Le titre attire l'oeil : l'exotisme du prénom avec son accentué et le mystère qu'évoque le patronyme, voilé d'un possible mutisme sont prometteurs.
Reconstituer une biographie à partir de quelques documents énigmatiques et des témoignages nébuleux et invérifiables, passés à travers le sas d'une mémoire infidèle est pourtant une tendance en vogue en littérature contemporaine.
On découvre donc avec les premières chapitres que la narratrice Cléo ressent la nécessité d'élucider les circonstances de l'émigration de son grand-père, Adrián Silencio, qui a fui l'Espagne fasciste en 1936. Quelques photos, des lettres, des documents officiels classés dans un cartable de cuir sont le point de départ de récit.
Est-ce en raison du peu de matière à traiter, car l'histoire est au final assez banale, et le fait que le grand-père fut un musicien doué n'est pas suffisant pour créer la fascination? le récit se perd en conjectures et en introspection spéculative, et devient vite lassant. C'est dommage car la démarche est louable et la quête obstinée des origines aboutit à une issue plutôt réjouissante.
Pas question non plus de pointer la responsabilité de écriture , car celle ci est empreinte d'une belle sensibilité et une maitrise de l'art de trouver la formule.
Ce récit trouvera sûrement son lectorat, dont je ne fais pas partie, à mon grand regret.
#HistoireDadriánSilencio #NetGalleyFrancer
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Adriano Silencio c'est le grand père espagnol de l'auteur , exilé comme de nombreux espagnols après la défaite du camp républicain.
Toute sa vie est contenue dans un vieux cartable en cuir qu'il a lui même trouvé un jour dans le métro , sa femme et ses enfants n'ont jamais osé l'ouvrir pressentant un secret de famille qui les dépasserait , leur ferait du mal
Et puis un jour c'est la petite fille qui ouvrira ce cartable , le temps est venu de l'ouvrir .
Très beau livre sur les secrets de famille , sur ce qui est caché , dont on ne parle jamais pour éloigner la souffrance pense - t - on et pourtant les dégâts sont bien présents , mal être inexplicable qui se transmet de génération en génération.
Il faudra l'exil à New York pour enfin lire les documents , photos que reposent depuis si longtemps dans le cartable de l'aïeul car dans cette famille on ne parle pas , ce qu'on ne dit pas n'existe pas .
Livre touchant , émouvant par son sujet , sur la famille et ses secrets mais simplement aussi sur ses failles .
Livre intime et universel à la fois car les histoires de familles nous concernent tous .
Belle démarche de l'auteur qui a pu aller jusqu'au bout malgré les réticences .
L'écriture très belle également, je voulais le souligner .
Belle lecture .
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Cléo, une jeune femme qui se raconte à travers l'histoire de son grand père Adrian, voilà le tout premier roman d'Éléonore Pourriat.
Elle nous confie avoir 7 ans quand il quittait ce monde, ne l'a donc que très peu connu, sa maman lui en a presque jamais parlé. Silence. Non-dit. Cléo, elle, il lui manque quelque chose, elle veut connaître cette origine du côté de sa mère et décide de se lancer corps et âme dans cette quête à la recherche de cet homme, musicien professionnel, espagnol né en juin 1903.
C'est une cousine de de sa grand mère qu'elle va tout d'abord rencontrer, Solange. Celle-ci va l'éclairer sur le passé de sa grand-mère, son enfance, sa jeunesse et ce grand amour avec Adrian, qui lui est à Paris après avoir fui son pays sous Franco. Et puis elle révèle une autre vie d'Adrian, celle d'avant, celle vécue en Espagne, puisqu'un jour, un jeune homme vient à la rencontre de la nouvelle petite famille, c'est le fils d'Adrian.
L'enquête de Cléo va ensuite lui faire rencontrer son oncle, jumeau de sa mère, Vivo, qui lui, va lui conter ce qu'il croit savoir.
Et puis elle sait qu'un cartable existe, appartenant à son grand-père. Elle va demander à sa mère de le voir et de l'ouvrir.
Que va t-elle découvrir de plus ? Un extrait du registre des actes de mariage ... Un choc !
Il est trop tard pour revenir en arrière, il faut avancer désormais et Cléo poursuit inlassablement ses recherches. Tout en se posant une question essentielle qui est : Ais-je le droit ?
En effet, est-il bon de déterrer ainsi les souvenirs d'un homme qui fut mari, père, amant, grand-père. Un homme qui a caché ce passé, enseveli sous un silences pesant ?
Va t-elle parvenir à bâtir un pont entre les deux pays l'Espagne et la France, les descendances, va t'elle parvenir à retrouver des liens, des membres de cette famille espagnole tombée dans l'oubli ? Et puis est-ce si nécessaire quand ce désir appartient à une seule personne, comment sa propre famille peut réagir ? Vous découvrirez tout cela en lisant l'Histoire d'Adrian Silencio Diaz.
C'est une histoire familiale intense, une enquête sur cet homme exilé, ayant fui la guerre, ce qui n'est pas sans faire écho à tous ces gens aujourd'hui qui fuient leurs pays.
Malgré le fait que l'auteure soit parvenu à trouver les mots justes, ses personnages manquent d'émotion, pourtant elle est bien là l'émotion, mais personnellement je n'ai pas vibré pour les personnages très attachants pourtant. J'ai eu un sentiment de lenteur, des pages et des pages pendant lesquelles rien se déroule, un peu à regret dans la construction du roman.
#HistoireDadriánSilencio #NetGalleyFrance
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Histoire d'Adrian Silencio Eléonore Pourriat J.C Lattès août 2019
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"Qui était Adrián Silencio, le grand-père de Cléo ? Un musicien. Un réfugié du régime franquiste. Oui mais encore ? Cléo ne sait rien de ses ancêtres, tout le monde autour d'elle s'étant employé à se taire."
Ce sont ces quelques mots en 4ème de couverture qui m'ont incitée à tourner la première page. J'ai donc fait la connaissance de Cléo, de Tina sa mère et d'un cartable usé . C'est là qu'Adrian "l'abuelo" a conservé précieusement papiers, documents administratifs, quelques souvenirs, quelques photographies et deux ou trois lettres. c'est cet homme que Cléo veut découvrir rompant ainsi le silence de 3 générations. C'est de New-York que Cléo va partir en quête, remontant à tâtons les chemins escarpés de la mémoire.
Si je peux comprendre la démarche individuelle de quête d'identité, de recherche d'origine, d'appétence à retrouver les membres d'une famille dispersée, si je peux également comprendre le besoin irrépressible de mettre noir sur blanc cette remontée dans le temps , je m'interroge sur la nécessité de les publier. Un ressenti mitigé donc, une histoire unique pour ceux qu'elle concerne, du déjà vu pour l' étrangère que je suis. Une publication dans l'air du temps sans plus.
Un grand merci aux éditions J.C Lattès pour ce partage.
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Quand on m’a dit que j’étais « courageuse » de partir m’installer ailleurs, j’ai ricané : quel courage peut-il y avoir à partir à l’aventure vers d’autres horizons ? Risquer de ne pas atteindre les objectifs professionnels escomptés, oui, mais toujours avoir la possibilité de revenir. Adrián, lui, n’a pas le choix. Dans les remarques des uns et des autres, j’entendais finalement que le simple fait de rompre avec ses habitudes est courageux.
Se taire pour ne pas attirer l'attention des voisins, de la milice. Se taire pour ne pas se retrouver couverte de honte aux yeux de tous parce qu'elle était une salope qui couchait avec un étranger, un bolchevique, qui de surcroît ne pouvait pas l'épouser parce qu'il était déjà marié, parce qu'il avait l'âge d'être son père, parce qu'il avait déjà des enfants, légitimes ceux-là, contrairement aux trois bâtards à qui elle allait donner le jour. Se taire pour ne pas s'attirer les représailles des hypocrites, des malintentionnés, des racistes, des bigots. Se taire était devenu un mode de vie et se transformerait en atavisme : le silence en héritage, transmis de génération en génération, tare honteuse, gène dominant.
Ici à New York , quand tu écris , tu ne dis pas : ´je veux écrire ´ ou ´j’essaye d'écrire´, mais ´I’m a writer , je suis une auteure ´. Quand tu décides d’être quelqu’un , tu l’es . Droit au but .
J’ai été élevée par des jeunes gens qui cultivaient l’idée d’appartenir à une génération spontanée, d’avoir pour ancêtres leurs contemporains, les penseurs de leur révolution. L’héritage, c’était bourgeois, il fallait dépoussiérer les commodes de la vieille France gaulliste. Mes parents étaient en prise avec l’époque, et le mouvement du vaste monde était plus fort qu’eux. En manque d’air, ils ne pouvaient imaginer que leurs enfants chercheraient un jour ces amarres qu’ils étaient en train de larguer. C’était même le cadet de leurs soucis. Ils se libéraient du carcan de la tradition, ce qui était censé nous rendre libres à notre tour, nous les enfants de saint Soixante-Huit, et qui m’a pourtant précipitée dans un profond désarroi. Aucun îlot à l’horizon. Il allait falloir ramer…
.. moi (...)Je dois aussi réparer mes morts, leur donner figure humaine, pour que les vivants m' apaisent plutôt qu'ils ne m' effraient, m' allègent plutôt qu' ils ne lestent, m' obligeant à traverser l'existence en trainant la patte, la jambe lourde comme un membre engourdi ou une greffe qui n'aurait pas pris.
Podcast Parole d'écrivain par Sarah Masson - Saison 3 Episode 3 - Éléonore Pourriat