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Critique de Bigmammy


Fernand Pouillon a écrit ce roman en prison. Pour tous ceux qui s'intéressent à l'architecture, et comme moi à l'art roman, c'est un livre incontournable. Il est arrivé Ici dans les valises de ma fille architecte. Et je l'ai lu à la suite d'un documentaire récent sur la reconstruction des villes rasées pendant la seconde guerre mondiale, à laquelle Fernand Pouillon a largement contribué : en particulier la reconstruction du quartier du Vieux-Port de Marseille rasé par les Allemands, mais aussi de nombreux logement sociaux …
Guillaume, frère cadet de Hugues II de Balz, écrit la chronique de la construction d'une abbaye cistercienne dont il est le maître d'oeuvre, au creux du vallon du Thoronet, à une journée de marche de Notre Dame de Florielle. Avec ses deux jeunes frères, Bernard et Benoît, moines cisterciens comme lui, ils arrivent sur site le 5 mars 1161. Guillaume va créer, à partir de rien, la plus belle, la plus pure et la plus emblématique des abbayes provençales. Il a déjà édifié nombre de monastères. Il a tout dans la tête mais il faut commencer par essarter, aplanir, et surtout trouver les pierres, les extraire à main d'homme, les transporter, trouver l'argile pour confectionner des tuiles, abattre les arbres pour former les échafaudages, forger les outils.
C'est toute une ville qui, entre prières et privations, s'affaire autour du projet. C'est aussi une troupe d'hommes qu'il faut savoir manager : les spécialistes, les moines, les frères convers. Guillaume est autoritaire. Il impose ses conceptions. Pour l'abbatiale, par exemple, il décide de poser les pierres sans mortier. C'est plus ardu mais beaucoup plus beau. Et puis il y a les accidents, les aléas climatiques, les querelles … Il est difficile à ceux qui ne « transpirent » que des méninges d'être aimés ou respectés des hommes aux mains calleuses …
Pour Guillaume, un chantier est plus long qu'une guerre, moins exaltant, où les batailles sont les dangereuses corvées de tous les jours. Mais la victoire est certaine. Même si, comme Guillaume, beaucoup de ceux qui ont initié le chantier ne verront pas son complet aboutissement.
Un roman très personnel, bien écrit, accessible, qui constitue une réflexion philosophique sur le délire de la création et ses doutes, l'hypnose provoquée par la dominance de l'oeuvre en cours, le respect du module impératif qui règle tout l'édifice, impose la dimension de base, sur la souffrance physique aussi … Une leçon d'humilité et de grandeur.
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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