C'est l'histoire d'un tsarevitch qui fait tout à toute vitesse. Comme on ne voit pas très bien où va l'histoire, on se dit que c'est peut-être un livre sur l'hyperactivité. Non. Après quelques vicissitudes, le même tsarevitch fait tout beaucoup plus lentement que les autres. Comme on ne voit toujours pas où va l'histoire, on se dit que c'est peut-être un livre sur la contemplation. Non. Après quelques vicissitudes, le même tsarevitch fait tout à rebrousse-temps. Comme on ne voit décidément toujours pas où va l'histoire, on se dit que c'est peut-être un livre qui tend à du Philip K. Dick pour enfants. Non. Après quelques vicissitudes, c'est l'histoire d'un tsarevitch qui trouve une amoureuse sur le tard et qui crée avec elle une équation qui change leur conception du temps et, logiquement, leur vision du monde. Comme on commence à voir où va cette histoire, on pourrait penser que c'est un livre qui se veut du Stanley Kubrick pour enfants. Non. Ce livre est essentiellement un grand fourre-tout.
Je suis pour les livres qui parlent de métaphysique et de la conception du temps aux enfants, je suis pour les livres pour enfants qui exaltent la beauté des mathématiques et de la physique - j'ai toujours été agacée par ces idées reçues et très répandues qui veulent que l'art seul provoque l'émotion, mais n'est pas fait pour susciter la réflexion, et qu'à l'inverse les sciences dures provoquent la réflexion, mais surtout pas d'émotion. Seulement, la beauté des mathématiques, la métaphysique, le temps... ce sont des sujets extrêmement ambitieux. Victor Pouchet n'est pas, selon moi, à la hauteur pour les traiter et les rendre accessibles aux enfants, pour les faire rêver et réfléchir à partir de ce très magnifique matériau. Il n'a visiblement pas assez bossé son bouquin, il a juste fourré dedans tout ce qu'il avait en tête.
Quant à sa tentative de faire référence aux contes russes, non seulement je n'en vois pas l'intérêt, mais elle est tout aussi ratée. Ce n'est qu'un vague décor qui en reprend très maladroitement certains éléments, comme le recours à la répétition typique de la littérature orale, le personnage du tsarevitch, ou encore Baba Yaga - dont on ne mentionne même pas que la maison se déplace sur des pattes de poulet, ce qui est une parfaite hérésie ! L'auteur a cherché à plaire à son public, comme dans tant de films d'animation hyper standardisés, en mêlant Russie des contes et voitures de sport, ce qui donne un résultat qui sent la démagogie à plein nez. Si vous croyez retrouver ici un peu de l'ambiance des contes illustrés par Bilibine, oubliez ça tout de suite. Si vous pensez trouver une habile actualisation des contes russes d'antan, oubliez également.
Donc, un décor inutile, deux bons tiers d'une histoire très poussive - je me suis ennuyée comme pas possible - et des illustrations qui n'apportent rien, vu qu'elles ne s'émancipent pas du texte un seul instant. Mais un sujet passionnant, qui ne mérite certainement pas d'être aussi maltraité.
Et quand on a lu auparavant Le jardin invisible de Marianne Ferrer et Valérie Picard, la chute est d'autant plus brutale.
Masse Critique Jeunesse 2019
Un beau texte, qui pourrait presque sentir le conte ancestral, pour enfant, je dirais entre 5 et 10 ans.
La couverture déjà, à moi qui ne suis plus très jeune, m'évoque les tonalités douces de mon enfance. Voila une rupture de bon augure dans ce monde aux tons criards et agressifs.
Et je me dis que ça ne peut pas faire de mal aux jeunes lecteurs de comprendre ce qu'est la nuance, que notre monde n'est pas dichotomique.
Dans l'incertitude de la demi-teinte se niche la curiosité et pas que là : un tsarévitch qu'est ce que c'est ? Ce livre est vraiment une porte largement ouverte.
Et puis des phrases curieuses et capable de faire rêver ; des mots qui laissent l'enfant dans l'imagination; qu'il comprend sans tout comprendre.
Un tsarévitch d'accord ; mais un « tsarévitch que l'on pense vélocement habile »: Ça me rappelle la bobinette et la chevillette qui chérera que j'imaginais sans trop savoir. Et c'est bien pour faire travailler l'esprit inventif de nos chères têtes blondes.
Un beau petit livre, comme sorti du fond d'un tiroir où il avait été oublié. Je pense que les enfants l'aimeront. En tout cas il ne peut leur faire que du bien.
Ce petit roman nous déroute, nous fait rire et pleurer, nous donne à réfléchir à la manière des contes. Un conte étonnant, dans lequel des objets modernes font intrusion dans un univers russe traditionnel peuplé de tsars, d'un alchimiste et d'une sorcière…
Un conte qui nous parle de tous ces « enfants pas comme les autres », inexorablement en décalage, d'une manière ou d'une autre. Et oui, quand on fait tout plus vite que tout le monde, la vie n'est pas simple, même quand on est le tsarévitch – le fils unique du tsar ! Mais il y aurait aussi le cas de celles et ceux qui font tout plus lentement, ou dans un ordre différent – ou qui ont tout simplement du mal à trouver leur place. de quoi tourmenter le vieil alchimiste impérial ! Et pourtant, ce livre suggère qu'il est bon de laisser du temps au temps et de ne jamais cesser de rêver : il n'est jamais trop tard pour trouver sa voie…
Nous avons découvert cette histoire dans le cadre d'une lecture à voix haute, d'un seul trait. L'absurdité des chiffres des premières pages nous a beaucoup amusés, la suite nous a captivés et la suite nous a touchés différemment : les enfants ont été touchés par la solitude du tsarévitch et par la fin de l'histoire. Pour ma part, je l'ai trouvée belle et optimiste, ils l'ont ressentie comme triste…
Un joli conte, donc, porté par une écriture vive et rythmée comme une comptine. La réflexion sur le temps et la difficulté à trouver sa voie en dehors des sentiers battus de la normalité parlera sans aucun doute à beaucoup de lecteurs.
Un conte magnifique sur le temps et sur comment on vit. Un tsarevitch nait chez un couple de tsar vieillissant. Mais celui ci fait tout trop trop vite. Il ne court pas. Il vole. Jusqu'à l'accident et la mort de sa mère. Désespéré, il part voir Baba Yaga. Elle agit. Il devint très lent puis vit tout à l'envers des autres. Il se couche lorsque les autres se lévent. Alors, il se réfugie en haut de la tour devient mathématicien, philosophe et rencontre une compagne avec qui il rédige une équation de l'Ordre et du désordre, sur le temps qui passe. Mais cette équation disparait. Ils brulent le grimoire pour avoir moins froid. Un conte sur le sens du temps, sur la façon de mener sa vie :rapide, contemplative, autrement des autres...J'ai beaucoup aimé ce conte que je raconterai surement aux enfants et aux adultes. Je me demande si ce conte ne conviendrait pas plus à des enfants de 8 à 12 ans. A découvrir. Les illustrations sont très belles. Parfois on dirait des tableaux. Un petit album à offrir à ses enfants ou ses neveux. Pour ma part, je le garde.
Jostein Gaarder fut au hit-parade des écrits philosophiques rendus accessibles au plus grand nombre avec un livre paru en 1995. Lequel?