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EAN : 9782290137048
104 pages
J'ai lu (08/02/2017)
4/5   2 notes
Résumé :
Derrière des discours d'une intelligence incontestable se cache parfois une pensée aux élans bien misogynes : ces extraits des oeuvres de grands philosophes permettront à chacun de rire - jaune - de la bêtise des plus grands esprits, et de mesurer le chemin parcouru - ou qui reste à parcourir.
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Titre pour le moins accrocheur, qui nous fait hérisser les poils, sortir les griffes et montrer les dents, mais il est quelque peu trompeur. En effet, il semble être une injonction désinvolte et goguenarde d'un misogyne patenté « qu'elles se marient ou se fassent religieuses » ! En fait, la phrase complète de Fénelon est « [une femme] est chargée de l'éducation de ses enfants, des garçons jusqu'à un certain âge, des filles jusqu'à ce qu'elles se marient ou se fassent religieuses [...] ». Je trouve donc la démarche éditoriale assez malhonnête car elle détourne le propos de l'auteur, qui laisse entrevoir une destinée peu réjouissante et pour le moins fermée pour les femmes, certes, mais qui ne comporte pas la morgue dédaigneuse provoquée par ce subjonctif isolé. Cette troncature exprime bien cependant la majorité des avis présentés.

La volonté provocatrice de l'autrice du recueil est manifeste, elle veut mettre en évidence la misogynie patriarcale, mais je ne suis pas sûre qu'elle serve son propos si bien que cela, l'objectif étant de faire « rire – jaune – de la bêtise des grands esprits, et de mesurer le chemin parcouru – ou qui reste à parcourir », d'après la quatrième de couverture (en effet, pas de préface pour préciser plus avant le projet – ça manque !).

Je ne suis pas sûre que son objectif puisse être pleinement rempli, car les textes sont livrés presque tels quels, avec une présentation (très) succincte, pas de mise en contexte du statut réel de la femme dans les différentes cultures et époques mentionnées, - donc difficile d'essayer de comprendre d'où viennent ces pensées, comment elles se sont construites, quels rapports elles peuvent entretenir entre elles. Disons que, de ce fait, tout dépend du bagage de la personne qui lit ce livre.

Il est vrai que, mis bout-à-bout, s'il n'y avait pas de date ni d'auteur, on ne serait pas toujours capable d'identifier la période d'écriture tant ces pensées nauséabondes se font écho les unes les autres – de l'Antiquité au XXème siècle, de Platon et Aristote à Freud et Sartre, en passant par tous les grands penseurs européens Machiavel, Lord Byron, Spinoza, Diderot, Auguste Comte et compagnie. J'en veux pour exemple la chaîne de réincarnation citée par Platon (bête > femme > homme) qu'on peut retrouver dans des religions orientales ; Saint-Augustin parlant de sa mère comme d'une sainte car elle a accepté que le mariage était une forme d'esclavage fait écho aux conceptions d'Olympe de Gouges. Dans ce sens, on peut effectivement faire le point sur les permanences et éventuelles petites évolutions.
Ce qui me gêne, c'est qu'une personne non avisée ne peut que se faire un jugement partiel et partial, en bloc pour ou contre ces propos (eh oui, les misogynes existent toujours et pourraient se sentir tout à fait (ré)confortés de lire ces lignes provenant de plumes adulées dans la civilisation occidentale – pour « rire – jaune – de la bêtise des grands esprits », cela signifierait que toute personne ouvrant ce livre est convaincue de l'égalité homme-femme, ce qui ne peut être garanti), et cela ne me semble pas servir la cause de la considération des femmes.
J'aurais trouvé constructif de présenter des discours masculins pour l'égalité des hommes et des femmes : quid de Nicolas de Condorcet par exemple ? Est-ce que cela n'aurait pas mieux nourri la réflexion ? Sont mentionnés une fois les noms de John Stuart Mill et Marx : pourquoi ne pas avoir proposé des extraits ?

Parmi tous ces auteurs misogynes, je crois que je donnerais la palme à Proudhon – vingt pages citées absolument insupportables… Et dire qu'il faisait partie de mes grandes références de penseurs anarchistes quand j'étais ado – mais je n'ai pas souvenir d'avoir un jour lu ses propos sur les femmes.

J'ai trouvé intéressant l'entretien de Jean-Paul Sartre avec Simone de Beauvoir, il met bien en évidence que le machisme est tellement systémique que (la plupart) des hommes ne se rendent pas compte, en toute bonne foi, non seulement qu'ils en font partie intégrante, mais en plus qu'ils l'entretiennent, l'alimentent, le reproduisent.

Intéressant donc, mais à lire avec des pincettes.
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Avant toute chose, j'aimerais préciser que j'ai attribué la note de 5/5 à ce livre.
Non pas parce que je partage ce qui y est écrit sur les femmes, mais pour saluer le travail et le courage de l'auteur, car il fallait vraiment oser rassembler tous ces écrits pour en faire un livre.

En effet, derrière des discours d'une intelligence incontestable - comme Schopenhauer, Spinoza, Michel de Montaigne, Diderot, Rousseau, Kant - se cache parfois des pensées misogynes.

Je ne peux hélas que constater que même les grands penseurs (philosophes) ont été pris dans le piège du Patriarcat (Le patriarcat est, dans son acception moderne, « une forme d'organisation sociale et juridique fondée sur la détention de l'autorité par les hommes, à l'exclusion explicite des femmes >>. Il s'agit d'un « système où le masculin incarne à la fois le supérieur et l'universel », ...l'homme occupe une position mythique de « père fondateur » supposée lui octroyer une autorité et des droits sur les personnes dépendant de lui).

Dans son livre "Le Mythe de la virilité" , Olivia Gazalé dit ceci :
*Pour asseoir sa domination sur le sexe féminin, l'homme a, dès les origines de la civilisation, théorisé la hiérarchie des sexes en faisant de la supériorité mâle le fondement de l'ordre social, religieux et sexuel.
Un discours fondateur qui n'a pas seulement postulé l'infériorité essentielle de la femme, mais aussi celle de l'autre homme (l'étranger, le "sous-homme", le "pédéraste"," l'impuissant"...)*

Personnellement, je crois et je défends l'égalité ontologique des deux sexes.




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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
S'il y a un point commun entre les Anciens et les Modernes, c'est bien le regard qu'ils posent sur la femme.
Ce n'est pas aux Lumières que celle-ci doit son émancipation !
Parmi les philosophes de l'égalité et de la liberté, rares sont ceux qui élargissent ces droits à l'autre sexe, dont l'éducation, le traitement et le rôle n'évoluent pas.
De Fénelon à Diderot en passant par Voltaire, Montesquieu et Rousseau, de véritables théories du dressage des femmes voient le jour.
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La dissimulation est innée chez la femme, chez la plus fine, comme chez la plus sotte.
Il lui est aussi naturel d'en user en toute occasion qu'à un animal attaqué de se défendre aussitôt avec ses armes naturelles ; et en agissant ainsi, elle a jusqu'à un certain point conscience de ses droits : ce qui fait qu'il est presque impossible de rencontrer une femme absolument véridique et sincère.[...]

De ce défaut fondamental et de ses conséquences naissent la fausseté, l'infidélité, la trahison, l'ingratitude, etc.
Les femmes aussi se parjurent en justice bien plus fréquemment que les hommes, et ce serait une question de savoir si on doit les admettre à prêter serment.[...]
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Le seul aspect de la femme révèle qu'elle n'est destinée ni aux grands travaux de l'intelligence, ni aux grands travaux matériels.
Elle paie sa dette à la vie non par l'action mais par la souffrance, les douleurs de l'enfantement, les soins inquiets de l'enfance ; elle doit obéir à l'homme, être une compagne patiente qui le rassérène.
Elle n'est faite ni pour les grands efforts, ni pour les peines ou les plaisirs excessifs ; sa vie peut s'écouler plus silencieuse, plus insignifiante et plus douce que celle de l'homme [...].
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Ce qui rend les femmes particulièrement aptes à soigner, à élever notre première enfance, c'est qu'elles restent elles-mêmes puériles, futiles et bornées ; elles demeurent toute leur vie de grands enfants, une sorte d'intermédiaire entre l'enfant et l'homme.
Que l'on observe une jeune fille folâtrant tout le long du jour avec un enfant, dansant et chantant avec lui, et qu'on imagine ce qu'un homme, avec la meilleure volonté du monde, pourrait faire à sa place.
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Fidèles à la tradition aristotélicienne, les Pères de l'Eglise continuent de considérer les femmes comme des êtres inférieurs " par nature ", dont les seules finalités existentielles sont - et doivent être- le mariage et l'enfantement.
Augustin d'Hippone érige ainsi en exemple les " vertus " de sainte Monique, sa mère : belle, docile et pieuse, elle accepte les coups et les infidélités de son mari comme autant de dons de Dieu.
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