Le second souffle suivi du Diable gardien

Impossible en 2011 de passer à côté du phénomène Intouchables. Cette comédie française relate la rencontre entre le riche et tétraplégique François et le voyou noir/arabe Driss/Abdel. Impossible également d'être passé à côté de la performance d'Omar Sy et en particulier de son rire si communicatif. Bref, c'était LE film de l'année.
Personnellement, j'ai bien ri, j'ai trouvé ça très drôle, mais pas non plus exceptionnel.
Et comme tout accro aux livres qui se respecte, je n'ai pas pu m'empêcher d'aller voir d'où sortait cette histoire. Il s'agit en fait de l'adaptation cinématographique du roman le Second Souffle suivi du Diable Gardien de Philippe Pozzo di Borgo, livre qui est lui-même une autobiographie.

Le livre n'a pas grand chose à voir avec film. On est à mille lieux de l'ambiance déjantée qui règne dans Intouchables. Exit le rire et la magie de l'instant présent, l'auteur nous plonge d'un ton sérieux et moralisateur dans son histoire plus morbide et déprimante qu'autre chose… La maladie de sa femme, leur combat (perdu) pour avoir des enfants « naturellement », l'échec, la chute, la mort,… Et Abdel/Driss dans tout ça ? Ce personnage qui est pourtant central dans le film n'est dans le livre que rapides citations noyées dans un flot de détresse. Il n'y a que dans le diable Gardien (écrit à l'occasion de la sortie du film) qu'on en apprend plus sur cette personne pour le moins atypique.

De fait, j'en viens à me demander : comment de ce livre, on peut en arriver à tirer une comédie?
En inventant les trois quarts de l'histoire peut-être…
Parce que franchement, il faut chercher loin pour trouver une corrélation entre les deux. Ce n'est même pas un tiers du roman qui est exploité dans le film !

Trop de malheurs, trop peu d'Abdel, ce livre est définitivement aux antipodes d'Intouchables. Et là où le film m'a touchée, le livre m'a ennuyée. A oublier !

Après ce film qui m'a transportée, j'avais hâte de lire la véritable histoire qui l'a inspiré. Et bien restons sur le film !
Di Pozzo nous raconte son existence d'aristocrate aisé et n'épargne pas les détails d'une vie de souffrance. Rien à voir avec le film. Ici on découvre quelqu'un qui a eu une vie très dure ou rien ne lui a été épargné : de la difficulté a avoir des enfants, au cancer de son épouse qu'il a vu lutter, souffrir et s'éteindre, la solitude, l'accident et ses conséquences atroces qui le laisse grand handicapé aux prises avec des souffrances fantômes mais qui sont hélas bien présentes et le laissent à chaque fois hébété, épuisé, aux rives de la mort.
Peu de choses en fait sur sa relation à Ahmed qui fait au contraire tout l'intérêt et la magie du film.
Pour ceux qui n'ont pas encore lu le bouquin, restez sur le ciné sans remord.

Autant j'ai trouvé le film formidable, autant j'ai été déçue par le livre...