Une brûlure, vive, de celles qui réveillent, vous rappellent que vous êtes vivante, quand on veut vous confiner, vous enfermer, vous écraser sous le poids d'une reconnaissance humiliante, d'une dévotion de commande, d'une contrition malsaine.
Une brûlure joyeuse, comme celle d'un coup de soleil, une brulure énergique comme celle de la vague qui claque sur la peau, une brûlure passionnée, parfois brutale, comme celle de l'amour...
Cette petite nouvelle impertinente et frondeuse de
Dolores Prato m'a remplie d'aise! Elle fut un des rares écrits de l'auteur à connaître prix et succès.
En 80 pages, d'une plume alerte, aiguë, sans mâcher ses mots, Dolores raconte son émancipation du couvent qui l'a recueillie et élevée en tablant sur la reconnaissance de cette jeune pupille et la peur savamment distillée des "
brûlures" du monde extérieur pour la garder, recluse, entre ses murs.
Mais on n'enferme pas un feu follet, on ne retient pas un papillon, on n'empêche pas une rose de s'ouvrir sous la brûlure chaude du soleil...
Un régal.Et, pour moi, la découverte d'un grand écrivain.. .
C'est aussi ce que semble penser la critique, maintenant que vient d'être traduit et publié , enfin, dans sa version originale -loin des coupes scandaleuses pratiquées dans le manuscrit par
Natalia Ginzburg à qui
Dolores Prato l'avait malencontreusement confié - son grand livre- testament
Bas la place, y'a personne.
Il ne s'agit plus de 80 pages, cette fois, mais de près de
900...
Si elles sont de la même veine que ce petit bijou, voilà de grandes joies en perspective!