AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,83

sur 100 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Un roman d'émotions, la passion pour les mots et le vieillissement.

Un amoureux des livres qui lutte contre la mémoire qui fuit, la « maladie d'Eisenhower » comme ils disent.

Une librairie où on va pour l'atmosphère autant que pour les bouquins, une boutique où les best-sellers sont relégués au second plan.

Un jeune homme fraichement sorti de l'université apprendra les métiers des livres avec sa soeur surnommée Mistassini, ou plus simplement Miss, à cause d'un voyage dans le nord du Québec.

Un voyage à Paris, sur les traces d'Hemingway.

Un court roman avec tout le plaisir d'une belle écriture…
Commenter  J’apprécie          370
Au sortir du Vieux-Québec, le regard happé par la vitrine d'un libraire, le jeune Jimmy pousse la porte et entend le murmure des recueils de poésie disséminés ça et là, sans obéir à un quelconque ordre de rangement. L'intérieur de la librairie invite à y paresser, à se réchauffer tout près d'un petit poêle à bois. Jimmy la trouve déconcertante « Parce qu'il n'aimait pas les best-sellers, monsieur Waterman les juchait sur les rayons les plus élevés, à la place des invendus, que la profession appelle des rossignols, et par contre il disposait ceux-ci bien en vue sur le comptoir. »
Déconcertante mais tellement attirante ! Les flammes réconfortantes invitent une foule bigarrée, des auteurs inconnus viennent glisser leurs manuscrits directement sur les étagères et les sans-le-sou peuvent tranquillement y voler quelques titres.
Mais Jack Waterman est un libraire et écrivain qui perd la mémoire.

Ce petit livre nous offre le plaisir de s'émerveiller de la vie en dehors des sentiers battus.
C'est une lecture qui réchauffe malgré le sujet douloureux de la mémoire qui s'octroie certains évènements ou écrits et qui en oublie d'autres. Peu importe le nom qu'on lui donne… La mémoire de Jack réinvente Gabrielle, donne des accès de paranoïa et s'absente de plus en plus souvent.
Dans des petits faits quotidiens anecdotiques se profile une émouvante transmission du métier de libraire, comme le conçoit Jack, mais surtout du métier d'écrivain prônant la sobriété d'écriture et l'amour de la vie.

Une perte pour l'un donnera l'influence nécessaire dans la vie d'un autre pour assurer une continuité dans le bonheur d'écrire.

Cette transmission se fera avant tout dans la chaleur humaine et à travers des lectures innocemment suggérées. En suivant Jimmy, elle nous fera vagabonder jusqu'à Paris, sur les traces d'Hemingway, à la recherche d'images pour nourrir son imagination future. Avec un léger humour très discret, ce jeune homme tentera de suivre les préceptes stoïciens d'Épictète et d'oublier son côté « petite crapule ».
C'est un livre où la tendresse enveloppe : celle qui se diffuse vers le désarroi de Jack mais aussi celle plus déconcertante entre Jimmy et sa soeur Mistassini.
Cette librairie est un antre abritant toute cette tendresse et le chat Charabia, aux miaulements très variés, ne s'y est pas trompé.

Merci, amie babelionaute qui se reconnaîtra, de m'avoir ouvert la porte vers l'univers de Jacques Poulin. J'ai aimé tout le côté sobre, feutré, tendre et pur de son écriture.
Commenter  J’apprécie          275
Il y a de ces livres que nous prenons par hasard, parce que la couverture nous plait et que nous avons déjà lu quelque chose de l'auteur il y a fort longtemps... C'est ce qui m'est arrivé avec Les yeux bleus de Mistassini. de Jacques Poulin, j'avais lu, adolescente, Volkswagen blues, un espèce de Sur la route, mais québécois... et j'avais beaucoup aimé...
Et bien, j'ai été agréablement surprise par cette pioche au hasard. Une histoire sensible, des personnages principaux attachants, une écriture qui se lit presque comme un poème. C'est sans doute pour rappeler le thème de ce roman : l'écriture. En effet, le jeune narrateur, finissant en lettres, a le don d'entendre murmurer les livres de poésie. Il s'en rendra compte en entrant dans une bibliothèque un peu particulière tenue par un vieil écrivant souffrant de la maladie d'Alzheimer. Une rencontre qui changera le cours de son destin. Un livre à lire pour les amoureux des mots, de l'écriture et surtout de la littérature. Vous croiserez dans ce livre Kerouac, Steinberg, Kafka et tutti quanti...
Commenter  J’apprécie          262
Je découvre la littérature québécoise avec ce livre et ce fut un plaisir.
L'écriture fine et sensible de Jacques Poulin est un régal et nous transporte réellement aux côtés des personnages.
Ce livre est une sorte de parcours initiatique pour le narrateur qui découvre peu à peu le monde des livres et de l'écriture.
Les personnages sont attachants, aussi bien le jeune narrateur Jimmy que le vieil écrivain Jack.
C'est également un livre qui donne à réfléchir sur la vieillesse et la perte d'autonomie.
Je ne mets pas une meilleure note pour une seule raison, la relation fusionnelle entre Jimmy et Miss que j'ai trouvé malsaine et qui m'a dérangée tout le long de ma lecture...
Une jolie découverte tout de même, je compte découvrir d'autres livres de Jacques Poulin.
Commenter  J’apprécie          191
Voici un roman qui s'inscrit parfaitement dans le canon de la littérature québécoise. La littérature et, par extension, le monde littéraire, se trouvent d'ailleurs au centre du roman. C'est aussi l'histoire d'un passage à témoin, comment les anciens éclairent la jeunesse et assurent leur relève.

Jack (personnage qui renvoie constamment à l'auteur Jacques Poulain), écrivain et libraire dans le Vieux-Québec embauche Jimmy, jeune diplômé en lettres françaises et anglaises comme "commis". le vieux libraire, atteint de la "maladie d'Eisenhower", trouvera en Jimmy son successeur. Il se prépare à mourir tout en aiguillant Jimmy dans ses pas littéraires. Jimmy lira les livres que Jack laisse sur son passage et partira en voyage en France sous les conseils de Jack. Puis, il y a Mistassini, la petite soeur de Jimmy, qui tient un rôle plutôt symbolique.

Que nous dit Jacques Poulain ? Que la littérature québécoise a besoin de nouveaux auteurs avec la volonté de poursuivre l'héritage, que la littérature québécoise est une littérature américaine (nombreuses références d'auteurs étasuniens) qui aimerait quand même que l'oeil critique français se pose plus souvent sur elle (chapitre: La closerie des lilas) et que malgré l'ouverture d'esprit que procurent les voyages, la littérature québécoise demeure une institution "tricotée serrée" avec un caractère presque incestueux (relation entre Jimmy et sa soeur).

Je pardonne la vision patriarcale à l'auteur. Car finalement, chez Jacques Poulain, la femme n'est plus le personnage qui évoque la terre ou le pays, mais plutôt la liberté et le désir de sortir des conventions.

Commenter  J’apprécie          100
Ce livre m'a fait plusieurs fois songer à « Volkswagen blues » du même auteur, auquel il fait d'ailleurs illusion dans le présent bouquin, tellement certains thèmes y reviennent; écrivain en devenir, relations homme-femme plutôt floues, voyage initiatique plus ou moins raté. Pourtant j'ai bien aimé celui-ci alors que l'autre m'avait plutôt irrité. Car dans ce roman on parle énormément de livres, que ce soit en y faisant apparaître oeuvres et écrivains amplement connus (Carver, Salinger, Stevenson etc.), ou que ce soit par des réflexions bien arrêtées sur l'art d'écrire. La relation équivoque entre Jimmy et sa soeur flirte avec le fantasme d'inceste sans jamais tomber dans le scabreux; cette marche sur le fil du rasoir est en soi fascinante et tant qu'à moi Poulin s'en sort très bien. Pour qui a un proche atteint de la maladie d'Alzheimer, les inquiétudes de Jack éveilleront aussi à coup sûr des scènes malheureusement trop familières. La librairie du Vieux-Québec ressemble à un nid douillet qu'on voudrait rejoindre et pouvoir reproduire à volonté. Et finalement la complicité qui se dessine entre ces deux jeunes et le vieil écrivain est touchante, N'eut été de l'épisode à Paris, passage qui m'a semblé plus faible et inutilement long, ce livre aurait pu être un petit coup de coeur sympathique. Cela reste quand même un livre que j'ai bien aimé.
Commenter  J’apprécie          60
L'histoire est simple. Un jeune étudiant entre par hasard dans une librairie (il a vu « Une histoire de la lecture » de Manguel dans la vitrine). Mais ce n'est pas une librairie comme les autres. Un poêle et des fauteuils permettent aux lecteurs de s'installer et de lire au chaud. Les best-sellers sont bien cachés dans les rayons et ce sont tous les autres livres qui sont sur les tables. Et, à la sortie, certains livres sont faits pour être volés discrètement… Il faut dire que le propriétaire est lui-même un vieil écrivain qui a la passion des livres et de la littérature. Comme il cherche un commis, Jimmy se propose. Et c'est le début d'une belle aventure entre le jeune disciple et le vieil homme qui cherchera à lui transmettre tout son amour des lettres.


En cherchant des renseignements sur Jacques Poulin, j'ai vu que les mêmes thèmes (livres, écriture, tendresse, douleur de vivre) et les mêmes personnages (le jeune Jimmy et le vieil homme Jack Waterman) se retrouvaient dans tous ses livres. Dans celui-ci en tout cas, ce ne sont pas les péripéties qui comptent mais les réflexions des personnages sur eux-mêmes et sur la vie. Beaucoup de tendresse, d'émotion et aussi d'humour permettent de traiter des sujets graves comme les troubles de la vieillesse (Jack a la maladie d'Alzheimer) ou le processus d'écriture. Ce livre est aussi un bel hommage à la littérature avec les références à Hemingway, Salinger, Carver,etc.. Est-ce un roman autobiographique ? En partie probablement .


Une très belle phrase trouvée sur un article consacré à Jacques Poulin définit bien l'atmosphère de ses livres : ses personnages, est-il écrit, « frôlent le bonheur et craignent de s'en approcher de peur qu'il disparaisse ».

Commenter  J’apprécie          52
Jack Waterman est écrivain et libraire dans le Vieux Québec. Sa mémoire commence à lui jouer de sérieux tours et il souhaite passer le relais. Il jette son dévolu sur le jeune Jimmy (souvent accompagné de sa soeur Mistassini). Nous suivons le parcours initiatique du jeune homme qui comporte entre autres un séjour à Paris. Jimmy doit prendre progressivement les rênes de la librairie, une librairie atypique où il est autorisé de voler des livres !

Un petit bémol dans ma lecture, mais accessoire à l'histoire : j'ai trouvé assez surprenante que la relation presque incestueuse de Jimmy avec sa jeune soeur soit présentée comme naturelle. Toutefois, quel bonheur de retrouver la jolie plume de cet auteur québécois et son univers peuplé de chats, d'écrivains et d'amoureux de la littérature !


Lien : http://sylire.over-blog.com/..
Commenter  J’apprécie          50
Dans sa librairie, Jack Waterman fait la part belle aux manuscrits sans éditeurs et aux romans sans succès publics tandis que les best-sellers se perdent au fond des rayonnages. En poussant la porte de la petite boutique du Vieux-Québec, Jimmy ne sait pas encore qu'il va rencontrer l'homme qui transformera sa vie en lui enseignant les métiers de libraire, de traducteur et d'écrivain. A la relation entre ces deux-là, viendra se joindre la soeur de Jimmy, Mistassini, dont le refus des normes et idées reçues s'écrit dans la profondeur de son regard bleu. Ensemble, ils vont accompagner Jack l'écrivain vieillissant dont la maladie « d'Eisenhower » fait disparaître les mots. Lui, en retour, les poussera à vivre plus fort.
Jacques Poulin aime les mots, l'écriture et les livres. Son style sobre, doux et poétique se lit telle une petite chanson qui vous berce. D'Hemingway à Carver en passant par Brassens ou Leclerc, il nous fait partager ses amours littéraires et nous promène du Vieux-Québec à Paris et retour.
Commenter  J’apprécie          40
Un récit doux et touchant qui a pour cadre ce qu'on pourrait appeler une Librairie du coeur où l'oreille de celui qui aime les livres peut entendre le murmure des poètes qui récitent leurs vers . C'est une petite pièce qui accueille autour d'un thé aussi bien ceux qui peuvent acheter un livre que ceux qui ne le peuvent pas. Une parenthèse de sérénité au milieu des bruits et de l'agitation de la grande ville, où les amoureux des livres viennent faire une pause.

Ce récit met en scène et concentre tous ceux qui ont un rapport professionnel avec le livre : auteur, traducteur, éditeur, libraire, journaliste, lecteurs, et même un chat : Charabia
Parmi eux, trois personnages attachants : - Jack Waterman le vieux libraire qui n' a plus qu'  « un contact intermittent avec la réalité » et qui recherche quelqu'un acceptant de lui donner « la petite poussée » qui lui évitera la déchéance . Atteint de ce qu'il appelle « la maladie d'Eisenhower »il est la métaphore de l' écrivain : « celui qui voit ou entend des choses que les autres ne perçoivent pas » - le narrateur qui incarne le fils spirituel du vieux Jack . - Sa soeur Mistassini, à laquelle il voue un amour trouble . : un personnage intermittent, mystérieux, dont la présence et le contact consolent et adoucissent les derniers jours de Jack .

L'ouvrage porte un regard lucide sur le romancier, un regard qui démythifie son travail d'écriture : « les romanciers ne sont pas des créateurs, ils s'inspirent de la réalité, ils la transforment ils ajoutent, …..c'est plutôt du bricolage »

L'auteur propose une définition simple et sobre du bon livre : « Un bon livre, c'est quand on a envie de connaître la fin de l'histoire et qu'on se retient de le faire par crainte de rater les qualités de l'écriture »

Entre tristesse et tendresse , un roman qui réunit autour du livre deux âges de la vie : jeunesse et vieillesse .
Commenter  J’apprécie          20




Lecteurs (185) Voir plus



Quiz Voir plus

Littérature québécoise

Quel est le titre du premier roman canadien-français?

Les anciens canadiens
La terre paternelle
Les rapaillages
L'influence d'un livre
Maria Chapdelaine

18 questions
219 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature québécoise , québec , québécoisCréer un quiz sur ce livre

{* *}