Mais j’avance à pas feutrés sur ces éponges à chagrin qui, au fond de moi, restent gonflés de leur eau salée-sucrée malgré le sécheresse apparente de mes silences
J’écris parce que je cherche, parce que je veux garder une trace, parce que j’éprouve une sorte de soulagement lorsque l’écran s’allume, parce que c’est une porte qui s’ouvre sur les jours perdus
J'aime ma solitude , cet espace tranquille où je peux être moi sans témoin . Moi , avec mes nostalgies , mes renoncements , mes compromissions .
Si tu te demandes où tu veux vivre, demandes toi si c'est là que tu pourrais mourir.
Comment peut-on ne rien deviner parfois des tourments des autres, tout particulièrement de ceux qu'on aime ?
Le silence, plus qu'une armure, est un duvet protecteur, apparemment léger, flou, aérien. Un nuage de plumes sous lequel il arrive qu'on étouffe, qu'on ait besoin de hurler, tout en sachant qu'une petite étiquette avec tête de mort l'interdit formellement.
J’aime ma solitude, cet espace tranquille où je peux être moi sans témoin. Moi, avec mes nostalgies, mes renoncements, mes compromissions.
La guerre civile fait rage en Syrie. Des milliers de réfugiés marchent sur la route de la frontière turque. Des journalistes les filment. Aujourd’hui ce sont ceux-là. Hier, c’étaient des Libyens, des Afghans, des Africains en pagaille, des Tchétchènes, des Kosovars…Avant-hier…Un siècle de guerres diverses après la « der des ders » m’envoie ses flots de sang et de souffrances à la figure. Dans quelques dizaines d’années, d’autres diront : un siècle de violences et d’atrocités après 40-45 et le génocide des Juifs, des Tsiganes, des Tutsis… L’Historie m’écœure : sa redondance, l’aveuglement de chacun, mon indifférence de spectatrice ou en tout cas le sentiment qui me permet de respirer, de manger, de savourer un fruit ou un verre de vin, pendant qu’ailleurs des gens fuient, sont emmenés, assassinés, découpés en morceaux.
Je n’en peux plus.
Il a pris mon visage sans ses mains et, tout bas, il m'a dit que lui, par contre,avait maintenant un but bien précis : aller à Columbus voir son fils.
Cette annonce m'a éclaté à la figure comme un feu d'artifice.
Les miens avaient dû hésiter pendant une heure ou deux, mais quand ils ont entendu la canonnade, quand on leur a dit que le terril du Crachet avait reçu des obus, en même temps que les tranchées des soldats à cottes, ces Ecossais qui avaient été l’attraction des derniers jours, Maria a sans doute prononcé quelque parole définitive après qu’Emile eut affirmé qu’on ne pouvait abandonner les bêtes : en tout cas, elle ne resterait pas. Cela voulait dire que ses enfants non plus. Les Allemands faisaient marcher en tête de leurs colonnes tous les jeunes qu’ils pouvaient attraper. Ils leur couperaient les mains s’il le fallait. C’était le bruit qui courait.