Aussi, il est naturel que l'imparfait suppose le parfait dont il est pour ainsi dire déchu, et si une sagesse imparfaite telle que la nôtre, qui peut douter, ignorer, se tromper, ne laisse pas d'être, à plus forte raison devons-nous croire que la sagesse parfaite est et subsiste et que la nôtre n'en est qu'une étincelle. Nous connaissons donc par nous même et par notre propre imperfection qu'il y a une sagesse infinie qui ne se trompe jamais, qui ne doute de rien, qui n'ignore rien parce qu'elle a une pleine compréhension de la vérité ou plutôt qu'elle est la vérité même. –Être éternel, immense, infini, exempt de toute mafice, libre de toute limite, dégagé de toute imperfection ! Quel est ce miracle ? Nous qui ne sommes rien que de borné, qui ne voyons rien que de misérable, où avons-nous pu comprendre cette éternité? Où avons-nous pu songer cette infinité ?
L'art, avons-nous dit, cherche à réaliser le sentiment du beau. Il a besoin d'un effort, parce qu'il ne suffit pas que le beau soit dans les choses, il faut commencer par l'en dégager. Il n'y est pas d'une manière apparente pour la simple sensation, et ensuite il n'y est pas partout également. Reproduire la nature par un simple procédé d'imitation, c'est ne parler qu'à la sensation c'est étouffer l'idée, la forme, sous le phénomème brut. Si encore l'imitation pouvait être complète, on verrait se dégager de l'oeuvre artistique l'effet que la nature finit par produire sur l'esprit, mais cette imitation complète est impossible.
Le premier reproche qu'on est en droit de faire au positivisme c'est de n'avoir pas été assez positif, en supprimant arbitrairement tout un ordre de réalités qui demandaient à être constatées et qui étaient aussi des conditions d'existence. Borner, mutiler le réel est aussi peu scientifique que de l'étendre outre mesure.