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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Tsar Académie.
Pour être roi, personne n'a encore trouvé mieux que le piston pour traverser les époques. Que des fils à papa et le droit du sang bleu. Pour être tsar en Russie, on trouve aussi le droit du sang, mais de préférence, celui des autres.
Pouchkine, pendant un exil peu glorieux de 6 ans, passa son ennui dans l'écriture de ses oeuvres majeures. Son ambition, avec Boris Godounov, c'était d'enfiler une chapka sur une tragédie historique Shakespearienne. Il faut dire que côté régicides, usurpations, empoisonnements, trahisons et assassinats, l'histoire de la Russie et de feu son empire en feu, ne manquent pas de références et de têtes d'affiche.
Boris Godounov succéda au 16ème siècle, à Fiodor le pas génial, fils ainé d'Ivan le terrible. Boris le comploteur n'était que le beau-frère, mais le trépas naturel fort opportun… par égorgement du second fils d'Ivan, Dimitri le refroidi, lui dégage une voie royale par un chemin de traverse. le grand chambellan se fait un peu prier pour accepter le poste et espère acquérir une légitimité populaire. Les tyrans sont de grands timides au fond.
Grégori Otrepiev, un jeune ambitieux, après un bref passage chez les moines, décide de se faire passer pour Dimitri, le petit Tsarevitch que tout le monde croit mort depuis dix ans. Non, mais où va le monde messieurs dames, si un usurpateur ne peut plus se prévaloir de ses propres turpitudes ? C'est l'arroseur arrosé, le comploteur compoté, le dictateur renversé, l'écrivain plagié et le plagiste en janvier.
Plus que la question de l'illégitimité du pouvoir, ce qui m'a passionné dans cette pièce de théâtre c'est le rôle, à minima fataliste, au pire complice, du peuple russe qui se range toujours sagement du côté du camp le plus fort, dupe de rien mais revenu de tout. Les boyards, qui ne sont pas les habitants costumés du Fort, mais les nobles russes de l'époque, courbent également l'échine et retournent leur caftan (Polaires de l'époque) en fonction du sens du vent et de l'histoire.
J'ai trouvé la construction de la pièce trop hachée. Des personnages passionnants ne font que de courtes apparitions et le tsar Boris ne me semble pas assez incarné. Certains Romanov, Lénine, Staline ou Poutine pourraient tenir le rôle sans avoir à trop répéter tant le texte est une allégorie sur le pouvoir en Russie mais je trouve que la pièce ne s'attarde pas assez sur cette docilité populaire.
Autant je suis un inconditionnel d'Eugène Onéguine, ce roman en vers des occasions manquées, autant je pense que Boris Godounov doit une partie de sa gloire à l'opéra de Moussorgski (1869-1872) dont il existe autant de versions que de marques de vodka en raison de la censure.
J'ai d'ailleurs lu cette pièce car je voulais assister à une représentation de cet Opéra sans comprendre le Russe mais comme pour les restaurants étoilés (où il convient désormais de réserver un an avant d'avoir faim), il va bientôt falloir réserver une place de spectacle du vivant des compositeurs pour avoir une chance de ne pas finir sur un strapontin dans le Paradis, cet enfer des myopes qui ont le vertige. le client n'est pas tsar. Les places sont chères et chères. Tant pis pour moi et je ne peux même pas incriminer le temps de lecture de la pièce qui n'a pas plus duré qu'un long entracte.
Pour la petite histoire de la grande histoire, il semble acquis pour les historiens sobres que Boris Godounov n'a pas tué le jeune Dimitri mais bon, je n'allais pas provoquer en duel Pouchkine pour ce petit détournement de la vérité. Son beau-frère s'en chargea en 1837 pour un motif moins noble : Georges d'Anthès draguouillait un peu trop Madame Pouchkine. Une fin de poète.
Rideau.
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Boris Godounoff fut un tsar élu de la fin du 16e siècle, succédant à son beau frère Fédor, fils aîné d'Ivan le Terrible. Il fut accusé du meurtre du fils de Dmitri, second fils d'Ivan. Ce sont les conséquences de cette mort qui sont mis en scène ici. Connue comme le Temps des troubles, cette période voit le soulèvement du peuple, encouragé par les boyards.
Un jeune moine se fait passer pour Dmitri qui aurait survécu à son assassinat. Il est soutenu par les Polonais, lorsqu'il arrive à Moscou, Boris meurt subitement. La pièce s'arrête là.

Certains actes sont très courts et de rapides dialogues tandis que d'autres contiennent plutôt des monologues. Cette oeuvre est intéressante mais pas passionnante, peut être parce que les faits présentés n'évoquent rien pour moi.

À noter que l'auteur met en scène un de ses ancêtres.

Peu de temps plus tard commencera la dynastie des Romanov sur laquelle la chaîne Histoire a diffusé un documentaire en trois parties pour l'anniversaire de la Révolution de 1917.


Challenge XIXe siècle 2017
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XVIème siècle. Dans une Russie encore médiévale, le tsar Ivan le Terrible est mort et son dernier fils survivant, le petit Dimitri, vient d'être assassiné. le conseil des boyards décide de proclamer tsar Boris Godounov, ancien conseiller et régent. Mais quelques années après, des rumeurs commencent à circuler. C'est sur l'ordre de Boris que le tsarévitch aurait été assassiné...

Elle parvient aux oreilles d'un jeune moine, qui s'ennuie dans son monastère. Il en conçoit une idée. Quelque temps plus tard, une fabuleuse rumeur commence à circuler : Dimitri ne serait pas mort ; il aurait survécu miraculeusement et préparerait son retour...

Pouchkine s'inspire d'un événement réel de l'histoire russe. Conformément à la vision de l'époque (aujourd'hui remise en cause) il accepte totalement la thèse de la culpabilité de Boris, qui dans sa pièce est décrit comme un assassin rongé par le remord, terrifié par le miraculeux retour de celui qu'il croyait avoir fait tuer pour prendre son trône. Et à contrario il le présente comme un père aimant, plein de tendresse pour son fils et sa fille adolescents.

De sa plume sublime, il peint également un peuple russe haut en couleur et plein de gouaille, où se côtoient paysans et moines ivrognes, mais aisément manipulable, se laissant berner par un usurpateur.

Modest Mussorgsky, le Dostoïevski de la musique classique, posa dessus un opéra somptueux qui eut les honneurs des plus grands chanteurs russes.

Nastasia-B a fait une critique plus détaillée et excellente de cette pièce, ainsi que des autres oeuvres théâtrales de Pouchkine. Mais l'édition dont je souhaitais parler est celle illustrée par l'artiste russe Boris Vasilyevich Zworykine.

Réfugié en France après la révolution communiste, il fut l'un des fondateurs d'un mouvement culturel pour la renaissance de l'art russe. Il devint célèbre pour ses illustrations de compte populaires, notamment L'oiseau de feu, puis sombra dans l'oubli total avant d'être redécouvert dans les années 80.

Ses magnifiques dessins au style détaillé et flamboyant aident à mieux rentrer dans cette pièce, et cette époque de la Russie qui nous est bien souvent inconnue. Les boyards en caftan devant la cathédrale, les rues animées de la ville en bois qu'était Moscou, les costumes populaires... A défaut de représentations (rares), ils permettent de mieux visualiser le récit.

Pour ceux qui aimeraient découvrir l'opéra, on en trouve des versions tout à fait correctes sur Youtube, notamment une dirigée par le grand chef d'orchestre Claudio Abbado.
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Adieu unité de temps, de lieu et d'espace chères à nos tragédies classiques.

Pouchkine n'en a cure, cela rend toute action invraisemblable, et pour sa pièce, il ne le veut pas.

Pourtant le sujet semblerait tiré par les cheveux s'il n'était pas historique.

L'histoire d'un tsar, Boris Godounov, dépossédé de son trône par un usurpateur. Un moine défroqué prétendant être le prétendant légitime au trône, Dmitri. Pourtant, celui-ci aurait été assassiné à l'âge de 7 ans, certains murmurant même que le tsar serait à l'initiative de cette tragédie.

Courte pièce revenant sur cette événement qui allait ouvrir la période dite du temps des troubles qui, pendant une quinzaine d'années, verra en Russie succession de tsars éphémères.

Ici, le talent de Pouchkine est de donner une épaisseur, une humanité à ce tsar décrié. Boris Godounov est lucide sur le pouvoir, le poids de sa couronne.

L'usurpateur, se faisant appeler Dmitri, est un homme qui ne semble pas pousser par l'ambition mais paraît plutôt pris à son propre piège. La pire des douleurs lui sera infligée non par l'épée mais par l'amour.

Pourtant pas de déclarations de passion perpétuelle, l'objet de son amour, la belle Marina lui offrira une leçon d'ambition.

Pièce sur le pouvoir, sur l'importance du peuple qui peut adouber ou détrôner l'homme le plus puissant de la Russie, dans laquelle les actions se succèdent, Boris Godounov est d'une lecture très distrayante.

Pourtant, je n'ai pas ressenti le même coup de coeur qu'avec, ce qui reste pour moi le chef d'oeuvre de Pouchkine, Alexandre Onéguine.
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Ascension et désillusions se tissent dans cette pièce de théâtre, nouveauté d'un genre encore délaissé en son temps.

L'auteur fait montre de talent et de suspens ainsi sa force de conviction se traduit par ces lignes se faisant ouvrage.

A découvrir sans modération.
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Il est saisissant qu'au règne autoritaire d'Ivan IV le Terrible ait succédé justement une période de trouble telle que la Russie en connut au début du 17ème siècle. le personnage de Boris Godounov, qui fut tsar entre 1598 et 1605, apparaît dans ce drame national comme un personnage clé, car il qui mit fin brutalement à la lignée de Rurik (bien que Vassili Chouïski, qui succéda au faux Dmitri et régna pendant un an, en fit partie) et il échoua à imposer son pouvoir dans la durée. Pire encore pour lui, il fut victime du même mécontentement général dont il avait su profiter, et son rival et successeur usa tout comme lui d'armes déloyales pour accéder au trône. Boris Godounov est un jalon important dans l'histoire de la littérature russe. Écrite en 1825, l'oeuvre marque la naissance d'un théâtre proprement russe qui puise ses modèles dans l'histoire nationale. Si l'autre caractéristique de cette oeuvre marquante pour l'histoire littéraire russe nous est, à nous lecteurs, difficilement accessible - car on touche là aux limites de la traduction ; Pouchkine use de sa langue maternelle d'une telle façon qu'il la fige presque -, il est remarquable que la pièce est animée d'une langue fluide, très agréablement lisible, ce qui accentue son réalisme.

Le sujet est simple : un homme se fait passer pour le tsarévitch Dmitri, fils du tsar Ivan IV le Terrible, pour prétendre à la couronne détenue par Boris Godonouv. Ce dernier est très probablement impliqué dans la mort violence du tsarévitch, intervenue quelques années auparavant. le faux Dmitri, quant à lui, est appuyé par des puissances étrangères (dont la Pologne), par des boyards mécontents du règne de Boris et par le peuple russe. Loin d'adopter l'unité de lieu exigée par le théâtre classique, Pouchkine multiplie les lieux d'action, depuis les palais moscovites jusqu'aux champs de bataille à la frontière polonaise. Plus qu'une tragédie, Boris Godounouv est davantage un drame dont les ressorts apparaissent tant psychologiques que politiques. A travers deux personnages principaux complexes - Boris Godounouv et le faux Dmitri -, Alexandre Pouchkine interroge les thèmes de la légitimité et de l'opportunisme politique.

Qui est légitime pour régner ? D'où provient la légitimité politique ? Délicate question en des temps troublés, lorsque les héritiers d'un tsar tel qu'Ivan IV trépassent (Dmitri) ou paraissent incapables (Fiodor). La légitimité politique semble provenir, pour Boris Godounov, de la loi du plus fort. Il fait assassiner Dmitri, prince héritier. Ce meurtre originel - ou sa suspicion - entache tout le règne de Boris, le rendant responsable de tous les maux de l'empire. Ses propres malheurs familiaux - le veuvage de sa fille - sont imputés à ce crime affreux, car Boris n'a pas seulement fait tuer le tsarévitch : il a aussi fait tuer un enfant, et un saint, si l'on en croit les nombreux miracles qui ont lieu sur son lieu de sépulture. La légitimité de la force physique parait s'effacer peu à peu, malgré les apparences de légalité que Boris tente de donner à son règne. L'hommage formel rendu par les boyards à son fils, Féodor, sera balayé par le coup de force de Dmitri.

Celui-ci argue d'une autre forme de légitimité : la légitimité historique. Moine dans un couvent, celui dont le nom change constamment dans la pièce - Grigori, le faux Dmitri ou l'Usurpateur - passe en Pologne pour s'assurer des soutiens extérieurs : boyards mécontents de la politique de Godounov, roi de Pologne. A l'aide de mercenaires allemands, il remporte une première victoire militaire, est vaincu et, enfin, a la surprise de voir son rival terrassé par un mal étrange. La faveur divine semble avoir choisi son camp. Cette légitimité du faux Dmitri est fausse, naturellement, puisque nul n'est dupe de l'identité véritable de l'usurpateur. Pouchkine montre ainsi les mécanismes de l'opportunisme politique dans le monde très restreint des dirigeants de Moscou. Les princes (dont Chouïski), apeurés par Godounov dont ils ont soutenu le règne - Chouïski a notamment diligenté l'enquête sur la mort de Dimitri -, sont excités par la perspective d'en être les continuateurs (ainsi Basmanov, qui entrevoit la possibilité de succéder à Boris sur le trône de Russie) ou les fossoyeurs. Ainsi que l'indique le faux Dmitri à sa promise, son propre parcours et sa propre usurpation ne sont que les prétextes qui servent aux ennemis de Godounov pour agir. L'opportunisme politique est illustré par la promise du faux Dmitri, Marina, laquelle admet n'avoir d'intérêt pour son futur époux qu'en sa qualité de tsarévitch. L'aveu surprenant fait par le faux Dmitri montre les contradictions de cet homme, dont la posture oscille entre chef militaire et amoureux transi.

La légitimité véritable - car le coup de force est à la longue inutile, car le mensonge historique sert de prétexte à qui veut se venger - provient alors, peut-être, de l'adhésion du peuple. Boris Godounov est acclamé par le peuple, et c'est parce qu'il entend la voix de ce dernier qu'il accepte - l'acceptation est purement formelle, il est vrai, mais l'adhésion populaire est incontournable - la couronne. Les mesures prises par Boris Godounov vexent le peuple, en particulier celles qui définissent la condition paysanne et servile. le faux Dmitri, battu lors de la seconde bataille, sait que le peuple est derrière lui, et à la force militaire vantée par Basmanov, le conseiller Pouchkine oppose celle du soutien populaire. La dernière scène, à cet égard, est parlante, lorsque les soldats exigent du peuple qu'il acclame le nouveau tsar. le peuple parle, même quand il se tait.

La pièce de Pouchkine semble mettre en scène deux hommes dans l'erreur. Les deux poursuivent une chimère nommée pouvoir. Si Boris Godounov affirme, dans l'exercice de son pouvoir, ne pas goûter à la vie comme il l'espérait, le faux Dmitri se trouve dans l'ivresse de la conquête du pouvoir. L'exercice ou la conquête du pouvoir corrompt les hommes, qui guerroient à tout va (le faux Dmitri) ou promettent les châtiments les plus durs à qui les défient (Boris Godounov). A l'inverse de ce comportement public, les deux hommes semblent éprouver les plus vifs sentiments pour leurs proches : Marina, sa promise, pour le faux Dmitri ; sa fille Xenia et son fils Féodor pour Boris. Autre point commun : les deux hommes, s'ils sont craints, ne sont pas respectés. le faux Dmitri est qualifié d'ancien valet par l'un de ses soutiens tandis les bruits de palais accusent et défient Boris Godounov. La filiation avec Shakespeare - que Pouchkine admirait - paraît ici évidente, dans l'imbrication du drame humain et du questionnement politique.
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Il s'agit de la reprise par Pouchkine de l'histoire du tsar Boris Godounov, le premier tsar d'origine tatar, qui est d'abord le conseiller du dernier des tsars de la dynastie des descendants de Rurik. Ce dernier arrive au pouvoir à la suite d'une série d'intrigues et son règne, qui vient peu après celui d'Ivan le Terrible n'est qu'une suite de catastrophes, il ne parvient pas à installer sa dynastie et son fils est renversé par le fameux "faux Dimitri", qui lui aussi fera long feu. La fin de son règne marque le début des "temps des troubles". Cette pièce de théâtre raconte la lutte entre Boris Godounov, qui selon beaucoup, serait parvenu au pouvoir en faisant assassiner l'héritier légitime, Dimitri, et un usurpateur se faisant passer pour Dimitri, qui arrive en Russie vingt ans plus tard pour le renverser. Pour le style, cette pièce a été écrite en vers blancs, qui ne riment pas, mais suivent une certaine métrique.
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