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Critique de OphelieC


Ce roman est trop long. À peine à la moitié, une seule idée en tête, le finir au plus vite ! Dans le fourmillement du downtown de New-York, le lecteur perd ses repères et s'il n'a jamais mis les pieds dans cette ville, il en aura encore moins envie après sa lecture. Certes, berceau d'artistes en tous genre, nous suivons leur évolution et leurs désirs, à travers la création d'oeuvres et de performances toutes plus farfelues les unes que les autres et donc ? Des artistes-femmes qui se mettent à nues, des peintres fous, des êtres démunis, le tout dans un squat, refuge pour tous ces cerveaux en ébullition. Un rêve d'îlot loin du tumulte du monde, de la répression et des autorités.

Ensuite, les chapitres finissent par tous se ressembler. Nous avons l'impression de toujours assister à des expositions d'art contemporain, croiser les mêmes têtes aux cheveux hirsutes répétant les mêmes paroles, sur fond de désir sexuel et d'émancipation artistique. Enfin, entre le peintre argentin et le critique d'art américain, les portraits de ces deux hommes finissent par se confondre et par se mélanger. L'un ne pouvant rayonner en la présence de l'autre, ils se livreront un combat surréaliste et artistique, sorte de performance nocturne au coeur des galeries d'exposition. Étrange, cousu par une corde trop épaisse, cette rencontre acariâtre et égocentrique assombrit une toile déjà bien obscure, n'apportant pas vraiment les réponses tant attendues par le lecteur. Une trame fouillis, une intrigue qui tourne sur elle-même et une fin qui traîne en longueur...

Néanmoins, nous nous attachons à nos deux hommes, Raul Engales, artiste argentin bien plus doué qu'il ne le pense, misogyne et méprisant, cliché de l'artiste aux cheveux sales dépendant des cigarettes et des femmes. Si Molly Prentiss tombe à pieds joints dans le cliché de l'artiste raté, une lueur d'espoir vient éclairer cette sinistre toile, grâce à son neveu Julian, débarqué d'Argentine, dans lequel il saura reconnaître sa soeur Franca, émouvant le lecteur de ses souvenirs et de son absence.

Quant à James Bennett, il permet au lecteur de voir le monde sous un regard neuf, sous un oeil d'artiste. À travers les touches de couleurs vives qui remplissent les toiles, les bâtiments, les paysages et les êtres, James Bennett - critique d'art du New York Times - nous en apprend beaucoup et ravira le lecteur dont les émotions et la sensorialité seront décuplées. le monde lui apparaîtra alors sous un autre angle, des couleurs nouvelles et ce sera un ravissement pour le lecteur de se rendre compte de sa capacité à éprouver une telle sensibilité face à l'Art et aux éléments qui l'entoure, au quotidien.

Pour finir, un autre bon point vient ranimer cette toile un peu fade. La présence de Lucy, inspiration Pop-Art d'Engales qui, de son jaune de fleur de courgette, illuminera au sens propre, la vie de nos deux protagonistes, ainsi que la lecture de ce roman. Lucy, l'amante de Raul tout droit sortie de sa banlieue de l'Idaho, donne du sens à cette déconcertante esquisse artistique et littéraire.

Quant à la fin, elle clôt en beauté un roman sur lequel nous ne reviendrons pas deux fois. de douloureux souvenirs d'enfance entre l'amour fraternel d'un frère et de sa soeur, au coeur d'une Argentine trouble et insalubre, le tout amené avec logique et nostalgie. Tout se termine alors sur le visage d'un enfant, Julian, jeunesse déchirée entre deux pays antagonistes, palpitante entre les doigts de son oncle qui prend véritablement conscience qu'il est un artiste. Hallelujah ! Un roman en demi-teinte que l'on salue surtout pour sa performance littéraire et artistique, ainsi que pour l'implication colossale de l'auteure, mais qui divertit peu...
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