Et bien voici un livre auquel je n'aurai absolument pas accroché. Plusieurs fois débuté, laissé de côté, dernière plongée, mais cela sentait le devoir d'école...
Je n'aime décidément pas le roman historique ou le roman d'aventures, ou est-ce la violence, le mépris, la religiosité, une description surréaliste de loges maçonniques pourtant au 19e siècle et déjà dans les Philippines ?
Bref, je ne suis pas entrée dans le bouquin, je le laisse à d'autres, car les autres notes sont bonnes. Ne vous fiez donc pas nécessairement à mon avis, forcément subjectif.
Commenter  J’apprécie         190
Dans son torrentiel roman historique, l'Espagnol revient sur un des épisodes tragiques de l'histoire de son pays: la perte des Philippines.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Novicio savait parfaitement que ce paradis sur terre ou cette démocratie béatifiante était une chimère, mais, à sa surprise, l’évocation de ce royaume imaginaire de paix et de justice universelles était non seulement acceptée sans broncher par ceux auxquels elle s’adressait, comme les enfants admettent l’existence des fées et des lutins, mais elle les enflammait et les exaltait au point qu’ils applaudissaient, exultants, quand Novicio achevait ses discours avec des apostrophes d’un fanatisme éperdu : « On en a assez de souffrir, de languir et de pleurer ! Une nouvelle aurore se lève, sur le sang de nos héros et les larmes de nos mères ! », et d’autres billevesées du même genre. Pondéré et équanime comme il l’était, Novicio ne se laissait pas emporter par des élans aveugles, et ces harangues le rendaient un peu honteux de lui-même. En son for intérieur, il reconnaissait qu’elles empoisonnaient l’âme de ces ingénus, sans qu’il pût dire si la vie qu’entraînerait la révolution serait meilleure que celle qu’ils avaient toujours subie.
De ses peurs d’enfant, il subsistait en lui l’habitude honteuse de porter sur sa poitrine, pendu à son cou, un anting-anting, amulette héritée de ses aïeux, supposée le rendre invisible en présence de ses ennemis et invulnérable aux balles. Novicio savait bien que ces propriétés miraculeuses n’avaient rien de réel, et il se sentait vergogneux de rester attaché à cette superstition comme à une survivance de son enfance, surtout après avoir fréquenté les loges de Manille où, en même temps que la haine sourcilleuse de la religion apportée dans l’archipel par les frocards, on lui avait inculqué le dédain de l’animisme. Mais, sans aucun saint à qui se recommander, sans Vierge à implorer pour demander protection, qui viendrait à son secours dans les situations difficiles ?
Novicio détestait les armes à feu, parce qu’elles égalisaient le valeureux au couard, le traître au héros, et parce qu’elles abrégeaient tellement le moment où se prenait la décision de supprimer une vie qu’elles délestaient celle-ci de toute responsabilité morale, lui ôtaient toute transcendance. Le maniement de l’arc, en revanche, exigeait sérénité et aplomb, maîtrise des nerfs et fermeté du poignet, imposait à l’archer de retenir son souffle tandis qu’il tendait la corde et visait sa cible. Pendant ce bref moment, il avait la possibilité de réfléchir avant de se décider, temps suffisant pour peser les conséquences de son acte.
"Les Filles de la Charité ne sont pas des nonnes au sens strict du terme, parce que nous ne prononçons pas des vœux, mais nous engageons seulement par des promesses renouvelables chaque année "
"Mieux vaudrait pour ces enfants d’être analphabètes plutôt que d’apprendre les fables du catéchisme que doivent leur prodiguer ces maudites religieuses ."
Le septième voile de Juan Manuel De Prada présenté en français par l'auteur