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3,4

sur 1115 notes
Elle, c'est Laure, mariée, deux filles dont l'aînée la « fatigue ». 40 ans, elle est maitre de conférence.
Lui, c'est Clément, célibataire, un chien trouvé gare de l'Est, qu'il a nommé Papa pour emmerder sa mère, 50 ans, bosse pour la Banquise ( avec des pingouins 😁), où il se “géle les c.......”.
Le Clément est un personnage cynique, qui gagne beaucoup de blé dans la finance, regarde beaucoup de YouPorn , s'ennuie et s'en fout de la vie et de tout. La Laure, une femme en manque. La rencontre est à première vue professionnelle, mais ça dégénère, comme on l'imagine. A minuit il lui envoie un sms , « qui es-tu ? », elle répond alors que le mari l'appelle au lit, « j'ai envie de vous ».......
Raconté comme ça, ça semble pire que du Harlequin « hard », mais la forme narrative et l'humour, sont très particuliers chez Maria Pourchet. Deux monologues juxtaposés, Laure se parlant à elle-même à la deuxième personne du singulier avec sa mère en voix Off qui intervient d'outre tombe ( rappelant fortement l'image de la mère de Woody Allen dans New York Stories ), l'Autre s'adressant à son clébard et quelque fois à sa mamôn chiante. Deux personnages peu attachants, peu attrayants, pourtant on ne les lâche pas, du moins les premiers trois-quarts du récit.
Un texte dense, tissé serré où l'écrivaine aligne pensées et faits à la queue leu leu sans respirer, qu'il faut suivre 😁! Une forme, un rythme, que j'ai senti comme la métaphore de nos vies citadines qu'on vit en apnée, entre boulot / famille / dodo / loisirs et autres digressions si le temps permet, pour finalement n'aboutir qu'à l'insatisfaction. Beaucoup de vérités et de subtilités entre les lignes de ce récit riche et intelligent.
Un titre parfait , FEU, qui sied bien au style narratif et au sujet. FEU au c.., car l'amour dans le sens que je l'entends, ici est quasi inexistant. Une forte attraction charnelle pour la Laure ( Dieu sait pourquoi pour cet énergumène fatigué de la vie, qui aimerait probablement être à la place de son chien ), que le Clément d'ailleurs prends au vol car l'occasion se présente, et pas « parce que c'était toi, parce que c'était moi ». Car c'est deux là au fond n'ont rien en commun, sinon une chose : ils ne se comprennent pas et n'ont rien à se dire. Comme dit le Clément ils sont constamment en mode OFF. Et le jour que l'Autre lui sort un "Je t'aime" , le Clement est embarrassé ,"sûrement se dit-on je t'aime pour conjurer l'ennui", pense-t-il.
Autre détail original, les titres de chapitre. Pour Laure , rien, aucun titre. Ceux de Clément, son rapport médical quotidien avec jour, température corporelle, tension artérielle....résumé clinique de la vie d'un type qui semble absent de l'existence, le FEU chez lui étant seulement dans la cuisine.....car même avec le c.. il doit faire des efforts 😁.

Le fond du livre terriblement triste, l'amour, l'amitié, le sexe, les relations familiales...., est sauvé par la forme et l'humour jubilatoire, mais qui vers la fin que j'ai trouvé banale, s'essouffle, l'histoire aussi. Cette passion amoureuse dont parle les critiques malheureusement je n'en ai pas senti une once. Ce qui pourtant n'amenuise pas l'intérêt du livre lu d'une traite, dont l'écriture puissante en est la principale force. Je lui souhaite bonne chance pour les prix Goncourt et Renaudot pour lesquels il est en lice !

Comme le dit si bien ma copine babeliote alexb27 à qui je dois cette lecture, « ça passe ou ça casse ». Chez moi ça a passé assez bien , merci Alex !

"Le pire c'est d'avoir le droit, tous les droits, et demeurer incapable de s'en saisir."
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La romancière Maria Pourchet est en lice pour le prix Goncourt et pour le prix Renaudot avec « Feu », son sixième roman. le sujet, l'adultère et la passion amoureuse, a déjà été traité d'innombrables fois dans tous les styles depuis fort longtemps, donc quoi de nouveau cette fois ? Rien, ou si peu !

C'est l'éternelle histoire de Madame Bovary qui s'ennuie et qui prend un amant. L'histoire d'une rencontre inattendue entre deux personnes qui n'ont en commun que l'ennui et la monotonie de leur existence, l'histoire d‘une passion éphémère entre un cadre dans une banque, en pleine crise existentielle, qui vit seul avec son chien, et une femme mariée, enseignante fatiguée, mère de deux adolescents à problèmes. Chaque chapitre va donner la parole à tour de rôle aux deux personnages sous forme de monologue intérieur, et on comprend vite que cette passion amoureuse est vouée à l'échec même si elle s'accroche à lui comme une bouée, excitée par l'idée d'avoir un amant plus que par l'amant lui-même.

Un roman au ton direct entre causticité et vulgarité et où les effets de style sont répétitifs donc fatiguants. Grande déception pour moi pour ce FEU qui laisse froid, et un avis opposé à la majorité des critiques car je me suis rapidement lassé car gêné par le style haché et décousu auquel je ne me suis jamais adapté. On ne s'attache pas aux personnages trop superficiels, il est vrai que ce n'est certainement pas l'objectif de l'auteure.
J'avoue avoir arrêté ma lecture au milieu de ce roman, que j'ai trouvé ennuyeux, ce qui ne m'était pas arrivé depuis plusieurs années.
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Personne n'aurait parlé de ce livre-là, tout se serait bien passé.
J'aurais lu les trente premières pages, refermé le bouquin et je l'aurais revendu.
Acheté vingt balles, repris cinq, perte sèche.
Pas de chronique, évidemment. Basta.
Au lieu de ça, je l'ai terminé. Mais quelle était cette oeuvre du siècle, portée aux nues, encensée par tous, le Houellebecq féminin disait-on ? D'aucuns criaient au génie, à la merveille, au chef-d'oeuvre. S'ensuivait généralement une avalanche de louanges sur l'écriture (ciselée, vive, etc etc)… Nulle part la passion amoureuse n'avait été évoquée avec autant de puissance, d'intensité. C'était fou, « Feu ». Un prodige.
Il fallait donc le terminer.
Le problème, c'est que dès le début, je n'ai rien compris. Je ne savais pas qui parlait, ni à qui, ni de quoi. Alors, évidemment, ça n'aide pas. le pire étant les passages qui ont lieu dans une banque. Là, c'est d'un chiant absolu, la traversée du désert (un chapitre sur deux presque.)
Bon, j'ai quand même compris qu'une femme Laure (prof de fac, évidemment, elle connaît par coeur Jürgen Habermas - putain la sociologie, ça commence à me gaver ferme!) donc cette Laure aime le gars qui bosse dans la banque. Alors là, pourquoi elle l'aime, j'avoue que j'ai un peu de mal à comprendre : il est moche, maigre, maladif mais surtout très très con, pas sympa et en plus, le seul être qu'il aime, c'est son chien. Bon, c'est sûr, elle, elle fait pas beaucoup plus finaude malgré ses références à Habermas. Donc, elle l'aime, mais franchement, si c'est ça la passion ! Il est bien tiédasse ce feu! Lui, à vrai dire, on comprend pas bien ce qu'il veut, s'il veut ou pas, il hésite (il est minable et pour autant n'a rien de houellebecquien, je vous rassure, non, minable, c'est tout.) On ne ressent aucune empathie pour ce gars (ni pour l'autre gourde d'ailleurs) dont on se fout complètement parce qu'on n'y croit pas une seule seconde à ces deux marionnettes … Plus qu'à deux personnages, Laure et Clément ressemblent à deux concepts fantomatiques, au service d'une vague réflexion sociologique qui n'aboutit qu'à une fin grotesque.
Passons…
Ah si, j'oubliais, elle a une fille, cette Laure, enfin, une ado improbable au langage caricatural qui parle d' « Andromaque » comme aucun ado ne parle en réalité ! (et d'ailleurs, quel ado parle d'Andromaque ?) Franchement, j'avais l'impression de lire un chapitre des « Bolloss des belles-lettres »...
Quant à l'écriture… Une posture, une imposture ? Si on en est là… (entre nous, qu'est-ce que notre époque manque d'ambition quand même!)
Au fait, je vous ai dit que le chien du gars, il s'appelle Papa. Comme c'est rigolo.
Mouais...
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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Clément, feu le Corgi de Michel Houellebecq, donne son prénom au héros de Maria Pourchet, golden boy, 300 kilos euros annuels, membre du CODIR de la Baltique, une institution financière qui heurte l'iceberg des agences de notation.

Papa, Bouvier bernois, compagnon de Clément est le sympathique héros de ce roman. Son maitre, le « je » de ces pages, éternel adolescent célibataire, se laisse mener par Papa et entretient une relation complexe avec Maman retirée en province.

« Je », quinqua-joggeur, obnubilé par ses paramètres vitaux, introduit chacun de ses chapitres par sa fréquence respiratoire, sa fréquence cardiaque, sa tension artérielle et sa température corporelle. Modèle de servilité et du politiquement correct, il caresse les médias en influençant ses inter-relations explicites.

Laure, médiocre Maitre de Conférences à 2000 balles par mois, a oublié les leçons de feu sa mère et feu sa grand mère, et, moderne Marie couche toi là, « siffle et mets les pattes en l'air », résumait Zola. Mère d'une ado Véra, dont elle n'a connu du père que le prénom, « tu » a recomposé sa vie avec Anton et leur fille.

« Tu » rate méthodiquement l'éducation de Véra, lycéenne exaspérante qui devient une emmerdeuse, inquiétée à juste titre par la justice, avant de dériver vers la prostitution occasionnelle.

« Tu » siffles « Je », mets les pattes en l'air, et entame deux cents pages d'adultère, dans un style verbal, haché, parfois aboyé qui peut dérouter le lecteur mais caricature cruellement une langue achevée par le SMS.

Cette tragédie « feel bad » et d'une misogynie assumée s'achève en bucher bestial et inoubliable.

Déroutant, malgré quelques longueurs, « Feu » dessine une critique acide de la start-up nation, des Bobos errants entre Paris et La Défense et jette un regard inversé sur le harcèlement, qui, dans une conjoncture #MeToo, agacera les biens pensant.e.s. mais offre une lecture corrosive et jubilatoire.
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Feu, c'est l'histoire d'un amour, adultère, banal.

Lui vit seul, travaille dans la finance, avec les risques que cela comporte en cette période troublée où de nouveaux objets de consommation, masques et gel, ont fait leur apparition, et se confie à Papa, un bouvier berlinois qui partage son quotidien.

Elle enseigne à l'Université, quand elle n'organise pas le quotidien d'une famille ordinaire, un mari médecin généraliste, une ado rebelle et une gamine.

La rencontre se fait autour d'un projet de colloque, mais la solitude ressentie, l'âge des dernières occasions et un nuage de phéromones volatiles modifie l'essence de leur rapport.

Ce qui crée l'intérêt de ce roman, ce sont la construction et l'écriture.

L'alternance des points de vue crée une dynamique dans le récit et met bien en valeur les enjeux si éloignées qui vouent à l'échec la relation, viciée dès le départ.

Si l'homme s'adresse à son chien, et l'effet comique est réussi, la femme se parle à elle-même, avec le recul que crée le tutoiement, comme si elle se regardait vivre, comme dans une expérience de sortie de son propre corps.

En filigrane, la présence éternelle et plombante des mères, oiseaux de mauvaise augure et génératrices de culpabilité…

Jolie trouvaille que les titres de chapitre qui donnent un bulletin concis de l'état physiologique de l'amant.

Avec un humour parfois un peu cynique, et beaucoup d'esprit, l'auteur signe là un roman qui devrait se distinguer au cours de cette rentrée, et l'efficacité de l'écriture est une belle incitation à revenir sur ses écrits passés.

Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Si la Princesse de Clèves devait revivre, elle s'appellerait Laure. Lui, Duc de Nemours, s'appellerait Clément. Contrairement à son ancêtre littéraire, elle essayerait de passer à l'acte, avec ses moyens féminins, j'ai envie de toi, tu me manques, je t'aime, et même s'il n'a pas envie d'elle, peu importe. Lui, ça ne le passionne pas, ce genre, il n'écoute pas. Il ne peut pas écouter, car il parle à son chien -qu'il appelle Papa, tout un programme, « le goujat, regrette la mère de ta mère au paradis des premières fans du prince Philip »
Dialogue de sourds, donc, l'une qui se parle à elle même, à la seconde personne comme si en réalité celle qui parle, au delà du granit de la tombe, c'est la « mamie au paradis des suppliciées vivantes » qui, la terre entre les dents, lui a bien dit de ne pas aimer, qu'elle n'avait aucun espoir, qu'elle détruisait tout, les coccinelles, les espoirs et son potentiel: elle serait toujours une moins que rien.

Laure passe à l'acte, donc, en dépit de sa mère, qui n'est vraiment pas d'accord,( de toute façon elle n'est d'accord avec rien de que fait et fera sa fille ) de sa grand mère, qui aurait fait chier le prétendant. le passage à l'acte est plus que décevant, sauf qu'elle qui a connu le vide se sent d'un seul coup pleine. Pleine de désir, souvent insatisfait, car il part, n'appelle plus, n'assure pas, peu importe, la transgression plus que l'amour la porte, l'aveugle, lui fait dire des mots d'amour justement, forcer la porte de l'autre, qui la met dehors, sans même écouter ce qu'elle a à dire de vital.

Lui est à genoux- au propre, comme son chien, comme au figuré- malgré son job de rêve où il gagne beaucoup d'argent. Il est en prise à un tribunal intérieur, lui aussi a reçu des mots d'ordre impératif de ne pas être heureux : dès le départ, il n'a pas correspondu à l'idéal masculin, un homme qui part dans les tranchées, qui affronte la guerre, un homme, un vrai.
Même si sa mère vit encore, poursuivant son combat de ne pas être aimée, et ayant ordonné sur son berceau une malédiction obscure et médiévale, il est resté un petit garçon apeuré incapable de supporter ses émotions.
Sa mère est pourtant moins dangereuse que la mère de Laure, car parler depuis le monde des morts est évidemment plus cruel et impactant : Freud est passé par là en nous parlant du deuil pathologique, ou partage et adoption des mots d'ordre du mort, « la haine de soi en héritage ».

Ceci est ma lecture, qui n'engage que moi. (La fin du livre ne m'a pas du tout plu)

Et pourtant, dire que j'ai aimé ce livre est peu, j'ai souligné la moitié des phrases si justes, les remarques profondes, j'ai ri énormément. Et je suis entrée dans cette relation pourtant totalement étrange, de deux personnes qui passent leur temps à se fuir, à ne pas s'aimer, à ne pas se parler et que même le sexe ne réunit pas.

Pour couronner un livre déjà tellement ironique, précieusement écrit, deux pages de grand art, l'analyse d'Andromaque par sa fille plus que rebelle : Andromaque la queen n'a pris que des râteaux, et quand arrive Oreste « O… reste » lui dit elle, bien que le mec soit un queutard, alors elle lui dit « on baise mais avant tu butes Pyrrhus, le fils d'Achille qui lui même a buté Hector, l'ex de la queen.

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Roman après roman, Maria Pourchet s'affirme. J'avais été impressionnée par « Champion », j'ai été éblouie par « Feu ». Je ne lis pas les critiques des autres avant de rédiger la mienne mais là, je suis tombée malencontreusement sur une phrase disant que Maria Pourchet était un Houellebecq féminin. C'est vrai qu'elle a cette même capacité à concentrer l'ait du temps sur un aphorisme. Comme lui, elle évoque mieux que personne la déliquescence du couple (p131), la déréliction du businessman (« Elle va me quitter, je pleurerai un hiver maximum, je dormirai au bureau, je serai l'employé du mois »), l'absurdité de la société de consommation (p39), la misère sexuelle, le mensonge (« Tu es comme toutes les autres. Tu t'imposes, faute de morale, des limites ») ou la dépendance à l'alcool et aux médocs. Chez elle, un peu de cynisme, beaucoup de pragmatisme, ravageur, souvent hilarant (« Apprends-lui simplement à faire sauter les boutons-pressions d'une seule main, la vie est courte et Roland Barthes inutile »).
Mais à la différence de Houellebecq, Maria Pourchet aime son prochain (et peu m'importe si c'est faux, c'est moi la lectrice, je crois ce que je veux). Elle passe de la peau d'un homme à celle d'une femme avec la même sincérité, avec l'exigence de restituer cet amour bancal et fou qui les consume. Je crois à l'amour de Pourchet ; j'ai cessé de croire à celui de Houellebecq, qu'il nous présente depuis toujours comme un dérèglement hormonal.
Un roman est bon parce qu'il éveille en nous, bien des années plus tard, des scènes culte, des « marqueurs », comme diraient les désabusés du marketing. « Feu » n'en manque pas : la débandade de Clément, les happenings de la fille de Laure à l'école, la séance au Champollion, l'exégèse d'Andromaque… Et cette fin... Chienne de vie !
Bilan : 🌹🌹🌹
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Il y a en effet le feu dans ce roman. le feu de la passion, des corps qui se reconnaissent, du désir sans fin. le feu de l'attente, de la mésentente, de l'amour incompris. le feu enfin de la plume, saccadée, directe, épurée. Urgente. Sans fard.
Entre Laure et Clément, c'est le feu sacré. Un amour qui consume.
Une histoire incandescente.
Et un ❤️pour la lectrice que je suis.
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C'est l'histoire d'un amour improbable, celui de Laure et Clément.
Ces deux-là n'auraient jamais dû se rencontrer, ni se plaire, tant ils sont dissemblables, mais lorsque l'amour s'en mêle…
Elle, prof de fac, mariée et mère de famille s'accommode du ronron de sa vie avec Anton le père d'Anna. On ne sait rien du géniteur de Véra, son ainée « Une fillette née sans trace. Pas même d'un amour, pas même d'une rencontre. D'un coup de vent. »
Lui, travaille dans la finance, il vit avec un Bouvier bernois qui pue et qu'il a appelé Papa, pour emmerder sa mère. Des aventures sans lendemain, parfois tarifées lui paraissent amplement suffisantes.
Ils vont s'aimer passionnément, souffrir terriblement, pleurer amèrement, mais vivre enfin, malgré le prix à payer.
On comprend très vite, à travers l'écriture brutale et minimaliste de Maria Pourchet que nous n'allons pas lire une bluette pour midinette romantique.
Je ne connaissais pas Maria Pourchet, grâce à ce roman, j'ai adoré la découvrir.
Ces personnages ne sont pas franchement sympathiques, mais je les ai aimés avec leurs défauts, leurs doutes, leur passion. Ils sont minutieusement décrits. L'auteure a dû beaucoup les aimer pour leur donner une telle incandescence.
« Feu » est un roman tout à fait original, non pas par l'histoire ô combien banale, mais par ce que l'auteur en fait. « Feu » est à lire pour l'audace de l'écriture qui peut déplaire, tant elle est brute, mais pour ma part, j'ai totalement adhéré.
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Boy Meets Girl, et on est à Paris en 2021.
Le Boy a 50 ans, il occupe un poste élevé à la "Banquise", ainsi qu'il appelle la banque dans laquelle il travaille à la Défense. Il vit avec son chien nommé Papa, n'a toujours pas résolu ses problèmes avec sa mère, et erre dans sa vie "quelque part entre s'en foutre et en crever." La Girl a 41 ans, elle est prof de fac, mariée, deux enfants, et elle élabore des dialogues intérieurs avec sa mère et sa grand-mère décédées. Entre eux, une rencontre, puis l'interdit et le secret, mais un secret condamné : "Je ne suis jamais qu'une plaque de verglas sur ta route, et toi tu souris, tu prétends savoir tomber."

Histoire d'un adultère donc, et tout y est si douloureux ! J'ai été très touchée par l'accablement et le désespoir qui imprègnent ces personnages, leur incapacité à être heureux. Mais Maria Pourchet dresse également un portrait très juste de la France contemporaine, entre perte de repères et revendications nouvelles, et tous ces vides et solitudes qu'il faut bien combler, mais comment ?
Ce n'est pas le roman le plus gai que j'aie lu, mais il m'a happée dès les premières pages, avec son alternance de points de vue selon les chapitres. L'histoire est narrée par l'un et l'autre personnage, et l'on bascule entre le "je" désabusé de Clément, et le "tu" consterné de Laure. Bien que le récit soit court, le style est très dense et nécessite une lecture attentive, d'autant que Maria Pourchet dissèque les sentiments et émotions avec une précision et une acuité qui font mal, ses phrases sont comme des aiguilles qui se fichent dans la peau.

C'est donc un roman qui m'a fortement impressionnée par son concentré de puissance et sa finesse asphyxiante. Et c'est surtout un auteur dont je vais approfondir la découverte, tant sous son allure chétive et son écriture soignée, Maria Pourchet balance des directs qui coupent le souffle.
Forcément intéressant.
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