Dans ce roman poème, ou bien ce poème roman, - on ne sait pas très bien où le situer mais qu'importe ! Victor Pouchet parle de son amoureuse, qui le quitte puis revient, dans cette maison « au bout du monde, derrière la montagne ». C'est une tragi-comédie, nous dit-il dès le début, car il ne faut rien prendre au tragique.
Et puis il y a l'écriture d'un poème par jour, c'est elle qui le lui a demandé ; Pourquoi pas ? C'est lui qui le dit
« Peut-être que chaque jour
il y a une chose qui
mérite un poème,
un non-évènement
qui laissera une trace. »
De ce huis-clos où il ne se passe pas grand-chose, l'auteur a tiré une petite histoire du quotidien, il a raconté la banalité en vers. On mange des chips en buvant du vin et en pensant à la mort si proche.
Le récit est tissé de questionnements et d'incertitude. Dehors, on vit au ralenti. Dedans, il y a l'attente et l'espoir.
Un poème par jour, pas si facile à tenir. Au fil de ces fragments de récit, on suit l'évolution du narrateur, son sentiment amoureux, sa solitude, ses inquiétudes, sa tristesse parfois. Lui-même ne sait plus trop ce qu'il ressent.
« Je ne saurais pas vraiment dire
si je suis heureux ou bien triste »
C'est aussi un roman sur la création. Ecrire tous les jours, pas si facile. Parfois, on manque d'envie, ou d'idées. « Parfois, c'est plus dur d'écrire des choses simples » Alors, on se contente de regarder la guêpe qui cherche à sortir.
Vite lu, ce roman poème s'adresse à toutes et tous en toute modestie. Et ce recueil se feuillette et se relit pour prolonger ce plaisir de partager des choses simples.
Un homme, une femme. Tandis qu'elle menace sans cesse de s'en aller, il lui promet un poème par jour dans l'espoir de la garder auprès de lui. Ils se séparent, se retrouvent, se comprennent.
Il s'agit ici d'un roman-poème, et c'est une première pour ma part. Je n'ai jamais découvert un tel genre littéraire, et je dois avouer que cela m'a bien plu. Divisé en cinq actes, presque comme une pièce de théâtre, ce récit décrit une relation entre un homme et une femme.
Le lecteur aura la perspective de l'homme, principalement. Malgré tout, la femme tient sa place également, puisque l'on saura ce qu'elle pense, l'homme insérant dans ses poèmes des dialogues maintenus avec elle.
La plume de l'auteur est tout en douceur. Les poèmes sont très aisés à suivre. le tout est tendre. Cela se lit d'une traite. La préface signée Hervé le Tellier m'a beaucoup plu également.
Un roman-poème qui m'a conquise. Sous forme de poème, il y a une véritable intrigue, tout en douceur et en poésie. À découvrir.
Bien souvent, l'opinion publique tend à penser que la poésie est tout bonnement le parent pauvre de la littérature contemporaine, un agrégat de noms classiques et immortels à retenir du détour d'une récitation à l'école élémentaire. Pourtant elle se réinvente chaque jour, s'inspire encore et s'adapte à nos vies modernes pour ne jamais perdre son charme profond. La grande aventure de Victor Pouchet publié au début du mois aux éditions Grasset en est la preuve vivante, sinon écrite, de l'immense pluralité des genres dans la poésie.
Ce roman-poème est une histoire d'amour en vers. Elle se déroule au rythme des aléas du couple, de la séparation, de l'attente, et des retrouvailles. C'est également l'histoire des plaisirs simples et des tristesses insoupçonnées que l'on raconte un matin de pluie. La grande aventure, c'est cette vie qui s'ouvre à eux sous la plume, pleine de musicalité, de résonances et de silences parfois.
Ce recueil, c'est tout ce qui nous tient en vie en seulement 149 pages. L'amour, la solitude, l'envie ou le désarroi glissent entre chaque syllabes, chaque vers et séduisent tout en contant l'histoire de ce couple. L'écriture est intime, nostalgique et tend bien souvent vers l'humour tout en laissant entrevoir quelques acidités de temps à autre. Elle est également troublante par sa simplicité qui rapproche toujours plus du réel, de cette humanité que l'on partage et du temps qui passe.
C'est indéniablement de la poésie comme l'explique Hervé le Tellier dans sa préface, mais aussi une histoire, un roman-poème comme il est mentionné sur la première de couverture. Il est très difficile de ne pas associer cette écriture à des romans dont la sensibilité mélancolique est très distinctive comme Ici ça va (Alma Editeur) de Thomas Vinau qui est certes novelliste mais avant tout poète. Nul doute que les deux auteurs brosseraient à eux seuls la beauté simple de l'existence s'ils publiaient un jour un recueil à deux âmes.
Ce qui est particulièrement et définitivement beau dans La grande aventure, c'est cette délicatesse constante mêlée à la primitivité des besoins, la faim, la soif, un dernier morceau de gâteau, de l'instantané et des emojis. Tout ce qui ramène à la vie et aux autres, à l'idée presque hypnotique d'être ici et d'aimer. La poésie, par de telles plumes, a encore de beaux jours devant elle.
Parce que la poésie n'est jamais ridicule, qu'il suffit parfois d'aller à la ligne et que lire ou écrire un poème par jour peut nous rendre heureux.
Elle et lui, lui sans elle qui le quitte, elle et lui, elle sans lui qui doit partir, la vie, chaque jour, faite de petits riens, des promenades dans un sens ou dans l'autre, la montagne, la cuisine, le jardin, les souvenirs, les moments paisibles, ceux que l'on passe loin de l'autre, ceux que l'on partage, ceux que l'on voudrait tant vivre à deux. C'est l'attente, l'espoir, l'amour, le silence, les mots et les regards que l'on pose ensemble sur la vie, les joies et la tristesse, le quotidien.
Quand ce quotidien somme toute banal devient poésie et humour, solitude et retrouvailles, partage et échange.
Une poésie résolument moderne qui emprunte aux réseaux, téléphone et emoji sans que cela paraisse incongru ou déplacé.
Pourquoi ne pas s'installer
À la terrasse d'un café
Tiens celui-ci qu'en dis-tu
Ou celui-là à côté
Il y a des tables libres
Au soleil
Et puisqu'on a pris un livre avec soi
Lire la Grande Aventure
De ce Victor Pouchet
Qu'il a publié où ça déjà
Ah oui voilà chez Grasset
Très vite il apparaît qu'il y dit joliment
Quelle charmante odyssée
Poèmes tremblés avec beaucoup de peut-être
La joie, la peine, les deux balançant
Ce qui est léger et peut durer longtemps
Ou pas
Ce que c'est dur d'aimer et d'être aimé
Je marchais le long de la Seine et cætera
Plus rien de Rome en Rome dit-il,
plus grand-chose non plus de Paris,
chacun semble errer loin des autres
Ce sont amis que vent me porte
comme vers tournent dans ma tête
et me rassurent dans le ville morte
Marcadet ainsi est peuplé
tant de complaintes me précèdent
Que sont mes amis devenus
ceux du treizième siècle et les autres
porteront-ils toujours un masque?
Et il ventait devant ma porte
Les emporta.
C'est ainsi dans l'entrouverture
je revois encore son visage
aux angles aigus à Lisbonne
et dans l'église de Lugo
J'aperçois aussi celle qui boxe
le soir dans une ville lointaine
avec ses angoisses et les miennes
Je te sens aussi tu es là
derrière mes épaules et esprit
Tu me racontes des histoires
et me comprends sur le chemin
comme on regarde à travers vitre
Je devrais mieux ne rien dire
c'est vrai que vous êtes nombreuses
et je ne confonds jamais vos noms
et je vous aimerai toujours
Tu sais souvent je le regrette
je ne peux pas faire autrement
je ne ferme jamais la porte.
ça manque de
péripéties
Il suffit pourtant
de s'imaginer
chevaliers errants
après quelque chose
Et si nous sommes
dans un bois sombre
c'est juste qu'ici
la nuit tombe très vite
Je voudrais être capable
de mieux aimer
les gens que j'aime
On dirait qu'il suffit
de réfléchir
juste un peu trop
pour rater
son poème
- et sa vie ?
Dans quelle ville Verlaine tira-t-il sur Rimbaud, le blessant légèrement au poignet ?