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EAN : 9791021005808
304 pages
Tallandier (02/05/2014)
4.38/5   8 notes
Résumé :
Décembre 1937. L’armée japonaise lancée dans une guerre d’expansion coloniale en Chine prend Nankin, capitale de Tchang Kaï-chek. Durant six semaines, les troupes nippones se livrent à un massacre d’une cruauté inouïe.

Le « viol de Nankin » fera entre 90 000 et 300 000 victimes.

Michaël Prazan a enquêté sur le terrain, à la recherche des derniers témoins, en s’attardant sur l’histoire d’une dévastation instrumentalisée par la Chine et p... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Un livre très complet, traitant de tous les aspects du massacre aussi bien en Chine qu'au Japon.
Bien équilibré entre témoignages, mise en contexte, recherche des faits.
Une lecture indispensable dans un contexte tendu entre ces deux pays.

Le massacre de Nankin n'est que très peu connu en Occident. Passionné par le Japon, il me semble indispensable d'en connaitre toutes les facettes même les plus sombres. Mickaël Prazan nous livre ici une enquête minutieuse et bien documentée d'une portée universelle.

Le livre aborde le massacre par de multiples aspects.

Contexte historique

Le contexte historique aussi bien japonais, chinois que mondial y est très clairement présenté.
Il m'a permis de découvrir, entre autres, que l'alliance entre l'Allemagne nazie et le Japon impérialiste ne s'est pas faite du jour au lendemain. Par certains côtés, elle n'était même pas évidente.
L'influence de la campagne de Chine sur l'attitude de l'armée est très bien abordée.

Témoignages directs

C'est une véritable enquête de terrain à laquelle s'est attelé l'auteur.
Il a recueilli des témoignages de victimes chinoises, de soldats japonais, mais aussi de contemporains Chinois et Japonais. Tous les points de vue sont traités des plus nationalistes aux plus humanistes.
Le tout est raconté sans jugement et nous offre une palette nuancée de participation ou réaction face au massacre.

Les témoignages des victimes et des soldats sont durs.

Témoignages indirects

Quelques étrangers présents à Nankin lors du massacre se sont interposés. Leurs destins sont édifiants.
L'un, allemand, fut accusé et arrêté par la Gestapo. Une religieuse, ayant portant tellement fait pour protéger les femmes de Nankin, n'a pas supporté l'épreuve.

Après la guerre

Procès, évaluations du massacre, responsabilités sont très bien synthétisés depuis une documentation fournie.
L'impact du massacre n'a pas toujours été aussi grand que l'on peut le penser.

Le nombre de victimes est un des points sensibles. Il est
L'attitude de la Chine et du Japon ont toujours été ambigus. le contexte politique fut très différent et a laissé des marques profondes. Alors que l'Allemagne stable politiquement, au coeur de l'Europe, a dû se réconcilier rapidement avec ses voisins. À l'inverse, la Chine maoïste avait vu son ennemi intérieur Tchang Kaï-chek écrasé par les Japonais. La construction communiste, avec ses aléas comme la révolution culturelle, a d'un certain point de vue repoussé le dialogue Chine-Japon.

Le livre dresse un portrait complet de l'utilisation faite par la Chine et le Japon du massacre.

Un point très bien mis en valeur est l'impact du massacre sur la prise de conscience politique de la jeunesse chinoise d'aujourd'hui. Contrairement à leurs pères, le massacre de Nankin a eu beaucoup plus de place dans l'histoire enseignée. Par cette histoire douloureuse, les idées de souffrance individuelle, de procès équitable, de justice internationale, d'équité, de réparation et parfois de pardon se diffusent dans la société chinoise. le sentiment nationaliste est à la fois une conséquence et une raison de la place qu'occupe le massacre de Nankin dans le discours officiel chinois.

Il faut reconnaître que dans la société japonaise la prise de conscience est plus difficile. Les révisionnistes occupent une place bien trop grande dans le débat national et dans les médias.

Le mot de la fin

Il se conclut par un magnifique discours de Kenzaburō Ōe
Lien : http://travels-notes.blogspo..
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Aujourd'hui, on a tendance à voir la Chine comme le grand méchant et le Japon comme une nation pleine de paradoxes mais pacifiste dans l'ensemble. Or, la réalité est un peu plus complexe et l'ouvrage de Michaël Prazan permet de mieux comprendre les relations qui unissent la Chine, le Japon et la Corée.

Dans la première partie, on comprend mieux l'organisation du Japon et les raisons pour lesquels les Japonais sont partis à la conquête du monde. Car tel est bien leur volonté. Bon ils veulent se contenter de l'Asie mais c'est déjà pas mal, non ? Comme beaucoup de pays, dont la France, le Japon souhaite coloniser des terres. Et comme nous, cela ne s'est pas fait sans heurts. Cependant, il est parfois difficile pour le lecteur néophyte de comprendre réellement l'organisation des différents pays asiatiques. Il faut bien l'avouer, on ne connait que le système dans lequel on vit. Mais une fois cet obstacle surmonté, le « récit » prend le dessus.


Au départ, c'est un récit presque froid, mais scientifique. On ne voit que peu émerger l'ampleur du massacre et des viols, même si on le pressant. Mais la deuxième partie, traitant du massacre est difficile à supporter. L'auteur décrit d'abord l'élimination systématique des Chinois. On les prenait au hasard et on les fusillait, les noyait ou encore les décapitait. Mais la partie la plus insoutenable, à mon sens, est celle concernant les viols. Bien qu'il y ait peu de détails (heureusement, l'auteur nous a épargné des passages sordides), il est difficile de lire certains passages. Je pense ici aux viols d'enfants. le viol est déjà un crime horrible, mais quand il porte sur des enfants, il n'y a pas de mot assez fort pour dire à quel point cela est abjecte.
Dans la dernière partie, c'est de la mémoire du massacre et du viol dont il est question. Elle renvoie étrangement à notre vécu avec la guerre d'Algérie qui est qualifiée jusque dans les années 1990 d' « évènements ». Ici, deux points de vue sont examinés : celui du Japon et celui de la Chine. de part et d'autre, le massacre de Nankin est instrumentalisé. En Chine, pour unifier le pays contre un ennemi commun et au Japon par des nationalistes radicaux d'extrême droite, dont la voie se fait de plus en plus entendre (cela ne vous rappelle rien ?).


Mais cette instrumentalisation a eu des répercutions inattendues en Chine. Avec la médiatisation du massacre, les Chinois se sont intéressés aux droits de l'Homme. Et des contestations se font entendre. Bien évidemment, cela n'a rien à voir avec le massacre de Tien an men, dont les jeunes chinois ne connaissent pas l'existence.
Ce silence autour de Tien an Men est proche de ce qui se passe au Japon. Bien qu'il y ait eu un procès comme celui de Nuremberg mais à Tokyo, la majorité de la population japonaise semble douter de la véracité du massacre et des viols. de plus, le parti d'extrême droite nie totalement le massacre et encore plus les viols. Pour ces membres, ce n'est que de la propagande chinoise et américaine. Ils s'appuient en particulier sur l'absence de preuve. Bien évidemment qu'il n'y en a pas puisque le Japon a détruit les papiers et autres photographies avant l'arrivée des Américains en 1945 ! le Japon faisant face depuis de nombreuses années à la montée du nationalisme, c'est propos trouvent un large écho.


Michaël Prazan, utilise à merveille les témoignages. Chaque grand argument est soutenu soit par un témoignage de survivant, d'historien, de politiques soit par des ouvrages d'historiens ainsi que de sources directes. Cela se ressent surtout dans la deuxième partie où les témoignages forts marquent votre esprit. L'auteur reste objectif en donnant tour à tour les points de vue des deux parties et en soulignant leurs incohérences.

C'est un ouvrage dur émotionnellement à lire mais très enrichissant. Un livre à ne pas manquer pour qui veut mieux comprendre le monde d'aujourd'hui.
Lien : http://wp.me/p3uBku-gq
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Le massacre de Nankin est un événement de l Histoire, dont j avais certes entendu parler mais dont je ne connaissais pas exactement le contenu. Passionnee par le Japon et sa culture, je me devais de lire ce livre.

Michael Prazan nous plonge dans l histoire du Japon, avant 1937, année du massacre, et permet donc a ses lecteurs de connaitre le contexte et de comprendre les raisons de l invasion de la Chine par l armée japonaise.

Avec ce qui est arrive au Japon en 1945 (bombardements atomiques de Hiroshima et Nagasaki), nous avons tendance a victimiser les japonais et a oublier cette période. de plus, la plupart des japonais n arrangent pas les choses en niant ce qui s y rapporte, alors que les chinois veulent qu ils reconnaissent ce massacre.

L auteur a recueilli beaucoup de témoignages, qui ponctuent l histoire. Des témoignages de chinois, de soldats japonais, d occidentaux (par exemple, John Rabe, un allemand du Parti Nazi qui a sauve environ 200.000 chinois, et qui pensait naïvement que Hitler les aiderait).

Je ne pensais pas que j aurais eu du mal a le lire. Mais, des que le récit est devenu vivant avec les témoignages, j étais presque captivee. Tout y est décrit : les massacres comme les viols qui ont eu lieu pendant ces fameuses six semaines. Les chinois se faisaient tuer un peu au hasard, juste parce qu ils ressemblaient a des soldats… Ils étaient assassines en rang, les uns après les autres. Les viols sont indescriptibles, horribles. Cependant, je ne regrette pas ma lecture, cela me permet de mieux comprendre le Japon et de ne pas connaitre que les cotes positifs de ce pays.
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Un ouvrage qui englobe la question du "Massacre de Nankin" et qui pointe du doigt les problèmes japonais et chinois par rapport à ce fait historique.

Toutefois, l'ouvrage peut être déroutant pour quelqu'un qui ne connait ni l'histoire de la Chine, ni celle du Japon, tant les noms et références sont nombreux.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Le massacre de Nankin, au sujet duquel s'opposent la Chine et le Japon, est l'objet autant que l'exemple – presque canonique – d'une mémoire clivée, soumise aux intérêt divergents de deux pays. La mémoire, prise en otage par la politique, devient ici une arme en temps de paix. Si elle semble vouée à une inévitable instrumentalisation – ne serait-ce que celle des contingences du temps présent -, la mémoire ne doit pas pour autant faire écran à la réalité du crime, ni même à sa nécessité, individuelle et collective, dans la construction de nos identités modernes. Car s'identifier à une mémoire endeuillée, c'est aussi proclamer son appartenance à un groupe qui puise en elle des éléments nouveaux de sa définition. C'est ainsi que la mémoire, telle qu'elle s'exprime aujourd'hui, et particulièrement dans son opposition à d'autres, a aussi à voir avec le religieux. « En ce temps caractérisé par une poussée de sécularisation sans précédent, écrit l'anthropologue Emmanuel Terray dans un court opuscule, le devoir de mémoire apparaît bien comme le germe d'une religion de substitution. D'abord, il s'accompagne d'un nouveau culte des morts, avec ses rituels et ses commémorations. En second lieu, l'évocation des crimes contre l'humanité place les militants du devoir de mémoire au contact de l'irréversible, de l'irréparable, donc du mal radical, qui, pour être une figure négative, n'en est pas moins une figure de l'absolu. » La frontière entre croyance et vérité, entre le deuil et l'instrumentalisation est mince, et elle se trace sur un terrain particulièrement glissant.
(…)
Car, dans le cas du massacre de Nankin, il y a interaction, alimentation réciproque de deux mémoires conflictuelles : l'une, en Chine, qui instrumentalise le crime ; l'autre, au Japon, qui le nie ou le relativise.
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La mémoire, ses enjeux, ce qu'on en fait, est l'objet d'un débat en France. Une colonisation dont l'origine autant que les conséquences demeurent occultées et pour partie inintelligibles, les traces de la guerre d'Algérie qui ne disait son nom hier ni ne révèle aujourd'hui sa portée, l'enfouissement de plusieurs siècles d'esclavagisme, le souvenir encore brûlant du génocide juif et de la collaboration, sont autant de refoulés qui resurgissent aujourd'hui, frayant les sillons de mémoires singulières ayant de plus en plus tendance à s'opposer, à se monter les unes contre les autres. Le « devoir de mémoire », né dans les années 80 du refoulement du génocide juif, s'est en quelque sorte « démocratisé », fragmenté en autant d'injonctions lancées aux héritiers du crime, de revendications émanant d'une mosaïque de mémoires souffrantes et qui réclament toutes réparation – si ce n'est financière, au moins de reconnaissance identitaire.
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Même soixante-dix ans après, il est important de comprendre qu'il s'agissait d'actes criminels car, pour que le coeur meurtri des victimes soir apaisé, cette reconnaissance par les agresseurs me semble indispensable.
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Il y a une volonté politique de plus en plus forte d'éliminer de la mémoire de la guerre ses aspects les plus négatifs ou inavouables.
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Les hommes et les femmes ayant surmonté une souffrance extrême atteindront-ils une humanité exceptionnelle ?
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Vidéo de Michaël Prazan
Dans ses "Récits de la Kolyma", un recueil de nouvelles écrites après sa libération, l'écrivain russe Varlam Chalamov témoigne de l'enfer des goulags staliniens, auquel il a survécu après une vingtaine d'années de pénitence. L'histoire de Varlam Chalamov a été source d'inspiration pour Gisèle Bienne et Michaël Prazan, invités de Nicolas Herbeaux pour transmettre ce témoignage marquant et essentiel.
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