Citations sur La porteuse de mots (31)
[XVe siècle] Grâce à l'innovation apportée par le bouton, et qui permettait d'assembler les vêtements sans qu'on ait plus besoin de les lacer, l'habillage était devenu un jeu d'enfant ; il permettait notamment de changer uniquement une partie d'une tenue, telles les manches, plus vite salies. De là l'expression : "C'est une autre paire de manches". (p. 111)
Au chapitre des Créatures de Dieu [au XVe siècle], les animaux étaient jugés de la même manière qu'un être humain, selon la même procédure, et défendus par des avocats spécialisés qui plaidaient leur cause avec autant de sérieux que s'il s'était agi d'un homme. [...]
Ce jour-là, Maître Chassanée plaidait la cause d'un porc, coupable d'avoir dévoré le bras d'un enfant dans son berceau. Les parents du nourrisson, éplorés, se tenaient sur le banc de droite, le propriétaire de l'animal sur celui de gauche et, à côté de lui, à la barre et maintenu par une laisse, le pourceau accusé, ridicule dans les vêtements d'audience obligatoires dont on l'avait affublé : jupe, veston rouge, coiffe et chaussures.
« Nous avons tous notre boussole ; si elle nous indique la direction à suivre, elle ne transporte personne nulle part et c'est à nos pieds de faire l'effort pour atteindre notre but, patiemment, pas à pas. Le royaume du possible est en chacun de nous à condition que nous le voulions : non par des formules et des bonnes intentions, mais par des actes. Sache que chaque rêve a un prix : celui de l'effort. »
Une mélodie n’est musique que parce qu’elle est composée avec des notes différentes, une alternance de sons doux, de sons forts, ainsi que des silences qui, se liant et se succédant, forment une harmonieuse unité. De même, si notre vie ne se résumait qu’à des choses heureuses, comme un son identique répété à l’infini, à quoi ressemblerait la musique de notre vie ?
je demande l'acquittement de ma cliente, Madame Truie, ici présente. Cette pauvre bête, qui vit à la campagne, n'a reçu aucune instruction. On ne lui a pas non plus enseigné les Saintes Ecritures et par conséquent elle ne peut discerner le bien du mal. Ma cliente ne peut donc être déclarée coupable !
« Trop rigoureux pour persévérer seul dans cet âpre mission, Manuzio comprit rapidement qu'il n'en viendrait à bout qu'en s'adjoignant pour collaborateurs les hommes les plus savants de son époque. Le monde changeait, la science progressait, l'homme n'était plus l'instrument de Dieu mais devenait le centre du monde, l'acteur de sa propre vie. On s'ouvrait sur un nouveau courant de pensée, on redécouvrait les philosophes grecs et romains, et Manuzio eut l'idée de les traduire pour offrir leurs oeuvres au plus grand nombre. »
Certes on peut s'asseoir au pied de la montagne et pleurer sur son triste sort, mais on peut aussi lever la tête et se dire: "là, je suis au plus bas, donc je ne peux que m'élever."
— Ne cesse jamais de rêver, ma fille ! Moi je n’ai pas pu faire mieux que ce que j’ai fait, mais toi, tu peux aller plus loin…
Pernelle lui sourit, puis sourit à son frère. Un peu de chaleur, de joie, illuminèrent leur foyer ce soir-là…
Chapitre 4
Qui t'as mis en tête qu'un jour nous sortirons de notre condition ?
Tout comme l’imprimerie, la médecine va entamer sa révolution à l’époque de Pernelle.
La pratique des soins a longtemps été liée à la religion : on demandait la guérison à Dieu, au Christ ou aux saints protecteurs par des prières ou en faisant bénir des herbes médicinales selon tout un rituel. On appelait cela « la médecine du pauvre », car elle ne coûtait rien et résidait dans l’espérance. Les religieux sont dépositaires du savoir, sont instruits des choses de la médecine mais Dieu reste au centre de tout et la médecine n’évolue pas.
Parallèlement, au XIe siècle, à Salerne (Italie), est née une école de médecine laïque. En France, son équivalent est créé à Montpellier. La renommée de ces écoles grandit grâce à l’ouverture d’esprit de ceux qui y enseignent : ils accueillent des étudiants de toute l’Europe et s’intéressent au savoir des Arabes et des Juifs. Une rivalité naît alors entre la médecine laïque et religieuse. L’Église de Rome empêche Salerne de pratiquer des autopsies et interdit aux religieux d’avoir recours à la chirurgie.
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