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sur 1199 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
J'ai terminé ce livre les larmes aux yeux et la sensibilité à fleur de peau. Sidérée je suis. de multiples sidérations d'ailleurs me laissent comme hébétée : la magnifique relation père-fils, la façon d'aborder l'autisme, la construction du livre, son érudition scientifique, son cri écologique, son côté visionnaire, son parallèle avec le troublant « Des fleurs pour Algernon » de David Keyes. Ce livre est brillant et si, au départ, les allusions scientifiques peuvent nous tenir à distance, moi en tout cas, nous plongeons peu à peu dans ce bluffant ascenseur émotionnel.

Oui le terme d'ascenseur, ascenseur vertigineux, me vient à l'esprit car « Sidérations » nous montre que nous sommes tout petits dans cet univers gigantesque, que nous sommes là miraculeusement, et pourtant nous arrivons à la détruire, notre planète. Il montre que l'univers est un être vivant et le cerveau un univers condensé, l'infiniment grand et l'infiniment petit se télescopant et s'entrelaçant dans une danse cosmique pleine de grâce, de simplicité, de complicité entre Théo et Robin, entre ce père astrobiologiste qui a perdu récemment sa femme et son fils de 9 ans, hypersensible. Cette danse, parfois transe, tourne autour de questions existentielles : qu'est-ce qui est plus grand et plus important, l'espace du dedans ou l'espace du dehors ? Autrement dit que ce nous ressentons intimement, notre bien-être ou le devenir de la planète, voire la découverte de vie sur d'autres planètes ? le dehors ne conditionne-t-il pas notre dedans ? Ou devons-nous faire barrière pour ne pas être atteint et se protéger ? Comment ?

Théo Byrne est astrobiologiste, il cherche des traces de vie dans l'univers et créé des mondes où la vie est possible. Il embarque régulièrement le petit Robin dans l'imaginaire astronomique et les exoplanètes répertoriées dans son guide, dénommé par ses collègues le «guide Byrne des extraterrestres » qu'il a peu à peu élaboré. Ces voyages virtuels, dans lesquels nous embarquons également, sont de toute beauté et nous dévoile des formes de vie surprenantes : « Un soir de la mi-août, il demanda une planète avant de se coucher. Je lui offris Chromat. Elle avait neuf lunes et deux soleils, l'un petit et rouge, l'autre grand et bleu. Ce qui produisait trois types de jour de longueur différente, quatre types d'aube et de couchant, des dizaines d'éclipses possibles, et d'innombrables saveurs de crépuscule et de nuit. La poussière dans l'atmosphère transformait les deux types de lumière solaire en aquarelles tourbillonnantes. Les langues de ce monde avaient pas moins de deux cents mots pour désigner la tristesse et trois cents pour la joie, selon la latitude et l'hémisphère».

Ces voyages permettent d'assouvir la curiosité insatiable et la soif inextinguible de connaissances de son fils hypersensible, aux troubles autistiques sans diagnostics précis. Ils permettent d'oublier un moment ce que les hommes font de la Terre, d'aller voir ailleurs, de se protéger et de faire bouclier. Ils permettent enfin de créer un lien fort entre eux, une complicité de toute beauté, une relation vibrante emplie de poésie, de tendresse, de respect.
La maman de Robin, Alyssa, décédée quelques mois auparavant dans un accident de voiture, était une activiste écologique. Elle se battait notamment sans relâche contre la souffrance animale et la disparition de certaines espèces.
Robin semble avoir eu en héritage la révolte maternelle et la curiosité scientifique paternelle, et leur intelligence respective, intelligence naturaliste, intelligence visuelle et spatiale, intelligence logique. Un gamin hors norme qui nous fait fondre de ses remarques, de ses cris, de ses révoltes, de son empathie.

Qui nous fait fondre de son évolution aussi. Car « Sidérations » est l'histoire d'une évolution, de la prise en charge des difficultés de Robin non par un traitement médicamenteux chimique mais par une machine basée sur la technique du neurofeedback, une technique d'intelligence artificielle permettant de mieux décrypter le cerveau, de la cartographier, de canaliser les émotions. Qui permet de soigner une émotion en se calant sur celle d'une autre personne. Nous passons souvent de scènes cosmiques à celles de l'exploration du cerveau, transitions vertigineuses. Robin arrive peu à peu à canaliser ses émotions grâce à cette technique, à l'image de la souris Algernon qui devenait de plus en plus intelligente après une opération au cerveau. le parallèle est évident, d'ailleurs Théo au début du livre raconte à son fils cette histoire. Je vous laisse le soin de découvrir si le destin de Robin sera tout aussi funeste que celui de la souris.

« Papa ? Si tu partais en mer ou à la guerre… si quelque chose t'arrivait ? Si tu devais mourir ? Je resterais immobile, je penserais à ta façon de bouger les mains en marchant, et tu serais encore là ».

J'ai aimé Robin, attendrie, étonnée par ces questions, ces remarques. Un garçon perturbé, « blessé de voir ce que ne voyait pas ce monde somnambule ». Sa façon de savoir prendre son temps, d'être dans le Maintenant, contraignant son père par la même occasion à le prendre également ce temps, quitte même à ne pas respecter les règles du jeu de la vie professionnelle, m'a fait du bien. Cet enfant nous rappelle combien nous courons, sans même nous rendre compte des beautés environnantes, en perdant le sens de toute chose.

« Il voulut aller à pied au labo. C'était à six kilomètres de la maison – deux heures de marche dans chaque sens. Ça ne m'enchantait pas de consacrer une demi-journée à cette expédition, mais c'était le seul cadeau d'anniversaire qu'il désirait. Les érables flamboyaient, orange sur fond de ciel bleu intense. Robbie prit le plus petit de ses carnets. Il le tenait au creux de son bras, et y griffonnait en marchant. Les choses les plus banales ralentissaient son pas. Une fourmilière. Un écureuil gris. Une feuille de chêne sur le trottoir, aux nervures rouges comme de la réglisse ».

Richard Powers dénonce scientifiquement, ce qui pourrait paraitre froid. Il a l'intelligence de le faire par l'intermédiaire de ce couple étonnant. Cette dénonciation devient sublime et bouleversante. Elle est un cri. Un cri pour le désastre planétaire dont nous sommes la cause tout en restant aveugles, un cri pour l'exploration spatiale souvent entravée par la vision de court terme, les échéances électorales et la peur religieuse. Un cri pour l'éducation de nos enfants qui doit respecter leurs différences. Un cri pour la connexion au monde vivant. Comme si la sidération seule, vue cette fois ci comme un aveuglement, nous protégeait d'une guerre civile.

« Un jour nous réapprendrons à nous connecter à ce monde vivant, et l'immobilité sera comme un envol ».

Enfin « Sidérations » c'est La sidération, l'ultime, celle du miracle de la vie. Sans doute cette prise de conscience là permet de tout relativiser et de se battre avant de pouvoir dire :
« Oh, elle était bien, cette planète. Et nous aussi, on était bien, bien comme la brûlure du soleil, la piqûre de la pluie, l'odeur du sol vivant, le chant universel des formes infinies, paraphant l'air d'un monde changeant qui, d'après tous les calculs, n'aurait jamais dû exister ».

De toute façon comme le dit Robin : « T'inquiète pas, papa. Nous, on trouvera peut-être pas la solution. Mais la Terre, si ». J'ai envie de l'enlacer ce petit être. D'enlacer chaque être, comme si nos corps pouvaient maintenir à flot notre frêle esquif dans une mer immense. Et un livre qui me donne une telle envie de vie ne peut être qu'un livre magnifique !
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J'ai découvert que Richard Powers avait publié un nouveau livre grâce à la magnifique critique de Chrystèle. Richard Powers est un écrivain hors normes qui mêle dans ses livres, science et émotion de manière magistrale. C'est un magicien qui parvient à nous partager des notions scientifiques que nous ne comprenons pas forcément de façon rationnelle, mais auxquelles nous parvenons à nous confronter et à intégrer par l'émotion qui y est attachée.
Dans ce nouveau livre, il nous raconte quelques mois de la vie de Théo et de son fils Robin : Robin, prénommé ainsi, car le rouge-gorge était l'oiseau préféré de sa maman. Était au passé, car Alyssa est « non pas décédée, mais morte » quelques années plus tôt dans un accident de voiture. Elle était militante écologiste.
Robin est hypersensible, différent, son père « n'a jamais cru aux diagnostics posés sur son fils. Quand une pathologie se voit attribuer trois noms différents en autant de décennies, quand elle exige deux sous-catégories pour rendre compte de symptômes absolument contradictoires, quand en l'espace d'une génération elle passe de l'inexistence au statut de maladie infantile la plus diagnostiquée du pays, quand deux médecins veulent à eux seuls prescrire trois traitements différents, c'est qu'il y a un problème. »
Théo est astrobiologiste : il recherche la vie sur les planètes lointaines. Il modélise des scénarios de développement de vie et attend le Guetteur, super télescope dont le déploiement permettrait de recueillir des données qui pourraient corroborer l'existence des mondes qu'il a créés, formes de vie à chaque fois plus étranges, plus différentes de celles connues. En attendant, il les a consignés dans le guide Byrne et offre à son fils de les parcourir ensemble. Ce sont les histoires du soir qu'ils partagent tous les deux, explorations de mondes surprenants, qui remettent en cause nos manières de penser.
Théo, contraint par une société très normative et policée, pour ne pas donner de traitements chimiques à son fils, son « triste et singulier garçon » va le faire participer à une thérapie expérimentale : grâce à une cartographie des différentes émotions dans le cerveau, le sujet de l'expérimentation apprend à contrôler ses émotions en tentant de faire coïncider les images de son cerveau avec celles d'émotions positives. Ce traitement va donner des résultats probants et Robin va développer son empathie envers le monde. Non sans en souffrir, car le monde est dans un triste état.
Fidèle en cela à ce qu'était sa mère, Robin va de ses faibles moyens se battre contre la disparition des espèces, le désastre écologique en cours. le monde tel qu'il est décrit dans ce livre n'est hélas pas très différent du notre et l'auteur se livre à une critique féroce de la société américaine, où même la théorie de l'évolution est remise en cause (on peut y visiter « le musée de la création divine et de l'Arche de Noé »), où le président a tous les droits et même celui d'abattre des milliers d'hectares d'arbres en représailles parce qu'il les juge responsables d'incendies, où tout un chacun est fiché et peut être arrêté s'il dit ce qu'il ne faut pas, où la science est coupable de couter trop cher et sacrifiée. Et des milliers d'espèces ont déjà disparu ou vont disparaitre prochainement. Cette vision fait froid dans le dos.
Mais ce roman, en dépit de cet avenir sombre qu'il brosse, est resté pour moi lumineux, illuminé par l'amour, l'amour incroyable que se portent ces deux êtres, ce père et ce fils. Ce père qui doute de lui, qui a peur de faire des erreurs et qui en commet sans doute, ce père resté seul à élever ce fils différent, m'a profondément émue. Il a aimé sa femme comme un fou, il aime son fils également, et lui crée un environnement magique, partageant avec lui de multiples mondes, ne refusant jamais de lui parler, découvrant la nature avec lui, le laissant vivre ses expériences. Leurs échanges sont si beaux, parfois drôles, souvent émouvants. Et Robin, cet être différent, qui à la faveur de ce traitement miraculeux, va devenir si sage, vivant dans l'instant, observateur impénitent du monde qui l'entoure, sensible à la beauté des choses. J'ai eu envie de le protéger, ce petit prince magnifique.

Et j'ai fini ce roman les larmes aux yeux, bouleversée, sidérée.
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Si Théo embarque d'emblée son fils Robin pour une semaine dans la nature en lieu et place de l'école, il l'embarque plus souvent dans l'imaginaire astronomique et les exoplanètes que son travail d'astrobiologiste l'amène à inventer. Théo Byrne est créateur de mondes où la vie est possible, de planètes « où le vivant vivait dans le panache atomisé des geysers ». Un astrobiologiste libéré des préjugés « à la manière d'un enfant, comme si notre exemple unique prouvait que les possibilités étaient infinies ».
Stase qui ressemblait tant à la Terre, Pélagos aux légions de créatures sous-marines ou Falacha l'orpheline sans soleil, les exoplanètes dont Théo se sert sont probablement issues du « guide Byrne des extraterrestres » qu'il a construit peu à peu. Elles lui permettent en tout cas de nourrir la curiosité insatiable de son fils hypersensible, aux troubles sans diagnostics fiables et aux mains capables de s'embrouiller contre son seul véritable ami. Elles lui permettent aussi d'enrichir le lien avec ce fils habité de supers pouvoirs, au nom d'oiseau « dont il suffisait de dire le nom pour que la vie soit plus belle », né « grâce au 1,5% de taux d'échec » du « contraceptif habituel ». Un fils de 9 ans aujourd'hui, perçu comme un miracle par le père quand « toute la chance du monde » s'est écroulée : depuis la disparition de la mère Aly, Robin est au centre de l'attention de Théo.
Leur relation vibre de tendresse, de poésie et de créativité malgré leur désarroi, elle se réinvente sans cesse dans les abysses de l'univers ou les mystères de la nature. Les deux semblent se retrancher derrière la science et ses étoiles comme un bouclier pour leur coeur palpitant et blessé, dans une quête de vie au sein de la Voie lactée insondable tout autant que « l'univers de poche » de Robbie, similaire aussi au vide abyssal laissé par Aly.
En habitué des romans aux contours scientifiques (on pense au père féru de mécanique quantique dans « Le temps où nous chantions », ou à la botanique de « L'Arbre-Monde »), Richard Powers rend la science omniprésente ici. Teintée de simple curiosité de chercheur chez Théo, elle est aussi objet littéraire empreinte de poésie quand le père dessine des planètes au fils, accessible pour le lecteur même si parfois érudite. Une science qui interroge aussi l'état de notre planète, avec la disparition des espèces dont Robin se fera le défenseur en digne héritier de sa mère, et qui représente Théo et Robin « perdus dans un monde qui devenait autre chose à une vitesse accélérée ». Elle apparaitra aussi sous une forme neurobiologique quand il s'agira pour Robin d'expérimenter les techniques du neurofeedback, porteuse avec l'IA de transcendance vers l'au-delà. Une science qui au final sert de liant pour les membres de la famille Byrne.

Voilà un roman qui dénonce le désastre planétaire et relie infiniment petit et infiniment grand dans un vertige cosmique, les pieds ancrés magistralement dans la relation émouvante entre un père et son fils, avec un dénouement tel une sidération ultime pour le lecteur. Ce dernier n'étant pas seulement témoin de leur histoire, le ton du récit déroulé par Théo lui faisant ressentir leur cocon de tendresse et de complicité poétique dès les premières instants. On ne saura peut-être pas si d'autres formes de vie existent dans la Voie lactée, mais les vies terrestres de Théo et Robbie nous permettront de comprendre qu'ici, c'est bel et bien le coeur qui est au centre de l'univers.

« Les oiseaux passèrent au-dessus de nous. Robbie, immobile, les regarda s'éloigner à tire-d'aile jusqu'à n'être plus rien. Il semblait effrayé, minuscule, étonné de se retrouver ici, à la bordure des bois, de l'eau et du ciel. Enfin ses doigts relâchèrent leur emprise sur mon poignet. Comment on pourrait reconnaître des extraterrestres ? On connaît même pas les oiseaux. »
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L'immense auteur américain Richard Powers vient de publier chez Actes Sud son nouveau chef d'oeuvre intitulé "Sidérations." Après "L'arbre-monde", récompensé du prix Pulitzer en 2019, Richard Powers continue son exploration du monde et c'est, cette fois-ci, vers les étoiles et l'espace que se tourne, le regard pleins d'acuité de l'auteur. "Sidérations" est, tout d'abord, une tragédie humaine , une porte d'entrée sur la souffrance de deux êtres, un père Theo Byrne, un astro-biologiste élevant seul son fils Robin qui a neuf ans. Robin est en souffrance, son comportement à l'école où les épisodes de colère, dû aux moqueries de ces camarades, succèdent aux moments de dépression. Robin a perdu sa maman. Theo et Robin sont passionnés par la nature, les êtres vivant qui la composent mais aussi l'univers entier avec cette question ô combien existentielle et longuement débattue de savoir s'il y a de la vie ailleurs dans L Univers. C'est là, la dimension métaphysique de ce roman. Dans cette Amérique du chaos qui n'est pas sans rappeler celle d'un certain Donald Trump, des lois liberticides sont votées et la science attaquée de toutes parts. Une toile de fond angoissante, celui d'un monde qui s'enferme sur lui-même, où les catastrophes naturelles, les maladies s'enchaînent. La mère de Robin était une grande protectrice de la nature qui avait, à de nombreuses reprises parlée devant le congrès américain afin de mettre en garde sur l'effondrement d'une nature épuisée par l'exploitation de l'homme au seul profit de l'argent. Père et fils, face aux injustices, vont se recréer un monde, un infini, un champs des possibles à eux. Theo refuse les psychotropes que l'on veut prescrire à son fils. Un ami neurologue, lui propose un jour une thérapie expérimentale utilisant l'intelligence artificielle pour rééduquer le psychisme de Robin. Au bout de quelques séances, les résultats sont stupéfiants. Mais tout cela a un prix.. "Sidérations" est un roman sur l'acceptation de la différence, sur la nécessaire sauvegarde de la nature, de la biodiversité. Ce duo père-fils est un sommet d'émotion d'une grande justesse. L'amour d'un père pour son fils. Un père prêt à tout pour offrir une vie plus paisible à Robin. Un roman sur le deuil, celui d'une épouse et d'une maman. On est profondément ému par ce roman qui laissera une trace pendant longtemps dans l'esprit et le coeur de ses lecteurs. L'écriture est sublime, l'émotion au rendez-vous, l'histoire plus accessible que son précédent roman que j'ai pourtant adoré. Si vous aimez Richard Powers, vous allez vous régaler.



Lien : https://thedude524.com/2021/..
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Dans Sidérations, le message écologique porté par un enfant différent, doté d'une grande sensibilité, qui voit le monde et s'exprime sans filtre sur celui-ci, qui ressent les émotions, l'environnement, le monde intérieur et extérieur sans paravent, est très fort
Cet enfant extrêmement attachant est accompagné par son père astrobiologiste. Ce dernier refuse les traitements médicamenteux proposés par la société pour son fils présentant ce qui semble être des troubles autistiques même si ceux-ci ne sont pas nommés.
Il va donc se diriger vers une science pas encore très utilisée bien que connue depuis assez longtemps, le neurofeedback. Grâce à cette technique, Robin va faire des progrès fulgurants dans son rapport aux autres, sa communication et l'apaisement de ses émotions.
Connecté par l'intelligence artificielle à sa mère morte, elle-même militante pour les droits des animaux et la protection de la nature, il va lui ressembler de plus en plus jusqu'à devenir une part d'elle-même.
Pour Robin, Théo, père attentionné, spécialisé dans la recherche de la vie sur d'autres planètes, va inventer tout un monde d'exoplanètes, constituant le rituel du coucher, l'occasion pour le lecteur de visiter le cosmos et d'appréhender sa place dans l'univers.
Les sorties dans la nature organisées par Théo afin d'apaiser son fils sont prétextes pour l'auteur à de magnifiques descriptions des paysages, de la flore, de toutes les beautés à protéger avant qu'elles ne disparaissent complètement.
Le message, montrant la gestion désastreuse de l'environnement par les Etats-Unis, est aussi politique.
La science y est sacrifiée au nom d'idéaux religieux ou autre...
C'est un roman bouleversant, d'une grande intensité émotionnelle et écrit avec beaucoup d'intelligence que nous propose Richard Powers... et qui m'a donné envie de lire "Des fleurs pour Algernon", livre auquel l'auteur fait référence !

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Grand coup de coeur pour cette magnifique histoire qui m'a beaucoup ému.
On y trouve un papa , chercheur scientifique en astrobiologie, qui se démène par amour démesuré pour son fils, considéré comme "différent" par le reste des "gens", Robbie : Cet enfant, hypersensible est doté de superpouvoirs très humains que nous mêmes, pourrions tous développer si nous ouvrions grand nos yeux sur le monde d'aujourd'hui, si nous acceptions de nous poser les bonnes questions et arrêtions de nous laisser endormir et ne pas vouloir voir la vérité.
Robbie a le pouvoir de sentir que dans son monde, qui pourrait être... qui sera probablement le nôtre très très vite, toute chose vivante est liée, animaux, plantes, étoiles, ... normal, avec une mère grande militante pour la cause animale et un père qui fait des simulations sur toutes les formes de vie possible sur de lointaines planètes à la surface desquelles on recherche la Vie.

Un très très beau livre qui n'est pas de la science fiction et qui mêle la Science à l'art, la philosophie à la politique et tout cela avec beaucoup, beaucoup de poésie et surtout beaucoup d'amour et qui vous emmène bien au delà des galaxies!
Un livre que j'ai lu tout en ayant l'impression d'avoir constamment le nez dans les étoiles .
j'ai adoré!
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Encore une fois un roman magnifique de Richard Powers, qui cette fois-ci se concentre sur l'environnement (comme déjà dans son précédent roman Arbre-Monde) et sur l'espace et l'astro-physique. J'avais déjà constaté que chacun de ses romans abordent des grands thèmes qui semblent former un tout quand on les mets ensemble. Ce roman, donc, me conforte dans cette idée.
Dans Sidérations, plus de grande fratrie ou de multiples personnages mais seulement un père et son fils orphelin de mère. L'un et l'autre tentent de survivre à la mort de cette femme que tous les deux aiment et qui se battait pour l'environnement.
Powers a choisi de parler de cette sidération qui touche l'humanité, cette immobilisme face à la catastrophe environnementale annoncée, par le regard de cet enfant spécial, hypersensible, doué et sans doute autiste asperger qui (comme Greta Thunberg) ne peut tout simplement pas vivre face à ça.
Déjà dans Arbre-Monde, Powers tentait de nous réveiller sur l'effondrement de l'éco-système. Cette fois-ci, nous sommes quelques années plus loin, dans une Amérique légèrement fictive et dystopique, et les cris d'alarme de Powers se font plus urgents. Robin, l'enfant, se bat seul ou presque contre des moulins à vent, vivant cet effondrement dans son propre corps.
Ce roman est bouleversant, tout comme l'est la lutte de son père pour tenter de le protéger de ce monde et de ses propres émotions.
Si je devait donner un Prix Nobel à quelqu'un, cette année, je choisirais Richard Powers, sans aucune hésitation.
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Chapitre après chapitre, Richard Powers nous fait danser avec les planètes,une danse merveilleuse et macabre,à l'image de l'être humain,capable du meilleur comme du pire.
Ici,la vérité sort de la bouche d'un enfant atypique, prodigieusement intelligent et inadapté à un monde "normal".
Sa mère,activiste écologique est morte,ironie du sort,en voulant éviter une bête sauvage.
Son père,astrobiologiste,se dévoue corps et âme pour apaiser son fils,en proie à des crises de colère et des comportements imprévisibles.
Un jour,il accepte un traitement expérimental pour lui,censé contrôler ses émotions...

On voudrait, au fond de nous,se dire que ce que raconte l'auteur n'est qu'anticipation et science-fiction. Pas besoin de neurofeedback,ou plutôt si,pour enlever l'anxiété et la tristesse que m'a procuré cette lecture.

Célébrer le miracle de toute vie,retrouver la conscience du lien qui nous unit,trouver un sens à la vie dans ce monde,c'est le fil conducteur de ce livre.
On est sur un confetti qui s'appelle la Terre.Un point dans l'univers.On est juste de passage.

Reste la beauté (éternelle ?) des Great Smoky Mountains,au sud des Appalaches,États-Unis d'Amérique.
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Eh ben voilà, j'ai pleuré. Des vraies larmes qui brouillent les yeux et me figent dans la lecture des dernières pages.
C'est rarissime chez moi, et le pire (ou plutôt le meilleur!) est que ce livre continue de planer en moi comme un nuage mélancolique plusieurs semaines après ma lecture.

Je ne saurais dire si c'est parce que Richard Powers a utilisé le levier "facile" d'un enfant en souffrance ou parce que je partage avec lui une conscience environnementale forte, toujours est-il que je me suis pleinement identifiée à ce gamin admirable, douloureux, d'une porosité extrême aux aberrantes souffrances imposées par l'homme à la biodiversité, que j'ai été fascinée par l'expérience neuroscientifique qui le connecte au cerveau de sa mère morte, attendrie par ce père dépassé par la situation mais donnant le meilleur de lui-même pour ramener dans le monde son enfant si sensible à la vie.

Richard Powers se bonifie de livre en livre. L'arbre-monde était tellurique, celui-ci est solaire.
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Durant les premières pages, j'ai eu peur de rejoindre la poignée de lecteur n'ayant pas accroché avec ce roman. Comme je suis contente d'avoir fait un petit effort pour rentrer dans un monde qui ne m'est pas familier.
Il y a un mélange parfait entre du réel, du quotidien, de la fiction, du scientifique, de l'invraisemblance. Ce mélange rend ce livre tout simplement magique. Laissez-vous emporter par l'histoire sans chercher à démêler le vrai du faux et vous serez comme moi, enchanté, bouleversé. En ce qui me concerne , j'ai eu du mal toute la journée à reprendre le train-train de ma vie, tant j'avais Robin et Théo dans mes pensées.
La relation entre Théo astrobiologiste et son fils Robin atteint de troubles s'apparentant à des troubles autistiques est de toute beautée. C'est tout sauf "gnangnan" c'est tout sauf banal, c'est simplement une relation profonde, forte qui dépasse l'ordinaire.
Il y a des passages déroutants, on oscille entre du possible réel et de la science-fiction mais que c'est agréable de se laisser guider par Robin. Il y a aussi quelque chose de rassurant et de beau de le savoir en communication avec l'esprit de sa mère morte.

Robin a en lui l'amour des animaux, de la nature ce qui va le faire souffrir puisqu'il est le malheureux spectateur de la disparition de nombreuses espèces.
La critique de la politique de Trump mais qui peut être sans aucun problème élargie à l'ensemble des politiques montre ô combien la nature est en danger et amenée inexorablement, par la faute de l'homme, à disparaître.
Devant la souffrance de son fils qui va être de plus en plus en marge de ce que l'on attend d'un petit garçon de 9 ans, Théo va se laisser tenter par une thérapie neurofeedback qui va permettre à son fils de se reconstruire en s'imprégnant des autres.
C'est un roman qui m'est allé droit au coeur et qui je l'espère restera dans ma mémoire.
Je vais maintenant très rapidement me procurer "des fleurs pour Algernon"de Daniel Keyes pour prolonger un peu "sidérations" qui est, comme j'ai essayé de le dire dans ce billet, un véritable coup de coeur.
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