Chouette ! Voilà quelques choses d'inattendu, une collaboration entre
Terry Pratchett et
Stephen Baxter, à moins que ce ne soit l'inverse… Bref, quoi qu'il en soit ces deux auteurs génialissimes (l'un de Hard SF, l'autre de….fantasy burlesque) sortent un livre ensemble, autant dire que l'idée est aussi bonne que la création du siège de toilette autochauffant ou que le stick à beurre (je vous laisse faire la recherche sur le net), on ne pouvait rêver mieux. le côté scientifique de Baxter associé à l'humour désopilant de
Pratchett, il faut avouer qu'il y a de quoi sauter au plafond, surtout quand on connaît les qualités individuelles de ces Messieurs. Place au speetch.
Un scientifique arrive à mettre au point une machine capable de voyager sur des Terres parallèles exactement semblables à la nôtre, mais vides de toute vie humaine. L'appareil (le passeur) est à la portée de tous, car sa conception se compose de quelques éléments électroniques trouvables chez le quincaillier du coin, ainsi qu'une pomme de terre comme source d'énergie. le Jour du Passage a eu lieu quand le plan du passeur a été divulgué sur internet et que la planète entière a pu commencer à explorer ces nombreuses Terres vierges. Cette découverte va changer à jamais l'Humanité. Josué, lui est un passeur né, c'est-à-dire qu'il n'a pas besoin de machine pour pouvoir traverser les mondes. Cette capacité sera mise à contribution pour aider Lobsang, une intelligence artificielle (autrefois humain selon ses dires) membre de la Black Corporation, une société Terrienne, à voir si ses mondes sont vraiment infinis. Commence alors une folle traversée pour ses deux personnalités totalement différentes qui partent en exploration à bord d'un dirigeable Hi-tech.
Bon, à vrai dire, pour une fois je ne sais pas trop par où commencer ma chronique. le livre est riche c'est une certitude. le problème c'est que la manière dont sont amenés certains éléments de l'histoire peuvent paraître foutraque voir carrément bordélique. le chapitrage est chaotique, il change d'un personnage ou d'une situation à l'autre, pour rester un moment sur autre chose, pour enfin revenir à des personnages zappés depuis longtemps, donnant du coup l'impression d'avoir une importance minime dans le déroulement. Pourtant l'histoire des différents colons met en relief le côté humain si important aux yeux des auteurs. Mais tout est vite occulté par l'aventure de Lobsang et Josué qui s'attaquent à la partie « évolution de l'humanité » et qui constitue un gros morceau de l'intrigue. du coup, les thèmes abordés qui ne rentrent pas dans cette partie du récit paraissent inaboutis et survolés. Manque simplement un peu de profondeur même si certaines bases bien solides sont présentes. Dommage en tout cas, car l'intention est louable et les auteurs s'attaquent à du lourd avec une partie sociologique et politique pour ce qui est de l'humanité qui apprend à (re)construire une société loin de tout ce qui est le présent pour nous. le fait de repartir à zéro sur de nouvelles bases (surtout de nouvelles règles) est tout simplement passionnant et immersif.
Nous suivons aussi l'État, qui constitue là aussi un morceau important de l'histoire et qui ne sait pas trop comment gérer le départ soudain de la population. Les conséquences sont celle qui nous pourrions connaître si un tel événement arrivait, effondrement de la monnaie, taxes sur les productions des Terres voisines et aides aux passeurs, tout cela est abordé de manière sobre de afin de ne pas être perdu dans une marée de notions politiques chiantes et abrutissantes. Nous sentons Baxter planer au-dessus de cette simplification, lui qui a le don de « vulgarisé » ça science pour mettre la connaissance à la portée de tous.
Pratchett lui, se fait surtout sentir dans les dialogues et dans les interactions entre Lobsang et Josué. Certaines répliques font sourire même si nous sommes loin du Disque-Monde.
Pour continuer sur le tandem Lobsang/Josué, tout est fluide, captivant, manquant un peu de rythme tout de même, mais franchement bien ficelé. Nous suivons les deux lascars qui remontent les Terres à la recherche d'une réponse et qui du coup nous offre un panorama grandiose de Terres toutes aussi sublimes et différentes les unes que les autres, car plus les passages se font lointains plus le paysage devient sauvage. La nature aussi d'ailleurs. Nous remontons jusqu'à rencontrer des formes d'animaux primitifs (je n'ai pas dit des dinosaures, car ce n'en est pas) qui ont pu évoluer, car la grande météorite n'a jamais heurté cette version de la Terre. Cette quête n'est ni plus ni moins qu'un formidable observatoire de l'évolution.
Alors qu'en est-il du fait que deux des auteurs anglais les plus prolifiques et talentueux s'associent ? Et bien le résultat est bien, mais pas top et nous aurions été en droit d'en attendre plus. Manque de pep's, manque de développement, rythme assez lent et sans vraiment d'action, les deux auteurs auraient-ils été trop gourmand ? Possible, mais c'est un simple manque de pages au final, car le résonnement et les choses étaient pourtant bien amenés. le thème des trous de vers à certes déjà été abordé, mais les auteurs dépoussièrent le sujet sans pour autant qu'il soit question de voyage dans le temps où dans l'espace et c'est assez inédit et original au final. En même temps ce n'est pas les derniers des crétins qui ont pondu le bouquin, et je vous laisserais sur cette magnifique citation pleine de bon sens de
Jules Vernes : « Tout est possible de la part d'un excentrique, surtout quand il est anglais. », alors imaginez s'ils sont deux…
Zoskia
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