Clément,
feu le Corgi de
Michel Houellebecq, donne son prénom au héros de
Maria Pourchet, golden boy, 300 kilos euros annuels, membre du CODIR de la Baltique, une institution financière qui heurte l'iceberg des agences de notation.
Papa, Bouvier bernois, compagnon de Clément est le sympathique héros de ce roman. Son maitre, le « je » de ces pages, éternel adolescent célibataire, se laisse mener par Papa et entretient une relation complexe avec Maman retirée en province.
« Je », quinqua-joggeur, obnubilé par ses paramètres vitaux, introduit chacun de ses chapitres par sa fréquence respiratoire, sa fréquence cardiaque, sa tension artérielle et sa température corporelle. Modèle de servilité et du politiquement correct, il caresse les médias en influençant ses inter-relations explicites.
Laure, médiocre Maitre de Conférences à 2000 balles par mois, a oublié les leçons de
feu sa mère et
feu sa grand mère, et, moderne Marie couche toi là, « siffle et mets les pattes en l'air », résumait
Zola. Mère d'une ado Véra, dont elle n'a connu du père que le prénom, « tu » a recomposé sa vie avec Anton et leur fille.
« Tu » rate méthodiquement l'éducation de Véra, lycéenne exaspérante qui devient une emmerdeuse, inquiétée à juste titre par la justice, avant de dériver vers la prostitution occasionnelle.
« Tu » siffles « Je », mets les pattes en l'air, et entame deux cents pages d'adultère, dans un style verbal, haché, parfois aboyé qui peut dérouter le lecteur mais caricature cruellement une langue achevée par le SMS.
Cette tragédie « feel bad » et d'une misogynie assumée s'achève en bucher bestial et inoubliable.
Déroutant, malgré quelques longueurs, «
Feu » dessine une critique acide de la start-up nation, des Bobos errants entre
Paris et La Défense et jette un regard inversé sur le harcèlement, qui, dans une conjoncture #MeToo, agacera les biens pensant.e.s. mais offre une lecture corrosive et jubilatoire.