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Il y a 80 ans éclatait la guerre civile espagnole. La victoire de Franco en 1939 ne marqua pas la fin d'un sanglant conflit fratricide mais le début d'une guerre intérieure qui allait durer jusqu'à la mort du dictateur. Une guerre d'extermination. Espagne 1936-1945 est un ouvrage centré sur la violence qui secoua le pays dans les zones républicaines et rebelles, et sur la répression politique et sociale qui s'abattit sur l'Espagne après les centaines de milliers de morts et le nombre incalculable de citoyens qui prirent le chemin de l'exil.
"Le général Franco et son régime jouissent encore d'une presse relativement bonne à cause d'une série de mythes persistants qui mettent en avant les bienfaits de son règne. Outre la fabrication soignée du "miracle" économique espagnol des années 1960 et de l'héroïsme dont il aurait fait preuve pour maintenir son pays hors de la Seconde Guerre mondiale, il existe de nombreuses falsifications autour des origines de son régime, toutes issues du mensonge initial selon lequel la guerre civile espagnole aurait été nécessaire pour éviter la conquête du pays par les communistes. le succès de cette invention a influencé beaucoup d'ouvrages historiques qui présentent la guerre civile espagnole comme un conflit opposant deux camps plus ou moins égaux. La question des victimes civiles innocentes est intégrée à cette conception et ainsi « normalisée ». L'anticommunisme, la réticence à croire que des officiers et des hommes de la haute société aient pu être impliqués dans le massacre délibéré de civils, ainsi que le dégoût pour la violence anticléricale, expliquent en partie cette lacune majeure dans l'historiographie de cette guerre. »

Ce n'est sans doute pas un hasard que deux des plus grands spécialistes de l'Espagne contemporaine, Hugh Thomas et Paul Preston, soient des citoyens britanniques.
Je remercie les éditions Belin d'avoir publié cet ouvrage colossal d'utilité publique et de m'en avoir fait parvenir un exemplaire. Cette lecture exigeante et assez éprouvante sort de l'oubli ou du silence des faits épouvantables dont personne n'avait envie d'entendre parler, dans un pays qui soigne depuis des décennies son cancer avec de l'aspirine. Difficile d'admettre qu'il y ait eu à côté de chez nous, un état qui a mis en oeuvre des pratiques d'extermination de masse sans avoir à en rendre compte.
Pour ceux que la densité de l'ouvrage effraierait, je signale la parution d'un roman graphique de qualité adapté d'un ouvrage de Paul Preston (au grand étonnement de l'auteur), "La guerra civil española » de José Pablo García (entré dans la base Babelio).
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L'une des "conditions" du retour à la démocratie en Espagne,
après la mort de Franco, le 20 novembre1975, et l'une des
contreparties de l'amnistie accordée en 1977 pour tous les opposants
au régime de ce dernier, condamnés pour des faits survenus avant
le 15 décembre 1976, fut le silence imposé aux personnes qui auraient
légitimement été tentées de demander des comptes aux insurgés
militaires qui avaient anéanti la IIeme République entre 1936 et 1939.

Alors pourquoi avoir attendu 2012 aux États-Unis et 2016 en France pour
laisser la parole à Paul Preston pour le laisser faire avec d'autres le
réquisitoire plus qu'accablant des crimes commis par les ennemis de la
République, qu'ils fussent membres de l'armée, de la garde civile ou de
la caste des propriétaires terriens et des patrons du lobby industriel ?

Sans doute parce que l'on estime que ce procès historique et cet état
des lieux avec dénombrement du nombre de morts - provisoire forcément,
car rien ne peut être définitif dans ce genre de bilan - peuvent maintenant
être faits, sans le risque du réveil des vieilles fractures qui ont déchiré
la population espagnole. L'avenir dira si le risque de nouvelles divisions
sur ce thème ou sur d'autres existe ou pas.

On estime généralement que les victimes du Franquisme
et des autres meneurs de la révolte militaire
seraient au moins 130000 pour une période beaucoup
plus étendue que le seul conflit appelé Guerre
d'Espagne du 17 juillet 1936 au 1er avril 1939.
Paul Preston estime que ce nombre peut être grossi
de 20000 morts.
L'historien anglais, s'appuyant sur des documents
et des informations et témoignages plus que
fiables, a fait ses propres estimations, sans doute
plus proches de la réalité.
Mais au-delà des chiffres, qui montrent que la
lutte menée par les forces anti-républicaines fit bien plus
de victimes que le camp composite et
profondément divisé qui leur faisait face, il y a
les faits qui sont accablants et qui montrent le
degré de barbarie auquel sont parvenus les Primo
de Rivera, Sanjurjo, Queipo de Llano, Mola et Franco,
de 1923 à 1945. Ces gens ont poursuivi de leur haine
leurs opposants politiques, comparés à des sous-hommes
et dénoncés comme les complices voire les agents d'un
imaginaire complot judéo-bolchévico-maçonnique. Cela ressort
de la propagande déversée par les idéologues qui ont servi cette
cause et qui contenait de véritables appels aux meurtres.

Après cet ouvrage de Preston, chargé d'émotion mais aussi très
érudit, il restera aux historiens à faire la synthèse de tous les
ouvrages parus ces derniers temps sur la Guerre d'Espagne, mais aussi
sur son prélude et ses conséquences, et à le faire de façon
"dépassionnée", afin d'empêcher que toute forme de "révisionnisme"
puisse exister.
Il faut couper l'herbe sous le pied au mensonge. Paul Preston y a
aidé.
François Sarindar
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La guerre civile espagnole ne fut pas qu'une guerre dont l'objectif premier n'était que la prise de pouvoir par un général d'extrême droite. L'Espagne connut en amont, une période de forte instabilité politique (succession de la dictature de Primo de Rivera et d'un front populaire contesté par les « latifundistas » ou propriétaires terriens, par le clergé, par les ouvriers eux-mêmes). Dès le début du siècle, la classe bourgeoise reçoit un message amené par les catholiques d'extrême droite au sujet d'une alliance secrète entre les juifs, la franc-maçonnerie et l'internationale communiste dont l'Espagne serait la cible, complot qui viserait à détruire la chrétienté. Cette propagande s'immisce insidieusement en Espagne et s'alimente en raison des mesures anticléricales prises par le gouvernement républicain de cette période : plus de direction d'établissements par des gens d'Eglise, obligation de mariage civil, mesures provoquant la colère des religieux influents qui se rangeront du côté des rebelles.

Ces tensions eurent pour conséquence une incitation à la haine par l'extrême droite forte de ses éléments nationalistes, carlistes (royalistes), phalangistes, catholiques et qui se livrera, comme le titre l'indique, à une extermination des dissidents. Notons que les dissidents dans le cas présents, ne sont pas que les membres du parti républicain, mais toute personne ne répondant pas au profil attendu par le pouvoir usurpé. (Voir citation).

Paul Preston présente dans cet ouvrage, une étude poussée des événements de la guerre civile espagnole visant à montrer que tout au long de cette guerre, on légitima le massacre de milliers de gens sous couvert de lois décrétées par des généraux (les africanistas, des militaires qui firent carrière dans l'armée coloniale au Maroc, réputés être des brutes sanguinaires). le général Franco s'efforcera par la suite de fournir durant quarante ans, une version de cette guerre au peuple espagnol, niant la terreur d'un peuple, visant à donner une vision falsifiée et avantageuse de cette période à l'étranger.

Fruit d'un travail de recherche conséquent, ce livre fait l'inventaire, parfois bien difficile à soutenir pour le lecteur, des exactions commises durant l'occupation de l'Espagne par les militaires organisés en colonnes de la mort progressant vers chacune des régions et répandant terreur et deuil parmi les populations : on exécute les républicains, les familles des républicains, les ouvriers, les femmes, les enfants…on humilie les hommes, les femmes (fréquemment tondue et obligées à ingérer de l'huile de ricin), à se demander comment des hommes ont pu se livrer à une telle barbarie.
Je n'ai pu m'empêcher d'établir un lien entre la seconde guerre mondiale et la guerre civile espagnole, d'autant plus que Franco a travaillé en collaboration avec le régime nazi : des militaires qui se livrent à des exactions, une chasse aux rouges, décrétés sous-hommes par les rebelles qui se sont emparés du pouvoir. Un certain Antonio Vallejo Nágera prouvera par des recherches dites scientifiques, qu'il existe un « gène rouge » et établira un lien entre marxisme et déficience mentale, et fort de ces découvertes, affirmera qu'il existe une race espagnole pure. A l'instar d'Hitler développant sa politique d'extermination des juifs, Les phalangistes et autres nationalistes se livreront à l'extermination du « rouge ».

La guerre civile espagnole est peu connue du publique, et il est parfois difficile d'entrer dans un roman se déroulant dans le contexte de cette guerre, mais après lecture pas toujours aisée de cet ouvrage, je vais me sentir très à l'aise avec les connaissances de base à posséder sur la guerre civile. Lire des romans sur la question après ce livre m'apparaît presque nécessaire pour se faire une idée de la guerre, non plus d'un point de vue des forces en présence, mais pour étudier le ressenti des populations terrorisées lors de la progression de ces colonnes de la mort, lors de la prise des villes qui tombèrent aux mains des nationalistes les unes après les autres.

Cet ouvrage restera certainement longtemps un ouvrage de base pour toute étude poussée sur la question de la guerre d'Espagne, bible de l'historien ou de l'étudiant ou des personnes qui désirent parfaire leurs connaissances de cette terrible période.

Je recommande cet ouvrage en avisant les âmes sensibles de s'abstenir.

Je remercie masse critique et les éditions Belin pour ce partenariat.
Lien : http://1001ptitgateau.blogsp..
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Un tout grand merci à l'opération Masse critique de Babelio et aux éditions Belin qui m'ont occasionné des maux de tête et des interrogations diverses sur la victoire et la défaite, très à la mode en cette rentrée littéraire de septembre 2016. le poids du livre et le choc du contenu de cette « Guerre d'extermination. Espagne 1936-1945 » m'ont violemment scotchée à cet épisode sanglant et si mal connu.

« L‘oligarchie agraire, dans un rapport inégal avec la bourgeoisie industrielle et financière, est traditionnellement la force dominante du capitalisme espagnol » et depuis la révolution russe, les ouvriers, ruraux et citadins, se rebellent contre les déplorables conditions de vie qu'ils supportent tant bien que mal depuis des décennies. de plus, l'Espagne conservatrice est à la traîne des pays industrialisés et la Seconde République (1931) vise sa modernisation à travers des réformes socio-économiques qui entraînent des tensions et des grèves tous azimuts.

Les élections de 1936 ne règlent pas les luttes coloniales et régionalistes, ni le soulèvement ouvrier, ni la montée de l'anticléricalisme. le général Mola tente un coup d'Etat qui échoue mais qui entraîne la chute du gouvernement. Francisco Franco, à la tête de la puissante armée d'Afrique veut renverser la République. Les généraux font obstruction aux réformes, ils veulent garantir aux classes dominantes (propriétaires terriens, industriels et banquiers, haut clergé et, bien entendu l'armée) leurs privilèges remis en question par la Seconde République. Ils échafaudent des théories religieuses et raciales pour justifier l'intervention militaire et la destruction de la gauche, ce ramassis de Juifs, de francs-maçons et de syndicalistes bolchéviques. « Eliminons ceux qui ne pensent pas comme nous » était la devise du sympathique général Mola qui ne se priva d'aucune exaction ni contre les hommes, ni contre les femmes, ni contre les enfants. Ces notions fallacieuses mettent une énorme population en marge, depuis les démocrates libéraux jusqu'aux anarchistes et aux communistes et la confusion ajoute aux troubles.

Les Républicains, sur la défensive face aux troupes franquistes, font appel à la solidarité internationale mais les Européens, frileux, signent un pacte de non-intervention et seul, Staline, face à la montée du fascisme et du nationalisme, intervient officiellement et envoie de l'aide militaire (contre l'or des banques espagnoles, il faut le dire !) à la Seconde République. Là encore, dissensions entre pro- et antistaliniens. Plus tard, Hitler et Mussolini viendront appuyer les effectifs de Franco.

Pour la plupart, les Républicains sont désorganisés et non militarisés et, comme toute société confrontée à une menace existentielle, ils utilisent les mêmes armes que leurs frères ennemis : exécutions arbitraires, suspension des libertés civiles, emprisonnements sans procès, torture, enrôlement obligatoire et terreur à tous les étages. La guerre civile est irrépressible, les massacres sévissent dans les deux camps et jettent sur les routes des dizaines de milliers de civils apeurés, affamés et misérables.

La supériorité numérique franquiste soutenue par les forces de l'Axe eut finalement raison des Républicains, brisés en 1939 par celui qui allait imposer une dictature de plusieurs décennies à son peuple, el Caudillo, jusqu'à sa mort en 1975.

Paul Preston est un historien britannique spécialiste de la guerre d'Espagne. Il doit aussi être entomologiste tant son travail sur cette guerre d'extermination est fouillé, suivi pas à pas et pratiquement au jour le jour dans les villes et villages victimes de la folie fasciste. Malgré la destruction délibérée des archives sous le régime de Franco et les multiples mensonges colportés sur les bienfaits de sa prise de pouvoir pour contrer la prétendue menace bolchévique, les documents, les photos et les témoignages ne manquent pas. Ce fut l'une des guerres les plus suivies par la presse mondiale et la participation de personnalités étrangères dans les Brigades internationales (André Malraux, George Orwell, Ernest Hemingway, Sygmunt Stein) en renforça l'impact.

Il s'agit bien entendu d'un livre d'histoire qui ne se lit pas comme un roman, qui demande une concentration importante et, pour ma part, des prises de notes nombreuses pour établir qui est qui, qui a fait quoi, quand, comment et pourquoi. Je suis certaine de ne pas avoir tout compris et je remercie Pecosa qui renvoie à une BD basée sur le livre de Paul Preston. Elle me sera d'une grande utilité.

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Paul Preston, reconnu dans le monde entier comme le plus grand historien de la guerre d'Espagne, relate ici cette guerre d'extermination : croisade de purification nationale ou exemple de ce que fait de mieux l'homme en matière de barbarie et de terreur.

Un livre d'histoire qui ne sera peut-être pas facile à aborder pour le néophyte, mais qui donne à ceux qui sont passionnés un éclairage exceptionnel sur cette partie de l'histoire ibérique.

Des photos de réfugiés qui fuient la terreur en essayant de se faire une petite place ailleurs, nous rappellent étrangement l'actualité. Comme si l'histoire n'était qu'une boucle.

Un livre que j'ai abordé timidement tellement il est dense. Il m'a demandé un réel effort de concentration. Il raconte l'Histoire de façon très factuelle et très précise. Ce n'est pas un roman.

Je remercie la masse critique de Babelio et les Éditions Belin pour ce roman magistral, qu'il faut lire pour comprendre et ne pas oublier.
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Un livre MAGISTRAL.
Je reprends, sans complaisance aucune, les termes employés sur le bandeau qui accompagne le livre : "Magistral" (Le New York Times) , " Ecrit de main de maître" (Sunday Times).
Un ouvrage particulièrement complet (890 pages), détaillé, didactique car tout est exposé clairement, sans artifice académique.
Le prologue aide à mieux comprendre les étapes de cette guerre civile, il donne le ton de ce qui va être exposé, dévoilé, c'est un éclairage indispensable pour bien entreprendre la lecture.
Aucune ambiguïté dans le titre « UNE GUERRE D'EXTERMINATION », où les protagonistes cherchent l'anéantissement, l'éradication de l'ennemi. Mais, on s'aperçoit très vite, que cette visée concernait, surtout, le camp des Rebelles putschistes.
Les dates indiquées « 1936-1945 », sont aussi explicites, car cette guerre, effectivement, ne prit pas fin en 1939 et, comme l'indique Preston, « Une guerre inutile dont les conséquences sont encore amèrement ressenties dans l'Espagne d'aujourd'hui ».
Preston s'est efforcé de rechercher, compulser, méthodiquement, de façon détaillée toutes les informations, tous les incidents à l'origine de cette guerre. Certes, certaines réformes républicaines furent malvenues (politique de laïcisation exacerbée, expropriation …) mais la droite, le clergé, les nantis exploitèrent de façon radicale ces amendements et s'en servirent comme outils de propagande paroxystique, d'affrontement pour alimenter les polémiques raciales, la haine et déchaîner les violences, les meurtres …

Des photographies illustrent le texte. Certaines difficilement soutenables (cadavres dans les rues du quartier de Triana à Séville après le passage de Castejon, charniers…) d'autres caustiques et vénéneuses (Franco radieux recevant Himmler…) mettent mal à l'aise.
L'auteur déclare d'ailleurs « Il m'a fallu bien des années pour écrire ce livre. Les actes de cruauté gratuite qu'il relate en ont rendu la rédaction pénible. »

De nombreuses cartes permettent de suivre l'évolution du conflit, des histogrammes servent à mieux comparer les répressions féroces dans l'un et l'autre camp, par Province, par ville, ils en disent longs par rapport aux barbaries, et autres atrocités commises qui se soldèrent par des tueries , dont la palme est remportée, au final, sans contestation possible par le camp des Rebelles.

Une chronologie sommaire permet de s'y retrouver, si besoin, à tous moments de la lecture, et un glossaire donne la traduction des différents sigles et termes spécifiques .


C'est un livre qui restera, pour longtemps, une REFERENCE, pour tous les historiens, les chercheurs, les étudiants, les hispanistes et simplement, ceux qui s'intéressent à ces épisodes tragiques et plus particulièrement les descendants, les familiers, les amis, de ceux qui furent , à la fois, témoins et victimes de cette guerre fratricide, un livre qui donne à réfléchir sur la nature humaine…
Après une première lecture, un livre qui demande à être disséqué encore et encore.

Après cette lecture, je pense, avec effroi, à la catastrophe évitée après le coup d'état avorté du 23 février 1981 quand un groupe de généraux nostalgiques du franquisme pris d'assaut le Congrès des députés. Un brasier mal éteint qui aurait vite repris vigueur : les haines toujours virulentes auraient, à nouveau, embrasé la péninsule.
Je remercie bien sincèrement Babelio et les éditions Belin qui m'ont permis de mieux comprendre cette page tragique de l'histoire contemporaine et j'adresse à Monsieur Paul PRESTON, mes très sincères félicitations pour ce travail de longue haleine , méthodique, précieux admirable et réussi.
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La Guerre Espagnole relatée sans parti pris, sans édulcoration... des faits et rien que des faits.


Paul Preston nous propose ici l'un des livres que je considère comme le plus précis, le plus abouti concernant la Guerre d'Espagne. le conflit est décortiqué point par point avec ses conséquences sur le peuple espagnol. Sans contexte LE LIVRE DE RÉFÉRENCE. Aucun parti pris, aucune opinion personnelle... juste le récit des faits... et croyez-moi, il se suffit à lui seul.


En lisant cet ouvrage, nous prenons conscience qu'une guerre peut être enclenchée pour des raisons idiotes voire pour le profit. D'un côté, les républicains qui veulent instaurer un gouvernement féodal comme au Moyen-Age avec les nantis dirigeants et le peuple suivant... de l'autre, les communistes, qui eux désirent une égalité, mais... qui très vite succombe aux sirènes du pouvoir.


Ce livre nous démontre clairement que la plupart des exactions n'ont pas été commises au nom d'une cause, mais uniquement par appât du gain, dépravation sexuelle, désir de pouvoir. Aucun des deux camps ne peut prétendre avoir fait mieux que l'autre.
Une Guerre d'extermination est un livre incroyable retraçant quasi au jour pour jour l'évolution du conflit et la montée dans l'horreur.


Personnellement, je connaissais un peu cette guerre d'Espagne, mais à la lecture de ce livre, je me suis aperçue que c'est un million de fois en dessous de la réalité.


Un ÉNORME merci aux Éditions Belin pour cette découverte et cette plongée dans le passé ainsi qu'à Babelio de m'avoir proposé cette lecture.
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Cet ouvrage de Paul Preston le plus grand historien spécialiste de cette guerre nous livre un récit captivant d'un des conflits les plus cruels du siècle : la Guerre d'Espagne.

Une guerre peu connue en France si ce n'est pas le côté romanesque de certains grands livres ou même d'un des meilleurs films de Loach, Land and freedom.

ici l'approche est évidemment autre, très historique et factuelle. de façon particulièrement documenté et détaillé, on y apprend tout de ce conflit politique et militaire d'une rare complexité, celle de l'Espagne de 1936 à 1945.
On y apprend à quel point cette Guerre d'Espagne est symptomatique des égarements des nations européennes dans ce qui va précipiter la Seconde Guerre Mondiale.
Ce conflit illustre aussi parfaitement l'aveuglement et de la cruauté humaine.
Parfois un peu roboratif, pas toujours très évident pour le néophyte, cet ouvrage d'une densité exceptionnelle reste une référence indéniable pour tous les amateurs d'histoire et les fans de la culture ibérique.
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De la guerre civile en Espagne , je ne connaissais vraiment pas grand chose. Mes seules connaissances éraient pour ainsi dire limitées aux apports de deux romans : Pour qui sonne le glas d'Hemingway et Tanguy de Michel del Castillo.
Aussi quand Babelio m'a proposé ce livre, j'avoue que j'étais ravie, car j'allais pouvoir approfondir mes connaissances bien trop superficielles...Encore merci à eux et aux éditions Belin pour l'envoi de ce livre . Ce dernier est d'ailleurs plus que conséquent avec ses plus de huit cent pages et son poids de 1 kilo 200...
Paul Preston a effectué un travail absolument titanesque pour nous livrer un portrait sans concessions ( et sans parti pris ) de la situation en Espagne de 1936 à 1945.
En 1936, on découvre un pays avec un régime républicain, mais le pouvoir en place peine à imposer ses réformes et fait souvent des choix politiques malheureux . le climat social à cette époque est détestable comme par exemple dans les zones rurales ou les riches propriétaires affament les ouvriers et refusent d'embaucher les personnes syndiquées .
Quand l'armée, ( ils vont se nommer les rebelles) entame
la guerre civile, le pays va être à mis à sang et à feu.
Les exactions et les actes de cruautés commis lors de cette guerre ont été monnaies courantes . Oui, Paul Preston a bien choisi le titre de son livre, car il s'agit bien d'une guerre d'extermination. On tuait, massacrait à tour de bras....
J'avoue avoir été remuée par moments lors de l'évocation de certaines situations...La guerre a été terrible pour tellement de monde et encore plus pour les femmes, surtout si elles avaient le malheur d'être étiquetées républicaines....
Je salue encore une fois tout le talent de restitution et de recherche de l'auteur. Je pense que le fait qu'il ne soit pas espagnol a permis cette qualité de reconstitution.
Cette guerre a eu lieu il y a 80 ans, la dictature de Franco a durée jusqu'en 1975, bref, du point de vue historique, c'était hier....

Challenge Pavés 2016/2017
Challenge ABC 2016/2017
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Si vous cherchez un roman, passez votre chemin, ce livre n'est pas un roman, mais un livre d'histoire. Un grand livre d'histoire. Un énorme travail de recherche et de vulgarisation.
Et avant de plonger dans cet ouvrage, prenez le temps de le feuilleter, d'en comprendre les différentes parties, de vous l'approprier.
Et allez immédiatement vers les dernières pages.
Sur les (presque) 890 pages du livre, plus de 160 sont consacrées à des annexes, notes, cartes, graphiques ou glossaires, importants pour ne pas se perdre au sein des sigles, des noms, des héros ou des tueurs
Un travail minutieux de recherche documentaire, de vulgarisation, et de classement des informations sur cette tragédie qui s'est déroulée à nos portes. Une tragédie commencée au début des années 30 avec la création de la deuxième république, avec les brimades subies par les ouvriers agricoles de la part de propriétaires des grands domaines, se poursuivant avec le coup d'État de Franco et de ses hommes en 1936, et s'achevant avec sa mort en 1975. Une tragédie dont furent victimes, plusieurs années après, les familles des républicains exécutés, familles condamnées à payer des dommages et intérêts. Une tragédie qui hanta bien après 1945 aussi bien les familles des victimes que les tueurs.
Une guerre civile dans laquelle nombreux furent exécutés des hommes et femmes n'ayant jamais eu du sang sur les mains :"Il arrive que tout un groupe d'individus soit exécuté pour des crimes qu'un seul d'entre eux aurait pu commettre et que des personnes soient fusillées pour des crimes qu'elles n'auraient jamais pu commettre".
Paul Preston nous retrace toutes ces batailles, toutes ces divisions politiques, toutes ces exécutions sommaires, toute cette haine entre républicains et phalangistes, dont ni les femmes ni les enfants ne furent épargnées. Pages parfois donnant la nausée du fait de leur violence répétitive. Comment des hommes peuvent-ils en arriver à ces extrémités, à ces meurtres, à ces tortures au nom d'une couleur politique ?
Guerre d'extermination, dans laquelle les mots"race", "Juif" furent également employés au nom du tristement célèbre "Protocole des Sages de Sion" qui fut un motif à des tueries. Une guerre également menée par des militaires qui venaient quelques années plus tôt dans des combats coloniaux de tuer et de mutiler des "Maures", des arables au Maroc, "Maures" qui devinrent leurs bras armés pour combattre les "Rouges", piller, violer et tuer en toute liberté...Une guerre d'extermination raciale, à des degrés moindres toutefois qu'en Allemagne.
Franco accueillant et serrant la main d'Himmler qui le conseilla et l'aida!
Et face à ces phalangistes, des "Rouges" divisés, incapables de s'entendre entre eux, communistes opposés aux Trotskistes et s'éliminant mutuellement, divisions violentes entre socialistes, communistes et anarchistes...Une guerre civile opposant des civils à des militaires, des civils à une supposée "cinquième colonne", une guerre s'appuyant sur des soupçons,
Une guerre d'extermination d'un peuple, une guerre internationale dans laquelle Nazis et Russes s'affrontèrent, aviation nazie transportant des troupes et bombardant des villes, Guernica, l'une de celles-ci reste tristement célèbre, russes et NKVD, bras armé et politique des Brigades internationales.. brigades dans lesquelles combattaient aussi des allemands hostiles à Hitler. Une préfiguration de la haine et de la violence de la Deuxième Guerre Mondiale. La préparation de cette guerre mondiale.
Une guerre qui ne s'achève pas avec la victoire d'un camp et la défaite de l'autre. Non ! Une guerre suivie d'une épuration féroce :"Des hommes et des femmes sont condamnés à mort pour participation à des crimes, non sur la base de preuves directes mais parce que, à partir de leurs convictions républicaines, socialistes, communistes ou anarchistes, le procureur suppose qu'ils «ont dû y prendre part»"
Tout ce travail de vulgarisation fait de cet ouvrage une référence qui passionnera les lecteurs qui comme moi cherchent à mieux connaître et comprendre l'histoire contemporaine, une référence utile aussi pour les historiens. Il y a tant de choses à dire sur ce livre, tant de détails qui nous interpellent.
Un seul regret : j'aurais aimé que les souris qui assistèrent aux préparatifs du coup d'État de Franco ou que les officiers amis de Franco écrivent leurs mémoires. Paul Preston aurait pu nous faire partager ces moment de préparation, cette trahison. Mais les trahisons sont toujours secrètes.
Nous connaissons tous des voisins, d'origine espagnole, nous avons peut-être des amis ou dans notre famille un gendre, une belle-fille, un cousin par alliance au nom à consonance espagnole, né de parents ou de grands parents réfugiés en France à la suite des persécutions subies en Espagne. Mais ils n'y trouvèrent pas toujours la calme qu'ils espéraient. C'était sans compter sur d'autres crimes, les crimes commis par le régime de Pétain, par les services nazis occupant la France.
Comment ne pas être révolté quand on sait que beaucoup de ces assassins espagnols; que beaucoup de ces généraux, moururent dans leur lit, avec la bénédiction de l'Eglise et de la religion au nom de laquelle ils avaient tué. Ont-il eu des remords ? Nous n'en sommes pas certain. Ils avaient accompli leur mission terrestre.
Pour Paul Preston, ce conflit hante encore la société espagnole :"Aujourd'hui encore, ses puissants effets résiduels empêchent la majorité de la société de porter un regard ouvert et honnête sur un passé violent et récent, qui faciliterait le travail nécessaire pour refermer les plaies sociales et politiques."
Être réfugié, avant d'être intégré dans les rangs d'un pays n'était déjà pas facile entre 1936 et 1940...un passé qui nous interpelle au quotidien. Personne ne fait plus attention de nos jours, en France à ces familles aux noms à consonance espagnole. Quelques photos du livre, cohorte de familles et de gamins aux yeux pleins de peur et d'espoir, fuyant la mort et tentant de passer nos frontières, n'ont pris aucune ride malgré leurs 80 ans. L'histoire bégaie dit-on.
Un grand merci à Babelio et aux éditions Belin qui m'ont permis ces nombreuses heures de lecture et de découverte.

Lien : https://mesbelleslectures.co..
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