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Les Celtiques est un album un peu fourre-tout constitué de six nouvelles ayant pour dénominateur commun, non pas, comme annoncé dans le titre, les îles Britanniques ou la Bretagne, mais plutôt la présence de Corto en Europe durant la fin de la Première Guerre Mondiale.

On y trouve donc des histoires courtes assez inégales, allant du très bon au très médiocre, certaines se passant à Venise, d'autres en Irlande, en Angleterre ou en France.

1. L'Ange À La Fenêtre D'Orient nous plonge dans la Venise que connaît si bien Hugo Pratt. Certains dessins sont réellement saisissants de beauté sur les rues de la cité aux pieds dans l'eau et je vous conseille donc particulièrement ses magnifiques vues de Venise.

Corto y est à la recherche d'un manuscrit bien étrange détenu par les Franciscains. Dans ce manuscrit, il est question de six cités bâties en pays d'El Dorado. Corto s'étonne que le manuscrit ne relate que la présence de six villes, sachant que lui en connaît sept. Or, il se rend vite compte qu'il n'est pas le seul à être intéressé par ce manuscrit…

Parallèlement, on s'étonne, pendant toute l'aventure, de la présence d'une jeune paralytique issue de l'aristocratie à la fenêtre de la demeure familiale. Elle garde sa lumière allumée, même en pleine nuit, alors que l'aviation autrichienne menace la ville et qu'il est vivement déconseillé de prendre pareil risque en offrant une si belle cible à l'ennemi. Qu'attend donc cet ange à la fenêtre d'Orient ?...

2. Sous le Drapeau de L'Argent relate quant à elle un épisode de la Première Guerre Mondiale entre Italiens et Autrichiens dans la Vénétie (ce en quoi elle peut nous évoquer des romans de Mario Rigoni Stern).

Hugo Pratt se sert de ce contexte pour y placer une histoire d'enlèvement de trésor monténégrin orchestré par Corto Maltese sous les feux croisés autrichiens, italiens, français et écossais tout en faisant pirouetter au beau milieu des Américains de la Croix-Rouge.

C'est l'occasion pour lui de s'en donner à coeur joie quant au dessin des uniformes et des matériels de guerre qui sont vraiment très réussis. Il évoque également le personnage historique d'Ernest Hemingway durant la première guerre mondiale.

Un complot magnifique impliquant un aristocrate autrichien qui, conscient de la défaite proche, trahit son propre camp pour le compte de soldats écossais et français mais se fait découvrir entraînant une réaction de sa propre aviation...

3. Concert En O Mineur Pour Harpe Et Nitroglycérine, peut-être la plus caractéristique et la plus réussie de l'album, nous plonge en pleine guerre d'indépendance irlandaise dans une histoire qui me rappelle beaucoup des films tels que le Vent Se Lève de Ken Loach ou même le plus ancien Il Était Une Fois La Révolution de Sergio Leone.

Corto débarque sous la fine pluie d'Irlande en 1917 au moment où l'une des têtes du Sinn Féin, Pat Finnucan, vient d'être abattue par l'armée anglaise. Notre fétiche marin fait la connaissance de Sean, le frère du défunt qui a repris le flambeau de l'opposition à l'occupant anglais et de la révolte, ainsi que de Banshee O'Danann, la veuve de Finnucan.

Un certain major O'Sullivan semble avoir joué un rôle déterminant dans l'assassinat de leader de la révolution. Une grosse opération est en cours. Des membres du Sinn Féin ont été capturés et vont être exécutés sous peu par les militaires anglais. Leurs amis souhaitent attaquer le convoi militaire qui doit les emmener devant le peloton d'exécution.

Mais l'opération est risquée car les Anglais sont sur leurs gardes et bien déterminés à sabrer de l'Irlandais. La réussite se jouera dans la fiabilité des informations recueillies de part et d'autre... avec la victoire ou un bain de sang à la clé !

Corto, une fois encore, est dans un rôle trouble, que je vous laisse le soin de découvrir. Hugo Pratt, comme les réalisateurs sus-mentionnés, pose habilement la question du statut de " héros " lors d'une révolution qui doit toujours nous faire réfléchir sur les diverses icônes de l'on a souvent un peu trop tendance à révérer. Mais qu'y a-t-il sous le socle des statues des héros ? (À ce titre, si cette thématique vous intéresse, je vous conseille le roman SF Santiago de Mike Resnick qui prolonge bien la réflexion.)

4. Songe D'Un Matin D'Hiver est une légende ancienne réaménagée à la sauce Hugo Pratt. L'histoire décrite dans la légende se réécrit durant le conflit mondial. Corto en nouveau Arthur de la Table Ronde doit, par son intervention décisive, sauver l'Angleterre de l'invasion Allemande.

Mais ce n'est pas l'Angleterre en tant que nation qui compte ici, c'est l'Angleterre en tant que celtique, en tant qu'héritière des légendes ancestrales que l'on doit sauver. Merlin l'enchanteur, la fée morgane, le roi Obéron et le diablotin Puck luttant face aux elfes des traditions germanique venues du continent, face aux fées Nibelungen et Valkyries.

L'auteur met en scène tant les personnages mythologiques que des personnages de fiction du début du XXème siècle. Ceci fait une drôle d'histoire, un peu tarabiscotée, bizarre, mais onirique. Je ne vous cache pas que ces sortes de légendes ne sont pas ce que je préfère dans les aventures de Corto Maltese, car j'aime cent fois mieux les moment où Hugo Pratt mêle sa fiction avec les réalités historiques.

5. Burlesque Entre Zuydcoote Et Bray-Dunes est un très petit millésime à mon goût. On l'a connu meilleur l'ami Hugo Pratt. Certes, le trait est admirable dans cette aventure, mais c'est à peu près tout.

L'histoire, plutôt creuse, se veut un mélange d'espionnage sur fond de guerre et de légendes anciennes, avec quelques appels du pieds, comme il est fréquent dans la série Corto Maltese, vers de véritables personnalités historiques, mais ici, le compte n'y est pas. Ça fait flop ! Circulez, y a rien à voir.

Durant la première guerre mondiale, dans un camp allié situé à l'extrême nord de la France (comme le titre l'indique) des artistes troubadours viennent distraire les soldats anglais et américains. Cependant, cette étrange représentation ne laisse pas tout le monde indifférent. le lieutenant de Trécesson croit y avoir lu un message crypté. Qu'en est-il vraiment ?...

6. Enfin, Côtes de Nuits Et Roses de Picardie nous emmène en France pendant la fameuse bataille de la Somme, entre Corbie et Bray-sur-Somme (à l'est d'Amiens). Nous sommes en avril 1918 et le terrifiant Baron Rouge (alias Manfred von Richthofen) sème la panique avec son appareil au-dessus des tranchées alliées.

L'auteur nous évoque un bref instant du quotidien de ces soldats australiens, venus se faire tuer à l'autre bout de la Terre dans un conflit qui ne les concernait pas.

Sandy, le chef de patrouille acariâtre et Clem, simple soldat, essaient de persuader Corto Maltese de déboucher ses superbes bouteilles de vin de Bourgogne, du Vosne-Romanée 1911, que bien évidemment le marin ne souhaite vider pour rien au monde, du moins, pas pour une si petite occasion.

L'argument de Sandy est pourtant fort : quand Clem en a un coup dans le nez, il abat n'importe quoi et n'importe qui à n'importe quelle distance. Ça vaudrait peut-être le coup d'essayer ?... Cette histoire est aussi l'occasion d'évoquer, outre le Baron Rouge et ses 80 avions abattus, l'écrivain D. H. Lawrence ainsi que le futur célèbre Lieutenant Hermann Göring...

Au final, un album très inégal, pas forcément très réussi, sauf quant à la qualité du dessin, au top d'un bout à l'autre. Mais bien sûr, tout ceci n'est que mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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Le trait au noir, vif, dynamique et brut, le personnage ténébreux, énigmatique et flegmatique de Corto Maltese, ce sont les piliers du talent d'Hugo Pratt et il sont bien là. Mais il m'a manqué un petit quelque chose dans cet album. Il est composé de 6 courts récits et le souffle épique, dans ce format court, s'y trouve un peu à l'étroit, le scénario de certains épisodes (Concerto pour O mineur pour harpe et nitroglycérine” et “Burlesque entre Zuydcoote et Bray-Dunes”) paraissent bâclés avec un dénouement théâtral un peu ridicule et ses incursion dans le fantastique ne sont pas non plus d'une grande réussite (“Songe D'Un Matin D'Hiver” et à nouveau “Burlesque entre Zuydcoote et Bray-Dunes”). Ce n'est pas le meilleur album de la série, Hugo Pratt est plus à l'aise, plus personnel dans des histoires longues, ou l'atmosphère langoureuse et pesante prend le temps de s'étendre, et de nous envoûter, c'est indéniable.
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J'étais réfractaires à Corto Maltese, mais puisqu'on parlait d'Irlande... le récit d'Hugo Pratt m'a eu par les sentiments.

Quelques récits, sans autre lien que la présence de Corto explore les luttes de cette petite île et les résurgences de créatures légendaires dans les brumes d'Irlande.
Et finalement, rien de tout cela ne m'a fait changé d'avis sur la série Corto Maltese. Comme les romans de Ken Bruen ou d'autres, on lit le récit pour la gloire de Corto Maltese et finalement les autres péripéties sont bien secondaires face à ce personnage.

Certes, le dossier documentaire comporte des photos magnifiques. C'est une qualité qu'il faut lui reconnaîte. Sinon,... pas sûr qu'on m'y reprenne, Irlande ou pas.
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Il reste de la lecture des 6 histoires des Celtiques, le souvenir d'un univers onirique à mi-chemin des légendes de Bretagne, et des champs de bataille de la première guerre mondiale. Corto Maltese évolue en 1917 en Europe, avec son détachement habituel, poursuivant sa quête de l'Eldorado, au milieu de personnages hétéroclites: des soldats anglais, des aviateurs allemands, l'enchanteur Merlin, la fée Viviane, l'espionne allemande Rowena, ou encore la résistante irlandaise Moïra Banshee, dont il tombe amoureux. Corto est celui qui "songe les yeux ouverts". Il aide autant les indépendantistes irlandais, que le peuple des fées et légendes. Comme toujours, il est en partance, et s'en va toujours un peu plus loin, cultivant la nostalgie. le célèbre coup de crayon épuré, et contrasté d'Hugo Pratt, contribue au climat sombre de cet album qui parle de guerre et de fin d'un monde. A lire ou relire avec plaisir.
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Avis en demi-teinte, n'appartenant pas, hélas? au "club Corto Maltese" et ayant du mal à me laisser séduire par ce personnage de bel aventurier hors des normes.
Il y a pourtant du bon voire du très bon dans cet album, à commencer par les aventures rapportées qui, bien qu'ancrées dans l'Europe de la première guerre, semblent se dérouler dans un univers parallèle. L'ami Corto est au-dessus des contingences de l'histoire, grand ou petit H.
Coups de coeur pour la pointe de merveilleux avec la convocation de Merlin et Morgan sur le site de Stonehedge, et pour une scène magnifique autour d'un spectacle de marionnettes.
En revanche, la construction en plusieurs épisodes mal reliés rend l'intrigue un peu pénible à suivre. Et franchement, on aimerait qu'il se prenne une bègne ou qu'il se plante de temps en temps, Corto le-plus-que-parfait!
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J'ai la chance d'avoir cette belle version collector des "Celtiques" de Corto Maltèse. Grand format carré, couverture cartonnée et édition couleur. Après une préface de Jean Markal nous avons le droit à quelques belles aquarelles d'Hugo Pratt.

Cet album regroupe trois histoires courtes du plus célèbre marin qui se passent toutes les trois pendant la première guerre mondiale. Dans la première, Corto est sur le sol Irlandais en pleine rébellion, il va alors aider l'IRA. Dans la seconde, il est endormi au pied de Stonehenge où un homme vient de se suicider après lui avoir avoué sa trahison. Puis dans la dernière nous sommes dans notre belle Bretagne Armoricaine.
Des histoires très courtes qui vont très vite donc dans leur dénouement. Si le scénario n'est pas très poussé, on ne crache pas sur cette petite escapade avec Corto Maltèse dans les légendes celtiques.
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Corto revisite cette fois les mythes celtiques, mieux encore, les revitalise et leur donne une nouvelle substance sans pour autant les dénaturer en les plaçant dans la période de la Première Guerre Mondiale.
Bien plus onirique que la plupart des autres tomes, Corto est encore plus que d'habitude un simple acteur des plus hautes destinées dont il est loin d'être la dupe : il suffit d'en juger par la lecture des lignes de sa main.
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Les Celtiques, un de ces albums de Hugo Pratt qui se lit, se relit et offre toujours quelque chose de nouveau. Onirique, énigmatique, on y découvre toujours un autre angle, un autre sous-entendu, une autre interprétation…
La forme de la nouvelle en BD semble être celle qui convient le mieux à Hugo Pratt. Ce recueil en contient six, chacune de 20 pages, pas plus. Assez pour évoquer des instants, développer des petits drames, tout en laissant une grande part de mystère et de non-dit.
Ces histoires au fort goût de sel et de rêve, ouvertement antimilitaristes, forment l'un de mes livres préférés de Corto Maltese, et je ne boude pas mon plaisir, encore et encore !
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Pratt a inventé la BD littéraire pour adulte. Il permettra à Mitterand de pouvoir citer un auteur en visitant le festival d'Angoulème, sans perdre sa "hauteur".
Cet album est en effet bourré de référence pour celui qui a lu Shakespeare, la légende arthurienne ou même de la poésie irlandaise (!). Mais rassurez vous on peut l'apprécier sans cela!
Il fait partie des classiques de Pratt, dont l'énorme production contient aussi de grosses daubes.
Ici Pratt devait faire des histoires en 20 planches (précises!) ce qui l'a obligé à gagner en concision. le trait et la gestion du noir est blanc sont bons: le dessin a atteint sa maturité ce qui n'est pas encore le cas dans "la ballade de la mer salée" par exemple et il ne bacle pas encore comme il le fera plus tard.
Bref c'est la meilleure période, idées de base, écriture et dessin.
Fort.
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Comme dans Mû, le mystique se lie ici au réel pour emmener ce cher Corto sur les chemins de l'histoire. Mais à la différence de l'opus plus tardif, l'irréel se lie ici au tragique pour raconter des histoires qui nous emmènent dans le côté noir de l'histoire du XXème siècle. Corto le traversera, toujours avec la même nonchalance, laissant un peu de lui et remportant aussi bien plus en retour en monnaie de poésie. Pratt est magique, lisons-le.
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