RÉTENTION ORIENTALE
Revisiter les contes des mille et une nuits, voila un projet peu évident tant le sujet fut gratté jusqu'à la moelle. Pourtant
Victor Pouchet réussit son pari en ancrant son intrigue au détour d'un conte, au XXI ème siècle. Imaginez une princesse d'Orient sur les réseaux sociaux. Avec subtilité et humour, l'auteur nous embarque avec Shakti, jeune femme à l'hérédité modeste, elle, fille du jardinier du palais des vents au coeur d'une Inde qui s'agite. Vitek jeune prince, la choisit comme épouse mais ce seront son père et le vizir qui tireront les ficelles d'une rétention à venir. Si le conte de fée débute pour elle, le couperet tombera quand elle décidera de s'enfuir, puis de laisser libre court à son écriture. Son salut viendra par l'imaginaire et la création d'histoires si habilement écrites par
Victor Pouchet aux références multiples.
A travers ce roman jeunesse,
Victor Pouchet aborde des thématiques tels que le mariage forcé encore en vigueur dans de nombreux pays, la soumission et la séquestration mais également la liberté d'écrire de nouvelles histoires. Malgré l'angle du conte, le texte est toujours autant contemporain dans certaines parties du globe, la modernité du processus devient implacable. En intégrant son éditrice, Hélène Millot (et son cosmopolitan) au coeur du récit, l'auteur nous montre que tout est possible quand on le décide.
Les sublimes illustrations de
Patrice Killoffer permettent de faire découvrir le texte à un plus jeune public. Malgré des sujets poignants, les lectures à différents degrés selon les âges, apportent de la chair aux mots de l'auteur. On se prête rapidement au jeu du conte où Shakti tentera de contourner les interdits qu'on lui impose. Chaque personnage permet aussi de se confronter à nos émotions, une mention spéciale à cette succession de courageux bourreaux. Avec un sens aiguisé du bon mot, il s'agit aussi de dénoncer le manque de temps pour une célébrité alors qu'il faut assurer la représentation aux autres. Soyons clairs, j'aurais pu lire
Victor Pouchet pendant encore une bonne centaine de pages supplémentaires notamment sur sa capacité à résumer les grandes histoires, adaptées au 7 ème art, en quelques phrases.
Ayant appris hier dans une rencontre @vleel_, que
Victor Pouchet s'était inspiré de Latifa al-Maktoum, fille de l'émir de Dubaï, séquestrée elle aussi contre sa volonté il y a quelques mois. La trentenaire se disait être retenue dans une villa transformée en prison. Les contes sont malheureusement toujours à l'ordre du jour mondial…
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