AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,73

sur 335 notes
5
10 avis
4
8 avis
3
10 avis
2
3 avis
1
0 avis
Quand le train ou le métro dans lequel on voyage s'arrête longuement entre deux gares ou stations, et qu'on finit par entendre l'euphémisme 'incident de voyageur', on peut pester parce qu'on va être en retard. On peut aussi penser, tous poils debout d'effroi, aux proches qui vont apprendre la terrible nouvelle, et au désespoir, en amont, si ledit 'incident' était volontaire...
.
Ce roman de JB Pouy s'ouvre donc sur ce genre de "petit aléa" du métier de conducteur de train, dont on se demande comment le cheminot peut se remettre, et qui pour moi justifie largement une retraite à 55 ans.
Heureusement, le ton Pouy arrive à la vitesse d'un Corail au galop, et l'on se détend au bout de quelques pages, grand sourire aux lèvres, qui ne nous lâche guère (sauf pour rire franchement) car les jeux de mots, clins d'oeil, reparties et images amusantes s'enchaînent. On sent que ça va être un bon cru.
Pour une fois, l'intrigue m'a intéressée, presque jusqu'à la fin un peu trop action - mais on est dans la parodie du justicier testostéroné, je suppose.
.
C'est dans ce roman que j'ai fait connaissance avec le Poulpe, personnage sympathique et cool, que je n'ai pas pu m'empêcher d'associer à l'auteur, bien que leurs silhouettes soient très différentes.
« Car c'était ça, Gabriel. Pas le vengeur masqué. Simplement quelqu'un qui contrebalançait la vacherie du monde en tatanant quelques indélicats, en remettant des salauds sur le chemin de la rédemption, en expérimentant une technique toute personnelle de reprise individuelle. »
.
Le Poulpe est une série comptant près de 300 o(cto)pus. On y retrouve Gabriel, forcément, mais les auteurs changent à chaque numéro, et j'ai lu que ce premier était le meilleur.
Plutôt que de suivre Gabriel, je vais donc continuer à découvrir JB Pouy, parce qu'il est drôle, n'aime pas les cathos intégristes... et écrit de jolies scènes d'amour. Tout pour (me) plaire ! ♥
Commenter  J’apprécie          384
Faut-il encore présenter le poulpe ? Cet animal, ou plutôt ce céphalopode biturique, se caractérise par ses longs membres et sa grande intelligence. le mot « poulpe » vient du grec polypous, qui signifie « plusieurs pieds ». Il est réintroduit en 1995 dans la langue française par Jean-Bernard Pouy dans son roman La petite écuyère a cafté.

Doublant sa vessie presque toutes les trois heures à l'apéro le poulpe est doté d'un féroce appétit. Surtout friand de bières belges, il ne dédaigne cependant pas une petite stout de temps à autre. La bouche qui s'ouvre entre les tentacules, laisse paraître un gosier souvent raviné par la soif. En matière de reproduction, la copulation du poulpe peut durer de une à plusieurs heures.

Grâce à l'homochromie et de faux papiers l'animal peut changer la couleur et la structure de sa peau en fonction de son humeur et de son environnement immédiat. le poulpe fait preuve d'une intelligence étonnante pour un invertébré. Il serait capable de déduction, de mémorisation et d'apprentissage. Il n'hésite pas pour parfaire ses déguisements à ingérer quelques extraits d'encyclopédies pour donner le change, le cas échéant. En temps normal, il chasse en se déplaçant plutôt au ras du sol, qu'il effleure à peine de la pointe de ses tentacules. Naviguant dans les bas-fonds sans jamais se laisser corrompre, il cherche à confondre l'être humain dans ses penchants les plus sordides.

L'animal peut malgré tout entretenir une relation amicale avec l'homme. Il arrive qu'il tienne compagnie et même jouent avec des plongeurs, des barmans et peut pousser le vice jusqu'à côtoyer des dessalées, pour reprendre Artistide Bruant qui nomme ainsi les dames de petite vertu.

En gastronomie, s'il ne faut pas le confondre avec le calamar, sa préparation est similaire au San Antonio. Les amateurs de ce dernier retrouveront le goût prononcé qu'ils apprécient tant, quant aux autres …
Commenter  J’apprécie          366
Jean-Bernard Pouy lance la série "Le Poulpe" avec "La petite écuyère a cafté" en 1995 ; premier roman des aventures de Gabriel Lecouvreur, dit le Poulpe à cause de ses longs bras tentaculaires.
Le poulpe n'est pas un justicier mais il aime fourrer son nez un peu partout, et connaître la vérité sur ces faits divers dont les journaux sont friands.
C'est dans son rade préféré de Paris, son pied-à-terre, "Au pied de porc à la Sainte-Scolasse", que Gabriel entend parler de ce suicide sous le train. le suicide de deux adolescents menottés au rails d'un chemin de fer et écrasés sous un train. Seulement Gabriel n'y croit pas une seule seconde, à cette théorie du suicide, à cette lettre d'adieu laissée par les deux petits jeunes. Il flaire une saloperie, un double meurtre camouflé. le Poulpe veut savoir la vérité. Il part alors pour Dieppe en Normandie, le théâtre des évènements. Avec ses méthodes peu orthodoxes, voire même criminelles, Gabriel enquête.
Un roman noir de grande qualité qui marque le début d'une série passionnante, le principe étant : un livre, un auteur, un titre qui joue sur les mots. Tous les romans du poulpe ne se valent pas, et s'il n'y en avait qu'un à lire c'est incontestablement celui-ci.
Commenter  J’apprécie          360
Quel projet original ! Il y a vingt-cinq ans, la Baleine, une maison d'édition tout juste créée, se lançait dans un projet novateur : "le Poulpe". L'idée était de lancer une collection de polars conçue autour de personnages récurrents et respectant des règles d'écriture. Une série de plus, oui, mais ici l'auteur change à chaque épisode. Ce qui donne une production hétéroclite et inégale. C'est de la littérature de gare qui s'assume comme telle puisqu'elle s'inscrit dans le registre du pulp (Poulpe).
Gabriel Lecouvreur, le protagoniste, n'est ni un policier, ni un détective, ni un journaliste, ni un justicier, ni un…. En fait qui est-il ? le Poulpe est un anar affranchi de toutes les conventions matérielles. Il n'a pas de chez lui, préférant dormir dans des hôtels, ne travaille pas vivant d'une petite rente et utilise différentes identités. Sa seule routine est de se rendre chaque matin au «Pied de porc à la Sainte-Scolasse», le bistro de son ami Gérard, situé avenue Ledru-Rollin à Paris. Il y prend son petit-déjeuner en lisant les faits divers du Parisien libéré. Un article peut attirer son attention sans que l'on sache pourquoi celui-ci et pas un autre. Et le voilà parti sur les lieux du drame pour mettre son nez dans une histoire louche. « La petite écuyère a cafté » ouvre la collection et en pose les principes. le Poulpe se rend à Dieppe où un jeune couple menotté aux rails a été écrasé par un train. L'horreur ! Sur place, Gabriel va avoir fort affaire avec une famille bourgeoise tendance catho intégriste… Cela sera pour lui l'occasion de mettre un coup de pied (jouissif) dans ce milieu bien rassis. le Poulpe… Un héros attachant, une histoire plaisante et une collection originale. Je compte bien piocher de temps en temps dans la série pour déguster une des variantes de ce mollusque.
Commenter  J’apprécie          340
La lecture de la chronique de KiriHara m'a poussé à lire le premier Opus de la série le Poulpe, lecture que j'avais longtemps repoussée au profit de romans du haut de ma PAL.
Pour planter le décor dans lequel devra évoluer Gabriel Lecouvreur, Jean-Bernard Pouy convoque les fantômes d'une génération (disparue, perdue ?).
La guerre d'Espagne. le Polikarpov 15, avion soviétique utilisé par les républicains espagnols. Pedro l'anarchiste anti-Franco reconverti dans les faux papiers. le bistrot parisien, à la fois bar et restaurant de midi dans lequel les habitués aux options politiques souvent opposées débattent avec respect. Les Haïkus de Bashuo Matho. La Twingo violette et la blague les habits ça sert d'auto. La formule « Lundi c'est Ravioli. ». Little Bob Story, Too young to love me. La province endormie réceptacle des penchants les plus sombres d'activistes sociologiquement sur le déclin. Les huitres. le SCALP et la lutte contre l'extrême droite. le prestige du savoir et l'autorité qu'il confère, surtout la sociologie et le CNRS. le 11ème arrondissement de Paris avant les Bobos. Les Punks sympathiques. La vie sans le Web. Les vacances au Tréport. « La chambre d'hôtel spacieuse, agréable, tranquille. ». le 102 (double Pastis 51). La chanson Zorro est arrivé.
L'enquête menée par Gabriel importe peu, elle n'est là que l'occasion de donner un cadre afin de déployer la mythologie poulpienne pour notre plus grande joie.
Ce personnage, improbable, est une revanche sur tout ce que la société impose à nos rêves. Gabriel se démarque du personnage du détective qu'il soit Maigret, San Antonio ou Adamsberg. Lui n'a qu'une morale, celle du redresseur de torts, hédoniste et épicurien, à la Lupin, celui que nous rêvons d'être et que nous ne serons jamais.
« Et moi je suis Zorro » dit Gabriel.
Un grand moment de lecture et de plaisir :
« le jeune le regarda comme si on venait de lui dire que Balladur reformait Nirvana. »
« On appelle ça le syndrome négativo-rimbaldien. »
« Allez le baba ! Une deux, une deux ! Les chèvres t'attendent ! Au boulot ! »
« A bientôt, le Poulpe…Que Saint-Jambon te protège… »

Lien : https://camalonga.wordpress...
Commenter  J’apprécie          232
'La petite écuyère a cafté' de Jean-Bernard Pouy est un roman policier inaugural de la collection 'Le Poulpe'. Les différents auteurs de la collection mettent en scène le même personnage, un détective en free-lance surnommé 'le poulpe' en raison de la longueur de ses bras qui évoquerait les tentacules de cet animal.

Dire que le roman débute sur les chapeaux de roues serait inapproprié, puisqu'au contraire il commence sous des roues d'un train, pour les deux victimes !
Le Poulpe quant à lui évoque un Zorro des temps modernes, justicier solitaire indépendant, mais qui aurait remplacé le magnifique cheval Tornado par un crapaud (comprenez par là une Twingo 1e génération, faisant penser à cet animal).
Inutile de préciser que Pouy ne se prend pas au sérieux. Il ne s'est cependant pas dispensé d'une intrigue, simple mais qui tient la route.
Les catholiques intégristes sont peints tels qu'ils sont : des gens intolérants qui voudraient dicter aux autres comment ils doivent se comporter, et ce au nom d'hypothèses aussi fumeuses que les pétoires utilisées par le Poulpe !

Excellent divertissement.
Commenter  J’apprécie          210
Le bien nommé Jean-Bernard Pouy est le créateur de ce génial et atypique personnage qu'est Gabriel Lecouvreur dit "Le poulpe", qui s'attache à enquêter sur des faits divers qu'il découvre dans les journaux et dont les conclusions lui semblent hatives ou douteuses. A Dieppe, deux adolescents sont retrouvés écrabouiller par un train, les mains attachés aux rails, l'enquête conclut à un suicide. le grand échalas se rend sur les lieux bien décider à éclaircir les zones d'ombre qui l'interpellent.
Un polar rondement mené, avec un sens de la dérision de l'humour (le titre en est le parfait exemple) dont Pouy est un adepte, font que l'on passe un excellent moment et que ce premier opus est une vraie réussite.
Le personnage de Lecouvreur est ensuite repris par d'autres auteurs pour de nouvelles aventures. Et comme le dit si poétiquement Pouy : "Un titre à la con, une couverture couleur et un prix qui ne dépasse pas quarante francs (pardon 6€ et quelques), ça si c'est pas idée géniale.
Commenter  J’apprécie          190
Ah ! quel bonheur de retrouver la verve de JB Pouy , ce vieux Papou n'a rien perdu de son burlesque , c'est le retour des tontons flingueurs , le langage des fleuristes ou des malfrats mâtiné d'un limonadier analphabète .
C'est le retour d'Antoine Blondin et de Michel Audiard,
L'intrigue commence avec L'automoteur 89931 , départ Rouen 22h04 et se termine avec le grand Roux et son blouson vert sur une voie pas électrifiée , allongé en travers des rails .
Mais le sel de cette nouvelle aventure du poulpe , c'est la saveur des dialogues et les nombreuses gorgées de bières et pas seulement une dernière , un panel houblonnesque de belle qualité .
Commenter  J’apprécie          163
il m'est impossible de résister à un bon jeu de mots ; aussi, comment aurais-je pu passer à côté de celui du titre du roman de Jean-Bernard Pouy, le premier opus des aventures du "Poulpe".

"Le Poulpe", je ne le connaissais, jusqu'ici, qu'à travers le film éponyme tiré de la saga avec Jean-Pierre Daroussin dans le rôle titre. Un film que j'avais beaucoup aimé mais qui ne m'avait, curieusement, jamais poussé à lire, au moins, l'un des livres dont il était tiré.

Voilà qui est chose faite et, pour première expérience avec ce personnage, autant lire sa première aventure.

Il est important de préciser qu'il s'agit, là, de sa première aventure, car on ne le devine pas au départ, tant le roman ne cherche pas à présenter son personnage.

L'auteur ne cherche, d'ailleurs, pas à faire dans l'extension (qui est assez fréquente auprès des auteurs de polars un peu réputés. Oui, c'est à toi que je m'adresse Monsieur Grangé). Aussi, plutôt que de digresser pour faire progresser son histoire sur près de 600 pages, l'homme préfère aller droit au but pour ne pas dépasser les 100 pages. Petite histoire, petit format, petit prix, mais plaisir maximum.

Gabriel Lecouvreur est un personnage énigmatique, même pour le patron du bistrot du 11ème qu'il fréquente, tous les matins, en lisant son journal. Parfois, une affaire lui fait de l'oeil et il disparaît, plusieurs jours, pour la résoudre sans qu'il soit, pour autant, flic ou détective privé. Il n'est même commandité par personne. Il débarque sur les lieux, secoue le cocotier et essaye de gagner sa croûte sur le dos de l'un ou de l'autre des protagonistes. Son surnom ? le poulpe, à cause de ses grands bras. L'homme aux épaules larges sait manier ses battoirs ainsi que les armes et a la mandale plus facile que le compliment.
Ce matin, c'est un article sur le double suicide de deux jeunes des environs de Dieppe qui attire son regard. Se suicider, quand on a 17 et 19 ans, passe encore, mais se menotter à des rails de chemins de fer et avaler la clef pour se laisser écraser par le train à venir, voilà qui ne colle pas vraiment.

Aussi, Gabriel part illico pour Dieppe et va être confronté à une histoire glauque dans laquelle un fils de prolo tombe amoureux d'une jeune bourgeoise. Les deux tourtereaux se suicident après avoir laissé une lettre d'adieu. Tout est trop beau, Gabriel décide, alors, de donner un coup de pied à la fourmilière pour voir ce qu'il se passe et, il va s'en passer des choses.

Jean-Bernard Pouy, né en 1946, est un amoureux des mots, des jeux de mots et des contraintes. Adepte de l'Oulipo, du Cadavre exquis, il aime également initier des séries, dont celle du "Poulpe", mais également, "Pierre de gondole" et "Série grise"...

Le concept du "Poulpe" est donc intéressant à plus d'un titre. Des jeux de mots excellents (pas tous non plus) pour titre, un personnage énigmatique, un format court et, des auteurs différents pour chaque aventure.

Pouy initie, donc, la saga avec un personnage énigmatique et un style particulier. On ne sait rien de Gabriel Lecouvreur, est-ce son nom, d'ailleurs ? Il en use de plusieurs, selon les moments, et il a autant de fausses identités que de doigts aux mains.

Quid de ses motivations ? On ne sait pas, si ce n'est qu'il investit son argent dans la réhabilitation d'un vieux coucou, un Polikarpov.

Mais, il y a d'autres façons de gagner de l'argent que de risquer sa vie. Alors ? Pourquoi fait-il tout cela ? Cette première aventure ne répondra pas à cette question. Tout ce que l'on sait de lui c'est qu'il est déterminé, grand, bagarreur, amoureux d'une femme avec qui il vit une relation toute particulière où chacun fait sa vie de son côté. Il disparaît, revient, disparaît de nouveau, sans que plus personne ne s'en inquiète. C'est, le Poulpe.

L'auteur use d'un style direct, utilisant des images, de l'argot et des tournures de phrases courtes.
Pouy aime les contraintes et on retrouve ce goût jusque dans ceux de Gabriel puisque l'homme apprécie les Haïkus.
Malgré un temps de narration passé, habituel à ce genre de romans policiers, je dois avouer que tout le reste m'a conquis.

Le format court, permet d'aller directement aux évènements ou bien d'user d'une histoire bateau pour ne travailler que sur l'ambiance. Ce n'est donc pas un scénario ténu et machiavélique dont l'auteur tissera des toiles sur des centaines de pages pour, parfois, ne jamais réussir à les démêler (oui, c'est toujours à toi que je parle Monsieur Grangé). Là, les choses sont simples, violentes, directes, parfois glauques. Tout se résout, en quelques jours.

J'aime ce personnage énigmatique qui débarque, frappe et repart, sans que l'on ne sache pourquoi.

Bref, "La petite écuyère a cafté" est un livre qui se lit, très rapidement, du fait de son format court mais aussi d'une écriture simple mais pas simpliste. Il s'avère être un bon divertissement littéraire, pas un livre qu'on dévore pour suivre les méandres d'une histoire tortueuse, mais un roman que l'on grignote parce qu'il nous propose un style original et un personnage intéressant.

La saga du "Poulpe" est un phénomène littéraire à plus d'un titre.

Au départ, le but de JB Pouy, Serge Quadruppani et Patrick Raynal, trois amis auteurs, était de relancer le roman de gare et de contrecarrer les récits fascisants des SAS et consorts.

Pour se faire, il invente un personnage, Gabriel Lecouvreur et, avec ses amis, écrit la "bible" de la saga en déterminant les personnages et les passages obligés. Dans les obligations, le jeu de mots du titre, une histoire qui démarre par le meurtre, puis un deuxième chapitre se déroulant dans le bistrot où Gabriel prend connaissance de l'affaire, puis un passage chez Pedro, un gauchiste catalan, pour récupérer des armes ou des faux papiers, passage entre Gabriel et sa petite amie Cheryl, puis l'enquête, les coups pris, les coups donnés, résolution de l'enquête puis retour au bistrot.

Pouy se charge d'écrire le premier épisode, ses deux confrères se chargeront des deux suivants, puis, le concept est offert à qui le veut, du moment qu'il le demande et qu'il accepte de respecter la fameuse bible.

Directeur de la collection au sein de l'éditeur La Baleine, Pouy accepte volontairement tous les manuscrits qui lui parviennent, publiant dans l'ordre de réception. Comme l'aventure a attiré aussi bien des écrivains confirmés avides de se lancer dans un autre style, que des écrivains en herbe, il est normal de constater que tous les épisodes ne sont pas du même acabit. Pour autant, Pouy confesse qu'il souhaitait rendre compte de ce qu'il se faisait en matière d'écriture sans sélection.

Le début de l'aventure est fracassante et le succès inespéré. le premier roman se vend à plus de 47 000 exemplaires, si mes souvenirs sont bons, les trois suivants dépasseront tous les 20 000 exemplaires vendus. le poulpe devient un phénomène de société avec ses aventures anarchistes et son concept particulier. Un héros anarchiste, des histoires basiques, des romans courts, de l'humour, de la bière, des coups, et des auteurs différents pour chaque roman.

Si l'aventure est intéressante, le résultat n'est pas toujours au rendez-vous. Effectivement, vu le principe de Pouy de tout publier, on ne pouvait espérer que tous les romans soient d'un bon niveau. Pour autant, les premiers romans sont de très bonnes factures et l'ensemble s'avère très sympathique.

Malheureusement, un succès inattendu provoque souvent des retours de bâtons inattendus et, après avoir dilapider l'argent qui rentrait à flot, l'éditeur a fini par imploser, notamment à cause des ventes qui s'effondraient par faute du trop grand nombre d'épisodes qui sortaient chaque année.

Cependant, "Le poulpe" est un personnage qui mérite que l'on s'intéresse à lui et le concept est des plus réjouissants.
Commenter  J’apprécie          103
La lecture de la chronique de KiriHara m'a poussé à lire le premier Opus de la série le Poulpe, lecture que j'avais longtemps repoussée au profit de romans du haut de ma PAL.
Pour planter le décor dans lequel devra évoluer Gabriel Lecouvreur, Jean-Bernard Pouy convoque les fantômes d'une génération (disparue, perdue ?).
La guerre d'Espagne. le Polikarpov 15, avion soviétique utilisé par les républicains espagnols. Pedro l'anarchiste anti-Franco reconverti dans les faux papiers. le bistrot parisien, à la fois bar et restaurant de midi dans lequel les habitués aux options politiques souvent opposées débattent avec respect. Les Haïkus de Bashuo Matho. La Twingo violette et la blague les habits ça sert d'auto. La formule « Lundi c'est Ravioli. ». Little Bob Story, Too young to love me. La province endormie réceptacle des penchants les plus sombres d'activistes sociologiquement sur le déclin. Les huitres. le SCALP et la lutte contre l'extrême droite. le prestige du savoir et l'autorité qu'il confère, surtout la sociologie et le CNRS. le 11ème arrondissement de Paris avant les Bobos. Les Punks sympathiques. La vie sans le Web. Les vacances au Tréport. « La chambre d'hôtel spacieuse, agréable, tranquille. ». le 102 (double Pastis 51). La chanson Zorro est arrivé.
L'enquête menée par Gabriel importe peu, elle n'est là que l'occasion de donner un cadre afin de déployer la mythologie poulpienne pour notre plus grande joie.
Ce personnage, improbable, est une revanche sur tout ce que la société impose à nos rêves. Gabriel se démarque du personnage du détective qu'il soit Maigret, San Antonio ou Adamsberg. Lui n'a qu'une morale, celle du redresseur de torts, hédoniste et épicurien, à la Lupin, celui que nous rêvons d'être et que nous ne serons jamais.
« Et moi je suis Zorro » dit Gabriel.
Un grand moment de lecture et de plaisir :
« le jeune le regarda comme si on venait de lui dire que Balladur reformait Nirvana. »
« On appelle ça le syndrome négativo-rimbaldien. »
« Allez le baba ! Une deux, une deux ! Les chèvres t'attendent ! Au boulot ! »
« A bientôt, le Poulpe…Que Saint-Jambon te protège… »
Commenter  J’apprécie          70




Lecteurs (1038) Voir plus



Quiz Voir plus

La petite écuyère a cafté

Qui est le personnage principal ?

Gabriel
Gérard
Cheryl

5 questions
27 lecteurs ont répondu
Thème : Le Poulpe : La petite écuyère a cafté de Jean-Bernard PouyCréer un quiz sur ce livre

{* *}