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EAN : 9782363391384
176 pages
Finitude (20/08/2020)
3.6/5   97 notes
Résumé :
Avril s’inquiète pour Elias. Elle l’aime, mais il est si secret, si étrange parfois. Craintif, aussi. Elle voudrait comprendre ce qui le tourmente, ce qui l’empêche de vivre pleinement.
Mais comment Elias pourrait-il lui confier ce qu’a été son enfance ? Pas facile, dans un petit village, d’être le fils du « fou ». De celui qui se dit magnétiseur, médium ou même paradoxologue et qui fait subir à sa famille la tyrannie de ses discours et de ses délires.
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Critiques, Analyses et Avis (39) Voir plus Ajouter une critique
3,6

sur 97 notes
Un petit trésor…foisonnant, qui m'a enthousiasmée tout en me laissant quelque peu perturbée, pleine de perplexité sur tous ces questionnements concernant des mondes invisibles !

Un auteur et ce texte qui me faisaient de l'oeil depuis un moment !

Intriguée par ce personnage paternel, medium et magnétiseur… qui éduque son fils d'une manière très particulière, avec des exercices éprouvants, afin de le purifier, de l' éloigner des ondes négatives… Ce fils est tiraillé douloureusement entre l'étrangeté de ce père, à tel point qu'il subit moqueries et persiflages à l'école, traité de « Fils de maboul » ! Une enfance entre fascination, et répulsion, qui a marqué à vie, notre narrateur, dans une sorte de maltraitance involontaire, le père persuadé de faire bien , de former et fortifier son fils aîné !
« Certains disaient que mon père était un mage, qui avait accès à des choses que personne ne percevait. D'autres pensaient qu'il était fou. Moi, je ne m'étais pas encore fait une idée très nette. (p. 17)”
Pour satisfaire ma curiosité, j'ai écouté Victor Pouchet raconter l'origine et la genèse de ce roman, qui a été inspiré, d'une vraie rencontre : des discussions avec un magnétiseur… qui ont fait leur chemin dans la tête de l'écrivain… rencontre qui lui a fait imaginer la vie d'un enfant éduqué, formé, influencé par un père médium… Comment on vit une enfance dans un contexte aussi particulier ?
Qu'est-ce qu'est l'Invisible ?!...Comment on réchappe à son enfance et à une telle enfance , en l'occurrence…? ?
Cette fiction s'articule en trois parties inégales : la première, la plus importante est le récit d'Elias concernant son enfance, ses rapports et son vécu si marquants et troublants avec un père différent, possédant des pouvoirs divers, dont celui de« couper le feu » , guérir les brûlures, etc.
« Après tout, les choses étaient peut-être tout à fait normales. Mon père avait son cabinet de médium qui était cette sorte de cabane dans le fond du jardin, où il recevait des patients. Il était finalement un peu comme un médecin qui aurait créé sa propre science. Il s'était fait une carte de visite : paradoxologue- médium- sciences occultes (… » (p. 50)

Ce jeune homme Elias , raconte aussi son présent avec Avril, qu'il aime et qui l'aime, tout en le trouvant craintif, trop secret autant qu'étrange, étrangeté créée sûrement par tous ces éléments de l'Invisible…alimentés, inculqués à longueur de temps par ce père médium-chamane…
Education des plus perturbantes , à la fois atypique, enrichissante et marginalisante !

Education si spéciale , trop empreinte d'angoisses paradoxales et multiples… qu'elle a provoqué chez Elias une difficulté à vivre, tour à tour, aimant et craignant à l'extrême, ce père ! Tout cela a induit à l'âge adulte une sorte de difficulté et d' épuisement à vivre…

« Elle [la grand-mère ] me demandait si mon père me nourrissait comme il fallait, elle me posait plein de questions sur lui, sur ce qu'il faisait, sur la maison, sur ses consultations de magnétiseur. Je ne répondais pas à toutes ou du moins, je restais assez vague, car j'avais un peu honte. Dans ces moments-là, je me sentais solidaire de lui, de son étrangeté, de ses grandes idées sur le monde et la vie. (p. 75)”

Heureusement sa rencontre et son amour pour Avril va l'aider à se reconstruire une sorte d'équilibre…à inventer une renaissance…après cette enfance « traumatisante » et anxiogène !

« Il paraît que la fatigabilité est liée directement au niveau d'angoisse que provoque le monde » (p. 57)

Après le long récit d'Elias, suit le journal de sa compagne, Avril qui nous expose les circonstances de leur rencontre, sa perception intime de la personnalité très spéciale d'Elias…son amour sincère et ses inévitables questionnements concernant les difficultés d'Elias pour appréhender la vie, les autres…ses angoisses multiples.


Et le plus court texte, qui achève ce récit ,est celui du père s'adressant à Avril… tentant de lui expliquer la formation particulière donnée à ses deux fils , l'accident terrible survenu au cadet, qui devait reprendre le flambeau du père…sa joie de faire sa connaissance, et son bonheur sincère à l'idée du petit à naître…Restent des silences, des perplexités, des doutes… comme un malaise entourant les malheurs survenus à ce père-médium-magnétiseur et à sa famille….

Restent les forces conjuguées de l'amour de la Vie, de la nature…des animaux, de l'élan vers une vie plus légère, plus simple… loin de toutes les théories paternelles, le balancement positif apporté par Avril pour l' »option légère » :

"J'aime bien l'idée d'Avril de "l'option légère", de prendre face aux bouleversements la voie de la légèreté. Ce n'est pas du déni ou de la dérision, parce que la réalité de la catastrophe n'est pas effacée, mais c'est un angle face au réel. D'un coup, on regarderait les choses en se rendant compte qu'on n'y est pas complètement, qu'on peut les observer de biais, ave attention et douceur. On pourrait frôler le monde et ce serait déjà pas mal. Mais je ne sais pas bien comment on fait. "(p. 110)

Une très belle lecture…originale qui m'a captivée… au vu de l'abondance des passages soulignés.
Poésie, sensibilité, questionnements universels sur comment appréhender le monde et y trouver sa place... après une enfance compliquée...Après cet enthousiasme sans réserve, Je serai très attentive désormais à la lecture du nom de cet écrivain…lorsque je le verrai réapparaître !

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Jolie pépite de cette rentrée littéraire 2020 !
Dans ce roman, nous suivons Elias, un homme mystérieux, discret, fantaisiste mais parfois colérique. Il fait la rencontre de Avril, une jeune femme pétillante, qui tombe rapidement sous son charme particulier.
C'est qu'Elias a un passé chargé et une enfance pas facile derrière lui, dictés par les extravagances de son père, qui est médium et magnétiseur, un genre de doux dingue qui dicte les règles du foyer. La logique telle qu'on l'entend n'a pas cours, c'est le cosmos et les énergies qui guident le père d'Elias et régentent leur vie.
Adulte, Elias ne parle plus à son père. Il est inadapté, plutôt dépressif mais ne manque pas pour autant d'humour. Avril tente de le comprendre, mais ce n'est pas toujours simple de vivre à ses côtés.
Un joli roman, singulier et fantaisiste. Je me suis attachée aux personnages et aux souvenirs d'Elias, ainsi qu'à l'auteur qui traite tout son monde avec beaucoup de bienveillance.
Le roman est divisé en trois parties de taille inégale. J'ai vraiment préféré la première qui donne la parole à Elias mais ai moins accroché à celle sur Avril, plus superficielle et qui vient casser le rythme et l'ambiance.
Ce n'est pas un best-seller, mais je pense que ce texte trouvera son public.
Une lecture fort agréable, douce et surprenante !
Merci, Victor Pourchet, pour ce bon moment.
Si vous vous posez la question du choix du titre «autoportrait en chevreuil», je vous laisse le découvrir en lisant le livre.
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« Autoportrait en chevreuil » est un peu tiré par les cornes. Dans sa construction d'abord, avec trois parties déséquilibrées qui nuisent à la compréhension. Dommage parce que la partie II, journal intime de la protagoniste, a le rythme, l'intelligence et la puissance du « Brandt rhapsodie » de Jeanne Cherhal et Benjamin Biolay. Par son sujet ensuite, moins centré sur la personnalité du jeune Elias (dont le totem est un chevreuil) que sur son père, un magnétiseur dont l'improbable profession autorise toutes les bizarreries. le ressort narratif, enfin, celui d'une enfance présupposée unique. Depuis le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain, on a l'impression que la littérature se repait d'épanchements nostalgiques de ce genre, entre insectes punaisés, cache aux trésors, interrogations naïves sur le fils de Dieu et premiers émois amoureux. Au final, ces souvenirs se ressemblent tous. Autre chose m'a gênée. J'ai eu l'impression que l'auteur nous refourguait « un truc à savoir » à chaque chapitre en s'appuyant sur l'incommensurable culture générale du papa, présumé medium (j'ai appris que l'homme était le seul animal qui pouvait plier son coude, c'est déjà pas mal…) La ficelle est un peu grosse d'autant que Finitudes nous a déjà fait le coup du parent dingo avec son Bojangles. « Autoportrait en chevreuil » a la maladresse et l'envie d'impressionner d'un premier roman – ce qu'il n'est pas.
Bilan : 🔪
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« L'autoportrait en chevreuil » est un roman en 3 voix, 3 parties. La première Elias nous parle de son enfance. Son amie April voudrait bien qu'il laisse son passé derrière lui. Pas facile de vivre pour Elias avec un père qui est pris par certaines personnes pour un homme qui a accès à des choses que personne ne percevait et que d'autres prenaient pour un fou. Ce père a vraiment une forme de pensées très particulières. Il avait conscience de l'anormalité de tout ça, des discours délirants de son père mais en même temps c'était son père, il voulait lui faire plaisir, il acceptait. Dans la deuxième partie, on a le point de vue d'April sous forme de journal intime. Cette femme va transformer Elias, l'amener vers autre chose. Des questionnements essentiels apparaissent. C'est cette rencontre avec son beau père qui l'a bouleverse, les choses s'éclairent. Et dans la dernière partie on a le père qui vient clore ce roman.
Ce livre est particulier, original dans sa construction. Style très poétique, délicat, déstabilisant. Il est intéressant dans son sujet : l'impact du vécu de l'enfance sur l'âge adulte.
Je reste perplexe à la fin de ma lecture
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Après Pourquoi les oiseaux meurentVictor Pouchet revient en cette rentrée avec un second livre Autoportrait en chevreuil aux éditions Finitude, un roman à trois voix, habile et émouvant, qui confirme tout le talent de l'auteur.

A travers trois narrations, différentes toutes les pièces du puzzle vont se rassembler.

Après pourquoi les oiseaux meurent, ou l'on assistait à la naissance d'un romancier, on peut dire qu'avec ce roman, Prix Blù Jean-Marc Roberts Victor Pouchet confirme tout son talent
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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critiques presse (2)
Bibliobs
07 décembre 2020
En rassemblant ses souvenirs pour mieux les brûler, Elias mesure les dégâts que son père a provoqués et combien il a saccagé son enfance. Un roman ensorcelant, par l'auteur de « Pourquoi les oiseaux meurent ».
Lire la critique sur le site : Bibliobs
LeFigaro
29 octobre 2020
L'auteur de Pourquoi les oiseaux meurent propose un deuxième roman au charme fou.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (40) Voir plus Ajouter une citation
Autour du moi aujourd'hui, j'ai l'impression qu'une grande partie des gens sont déguisés en fin du monde, chacun arborant un costume différent: certains sont habillés en commerçants de ruines, d'autres en pilleurs de grains, quelques contemplatifs désespérés, des sauveteurs en haute mer, des survivalistes en appartement, des aveuglés volontaires, des éco-anxieux et des effondrés avant l'heure. Ils ont des discussions sur les massacres au Soudan, sur la montée des eaux, sur les armes à feu aux Etats-Unis, sur la disparition des oiseaux, sur l'intelligence artificielle, sur le chômage de masse, sur l'acidification des océans, ils s'inquiètent de l'égalité fiscale et des conflits sociaux, ils débattent et manifestent. Je les admire, c'est peut-être grâce à eux que le monde tourne, mais je ne sais pas comment ils font. Où trouvent-ils cette énergie pour s'indigner ? Comment réussissent-ils à se saisir des nouveaux drames qui s'ajoutent sans cesse aux anciens ? (p. 110)
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Il faut tellement d'acceptation de soi, des autres et de l'espace pour que ça marche un corps, que ça ne subisse pas le réel mais que les gestes l'habitent paisiblement, avec la bonne tension. Les animaux sauvages, eux ne connaissent pas la maladresse. Le léopard ne se pose pas la question de sa démarche, le vol de l'aigle n'est jamais ridicule, les sauts de chevreuil sont toujours coordonnés. Leur corps n'échappe jamais à leur contrôle alors qu'il me semble parfois qu'il faudrait toute une vie pour apprendre à ne pas rougir quand je cours dans la rue et à marcher tranquillement sur le chemin vers la mer. (p. 109)
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Il voulait me montrer comment sculpter la terre avec ses mains et comment y placer des ondes favorables. Il me dit : " Tu sais, nous sommes responsables de notre façon de toucher . Elle n'a pas toujours été la même. Les hommes de Néandertal ne touchent pas de la même façon qu'un Grec ancien qui ne touche pas de la même façon qu'un homme du Moyen-âge.Je ne sais pas d'où il tirait tout cela. (...)
A la Renaissance, Michel-Ange a même eu le rêve de sculpter une montagne en entier. C'est possible, s'inquiétait mon père, qu'aujourd'hui, nous oubliions cela, que nous touchions très autrement le monde, que nous nous contentions de le flairer, de loin. En repensant à ça, j'ai l'image des doigts glissant sur les écrans des téléphones, toutes les images que l'on déroule sans y penser, que l'on caresse de loin. Mon père voulait m'apprendre à toucher et tenir les choses comme avant. Il prit mes mains et me fit plier et onduler le mélange de terre et d'eau. Je me sentais à ce moment un peu comme un dieu capable de faire surgir des figures de la Terre originelle.
(p. 43)
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J'aime bien l'idée d'Avril de "l'option légère", de prendre face aux bouleversements la voie de la légèreté. Ce n'est pas du déni ou de la dérision, parce que la réalité de la catastrophe n'est pas effacée, mais c'est un angle face au réel. D'un coup, on regarderait les choses en se rendant compte qu'on n'y est pas complètement, qu'on peut les observer de biais, ave attention et douceur. On pourrait frôler le monde et ce serait déjà pas mal. Mais je ne sais pas bien comment on fait. (p. 110)
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Avril avait vu un documentaire où cet ancien rite tsigane était rapporté : quand un homme mourait, on ne partageait pas ses affaires; sa caravane et avec elle tout ce qui lui avait appartenu étaient incendiés jusqu'à disparaître. Les proches n'héritaient de rien. Chacun pouvait garder au mieux un objet sans valeur en souvenir, mais le reste devait s'effacer dans le feu de l'habitation où le défunt avait vécu. (...)
Ce feu était une façon d'alléger les morts de leurs plaisirs et souffrances passés mais surtout un moyen de protéger la famille. Ainsi, l'âme du défunt ne pouvait plus tourmenter les esprits des vivants, revenir agacer ceux qui restaient. Les choses importantes, les photos et documents qui forment la matière et le récit d'une vie brillent une dernière fois, intensément, et disparaissent. On passe par un grand désordre pour créer un peu d'ordre, c'est une libération par allègement. (p. 12)
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Lecture par l'auteur
C'est l'histoire d'un homme qui écrit à la femme qu'il aime dans l'espoir qu'elle revienne. le temps de 111 poèmes, il déambule dans la Grande Ville, déménage, s'égare sur les écrans, prend un ferry, se baigne dans la rivière, et tente à sa façon de ranger le monde – et sa vie. Cette version cinépoème du livre de Victor Pouchet retracera cette histoire d'amour, d'inquiétude et de joie à travers des lectures inédites et la projection de 11 ultra-courts-métrages dérisoires et grandioses, où se dessine quelque chose comme l'option légère.
« Ce serait reposant de se laisser porter et de lire les répliques je ferai de mon mieux pour les intonations dites-moi comment vivre vous qui savez comment. » Victor Pouchet, L'option légère
À lire – Victor Pouchet, L'option légère, Gallimard, 2024.
Lumière par Hannah Droulin Son par François Turpin Direction technique par Guillaume Parra Captation par Claire Jarlan
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