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EAN : 9782246820666
336 pages
Grasset (20/03/2019)
4.18/5   93 notes
Résumé :
" Je ne suis pas un homme je ne suis pas une femme je ne suis pas hétérosexuel je ne suis pas homosexuel je ne suis pas bisexuel. Je suis un dissident du système sexe-genre. Je suis la multiplicité du cosmos enfermée dans un régime politique et épistémologique binaire... Je n'apporte aucune nouvelle des marges. Je vous offre un morceau d'horizon. " Paul B. Preciado Paul B. Preciado est philosophe, commissaire d'exposition et auteur.
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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« Nous comprenons mieux le monde, dit Glissant lorsque nous tremblons avec lui, car le monde tremble dans toutes les directions » C'est le récit d'un voyage. D'un voyage à travers l'espace, à travers soi, le temps, l'histoire, la chair, un voyage du dedans qui porte beau un futur déjà naissant. C'est un journal de bord, de l'ouverture d'une voie, l'écrit d'un premier de cordée. C'est un livre de chevet. Rêver ce n'est pas se perdre, s'égarer, c'est voyager, imaginer, inventer. C'est une évolution, c'est au-delà d'une révolution. C'est une marche, construite, informée . Paul B. Preciado nous parle de ce que nous sommes, ce que nous faisons, ce que nous pensons croire, ce que nous redoutons, de ce qui nous entrave, nous enchaîne, nous retient ; Il nous parle de ce qui nous sommes, de ce que nous pouvons oser, tenter. Ce qui aujourd'hui nous semble inconcevable, au même titre qu'il était inconcevable de penser que la terre était ronde…
C'est le monde comme il fut, est et espérons qu'il deviendra. C'est philosophique, politique, organique, poétique. Cela fait longtemps qu'un livre ne m'avait pas traverser de la sorte. L'écriture est belle, percutante, rebelle, pertinente, poétique, délicate, fracassante, bouleversante.
Je pourrais extraire nombres de pages, de phrases du livre de Paul B. Preciado. J'ai envie de tout retranscrire pour mieux partager mon émotion avec vous, gens du Livre voyage. Ce n'est pas un roman c'est un recueil d'écrits. Une bouteille à la mer, le signal lancé à travers nos espaces, la lanterne palpitante à la proue d'un vaisseau. le monde sera tellement plus grand avec quelques Paul B Preciado en plus.. Après tout... l'imprimante 3d est déjà entre nos mains.
« les transitions sont ta maison ». « Tu écris à des enfants qui ne sont pas encore nés, et qui vivront eux aussi dans cette transition constate- qui est le propre de la vie ».
« Ils disent crise. Nous disons révolution ». Puisque c'est « une relation politique de domination qui
associe, espèce, race et nation ». Amis, tremblons ! Non de peur mais d'émotions, de vouloir !
Le corps, la peau, l'esprit, la terre , la patrie, le nom… de quel pavés emplissons nous les barques de toutes nos folies, de toutes nos haines, de toutes nos déraisons ?. « Le corps n'est pas propriété, mais relation. L'identité ( sexuelle, de genre, nationale ou raciale) n'est pas essence mais relation ».
«  L'espoir est la plus belles des putes » écrit Ika Knezevic. « Alors je désire que cette pute passe la nuit avec moi. Je veux la caresser et dormir avec elle.Je veux me mettre au lit avec cette pute.Je veux m'asseoir à côté d'elle et lui laver les pieds.Parce que cette pute est tout ce qui nous reste et qu'elle est le meilleur ». Exil, transit, frontières…Lisez ces textes, réfléchissez, écoutez le monde trembler, trembler entre nous, contre nous, vers nous, en dedans nous. Tremblons de tout notre plus bel ensemble. L'immobilité est éphémère, le mouvement est perpétuellement en nous. Vouloir changer, changer le monde, la vie, proposer des itinéraires, des pistes, des routes, passer des montagnes, des vallées, rejoindre d'autres rives...C'est ainsi que nous marchons depuis la première algue, la première cellule, depuis le premier soleil, depuis la première pluie. Merci Paul B. Preciado merci Les pôles sont en migration ! le soleil n'est que révolution !

Astrid Shriqui Garain

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Un appartement sur Uranus rassemble une septantaine de chroniques écrites pour le journal Libération par Paul B. Preciado entre 2013 et 2018, période qui correspond à sa transition sexuelle de femme à homme. Il y est ainsi beaucoup question de genre mais pas uniquement. Car Paul Preciado est un militant, révolté par ce qu'il appelle l'hétérosexisme et de manière plus générale par les normes imposées par notre société dirigée par le 'capitalisme technoscientifique'. Ses chroniques alternent ainsi entre récit de sa transition et actualité, de la crise grecque au référendum catalan.

J'ai aimé le point de départ de la pensée de Preciado qui est de rejeter la catégorisation imposée par notre société. Pourquoi au final doit-on toujours se définir comme homme ou femme, comme hétéro ou homo, comme blanc ou noir? Nos identités ne peuvent-elles pas être plurielles? Preciado a ainsi cherché à flouter ces cases en commençant par prendre une petite dose de testostérone, le rendant "gender fluid", jusqu'à finalement céder à l'injonction sociétale en décidant de devenir homme complètement. L'introduction et les chroniques traitant de son ressenti et des étapes importantes de sa transition sont clairement celles que j'ai préférées et correspondent à ce que je recherchais dans ce livre, peut-être à tort. Même si cela peut paraître voyeur, j'aurais clairement souhaité que cela soit plus approfondi.

En dehors des chroniques sur son expérience personnelle, reste donc une majorité de tribunes plus politico-philosophiques où nos avis ont divergé. L'auteur semble affirmer que la liberté passe forcément par le refus de la procréation et la transsexualité et que tout autre voie est un asservissement à "l'hétérosexualité nécropolitique hégémonique". J'aurais voulu que Preciado revendique le respect de ses choix de vie, sans dénigrer à demi-mots les miens.

Si je n'ai pas totalement trouvé satisfaction dans les chroniques de Preciado sur les questions de genre, j'ai malheureusement carrément sombré dans celles traitant de sujets plus politiques. J'ai trouvé les attaques constantes contre le "nécrolibéralisme" ennuyeuses à mourir. En essayant de m'abstenir de juger les opinions politiques de Preciado, qui ne sont certes pas totalement compatibles avec les miennes d'où une partie de mon agacement, ce sont également dans ces chroniques-là que j'ai trouvé le style plus ampoulé et prétentieux, adoptant une terminologie révolutionnaire faite de néologismes composés des plus exaspérante.

Un appartement sur Uranus est un livre qui aura au final en partie heurté mes opinions et c'est probablement là le but de Preciado. J'aurais toutefois voulu qu'il m'explique et approfondisse sa pensée pour me permettre de mieux la comprendre à défaut de la partager en tout point. Je pense que le format de cet assemblage chronologique de chroniques écrites pour la presse explique en grande partie cette frustration. Alors qui sait, j'essaierai peut-être un jour un vrai essai de l'auteur...
Lien : https://unmomentpourlire.blo..
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J'avoue avoir beaucoup aimé les différentes chroniques. Outre le fait de dynamiter le connu et son politiquement correct, j'ai apprécié le chant des possible offert. Ses interrogations sont un peu les nôtres, ou tout du moins, elles correspondent aux questionnements des personnes qui n'en peuvent plus des cases dans lesquelles on les enferme sans qu'on ne les respecte forcément.

J'ai apprécié la plus incisive de l'Auteur, dont les mots tranchés résonnent encore en moi. Il livre une analyse sans concession de la société et de nos corps étriqués dans la grande matrice systémique. C'est un Auteur libre, qui s'affranchit de l'hétéropatriarcat et de toutes les toxicités du monde des dernières années, de la culture dominante tout en en saisissant les enjeux au fil de sa transition. Il descend avec brio le féodalisme de l'hérédité façon « manif pour tous », aborde le préservatif chimique qu'est la Prep. Il partage ses doutes sur le couple et la façon dont nos histoires d'amours condamnées à n'être que des statistiques sociologiques. Il regarde le monde et le dissèque pour nous permettre d'éveiller nos consciences, nous évader, créer nos nouveaux repères. Il ne se limite pas à nos identités de genre, bien au contraire, il traduit les évènements de la dernière décennie et ouvre le chant des possibles à tous les domaines on peut réfléchir.

Pour ma part, c'est un livre que j'ai préféré lire en plusieurs fois car chaque sujet mérite qu'on s'y attarde réellement et qu'on prenne le temps de le digérer. C'est une lecture que je recommande vivement.
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Il m'est difficile de rédiger une critique car je crains de ne pas être capable d'y rendre toute la richesse de la pensée de Paul B. Preciado, et les autres lecteurs Babelio en parlent déjà tellement bien !
Quoiqu'il en soit, j'ai été séduite par ses idées, par sa vision du monde, par son courage à dénoncer les injustices, à mettre en lumière les failles d'humanité du système capitaliste binaire, blanc et hétérocentré. Il m'a ouvert l'esprit sur ce que pourrait être une société où le genre n'existerait plus, où on ne condamnerait plus une personne pour ses pratiques sexuelles considérées aujourd'hui comme hors de la norme, où il n'y aurait plus de patriarcat dominateur et destructeur. J'ai trouvé ce livre profondément humaniste et, plutôt que de me perdre en explications tortueuses pour tenter de rendre ici quelques miettes de sa pensée, je vous invite à lire son ouvrage et même tous ses livres ! Lisez le travail de Paul B. Preciado ! Il vous offrira, selon ses propres mots "un morceau d'horizon". Vous ne pourrez plus voir le monde de la même manière après cette lecture.
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Auteur à la pensée complexe, Paul B. Preciado nous fait voir le monde avec de nouvelles lunettes, celles où la binarité de genre et de sexualité n'a plus de sens, où les frontières entre les nations n'ont aucun intérêt. À travers ces deux fils rouges, il propose une compilation d'articles très engagés, parfois politiques, parfois philosophiques, souvent les deux. Deux écueils restent à mon sens :
- un manque de définition de certains concepts, ce qui rend la lecture souvent très dense
- une composition trop hétérogène entre des textes de nature et de qualité différentes ; certains pourraient rentrer dans un panthéon queer tandis que d'autres sont de l'ordre de la chronique politique...C'est vraiment dommage car il y a de véritables perles, notamment tout ce qui tourne autour de la naissance, du corps et de la sexualité.


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Citations et extraits (28) Voir plus Ajouter une citation
Les commémorations les plus belles sont celles que célèbres les révolutions invisibles, les transformations sans date de commencement ni de caducité. Qui célèbre l’herbe quand elle pousse?

Le ciel changeant de couleur? Qui célèbre la lecture d’un livre? L’apprentissage d’un nouveau geste? Qui célèbre le dernier instant de bonheur avant une mort subite? Il faut oublier les anniversaire. Il. Faut oublier les repères et laisser tomber les reliques. Pour célèbre toutes nos autres naissances possibles.
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La personne trans est représentée comme une sorte d'exilée qui aurait laissé derrière elle le genre qui lui fut assigné à la naissance (comme on abandonnerait sa nation) et qui chercherait désormais la reconnaissance en tant que citoyen potentiel d'un autre genre. En termes politico-légaux, le statut de la personne trans est compatible à celui du migrant, de l'exilé et du réfugié. Ils se retrouvent tous dans un processus temporaire de suspension de leur condition politique. Dans le cas des personnes trans comme dans celui des corps migrants, ce qui se demande est un refuge biopolitique: être sujet d'un système d'assemblage sémiotique qui donne sens à la vie.
L'absence de reconnaissance légale et de support bio-culturel nie la souveraineté aux corps trans et migrants, et les situe dans une position de vulnérabilité sociale très élevée. Autrement dit: la densité ontologico-politique d'un corps trans ou d'un corps migrant est inférieure à celle d'un citoyen dont le genre et la nationalité sont reconnus par les conventions administratives des Etats nations qu'il habite. En utilisant les termes d'Althusser, nous pourrions déclarer que trans et migrants sont mis dans la situation parodique de de mander à être reconnus comme sujets par ces mêmes appareils d'Etat qui les excluent. Nous demanderions à être reconnus (et par là même soumis) pour pouvoir inventer des formes de sujétions sociales libre.
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C'est l'histoire de la fin des démocraties dans l'Occident. Comment la finance a découvert qu'elle s'accommodait très bien des régimes autoritaires – et même qu'elle préférait les régimes autoritaires car on consomme encore mieux les poings liés.

Préface de Virginie Despentes
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Ce qu’il faut, comme le dit Franco Berardi Bifo, c’est érotiser la vie quotidienne, c’est déplacer le désir capturé par le capital, la nation ou la guerre, pour le redistribuer dans le temps et l’espace, qu’il traverse tout et qu’il nous traverse tous.
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La révolution ne commence pas par une marche au soleil, mais par un hiatus, une pause, un déplacement minuscule, une déviation dans le jeu des improvisations et des apparences.
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Videos de Paul B. Preciado (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Paul B. Preciado
L'éthique de l'homme occidental et les buts moraux de la psychanalyse
Lacan presque queer intervient au coeur du débat opposant les militants queer et les spécialistes des études de genre aux psychanalystes. Il évalue la pertinence des critiques politiques développées par les premiers tout en rappelant l'exigence émancipatrice de l'expérience psychanalytique (revue par Lacan) et l'ampleur de son analyse historique de l'évolution de l'éthique des sociétés occidentales (de l'antiquité à la modernité).
Le 17 novembre 2019, le philosophe queer Paul B. Preciado invité à la tribune du congrès de l'Ecole de la cause freudienne prononce une mémorable conférence exigeant des psychanalystes une profonde mutation de leur discipline qui reste selon lui la science de l'inconscient hétéropatriarcal et colonial, enferme les sujets dans la cage de l'épistémologie binaire et hiérarchique de la différence des sexes, reconduit la domination masculine, les pratiques de mort contre les homosexuels et les transsexuels, culpabilise les enfants par l'oedipe, et oeuvre au total à toutes sortes d'opérations de normalisation favorisant au mieux l'état actuel de la reproduction sociale ou de la domination mortifère du père (blanc).
Pour Markos Zafiropoulos, il fallait répondre par Lacan à cette violente critique, qui divise le champ freudien et celui des études de genre, mais aussi les associations militantes comme les cercles tâtonnant vers la construction d'une queer psychanalyse.
En retournant au texte même, l'auteur prend la mesure de l'analyse de Lacan concernant l'histoire de l'éthique en Occident, les ressorts cliniques qui font de l'homme moderne un fugitif et un prisonnier de la cage du fantasme mais aussi de ce qu'il apporte aux buts moraux de la psychanalyse qui vont comme un gant aux impératifs des avant-gardes politiques.
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