moyens de création, aiguisant ses sens à une nouvelle forme d'art.


Partagé entre l'exaltation de la découverte et la mauvaise conscience engendrée par son éducation, Asher Lev va devoir faire preuve d'une volonté infaillible pour trouver sa voie. Difficile de ne pas être ému par le combat de ce jeune garçon pour défendre son don et ses convictions. Chaïm Potok nous offre un roman magnifique et néanmoins complexe sur la création, la liberté d'expression et sur le poids du passé et de la tradition. Et si vous avez aimé, jetez-vous sur la suite : « le don d'Asher Lev ».
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ART ET RELIGION : COMPATIBILITE ?

Ce livre nous raconte l'histoire d'un petit garçon dénommé Asher Lev, juif hassidique, qui, dès l'âge de 4 ans, développe un sens artistique extraordinaire.
Malheureusement pour ses parents qui sont très croyants et leur/sa communauté ce n'est qu'un vice qu'il faut absolument combattre afin de ne pas « tomber » dans l'autre monde.
C'est donc un véritable déchirement pour Asher et c'est absolument passionnant/intéressant de suivre le parcours de cet enfant puis de cet adolescent.

Je vous le conseille vivement.
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L'histoire se déroule dans les années cinquante. Asher Lev fait partie d'une communauté juive de Brooklyn. Son père ne vit que pour la Torah. Elle est son guide, sa raison de vivre. Il obéit au grand Rèbbe, le chef spirituel.

Asher a un don, il dessine. Les lignes, les couleurs et les textures l'obsèdent. Il étouffe dans la communauté, il a besoin d'exprimer son cri, sa voix qui lui est propre. Ses yeux transmettent à sa main ce qu'il ressent. Et les coups de crayons, les coups de pinceaux, sont plus puissants que les versets des livres saints.

La religion est une tradition, elle a une mission, un devoir. Mais l'art en est une autre, elle ne s'exprime pas à travers la communauté, mais à travers l'individu. Asher, s'il veut devenir un grand artiste, doit pouvoir se libérer des siens. Le respect des règles de la communauté juive hassidique n'est pas compatible avec l'art. Cela demande un grand sacrifice. C'est le prix à payer pour appartenir à cette autre religion.

Pourtant, il semble bien suivre les traces de cet ancêtre qui hante ses rêves nocturnes. Il sert l'art plutôt que l'expiation. Mais, ses tableaux expriment aussi la douleur, l'angoisse, la tristesse de tout un peuple. Ils bousculent, ils font souffrir, ils vont au-delà de la communauté, ils s'adressent à l'individu.

Le grand Rèbbe est intelligent et l'a bien compris. Son père, quant à lui, est hermétique à l'art. Il est rigide et n'accepte qu'une seule vérité. Pour lui l'art c'est pour les « gentils », ceux qui sont de l'autre côté, les individualistes, les indépendants. Son fils a changé de famille, il est passé de l'autre côté, il est donc devenu un obstacle. La mère d'Asher est tiraillée entre le père et le fils. Elle devient le symbole du déchirement, elle exprime toute la souffrance.

Un roman émouvant qui exprime la difficulté de choisir sa vie, au risque de blesser sa famille, de les décevoir. Un roman qui nous apprend aussi beaucoup de choses sur l'art et sur ce don magique qui ne laisse jamais l'artiste en paix.
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Cette histoire est celle d'Asher Lev, de son enfance à l'âge adulte.
Dès sa plus tendre enfance, Asher a un don, celui de dessiner, de peindre ses sentiments. Tout ce qu'il ressent, il le retranscrit sur une feuille ou une toile, avec un crayon, de la peinture, des cendres, tout ce qu'il trouve autour de lui.
Mais Asher est né dans une famille juif pratiquante, qui ne vit que dans la tradition juive.
L'enfance, qui devrait être synonyme de joie, d'insouciance, est ici triste, morne...
Tout est vécu en tant que juif. L'ambiance est étrange.
Un père qui ne comprend pas son fils, une mère tiraillée entre son mari et son fils, un fils qui tente de se trouver, de comprendre où est sa place, où est son art...
Epanouissement dans la peinture, prise de recul par rapport à la religion, retour vers la religion.
L'incompréhension face à l'art, face à un don, face à ce qu'une personne est et ne peut s'empêcher d'être... voilà le sujet principal de ce livre.
Y a-t-il une réponse à ses questionnements ? Comment aller contre un don et comment vivre contre ses proches...
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New-York, dans le quartier de Brooklyn, en 1947,
Asher Lev est un petit garçon de quatre ans très choyé et entouré par ses parents. Sa famille, des juifs Hassidim Loubavitch, sont des gens très pieux qui s’investissent de corps et d’esprit dans leur religion. Leur communauté stimule la spiritualité à travers la prière et les traditions judaïques, les portant au paroxysme de leurs mitzvot, leurs commandements, pour plaire à Dieu.

Dès qu’il peut trouver un crayon, Asher s’applique à tracer des lignes, des courbes, à modeler sur le papier ce qu’il voit. Sa mère l’encourage à dessiner de belles choses, des fleurs, des papillons, et d’une voix très douce l’invite à crayonner le « beau ».
Un jour, la quiétude de sa famille se trouble en une agitation inhabituelle. On le confine dans sa chambre et il entend des cris et des pleurs. Ce sont ceux de sa mère et Asher est terrifié. On lui expliquera plus tard dans la soirée, que son oncle, le frère de sa mère, est mort dans un accident ; olov hasholom.
Les jours passent et Rivkeh, sa mère, se cloître dans sa chambre, n’étant plus qu’un fantôme, un être pathétique qui s’assèche. Sa dépression rompt l’unité familiale. Son père, Aryeh, devient sombre et se voue aux affaires ladovériennes sous l’égide du Rèbbe, leur chef charismatique, laissant Asher solitaire, seul avec ses peurs, ses angoisses et ses crayons.
Pour maintenir l’éveil de sa mère et pour qu’elle guérisse plus vite, Asher, dont la maturité est précoce, dessine des fragments de vie, mais ses esquisses sont trop anguleuses et noires. Il soumet ses œuvres à sa mère qui, lors de ses rares moments d’attention, lui dit avec bienveillance de faire « le monde joli ». A cela, son fils rétorque : « Ce n’est pas un monde joli ».
Pour ses six ans, Asher prend conscience que ses illustrations ont une envergure autre que du gribouillage. Son oncle Yitzchok le complimente et, dans un geste tendre, désire acheter l’un des premiers dessins de son neveu.
» – Un petit Chagall.
– Qui est Chagall.
– Un grand artiste.
– Le plus grand du monde ?
– Il est le plus grand artiste juif du monde.
– Je veux acheter un de ces dessins. Est-ce que tu me le vendrais pour ça ?
Il sortit une pièce de sa poche et me la montra. Il prit un des dessins et mit la pièce à sa place.
– Maintenant, je possède un des premiers Lev, dit-il en souriant. »
Malgré le regard réprobateur de son père qui l’exhorte à ne pas gaspiller son temps, Asher cherche des modèles et apprivoise les courbes, les ombres et la lumière. Il mélange les techniques et utilise toutes sortes de matériaux qui colorent. Avec ses doigts, il barbouille sa feuille et se sert du sable, de la cendre de cigarette… cherchant la couleur qui lui manque, celle des sentiments et des sensations. Il est frénétique dans son besoin de s’exprimer et cet état effraie son père qui ne le comprend pas.
Entre les prières du matin, Modeh Ani, et celles du soir, Krias Shema, chacun parle à Ribbono Shel Olom, le Maître de l’Univers, de ses rêves, de ses espoirs, de ses supplications, et Asher demande à Dieu pourquoi il laisse faire certaines choses.

Asher grandit, rentre à la yeshiva ladovérienne, s’arrête de dessiner et reste toujours d’une grande mélancolie. Son père est fatigué, peu loquace, quant à sa mère, elle arrive à surmonter difficilement son asthénie jusqu’au jour où elle décide de reprendre des études universitaires en mémoire de son frère.
« Ma mère me demanda, pourquoi je ne dessinai plus. Je haussai les épaules.
– C’est une réponse, Asher ?
– Je n’en ai plus envie, maman.
– Pourquoi n’en as-tu plus envie, Asher ?
– Je ne sais pas.
– Tu dessines vraiment très bien, Asher.
– Je déteste ça. C’est perdre son temps. Ca vient du sitra ashra. Comme Staline. »
Asher s’autopunit et veut retrouver l’approbation de son père qui blâme cet élan artistique, ce don qui est un artifice du malin.

1951, cette époque est le temps de l’après-guerre et des conflits en Russie. Staline dirige les Républiques Soviétiques dans une dictature absolue. C’est la terreur pour des millions de personnes, des minorités nationales et le peuple juif.
Le Rèbbe demande au père d’Asher de partir en mission à Vienne et d’établir des centres d’études talmudiques, des yeshivot un peu partout en Europe. Cette responsabilité est un honneur, mais elle est aussi une justification, un alibi, pour sauver et évacuer les juifs persécutés. La famille se scinde car Asher ne veut pas s’exiler et sa mère sacrifie son couple pour rester avec lui.
Asher a dix ans… treize ans… et s’aperçoit, dans une évidence spontanée, que des gens peuvent être heureux. Il dessine, il peint, il se documente, visite des musées en cachette du Rèbbe et du père, découvre Picasso, sa mère lui offre un coffret de peinture… « Qu’allons-nous faire de toi Asherel ? » Rencontre des artistes, des mécènes… On lui parle de Modigliani, de Soutine et de Pascin, des peintres juifs. Il admire des tableaux illustrant la bible des chrétiens, des crucifixions et des Pietas.
Cependant, lors des retours de son père, Asher est écartelé entre sa passion, sa vie et celle des juifs observants orthodoxes où l’art est une œuvre païenne, une valeur des goyim, un vice.
« – Je ne veux pas d’un tel fils.
– Je t’en prie, papa, je t’en prie ! Ne sois pas fâché avec moi. Je ne peux pas m’en empêcher.
– Ce sont les animaux qui n’arrivent pas à se contrôler. Pas les êtres humains.
– Je n’arrive pas.
– L’homme a de la volonté. Est-ce que tu comprends ce que je dis Asher ? Le Ribbono Shel Olom a donné à l’homme de la volonté. Tout homme est responsable de ses actions à cause de cette volonté ; il a la possibilité de diriger sa vie. Il n’existe rien que l’homme ne puisse contrôler. Ou alors, c’est qu’il est malade.
– Ma volonté me pousse à dessiner, papa. Je ne peux pas lutter contre elle. »

Asher a cette force, cette volonté, que Dieu donne à l’homme. Un entêtement qui bouleversera sa destinée et qui le maintiendra entre deux mondes. Le choix est douloureux, mais le don qu’il a reçu ne peut être ignoré. Le contraire, ne serait-il pas un sacrilège ?

J’ai beaucoup aimé ce livre et je remercie Cécile de me l’avoir fait découvrir. Asher nous raconte sa vie de ses quatre ans à sa majorité. C’est une histoire qui inspire de l’émotion, de la compassion et une certaine fierté pour ce petit garçon qui s’obstine dans sa vocation contre sa religion, ses racines, sa communauté et son père qu’il chérit et qu’il révère. Sa résolution s’établit avec la maturité de son art. J’ai été sensible au personnage de la mère, une femme qui contre certains principes et qui n’hésite pas à conforter son fils dans sa voie, cherchant à apaiser les relations père-fils avec douceur et sensibilité. J’ai aussi eu de la miséricorde pour ce père déchiré entre son devoir, son abnégation pour son peuple, l’abandon de sa famille et l’incompréhension qui le distance de son fils. Un enfant qu’il n’aura pas vu grandir. L’écriture est simple, les mots sont beaux. On alterne avec deux ambiances, celle de la réserve, de la modération, des prières et celle de la création, de la pétulance, de l’exubérance. Malgré l’amour qui unit les personnages, il n’y a aucune communion. J’espère seulement que dans le second volume « Le don d’Asher Lev », ils trouveront tous la paix.
A suivre…
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Citations et extraits (51) Voir plus Ajouter une citation
- Staline a envoyé beaucoup de gens en Sibérie ?
Il ferma les yeux.
- Ah ! Je comprends ! dit-il en acquiesçant de la tête.
- Oui ?
- Des millions.
- Il a tué beaucoup de gens ?
- Des dizaines de millions.
- Le monde n'a rien fait ?
- Pas plus que lorsque Hitler a massacré les juifs.
- C'est-à-dire ?
- Absolument rien.
- Je ne comprends pas.
- Qu'est-ce que tu ne comprends pas ?
- Que personne n'ait rien fait.
- Moi non plus je ne comprends pas.
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“Je peignis vite, emporté par une curieuse énergie. Au nom de toute la douleur dont tu as souffert, maman. Au nom de toute l’angoisse que ce tableau de douleur causera en toi. (…) Au nom des cauchemars, des nuits d’attente, des souvenirs de mort, au nom de l’amour que j’éprouve envers toi, pour toutes les choses que je devrais me rappeler mais que j’ai oubliées, pour tout cela, j’ai créé ce tableau – moi, un juif orthodoxe qui travaille sur une crucifixion parce que dans sa tradition religieuse il n’existe aucun modèle esthétique auquel rattacher un tableau d’angoisse et de tourment extrêmes.”
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Peindre, ce n’est pas raconter une histoire. Si tu veux en raconter une, deviens illustrateur ou écrivain. Mais si tu veux être peintre, il faut que tu apprennes à utiliser la ligne, la couleur, la forme et la matière pour faire des tableaux, pas des histoires.
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« Vous pouvez faire ce que vous voulez pourvu que vous le désiriez profondément ; c’est cela qui est rare, le désir ; un désir si grand qu’il rend aveugle à tout le reste »
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Il arrive qu'on croit être porteur d'un don exceptionnel quand on est jeune. Mais on ne s'y abandonne pas forcément. On ne sert pas seulement son intérêt personnel mais celui de son peuple. C'est ainsi que nous, juifs, nous vivons.
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